lundi 16 décembre 2019

Le concept de « Résurrection des Morts »


בס״ד

Le concept de « Résurrection des Morts »


Cet article peut être téléchargé ici.

Qu'est-ce que la résurrection des morts et comment s'inscrit-elle dans le schéma de la récompense et de la punition ultimes ?

Comme nous l'avons expliqué dans les précédents articles, d'après le Rambo''n (Nahmanide) et de nombreux autres philosophes, la résurrection des morts est le mécanisme pour entrer dans le ´ôlom Habbo`. Lorsque ce monde prendra fin et que le ´ôlom Habbo` le remplacera, les justes ressusciteront et vivront ainsi dans le ´ôlom Habbo`. L'espoir et la prière des justes sont donc de mériter la résurrection et d'entrer dans le ´ôlom Habbo`.

Ces philosophes trouvent des preuves de l'identification de la résurrection avec le ´ôlom Habbo` dans la discussion de la Gamoro` sur la Mishnoh qui déclare que celui qui nie la résurrection n'a aucune part au ´ôlom Habbo` (Sanhédhrin 90a). La Gamoro` explique que cette punition est appropriée sur la base de la doctrine de la réciprocité, Middoh Kanaghadh Middoh. Puisque cette personne a nié la résurrection, elle ne sera pas ressuscitée. Ce passage assimile la sanction de perdre le ´ôlom Habbo` au fait de ne pas être ressuscité, prouvant ainsi que le ´ôlom Habbo` et la résurrection sont équivalents.

  • La position du Rambo''m (Maïmonide)

La position de Rambo''m sur cette question n’est cependant pas très claire. Il croit que les plus grands plaisirs ne peuvent être atteints que par des âmes désincarnées. Avoir un corps est un handicap qui empêche l'âme d'atteindre la pleine proximité avec HaShem. Pourquoi, alors, une personne juste voudrait-elle un jour ressusciter ? Si son âme va directement au ´ôlom Habbo` à sa mort, il lui faudra alors quitter le bonheur ultime du ´ôlom Habbo` pour être ressuscité. Comment laisser le bonheur ultime et retrouver le handicap de l'existence physique peut-il être considéré comme une récompense souhaitable ? Cette énigme a intrigué les interprètes du Rambo''m de son vivant jusqu'à ce jour.

Le Rambo''m a aggravé cette interrogation en n'expliquant jamais les détails de la résurrection dans ses œuvres classiques. Dans son commentaire sur la Mishnoh (Sanhédhrin, chapitre 10), il la répertorie comme l'un des treize principes de foi, et il précise que seul la juste méritera la résurrection mérite, mais il ne l'explique pas davantage. Il le répertorie également parmi les croyances obligatoires dans son Mishnéh Tôroh (Hilkôth Tashouvoh 3: 14), mais ne précise jamais exactement quand et pourquoi cela se produit.

  • Interprétation du Ra`ava''d sur le Rambo''m

Il existe deux approches générales pour comprendre la position du Rambo''m. Le Ra`ava''d (commentaires sur les Hilkôth Tashouvoh 8: 2) accuse le Rambo''m de soutenir qu'il n'y a pas de résurrection physique des morts. D'autres penseurs contemporains ont également interprété le Rambo''m de cette façon, mais contrairement au Ra`ava''d, ils étaient d'accord avec cette position et ont prêché publiquement qu'il n'y aurait pas de résurrection physique, invoquant l'autorité du Rambo''m. Selon cette interprétation, le Rambo''m n'a jamais expliqué les détails de la Tahiyath Hamméthim parce qu'il ne croyait pas réellement à la résurrection physique. Au contraire, chaque fois que la Tahiyath Hamméthim est mentionné dans le TaNa''Kh ou par HaZa''l, c'est une métaphore de l'existence continue de l'âme après sa mort physique. La résurrection ne signifie pas que les morts reviendront à la vie, mais plutôt que leurs âmes continueront à vivre éternellement dans le ´ôlom Habbo`.

  • L'explication que le Rambo''m lui-même a donnée

Le Rambo''m lui-même, cependant, a donné une interprétation différente de sa relation particulière au concept de résurrection à travers ses écrits. Dans la `iggarath Tahiyath Hamméthim, l'essai du Rambo''m sur la résurrection des morts, il s'étonne de l'accusation selon laquelle il ne croit pas à la résurrection physique. Comment ne pouvait-il pas croire à la résurrection s'il la considérait comme l'un des treize principes de foi ?! Pourquoi, alors, ne l'explique-t-il pas en détails ou ne lui donne-t-il pas une place importante dans ses ouvrages ?

Le Rambo''m explique que la résurrection des morts n'est pas liée à la récompense et à la punition ultimes, qui sont purement spirituelles. La résurrection des morts est une vraie croyance, mais ce n'est pas le but ultime d'un être humain, et elle n'est donc pas philosophiquement importante. Il s'agit plutôt simplement d'un événement historique qui se produira à un moment donné, et ses effets ne seront que temporaires, car les individus ressuscités mourront à nouveau. Le Rambo''m n'a pas expliqué ce concept car il n'y a rien à expliquer. Un événement historique, par opposition à un concept philosophique, ne peut être prouvé ou analysé à l'aide d'un raisonnement abstrait. La seule chose pertinente à dire à propos d'un événement historique est soit qu'il s'est produit dans le passé, soit qu'il se produira dans le futur, et c'est exactement ce qu'il a dit dans ses précédents écrits.

