בס״ד
`éllou
Wa`éllou Divré `alôhim
Hayyim
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article peut être téléchargé ici.
Certaines
personnes s'interrogent sur les raisons pour lesquelles, dans bon
nombre de mes articles, je rapporte diverses opinions sur un même
sujet plutôt que de tout simplement rapporter celle que je considère
être correcte. Cette question se rapporte en réalité à la pensée
suivante : comment peut-il être possible que diverses opinions
puissent toutes être correctes ? La Tôroh n'est-elle pas une ?
Le
principe de pluralisme halakhique apparaît dans le contexte des
désaccords entre Béth Hillél et Béth Shamma`y. La Gamoro`
déclare1 :
Ribbi
`abbo` a dit : « Shamou`él a dit :
[Durant] trois années, Béth Shamma`y et Béth Hillél ont
divergé. Ceux-ci disaient : ''La Halokhoh
est comme nous !'', et ceux-là disaient : ''La
Halokhoh est comme nous !''. Une
Bath Qôl sortit et dit : ''Celles-ci et celles-là sont
les paroles du `alôhim Vivant. Mais la
Halokhoh est comme Béth Hillél !'' ».
|
א"ר
אבא אמר שמואל שלש שנים נחלקו ב"ש
וב"ה
הללו אומרים הלכה כמותנו והללו אומרים
הלכה כמותנו יצאה בת קול ואמרה אלו ואלו
דברי אלהים חיים הן והלכה כב"ה
|
D'un
point de vue moral, il est certainement vertueux de respecter toutes
les opinions halakhiques divergentes et d'honorer tous les érudits
de la Tôroh. Philosophiquement, cependant, ce concept est difficile
à comprendre. Dans le domaine de Halokhoh, quand quelque
chose est soit permis, soit interdit, il est difficile de comprendre
comment les deux côtés de l'argument peuvent être corrects. Si
quelque chose est permis, ce n'est certainement pas interdit, et si
quelque chose est interdit, ce n'est certainement pas permis !
Comment peut-on donc affirmer que deux approches halakhiques
diamétralement opposées peuvent toutes les deux être « les
paroles du D.ieu Vivant » ?
- Le Hyda''` : Pluralisme Instrumental
Une
approche pour résoudre cette difficulté qui minimise l'étendue du
véritable pluralisme halakhique est citée par le Hyda''`
ז״ל.2
D'après cette approche, une seule opinion peut réellement être
correcte. Par exemple, seule l'opinion de Béth Hillél est 100%
correcte, tandis que l'opinion de Béth Shamma`y est en conséquence
100% incorrecte. En quoi donc les paroles de Béth Shamma`y
sont-elles « les paroles du D.ieu Vivant » ?
Le Hyda''` explique que, tout comme la lumière n'est
reconnue et appréciée que par contraste avec l'obscurité, la
véritable interprétation halakhique ne peut être correctement
comprise et appréciée qu'en la contrastant avec une interprétation
incorrecte. C'est pour cette raison, explique-t-il, que lorsque
Môshah Rabbénou ע״ה
est
monté sur le mont Sinaï pour recevoir la Tôroh, Hashshém ית׳
lui
a transmis tous les points de vue divergents concernant chaque sujet
halakhique - afin d'expliquer à Môshah quelle opinion était
correcte et de clarifier exactement comment et pourquoi elle était
plus précise que l'opinion inverse. Par conséquent, il faut
travailler dur pour comprendre même le point de vue rejeté, car on
ne peut pas comprendre correctement le point de vue accepté si l'on
ne considère pas les alternatives, comprendre les façons exactes
dont l'opinion acceptée diverge des alternatives suggérées et
connaître la raison logique pour laquelle l'opinion vraie est
acceptée et les opinions erronées rejetées.
Selon
cette compréhension, il n'y a pas de véritable pluralisme au sein
du système halakhique. Le point de vue rejeté est appelé « les
paroles du D.ieu Vivant » uniquement parce qu'il est
instrumentalement utile dans l'effort intellectuel pour comprendre le
seul point de vue correct.
