dimanche 17 mai 2020

Doniyé`l 9 annonce-t-il l'année de la venue et mort du Moshiah ?


בס״ד

Doniyé`l 9 annonce-t-il l'année de la venue et mort du Moshiah ?


Première Partie

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  1. Introduction

Le Séphar Doniyé`l est rempli d'allusions messianiques et de calculs qui ont même laissé Doniyé`l dubitatif quant à leurs significations. En outre, une large proportion du livre est rédigée en araméen plutôt qu'en hébreu traditionnel, ce qui ajoute à la complexité de ces textes bibliques. Y trouve-t-on quelque chose concernant le Messie ?

Le neuvième chapitre est d'un intérêt particulier, à la fois pour les Juifs et les chrétiens. Le message d'un D.ieu miséricordieux communiqué au verset suivant, כִּ֣י ׀ לֹ֣א עַל־צִדְקֹתֵ֗ינוּ אֲנַ֨חְנוּ מַפִּילִ֤ים תַּֽחֲנוּנֵ֨ינוּ֙ לְפָנֶ֔יךָ כִּ֖י עַל־רַֽחֲמֶ֥יךָ הָֽרַבִּֽים׃ « car ce n'est pas concernant nos actes de justice que répandons nos supplications devant Toi, mais concernant Tes miséricordes abondantes »1, a toujours été une fondation de la relation personnelle et spirituelle d'un Juif avec D.ieu. Les chrétiens, de l'autre côté, tendent à se focaliser sur les versets 24-26. Voici les traductions chrétiennes de ces versets :

Darby
Louis Segond
Ostervald
24  soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l'iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints. 25  Et sache, et comprends: Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu'au Messie, le prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines; la place et le fossé seront rebâtis, et cela en des temps de trouble. 26  Et après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n'aura rien; et le peuple du prince qui viendra détruira la ville et le lieu saint, et la fin en sera avec débordement; et jusqu'à la fin il y aura guerre, un décret de désolations.
24  Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés, pour expier l'iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints. 25  Sache-le donc, et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à l'Oint, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux. 26  Après les soixante-deux semaines, un Oint sera retranché, et il n'aura pas de successeur. Le peuple d'un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu'au terme de la guerre.
24  Soixante-dix semaines sont déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour enfermer la rébellion, pour sceller les péchés, pour expier l'iniquité, pour amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints. 25  Sache-le donc et comprends: depuis l'émission de la parole ordonnant de retourner et de rebâtir Jérusalem, jusqu'au Christ, le Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines: les places et les fossés seront rétablis, mais en un temps fâcheux. 26  Et après les soixante-deux semaines, le Christ sera retranché, et non pour lui. Et le peuple d'un conducteur qui viendra, détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera dans ce débordement; les désolations sont déterminées jusqu'au terme de la guerre.

De nombreux chrétiens affirment que ces passages seraient une prophétie prédisant les dates exactes où le Messie viendra et où également il mourra. Ils croient que `ôthô Ho`ish ימש״ו a accompli ces prédictions. Avant d'examiner ces versets il est important de relever que, sur base du texte et du contexte hébreu, les Juifs ont des raisons très solides et valides de rejeter l'interprétation chrétienne.

Pour comprendre ce chapitre, nous devons commencer par une explication du terme « semaines ».

Doniyé`l Chapitre 9 emploie le mot hébreu שָֽׁבֻעִ֨ים « Shovou´im » afin de représenter une période de temps multipliée par sept. Pour diverses raisons, ce mot fut traduit par « semaines » et signifie un multiple de sept années plutôt qu'un multiple de sept jours.

Nous trouvons un usage identique dans le verset suivant : וְסָֽפַרְתָּ֣ לְךָ֗ שֶׁ֚בַע שַׁבְּתֹ֣ת שָׁנִ֔ים שֶׁ֥בַע שָׁנִ֖ים שֶׁ֣בַע פְּעָמִ֑ים וְהָי֣וּ לְךָ֗ יְמֵי֙ שֶׁ֚בַע שַׁבְּתֹ֣ת הַשָּׁנִ֔ים תֵּ֥שַׁע וְאַרְבָּעִ֖ים שָׁנָֽה׃ « Et tu compteras pour toi-même sept Shabbothôth d'années, sept années sept fois. Et elles seront pour toi des jours de sept Shabbothôth d'années ; quarante-neuf ans ».2

Un Shabboth est une période de sept jours, et le mot sept ( שֶׁ֥בַע « Shava´ ») partage la même racine que le mot שָׁבוּעַ « Shovoua´ » qui signifie « semaine ».

Normalement, le pluriel de שָׁבוּעַ est שָׁבוּעוֹת « Shovou´ôth ». Or, dans Doniyé`l, c'est le pluriel שָֽׁבֻעִ֨ים « Shovou´im » qui est employé, et qui a le même sens que ָנִים « Shonim », qui signifie « années ». Cela nous indique que שָֽׁבֻעִ֨ים se réfère à un multiple de sept années.