  • Le but de la résurrection

Le Rambo''m n'a jamais répondu, cependant, à la question très pratique de quel avantage il y a pour une personne juste de voir son âme quitter le ´ôlom Habbo` et retourner dans ce monde matériel pour vivre dans un corps physique. Un certain nombre de réponses ont été proposées par des penseurs ultérieurs pour expliquer la position du Rambo''m.

Le Séphar Ho´iqqorim (Livre 4, chapitre 30) suggère trois explications pour le but de la résurrection d'après le Rambo''m. Peut-être que le miracle de la résurrection n'est pas au profit de celui qui est ressuscité, mais plutôt pour ceux qui seront en vie au moment où elle aura lieu - afin de renforcer leur `amounoh en HaShem. Alternativement, peut-être que les justes méritent une récompense physique pour compenser la souffrance physique qu'ils ont endurée au cours de leur vie. Puisque cette récompense physique ne peut pas leur être donnée dans le ´ôlom Habbo`, ils sont ressuscités dans le monde physique afin de jouir de la quantité de plaisirs physiques qu'ils méritent, avant de mourir à nouveau et de retourner à leur bonheur spirituel éternel. Troisièmement, un séjour répété dans le monde physique post-messianique donne aux justes l'occasion d'atteindre des objectifs spirituels qu'ils n'ont pas pu atteindre dans leur vie d'origine en raison de l'exil et de la persécution. Par conséquent, lorsqu'ils meurent une fois de plus après leur deuxième vie, leurs âmes peuvent retourner à un niveau encore plus élevé de félicité éternelle dans le ´ôlom Habbo`.

Bien que ces explications semblent raisonnables, le Rambo''m lui-même n'a donné aucune explication de la nécessité de la résurrection. Dans son `iggarath Tahiyath Hamméthim, il explique pourquoi il a compté la doctrine de la résurrection comme l'un de ses treize principes de croyance juive, mais son explication ne se rapporte pas à l'importance de la résurrection elle-même. Il laisse entendre qu'il n'est pas réellement philosophiquement important de croire que HaShem ressuscitera les morts; il est plutôt crucial de croire que HaShem peut ressusciter les morts. C'est cet aspect qui constitue un principe de foi. Il n'est pas important qu'un juif croie que certaines personnes seront ressuscitées à un certain moment et à un certain endroit pour une certaine raison. Il est plutôt important de croire en la résurrection des morts parce que le TaNa''Kh dit que HaShem ressuscitera les morts, et nous acceptons la signification littérale de chaque verset du TaNa''Kh tant que l'interprétation littérale reste dans le domaine du possible.

Ainsi, nier la résurrection équivaut à nier la possibilité d'une résurrection, et la croyance en la résurrection physique est fondamentalement la croyance selon laquelle HaShem a la capacité de ressusciter les morts. Cette croyance est d'une importance cruciale, car la résurrection des morts est le plus grand miracle, et la croyance en la résurrection comprend donc la croyance en la possibilité des miracles. Il y a des hérétiques qui croient que HaShem existe, mais qu'Il ne peut pas modifier les règles de la physique et accomplir des miracles. Le Rambo''m considérait donc la résurrection comme le treizième principe de foi afin de définir la croyance aux miracles comme axiomatique du judaïsme. Quiconque nie la résurrection, explique le Rambo''m, nie également tous les miracles et croit que HaShem ne peut pas passer outre les rouages de la nature, ce qui constitue en effet une grave hérésie.

D'après cette lecture, il est possible que le Rambo''m n'ait aucune explication sur la raison pour laquelle les morts devraient être ressuscités, mais cette question ne le dérangeait pas du tout. Puisqu'il n'attribue une signification philosophique qu'à la possibilité de résurrection et non à la résurrection elle-même, il peut confortablement accepter la vérité de la résurrection elle-même basée uniquement sur le témoignage du TaNa''Kh et avoir confiance que HaShem ne ressuscitera personne à moins qu'il n'ait une bonne raison de le faire.

  • En résumé

Nous avons vu trois approches sur la résurrection des morts. Le Rambo''n et d'autres croient que la résurrection est identique au ´ôlom Habbo` et que la récompense ultime est de ressusciter dans votre corps et de vivre éternellement dans un monde physique parfait. La deuxième approche est l'interprétation extrêmement rationaliste du Rambo''m, qui comprend la résurrection comme une métaphore de la vie de l'âme dans le ´ôlom Habbo`. La troisième approche est celle que le Rambo''m lui-même a exprimé, à savoir que la résurrection n'a rien à voir avec la récompense ultime des justes. La récompense ultime n'est pas de ressusciter, mais plutôt de vivre éternellement comme une âme désincarnée. La résurrection n'est qu'un phénomène temporaire; ceux qui reviennent à la vie vivront dans le monde physique pendant une durée limitée, puis mourront et récupéreront leur ultime récompense dans le ´ôlom Habbo`. Dans l'approche du Rambo''m, nous avons développé deux façons de considérer l'importance de la résurrection temporaire. Soit elle est importante parce qu'elle apporte un avantage à ceux qui sont ressuscités ou sont témoins de la résurrection, soit la croyance en la résurrection est significative parce qu'elle représente la croyance aux miracles et à la toute-puissance divine.