בס״ד
Pourquoi
n'y a-t-il aucune mention du ´ôlom Habbo` dans la Tôroh ?
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article peut être téléchargé ici.
Nous
avons consacré les trois précédents articles au sujet du ´ôlom
Habbo`. Tous les philosophes juifs conviennent que la récompense
ultime est le ´ôlom Habbo`, l'au-delà du monde à venir. Il est
donc extrêmement déroutant que cette récompense ne soit mentionnée
nulle part dans la Tôroh écrite. La Tôroh promet une grande
récompense à ceux qui respectent les Miswôth qu'elle
contient, mais cette récompense est terrestre et physique,
incluant, par exemple, le succès militaire et économique, la longue
vie et la bonne santé, et d'autres récompenses matérielles.
Pourquoi la récompense ultime n'est-elle jamais mentionnée
explicitement dans la Tôroh ?
De
nombreuses réponses ont été apportées à cette question par les
philosophes juifs à travers les époques, et nous en analyserons
certaines.
- Réponses techniques et / ou historiques
Un
groupe de réponses est technique, ne se rapportant pas à l'essence
du ´ôlom Habbo`, mais à la question de savoir s'il est nécessaire
que la Tôroh l'enseigne. Par exemple, le Rov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל
et
le Rambo''n ז״ל
expliquent
que l'on peut logiquement déduire l'existence de l'au-delà à
partir de la nature de l'âme humaine, qui n'est pas sujette à la
destruction physique; mais on ne peut pas philosophiquement prouver
que HaShem ית׳
accordera
une récompense matérielle aux justes. Par conséquent, la Tôroh
développe ces récompenses que nous n'aurions pas connues par
nous-mêmes et omet celles qui peuvent être découvertes au moyen de
la philosophie et de la réflexion.
Le
Rov Hay Go`ôn ז״ל
explique
de la même manière qu'au moment où la Tôroh a été donnée,
les Juifs avaient une longue tradition de croyance dans l'au-delà,
et il n'était pas nécessaire de renforcer cette croyance.
Une
approche très différente est suivie par le `ibn ´azro` ז״ל,
qui explique que la Tôroh a été donnée à tout le peuple juif,
et ne comprend donc que des idées compréhensibles par les masses.
Les récompenses physiques sont facilement comprises par tout le
monde, mais l'idée du ´ôlom Habbo` est très difficile à saisir,
et elle est donc sous-entendue dans la Tôroh, mais pas discutée
explicitement.
Le
Kali Yoqor ז״ל
mentionne
également une autre explication technique, à savoir que HaShem
savait qu'il y aurait ceux qui douteraient de la véracité de la
Tôroh. Si la Tôroh s'était concentrée sur la récompense et la
punition dans un monde futur, les cyniques auraient conclu que la
Tôroh promet des choses que nous ne pouvons jamais vérifier ou voir
de nos propres yeux car il n'y a en fait ni récompense ni punition.
Pour contrer cette croyance erronée, la Tôroh promet des
récompenses et des punitions concrètes que nous pouvons vérifier
en analysant l'histoire, afin que tous les Juifs puissent croire en
la Tôroh.
Le
Hôvôth Hallavovôth ז״ל
ajoute
une dimension historique à l'explication citée ci-dessus du `ibn
´azro`. Il explique que lorsque les Juifs ont reçu la Tôroh
pour la première fois, ils étaient intellectuellement peu raffinés
et spirituellement immatures. Si la récompense ultime promise dans
la Tôroh avait été quelque chose qu'ils ne pouvaient pas
comprendre, ils n'auraient jamais pris l'engagement d'observer la
Tôroh, qui n'aurait alors jamais été donnée. Par conséquent,
HaShem ne promet explicitement que des récompenses matérielles,
auxquelles les gens pourraient facilement se rapporter et qui les
éveilleraient à un développement spirituel. Au fur et à mesure
que les Juifs se sont développés spirituellement, ils sont devenus
capables de déduire la promesse d'une vie après la mort à partir
des indices disséminés dans la Tôroh et d'accepter cette croyance
également.
