בס״ד
Le
thon en boite nécessite-t-il un Hakhshér (tampon de Kashrouth) ?
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La
question suivante m'a été envoyée :
Chalom
Rav. Je ne sais plus où j'ai lu cela mais il semble que l'on puisse
acheter n'importe quelle marque de boîte de thon sur le marché (et
pas seulement celle du Beth Din de Paris...). Apparemment c'est une
fausse légende de croire qu'on peut trouver du requin ou du dauphin
dans une boîte à la place du thon car :
-
Le thon est sélectionné sur les bateaux.
-
Dans les usines aussi, il n'y a que le thon qui circule sur la chaîne
de production.
En
effet, la température de cuisson pour le thon n'est pas la même que
celle du requin, du dauphin ,et varie même en fonction des espèces
de thons. ( Le thon blanc et le rouge ne se cuisent pas à la même
température). Donc, cela demanderait trop de temps et d'argent à
l'entreprise s'il fallait aussi cuire du requin...
Bref,
tout cela pour dire qu’apparemment il y a de très faibles, voire
aucune, chances de voir un problème de mélange entre un thon et une
autre espèce de poisson dans ces usines (comme le thon de la marque
petit navire)
Tout
cela pour vous demander : Puis-je acheter (selon la Halakha) des
produits préparés par des Goyim contenant du thon en boîte si je
sais de source sûre qu'il n'y a aucun ingrédient illicite ?
Merci
Rav !
Cette
question concernant la permissivité d’acheter et consommer du thon
en boite sans Hakhshér est très intéressante, et est, à nouveau,
l'un des très nombreux sujets de divergence entre `ashkanazim et
Saphoraddim, mais également un sujet autour duquel une légende
insensée est attachée par les rigoristes et ceux qui ne prennent
pas la peine de se renseigner un minimum.
Tout
d'abord, sachez que sur la propre liste du Consistoire de France on
peut retrouver des marques de thon en boite parfaitement autorisées
et qui ne nécessitent aucune surveillance, car aucun des ingrédients
ne pose problème dans la confection. Cela répond donc en partie à
votre question. Où pourrait donc se trouver le souci que se font
certains concernant le thon en boite, au point d'exiger la présence
d'un Hakhshér ?
L'interdiction
du « Bishshoul
´akkou''m » interdit de consommer des aliments
cuits par un Gôy. Même si tous les ingrédients sont parfaitement
Koshér, la nourriture est interdite du fait qu'elle a été cuisinée
par un Gôy. La coutume séfarade est plus stricte que la pratique
ashkénaze en ce qui concerne cette Halokhoh. Les
ashkénazes permettent de manger des aliments cuits par un Gôy si un
Juif a participé à quelque façon que ce soit au cours du processus
de cuisson, même s'il a simplement allumé la flamme ou allumé le
four. Les séfarades, cependant, interdisent les aliments cuits par
un Gôy à moins qu'un Juif ait véritablement joué un rôle actif
dans le processus de cuisson, par exemple en versant les ingrédients
dans la casserole ou en mélangeant les aliments.
La
question se pose de savoir si cette Halokhoh affectera le
statut du thon en conserve, qui subit un processus de cuisson avant
sa mise en conserve. Plusieurs raisons ont été invoquées pour
autoriser la consommation de thon en conserve produit par des Gôyim.
Premièrement,
l'interdiction du « Bishshoul ´akkou''m » ne s'applique
qu'aux aliments qui ne sont pas habituellement consommés crus.
Le sushi, ou thon cru, est une délicatesse en Extrême-Orient, et
nous pourrions donc affirmer que le thon n'est pas soumis à
l'interdiction du « Bishshoul ´akkou''m », puisque c'est
un poisson qu'il est parfaitement possible de consommer cru.