- Rov Môshah Feinstein : Pluralisme Pratique
Une
deuxième interprétation est offerte par R. Môshah Feinstein ז״ל
dans
l'introduction de son magnum opus, Tashouvath
`iggarôth Môshah. Il explique qu'une seule
opinion peut correspondre à la volonté Divine authentique, et il
est révélé au Ciel quelle opinion est correcte et quelle opinion
est incorrecte. Néanmoins, à des fins pratiques halakhiques, les
deux opinions sont également valables et légitimes. R. Môshah
fait référence au principe de לא
בשמים היא « Lô`
Bashshomayim Hi` », selon lequel Hashshém ne s'attend
pas à ce que nous suivions la Halokhoh
céleste, qui correspond à la vérité absolue, mais plutôt à
suivre la Halokhoh terrestre, telle quelle
est tranchée par le processus halakhique qui est remis entre les
mains humaines. Si un sage de la Tôroh qualifié, déployant un
effort maximal et imprégné de la Yir`ath Shomayim, parvient à une
conclusion halakhique, alors cette conclusion halakhique est
d'application pour lui-même et pour tous ses Talmidhim, qu'elle
corresponde ou non à la vérité ultime.
D'après
cette théorie, il n'y a pas de place pour le pluralisme dans le
domaine de la vérité théorique, mais sur le plan pratique, il y a
amplement de place pour le pluralisme halakhique. Si la vérité est
définie à des fins pratiques, en tant que conclusion qui a été
atteinte en suivant le processus halakhique approprié, deux opinions
mutuellement contradictoires peuvent alors à la fois être légitimes
et valables à des fins pratiques halakhiques, tant qu'elles sont à
la fois le produit du processus halakhique correctement appliqué.
- Les Tôsophôth et le Ritva''` : Vrai Pluralisme, Aucune Vérité Objective
Une
troisième approche est citée au nom des sages français,
c'est-à-dire les Tôsophôth, par l'intermédiaire du Ritva''` ז״ל.3
Le Ritva''` explique que lorsque Môshah Rabbénou est allé dans les
cieux pour recevoir la Tôroh, on lui a enseigné plusieurs
interprétations possibles de chaque Halokhoh, conduisant
à des décisions divergentes possibles sur des questions halakhiques
pratiques. Quand il a demandé à Hashshém quelle interprétation
était réellement correcte, Hashshém lui a répondu que ce
serait aux Sages de chaque génération de voter et de décider ce
que serait la Halokhoh.4
Le
Ritva''` semble soutenir qu'il n'y a pas de vérité céleste
objective. Hashshém n'a aucune opinion sur ce que devrait être la
Halokhoh ; Il nous laisse entièrement
le soin de déterminer le contenu de la Halokhoh.
Si, en fait, il n'y a pas de vérité objective, alors il y a la
place pour un véritable pluralisme, car chaque interprétation est
valable de façon égale. Les deux opinions peuvent être les
paroles du D.ieu Vivant, parce que Hashshém Lui-même ne penche vers
aucune interprétation en particulier, mais révélait plutôt de
nombreuses options pour interpréter la Tôroh et exigeait seulement
que nous suivions l'une de ces options.5
Ce
déni de vérité halakhique objective est quelque peu radical, comme
l'a souligné Hovôth Ya`ir ז״ל.6
La philosophie juive dominante suppose que les Miswôth de la
Tôroh n'ont pas été décrétées arbitrairement, mais plutôt
commandées par Hashshém parce qu'Il, dans Son infinie sagesse,
savait exactement quelles actions apportent un bénéfice spirituel à
nos âmes et quelles actions sont spirituellement préjudiciables. Il
est donc difficile de comprendre comment Hashshém Lui-même ne
pouvait avoir aucune connaissance objective quant à l'interprétation
de la Tôroh qui maximise le bénéfice spirituel pour notre âme et
évite les dommages spirituels. De plus, le Hovôth Ya`ir (Rov
Ya`ir Hayyim Bachrach, Allemagne, 1639-1702) exprime sa
perplexité quant à la façon dont le vote majoritaire des Sages de
chaque génération, qui sont uniquement humains et donc faillibles,
peuvent réussir à éviter les effets néfastes de suivre une
interprétation qui peut ne pas réellement correspondre à la
réalité spirituelle sous-jacente du monde.
Nous
pourrions défendre le Ritva''` en suggérant, comme le conclut le
Hovôth Ya`ir à contrecœur, que les Miswôth sont
arbitraires et que le bénéfice spirituel découle non pas de
l'action particulière d'une Miswoh, mais plutôt de
l'expérience d'obéir au commandement Divin ; nos âmes sont
endommagées non pas par l'action particulière impliquée dans une
transgression, mais plutôt par l'expérience de transgresser un
commandement Divin. Par conséquent, il n'est pas nécessaire
d'identifier l'interprétation correcte de toute Miswoh, tant
qu'il existe une interprétation faisant autorité que nous pouvons
accepter et à laquelle obéir.
