ב״ה
Dis
peu mais fais beaucoup !
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La
Mishnoh1
nous rapporte la maxime suivante au nom de Shamma`y : אֱמוֹר
מְעַט וַעֲשֵׂה הַרְבֵּה
« Dis
peu mais fais beaucoup ! »
Nos
Sages, de mémoire bénie, sont très critiques concernant les
modalités par lesquelles ´aphrôn céda finalement la grotte de
Makhpéloh à `avrohom `ovinou ע״ה
lorsque
ce dernier lui proposa de la lui acheter afin d'y enterrer son
épouse, Soroh `imménou ע״ה,
puisqu'à l'origine ´aphrôn s'était proposé de lui offrir ce
terrain gratuitement2
mais exigea finalement que notre Patriarche lui paye le tarif plein
de quatre cent pièces d'argent3.
HaZa''l4
citent ´aphrôn comme une illustration parfaite de l'adage qui dit :
« L'impie
dit beaucoup mais ne fait même pas un peu ! »
Bien qu'il commença par s'exprimer en des termes très généreux et
prolixes de sa volonté de céder gratuitement la grotte, à la fin
il n'accorda même pas une petite réduction à `avrohom `ovinou sur
la valeur du terrain ! Le Ramba''m ז״ל
cite
ce passage talmudique dans son commentaire sur le proverbe rapporté
par Shamma`y ז״ל
dans
la Mishnoh susmentionnée.
Il
est très intéressant de noter qu'un peu plus loin, toujours dans
ses commentaires sur ce chapitre de la Mishnoh5,
le Ramba''m s'étend davantage sur la valeur de la שְׁתִיקָה
« Shathiqoh »,
c'est-à-dire le silence. Son exposé se rapporte à la remarque
faite par Rabban Shim´ôn ban Gamli`él ז״ל,
rapportée dans la Mishnoh, qui déclare ceci : כָּל
יָמַי גָּדַלְתִּי בֵין הַחֲכָמִים,
וְלֹא
מָצָאתִי לַגּוּף טוֹב אֶלָּא שְׁתִיקָה
« Toutes
mes années j'ai grandi au milieu des Sages, mais je n'ai rien trouvé
de meilleur pour le corps que le silence. »
En commentant sur cette remarque et la valeur générale du fait pour
quelqu'un de réduire ses paroles au strict minimum plutôt que de
trop parler, le Ramba''m classe toutes les discussions humaines en
cinq catégories :
- les discussions dont il est une Miswoh de parler, comme par exemple les paroles de la Tôroh ;
- les discussions prohibées, comme par exemple le Loshôn Hora´ (médisance) et la Rakhilouth (colportage) ;
- les discussions futiles et sans but, comme par exemple des sujets sans valeur ou insignifiants ;
- les discussions qui doivent être encouragées, comme par exemple parler de l'importance de la Tôroh ;
- les discussions neutres, c'est-à-dire qui touchent aux préoccupations quotidiennes, comme par exemple les sujets relatifs la Parnosoh, à la nourriture, à l'habillement, etc.
Il
écrit qu'il est évident que la recommandation faite par la Mishnoh
de parler peu ne peut s'appliquer aux premières et quatrièmes
catégories, puisque ces discussions sont bénéfiques et louables.
De même, poursuit-il, la Mishnoh ne peut se référer ici aux
deuxièmes ou troisièmes catégories, car il est évident que l'on
doit faire l'effort d'éviter les discussions inclues dans ces
catégories. Ainsi, la Mishnoh parle forcément ici de la cinquième
catégorie, qui inclut les discussions qui ne sont intrinsèquement
ni admirables ni condamnables. Parler d'un sujet qui entre dans cette
catégorie est clairement autorisé, écrit le Ramba''m, mais
néanmoins il est recommandé de limiter ses discussions même par
rapport à ces domaines de la vie.
Il
vaut la peine de signaler que le Ramba''m ne fait, dans ce
contexte-ci, aucune mention de la maxime de Shamma`y, « Dis
peu mais fais beaucoup. »
Comme nous l'avons vu, cet adage dans une Mishnoh antérieure (la
Mishnoh 15), tandis que la remarque de Rabban Shim´ôn ban Gamli`él
apparaît dans une Mishnoh distincte (la Mishnoh 17), et le Ramba''m
les traite donc dans deux commentaires indépendants. Cela nous amène
à nous poser la question suivante : Où se trouve la différence
précise entre les deux déclarations, « Dis
peu mais fais beaucoup »
et « Je
n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence » ?
« Dis
peu mais fais beaucoup »
exprime une valeur plus spécifique que la vertu générale de la
Shathiqoh. Comme nous l'avons vu dans le commentaire du Ramba''m, la
gestion de la vente de la grotte de Makhpéloh par ´aphrôn sert de
prototype de la personne qui agit à l'opposé de l'exhortation
lancée par la Mishnoh, qui parle beaucoup mais fait peu (voire ne
fait rien du tout). Cette Mishnoh traite donc du phénomène
particulier des gens qui se présentent comme quelqu'un qu'ils ne
sont pas vraiment, qui parlent comme s'ils étaient généreux et
aimables, mais sont en vérité égoïstes et pingres. « Dis
peu mais fais beaucoup »
ne se réfère donc pas à la valeur générale du fait de parler le
moins possible, mais souligne plutôt l'importance de se présenter
honnêtement et fidèlement. Cette maxime nous enseigne qu'il est
immoral de gagner le respect, l'admiration ou la confiance de
quelqu'un en parlant plus intègrement qu'on ne l'est réellement, en
présentant une image qui ne correspond pas à son vrai caractère.
Que
quelqu'un aspire à une position, cherche à conclure un accord, ou
tente de créer une amitié, c'est son droit de se présenter sous
son meilleur profil, mais à la condition que ce « profil »
qu'il présente fasse réellement partie de qui il est, à la
condition qu'il présente une image précise de ses talents et
qualités, plutôt que de donner une impression fausse et trompeuse.
1`ovôth
1:15
2Baré`shith
23:11
3Ibid.,
verset 16
4Talmoudh,
Bavo` Masia´ 87a
5`ovôth
1:17