Le
Rov Sa´adhyoh Go`ôn suggère également une réponse historique,
qui est que la nature de la Navou`oh
(prophétie) est de se concentrer sur l'information qui est
immédiatement nécessaire. Lorsque les Juifs ont reçu la Tôroh,
le prochain défi était la conquête et le peuplement de la Terre
d'Israël. Par conséquent, la Tôroh se concentre uniquement sur les
récompenses et les punitions qui se rapportent à la qualité de
leur existence nationale en Terre d'Israël, qui sont terrestres, pas
d'un autre monde.
Une
autre explication historique fascinante est donnée par le
`abbarvna`él ז״ל,
qui explique que lorsque la Tôroh a été donnée, les Juifs
allaient bientôt être tentés par les croyances païennes des
Cananéens, qui croyaient que le culte des dieux locaux apportait
fertilité, santé, victoire militaire et autres formes de réussite
matérielle. Les Cananéens ne croyaient cependant pas que leurs
divinités promettaient une vie après la mort. Par conséquent, il
n'était pas nécessaire de se concentrer sur l'au-delà, car il n'y
avait aucune tentation d'adorer d'autres forces afin de mériter un
au-delà. Plutôt, il était nécessaire que la Tôroh enseigne
que les Juifs ne devraient pas adorer les dieux cananéens afin
d'atteindre la fertilité et d'autres succès matériels, car seul le
culte du vrai Dieu (HaShem) mériterait une bénédiction matérielle,
et le culte des idoles serait puni de destruction physique.
Bien
sûr, toutes ces explications conviennent que HaShem inclut la
croyance en un ´ôlom Habbo` dans la Tôroh ; mais Il le fait
au moyen d'indices qui seraient élucidés par les Sages, en
utilisant les méthodes traditionnelles d'interprétation exégétique,
telles que nous les trouvons dans le Midhrosh et la Gamoro`.
Ces philosophes expliquent simplement pourquoi la doctrine de
l'au-delà n'est pas mentionnée explicitement dans la Tôroh écrite.
- Réponses substantielles
Beaucoup
de philosophes juifs ont suggéré des réponses plus substantielles
à ce problème qui se rapportent à la nature et au but de l'au-delà
et de la Tôroh elle-même. Nous allons à présent les passer en
revue.
- Le `abbarvna`él : ´avôdhoh Lishmoh
Le
`abbarvna`él cite l'opinion du Rambo''m ז״ל
selon
qui nous ne sommes pas censés garder les Miswôth
afin de recevoir les récompenses matérielles promises par la Tôroh.
Cela constituerait une עֲבוֹדָה
שֶׁלֹּא לִשְׁמָהּ « ´avôdhoh
Shallô` Lishmoh », c'est-à-dire, servir HaShem pour des
arrière-pensées. L'intention de la Tôroh, quand elle mentionne
des récompenses matérielles, est de promettre que si nous
accomplissons les Miswôth, HaShem nous
facilitera la tâche pour accomplir plus de Miswôth
et apprendre plus de Tôroh, en nous libérant de l'oppression, de la
maladie et de la pauvreté.
Se
basant sur cela, le `abbarvna`él
explique que la Tôroh ne mentionne pas de récompense ou de punition
dans l'au-delà parce que nous ne devrions pas servir HaShem pour la
récompense. La Tôroh mentionne seulement les conséquences
matérielles dans ce monde parce qu'elles ne sont pas conçues comme
des récompenses, mais plutôt comme des opportunités de servir
davantage HaShem. On doit servir HaShem dans le but d'élargir et
d'approfondir notre ´avôdhath
HaShem, pas dans le but de récolter des bénéfices personnels. La
vraie récompense et la punition, par conséquent, sont
volontairement omises de la Tôroh afin de nous enseigner le principe
philosophique selon lequel il
faut servir HaShem par de purs motifs, pas pour un gain personnel.