Alternativement,
nous pouvons affirmer que toutes les interprétations possibles de
n'importe quelle Halokhoh sont connues par Hashshém pour
être également bénéfiques pour nos âmes, et donc Il permet aux
Sages de choisir entre elles. De plus, on pourrait suggérer, comme
le fait le Hovôth Ya`ir lui-même entre parenthèses, que
Hashshém adapte la réalité et remodèle le monde conformément à
l'interprétation des Sages de chaque génération, et donc toute
interprétation adoptée par la majorité des Sages correspond
automatiquement à la réalité spirituelle. Dans le prochain
article, cependant, nous suggérerons une compréhension différente
du Ritva''` qui résout complètement ce problème.
- Rash''i et le Mahara''l : Vrai Pluralisme, Vérité aux Multiples Facettes
Une
quatrième approche pour comprendre la nature du pluralisme
halakhique est exprimée par Rash''i ז״ל.7
Rashi souligne que si chaque côté d'un débat halakhique a une
base logique pour sa position, alors aucun côté n'a complètement
tort. S'il y a une raison logique de penser que quelque chose est
permis et aussi une raison logique de penser que quelque chose est
interdit, alors les deux côtés doivent être vrais. Par
conséquent, dans certaines circonstances, la chose devrait être
interdite et dans d'autres autorisées, car la Halokhoh
dépend souvent de la subtile différence de circonstances entre un
cas et l'autre.
Rash''i
propose ici un nouveau modèle pour comprendre la nature du
pluralisme halakhique. Nous n'avons pas besoin de choisir entre
supposer qu'un côté est 100% correct et l'autre 100% incorrect, ou
que les deux côtés sont 100% corrects. Au contraire, chaque côté
du débat est partiellement correct, et la vérité halakhique ultime
émerge d'une combinaison des deux positions.
Cette
idée peut être comprise sur la base de la compréhension que le
Mahara''l ז״ל
a
de la Gamoro` de Haghighoh
3b. Le Mahara''l explique8
que le phénomène des différends entre érudits de la Tôroh
n'est pas un échec du système, mais plutôt une stratégie pour
atteindre la vérité ultime. Hashshém a créé chaque
individu avec une personnalité unique, et donc différentes
personnes ont des perspectives et des façons de penser différentes.
Le Mahara''l explique en outre que rien dans le monde n'est simple ;
la complexité est présente dans tous les aspects de notre
existence. Même les bonnes choses ont un aspect négatif,
tout comme les mauvaises choses ont un aspect positif. Rien
n'est purement bon ou mauvais dans le monde, et donc la vraie réponse
objective à toute question halakhique n'est jamais un simple oui ou
non. Il y a toujours différentes facettes à chaque problème
qui reflètent la complexité du monde réel. Par conséquent, la
perspective halakhique sur toute question doit également être
complexe. La fonction de la Halokhoh
n'est pas de simplifier à outrance la réalité et d'ignorer les
complexités du monde réel, mais plutôt de refléter cette
complexité et de nous enseigner la perspective Divine authentique à
propos cette complexité.
Toutefois,
aucun être humain n'est suffisamment large d'esprit et complexe
pour discerner tout ce que la Tôroh a à dire sur la complexité du
monde réel. Par conséquent, Hashshém a arrangé un système
dans lequel une multitude d'érudits de la Tôroh analyseraient
chaque nouvelle question halakhique qui se poserait. Puisque tout
le monde est créé différemment, différents érudits se
concentreraient sur différentes facettes de la vérité, et chacun
plaiderait pour la vérité de sa perspective. Si la
communauté d’érudition de la Tôroh, dans cette génération ou
une génération future, réunit toutes les opinions disparates sur
un problème particulier, nous pouvons ainsi nous rapprocher le plus
possible de la vérité objective ultime, qui est la combinaison de
toutes les différentes perspectives sur le problème.
Dans
ce monde complexe, le seul moyen pour des êtres humains limités de
trouver la vérité divine objective est à travers un tel système.
Ce n'est que si les érudits de la Tôroh prennent des positions
disparates et que chaque partie plaide pour l'exactitude de sa
perspective que nous pouvons clarifier la force et la puissance de
chaque position, et ainsi parvenir à une compréhension intégrée
de toutes les différentes facettes de la vérité ultime.
Nous
comprenons donc pourquoi, selon Rash''i, les deux opinions peuvent
faire autorité halakhiquement, chacune dans des circonstances
subtilement différentes. Si en fait la vérité est complexe et
que chaque opinion représente un aspect de la vérité, alors il est
logique que la décision halakhique pratique soit parfois déterminée
par une facette de la vérité et dans d'autres circonstances par une
autre. Selon cette théorie, le vrai sens du pluralisme
halakhique n'est pas que chaque opinion a sa propre vérité
parallèle, mais plutôt que toute opinion humaine ne peut, par
définition, contenir qu'une partie de la vérité ultime.