Deuxièmement,
lorsque la question fut posée au Rov ´ôvadhyoh Yôséph, il a
tranché que le thon en conserve n'entrait absolument pas dans la
catégorie de « Bishshoul ´akkou''m », tout simplement
parce que la Halokhoh ne considère pas la technique du
fumage comme de la « cuisson ». De ce fait, le principe
de « Bishshoul ´akkou''m » ne s'applique pas aux
aliments qui ont été fumés ou cuit à la vapeur par des Gôyim,
et, par conséquent, tranche le Rov ´ôvadhyoh Yôséph, le thon
n'est pas sujet au « Bishshoul ´akkou''m ». En effet, le
thon en conserve est cuit deux fois pendant sa transformation en
usine. Il est d'abord cuit à la vapeur avec la peau avant le retrait
et après la mise en conserve dans une cuisinière industrielle. Et
puisqu'il est déjà consommable avant la deuxième cuisson, il n'a
pas le statut de « Bishshoul ´akkou''m » (puisque ce
n'est pas la deuxième cuisson dans la cuisinière industrielle qui
le rend consommable ; cette deuxième cuisson ne fait
qu'améliorer son goût, puisque le goût du thon après la première
cuisson à la vapeur dans une usine est de moins bonne qualité que
le produit en conserve final).
Troisièmement,
la Halokhoh du « Bishshoul ´akkou''m »
stipule que ne sont concernés que des aliments dignes d'être servis
à la table des rois (c'est-à-dire, des dignitaires et gens
importants) Du thon frais pourrait être servi aux rois, princes,
présidents et dignitaires, mais du thon en conserve est considéré
comme n'étant pas suffisamment respectable que pour être apporté »
à des dignitaires. Par conséquent, de nombreux Pôsaqim tranchent
que l'interdiction du « Bishshoul ´akkou''m » ne
s'applique pas au thon en conserve.
Enfin,
comme vous l'avez signalé, il existe une légende totalement
farfelue, souvent invoquée par des Pôsaqim
ashkénazes, selon quoi on pourrait retrouver du requin ou dauphin
dans le thon en conserve. Et en raison de cela, il faudrait interdire
le thon en boite qui n'aurait pas de Hakhshér. C'est l'un des
nombreux exemples de rabbins qui tranchent sur des sujets qu'ils ne
maîtrisent absolument pas, tout simplement parce qu'ils n'ont pas
pris la peine de se pencher sérieusement sur la question.
Cette
légende est née d'un malentendu. Les thons se déplacent souvent
sous les dauphins. Par conséquent, lorsque le thon est péché au
filet, cela entraîne fréquemment la capture et mort de nombreux
dauphins dans les filets. À cause de cela, des millions de dauphins
ont perdu dans les filets de pêche au thon. Cela a amené au
développement de nouvelles techniques de pêche au thon pour
épargner les dauphins, comme par exemple la pêche à la ligne
plutôt qu'au filet. C'est ainsi qu'il existe des boites de thon sur
lesquelles il est indiqué « sans dauphin ». Certaines
personnes croient que cela signifie qu'il pourrait y avoir du dauphin
dans d'autres boites de thon, alors que cela signifie simplement que
le thon n'a pas été péché avec des dauphins.
Même
lorsque du thon a été péché avec des dauphins, il est
pratiquement impossible de retrouver de la viande de dauphin mélangé
dans le thon, car le thon est trié, éviscéré, et taillé à la
main, tandis que les dauphins attrapés dans les filets sont
immédiatement retirés des filets. Les labels « sans dauphin »
servent donc à rassurer les environnementalistes sur le fait que la
pêche du thon s'est déroulée sans avoir tué le moindre dauphin.
Pour
toutes ces raisons, les séfarades de manière générale (et
quelques Pôsaqim ashkénazes), autorisent sans
le moindre problème le thon en conserve sans qu'il n'y ait de
Hakhshér sur la boite, dès lors que les ingrédients
sont autorisés (par exemple, huile végétale et non animale, et
qu'il n'y a pas d'additifs interdits).