- Séphar Ho´iqqorim : Récompense collective
Le
Séphar Ho´iqqorim suggère une autre explication philosophique,
soulignant que la
Tôroh se concentre sur la récompense et la punition collectives du
peuple juif, par opposition à l'individu.
Par conséquent, la Tôroh ne mentionne pas la récompense et la
punition dans l'au-delà, car dans l'au-delà, chaque individu est
jugé indépendamment et il n'y a pas de récompense ou de punition
collective. Dans ce monde, cependant, le succès physique et matériel
est accordé à une nation juste même si certains de ses membres
sont impies, et ils partagent naturellement le succès et la
prospérité de leur nation. De même, les châtiments physiques et
matériels seront infligés à une nation impies, et même les justes
parmi eux souffriront nécessairement avec leurs compatriotes. La
Tôroh ne mentionne donc que la récompense et la punition de ce
monde, afin de n'orienter son attention que sur le collectif juif.
D'après
le Séphar Ho´iqqorim, il ressort que la Tôroh est disposée à
omettre la mention explicite de l'un des principes de la foi juive
afin d'éviter de se concentrer sur l'individu par opposition à la
nation. Ceci est compréhensible dans le contexte d'une conception
particulière de la nature de la Tôroh. La
Tôroh n'est pas une alliance entre HaShem et un individu, mais
plutôt entre HaShem et le peuple juif dans son ensemble.
Un Juif est astreint à six cent treize Miswôth,
contrairement à un Noahide,
non pas à cause de sa dignité individuelle, mais parce qu'il est un
membre du peuple qui conclut une alliance avec HaShem au Mont Sinaï
et reçoit la Torah. Il n'est donc pas étonnant que la Tôroh
regorge de promesses de réussite et de prospérité nationales,
ainsi que de menaces de défaite et d'exil nationaux. Mettre
l'accent sur la récompense et la punition individuelles minerait la
nature même de la Tôroh.
- Le Mahara''l : Focalisation sur le monde physique
Une
explication philosophique alternative, et peut-être encore plus
fondamentale, est avancée par le Mahara''l. Il explique que le
but de la Tôroh n'est pas d'enseigner sur les royaumes célestes,
mais de perfectionner le monde physique.
La Tôroh contient toutes les instructions nécessaires pour amener
ce monde à la perfection, et les récompenses mentionnées dans la
Tôroh font partie du plan de perfectionnement de ce monde. Si nous
nous perfectionnons en gardant les Miswôth,
cela améliorera le monde non seulement éthiquement, moralement et
spirituellement, mais même médicalement, agricolement et
économiquement. La Tôroh ne mentionne que les effets salutaires des
Miswôth
dans ce monde, car le but de la Tôroh est d'améliorer ce monde.
Étant
donné que le ´ôlom Habbo` est déjà parfait et n'a besoin
d'aucune amélioration, la Tôroh omet toute mention du monde futur.
La Tôroh ne vise pas à nous enseigner quelles récompenses nous
gagnerons en gardant les Miswôth
qu'elle contient, mais plutôt ce que nous pouvons améliorer et
perfectionner au moyen de ces Miswôth,
et cette tâche n'est pertinente que dans ce monde.
Selon
le Mahara''l, la
Tôroh est spécifiquement un document de ce monde, non pas parce que
ce monde est plus grand que le monde à venir, mais plutôt parce que
ce monde est défectueux et imparfait.
Bien que la plus grande récompense pour un être humain puisse être
la béatitude éternelle du ´ôlom Habbo`¸, la
plus grande réussite de la Tôroh n'est pas de nous amener au ´ôlom
Habbo` mais d'apporter la piété et la spiritualité dans ce monde
imparfait.