« Celles-ci et celles-là sont les paroles du D.ieu
Vivant », car ce n'est qu'en additionnant toutes les
vérités partielles représentées par les perspectives halakhiques
disparates que nous pourrons nous rapprocher de la vérité ultime.9
Une
parabole souvent citée illustrant cette idée parle de quatre
aveugles et d'un élément qu'ils ont du mal à identifier. Un
aveugle sent l'objet et déclare qu'il s'agit d'un mur. Un autre
prétend qu'il s'agit d'un tronc d'arbre. Un troisième l'identifie
comme un tuyau d'incendie, tandis que le quatrième prétend qu'il
ressemble à une vigne. Il peut sembler qu'ils ne sont pas d'accord
sur l'identité de l'élément en question, mais en fait, s'ils
combinent leurs perspectives, ils pourraient se rendre compte qu'ils
ont rencontré un éléphant - dont le corps est large et haut comme
un mur, dont les jambes sont épaisses et rondes comme un arbre, dont
le tronc ressemble à un tuyau d'incendie, et dont la queue est
semblable à une vigne. Ce n'est qu'en combinant les vérités
partielles représentées par chaque perspective que nous pourrons
comprendre correctement la réalité.
Selon
cette approche, nous comprenons pourquoi différentes écoles à
travers l'histoire juive avaient constamment des perspectives
différentes sur la Halokhoh. Par exemple, les Talmidhim
de Béth Hillél étaient presque toujours indulgents par rapport à
la rigueur omniprésente de ceux de Béth Shamma`y. Ce n'est pas
parce que Béth Hillél avaient un programme de clémence et Béth
Shamma`y un programme de rigueur. Au contraire, comme l'a souligné
le Mahara''l, Hashshém a créé les gens pour penser différemment
et a doté chacun de nous de sa propre personnalité, perspective et
modes de pensée. Béth Hillél étaient des optimistes spirituels
qui voyaient naturellement le bien en tout et appréciaient
l'aspect de la licéité dans diverses questions douteuses sur le
plan halakhique. Béth Shamma`y, d'autre part, étaient des
pessimistes naturels, qui voyaient l'aspect authentique du
danger spirituel dans diverses matières halakhiques. Toute
personne ou école ne peut, par définition, voir qu'une partie de la
vérité, et Hashshém a créé chacun de nous pour pouvoir
reconnaître un aspect différent de la vérité ultime. Il n'est
donc pas étonnant que, tout au long de l'histoire juive, nous
trouvions que les décisionnaires halakhiques tranchent selon leurs
perspectives particulières. Ce n'est pas la preuve d'un programme
politique corrompant la vérité halakhique pure, mais plutôt le bon
fonctionnement du processus halakhique. Chacun voit son aspect de
la vérité, de son propre point de vue, puis, en combinant tous ces
aspects, les générations ultérieures peuvent atteindre une
perspective holistique qui approche de la vérité divine complète.
- Comprendre l'histoire de la Halokhoh
Cette
perspective sur le pluralisme halakhique conduit à une compréhension
plus profonde de l'histoire de la Halokhoh. La majorité
des questions halakhiques discutées dans le Mishnéh Tôroh et le
Shoulhon ´oroukh sont sujettes à controverse, et il n'y a
peut-être aucun chapitre de ces deux ouvrages majeurs de la Halokhoh
basée sur le Talmoudh où les autorités ultérieures ne sont pas en
désaccord sur la bonne interprétation de la Gamoro`
ou l'application des principes talmudiques aux nouvelles
circonstances. Souvent, la décision finale du Shoulhon
´oroukh ou des autorités ultérieures sera un compromis, comme
la décision qu'une certaine chose est admissible mais que celui qui
est sensible spirituellement doit être stricte, ou que nous
interdisons quelque chose, mais en cas de perte financière, nous
sommes indulgents, ou qu'il y a ceux dont la coutume est de permettre
et d'autres dont la coutume est d'être stricte. On pourrait avoir
une vision cynique de ce processus et voir toute l'histoire de la
Halokhoh comme un exercice de confusion et d'ignorance. On
pourrait conclure que nous ne connaissons pas la bonne réponse à
aucune des questions halakhiques difficiles, et nous agissons
hasardeusement dans la pratique parce que nous ne pouvons pas trouver
la bonne réponse. Cependant, selon la dernière approche que nous
avons élucidée, l'histoire de la Halokhoh
n'est pas une accumulation d'ignorance et de confusion, mais plutôt
un exercice de sophistication et un déploiement progressif d'une
vérité aux multiples facettes. Si la réalité est complexe et
que le monde n'est pas noir et blanc, la Halokhoh devrait
également être complexe.
En
conséquence, lorsque des commentaires se disputent sur la
décision halakhique correcte, cela ne représente pas un manque de
connaissances claires mais une connaissance plus profonde de la
vérité multivalente sur cette question halakhique particulière.
Les décisions complexes des derniers Pôsaqim
sont les applications appropriées de cette vérité aux multiples
facettes. Lorsque les aspects négatifs d'une certaine question
l'emportent clairement sur les aspects positifs, nous décidons pour
des raisons pratiques qu'elle est interdite. De même, lorsque
les aspects positifs sont largement supérieurs aux aspects négatifs,
nous décidons que cela est permis. Mais parfois, lorsque les
deux facettes sont importantes, nous émergerons avec une décision
sophistiquée qui reflète la complexité du problème, et nous
serons clémentes dans certaines circonstances et rigoureux dans
d'autres circonstances, selon l'équilibre exact et la force relative
des aspects en conflit. Les décisions complexes qui émergent du
processus halakhique sont donc le reflet d'une vérité authentique,
nécessairement complexe et dépendante des circonstances.
De
plus, nous pouvons faire ressortir une compréhension plus profonde
de la relation entre différents érudits ou écoles de pensée de la
Tôroh. Sur la base de l'approche que nous avons élucidée, la
relation entre les opinions halakhiques contradictoires n'est pas une
bataille entre la vérité et le mensonge, ni même une compétition
entre différentes options valides, mais un partenariat entre des
vérités complémentaires qui ont besoin les unes des autres pour
leur réalisation. Il est donc clair pourquoi HaZa''l nous
disent que les érudits de la Tôroh qui se battent férocement dans
l'arène intellectuelle émergent de la rencontre comme des amis
aimants, car chaque camp ne peut trouver l'achèvement ultime que
dans la sagesse de son rival.
Cette
idée est magnifiquement exprimée dans l'introduction du ´oroukh
Hashshoulhon,
un code halakhique qui met l'accent sur l'éventail des points de vue
des autorités antérieures. Il explique que la
Tôroh est métaphoriquement appelée un chant parce que la beauté
de la musique émerge de l'harmonie des différentes voix dans le
chœur.
Si
les membres du chœur chantaient tous exactement les mêmes notes,
ils ne pourraient jamais produire une belle musique. De même, la
vraie grandeur de la Tôroh n'est révélée que par l'interaction
d'interprétations contradictoires, qui se combinent pour former un
tout glorieux.10
1´érouvin
13b
2Pathah
´énayim, Bavo` Masi´a` 59b.
Le Hyda''` cite cette interprétation au nom des « Ri`shônim ».
Il cite également les interprétations de Rash''i et du Ritva''`,
que nous mentionnerons dans la suite de cet article.
3Commentaire
sur ´érouvin 13b. Cette explication apparaît explicitement
dans le commentaire d'un des Tôsophôth, Ribbénou Shimshôn de
Sens, sur ´édhiyôth 1:5.
4Cette
idée a ses racines dans le Talmoudh Yaroushlami
(Sanhédhrin 4: 2). R. Shimshôn de Sens conclut qu'un
tribunal rabbinique peut statuer conformément à une opinion qui a
été rejetée par la majorité des Sages d'une génération
précédente, même si les premiers Sages étaient plus grands et
plus experts, car Hashshém a expressément accordé aux Sages de
chacun génération le droit de trancher comme bon leur semble pour
leur génération.
5Cela
ne signifie pas que Hashshém n'a littéralement aucune opinion sur
la façon dont nous devrions agir dans ce monde. Il y a clairement
des comportements qui sont complètement en dehors du domaine des
interprétations possibles de la Tôroh et qui contreviennent
absolument à la volonté de Hashshém. Cependant, dans le domaine
circonscrit de toutes les interprétations possibles de la Tôroh,
Hashshém Lui-même n'a aucune préférence quant à
l'interprétation que nous devrions suivre.
6Tashouvath
Hovôth Ya`ir 192
7Commentaire
sur Kathoubbôth 57a.
8Ba`ér
Haggôloh, Première Partie
9Le
Mahara''l, cependant, soutient que l'expression « Celles-ci
et celles-là sont les paroles du D.ieu vivant » se réfère
uniquement à des différends comme ceux de Béth Hillél et Béth
Shamma`y, où les deux facettes ont exactement la même force.
10´oroukh
Hashshoulhon, Introduction au Hôshén Mishpot