Aussi bien les Juifs que les chrétiens s'accordent pour dire que cela se réfère à un multiple d'années. Par conséquent, dans Doniyé`l Chapitre 9, chaque « semaine » est en réalité une période de sept années.

  1. Perspective chrétienne

Les polémistes chrétiens interprètent ces passages de la façon suivante : Ces passages furent énoncés par Doniyé`l après la destruction du Béth Hammiqdosh de Yarousholayim par le méchant empire babylonien. À un certain moment après la destruction, il y aura un « décret » promulgué pour restaurer et rebâtir Yarousholayim. À compter de la promulgation de ce décret, 7 et 62 semaines, totalisant 69 semaines d'années (483 ans), passeront et alors le Messie viendra et dans cette même « semaine », période de sept ans, il sera retranché, pas pour lui-même, mais pour les péchés de l'humanité. Alors la ville et le sanctuaire seront détruits. Les chrétiens affirment que leur calcul démontre que `ôthô Ho`ish a accompli cette prophétie de façon exacte, précise et irréfutable.

Après que les babyloniens eurent détruits Yarousholayim, tous les Juifs ayant survécu à la boucherie babylonienne furent exilés de leur terre. Doniyé`l, par exemple, vécut à Babylone. Pour finir, les babyloniens furent conquis par l'empire perse. Les chrétiens affirment que le décret mentionné dans Doniyé`l 9:25 fut émis par le roi perse Artaxerxes en l'an 444 avant l’Ère Courante, sur la base de Nahamyoh 2:1-8. Ces passages parlent du roi remettant des « lettres » (אִגְּרוֹת « `iggarôth ») à Nahamyoh ע״ל afin d'assurer un passage sûr et accorder la permission de reconstruire le Béth Hammiqdosh.

Or, la reconstruction de Yarousholayim fut entamée et stoppée à de nombreuses reprises, et il existe trois décrets supplémentaires mentionnés plus tôt dans le TaNa''Kh :
  1. Dans ´azro` 1:1-4, le roi Kôrash émet une proclamation (קוֹל « Qôl ») et des écrits (מִכְתָּב « Mikhtov ») accordant aux Juifs la permission de retourner à Yarousholayim et rebâtir le Béth Hammiqdosh ;
  2. Dans ´azro` 6:12-13, le roi Doryowash émet un décret (טְעֵם « Ta´ém ») accordant la permission de rebâtir le Béth Hammiqdosh ;
  3. Dans ´azro` 7:11-16, `artahshasta` (Artaxerxes) émet un décret ( טְעֵם « Ta´ém ») accordant la permission de rebâtir le Béth Hammiqdosh. (`artahshasta` n'est en réalité pas du tout un nom mais un titre persan de royauté et peut, de ce fait, se référer à différents dirigeants. C'est comparable à l'emploi du terme « Pharaon », qui est le titre des dirigeants de l’Égypte.)

Nous verrons plus tard qu'il est significatif que dans ces versets il y a quatre mots différents qui sont employés afin de décrire ces proclamations, et aucun d'eux ne correspond au mot hébreu employé dans Doniyé`l 9, qui est דָּבָר « Dovor », qui signifie « parole ».

Avec quatre proclamations différentes, il n'existe aucune justification historique de choisir celle mentionnée dans Nahamyoh 2, et il n'existe aucune source fiable déclarant qu'elle s'est produite exactement en l'an 444 avant l'E.C. Il semble que les chrétiens ont pioché ce passage par convenance et lui aient assigné cette date, parce que si vous commencez à 444 avant l'E.C., et comptez 69 semaines d'années (483 ans), vous arrivez à 39 de l'E.C. C'est toujours sept années de plus que l'an 32 de l'E.C., où `ôthô Ho`ish est supposé être mort !

Ce décalage de sept années est résout par les théologiens chrétiens qui ont redéfini la définition d'une « année ». Ils prétendent que les prophéties comme celles de Doniyé`l doivent être comprises en « années prophétiques » qui auraient 360 jours au lieu de 365 jours et ¼. L'argument selon quoi Doniyé`l ע״ה pourrait s'être exprimé aux babyloniens, qui pourraient avoir eu un calendrier de 360 jours, est sans source et réfutée par le fait que ce passage en particulier fut prononcé en hébreu (alors que d'autres passages du livre de Doniyé`l sont en araméen) à des Juifs qui avaient un calendrier différent, et que les babyloniens parlaient araméen.

Un des moyens chrétiens de démontrer ce concept d'années prophétiques consiste à citer le prétendu « Nouveau Testament », dans Apocalypse 11:2-3 :

Darby
Louis Segond
Ostervald
2  et le parvis, qui est en dehors du temple, rejette-le et ne le mesure point, car il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la cité sainte quarante-deux mois. 3  Et je donnerai puissance à mes deux témoins, et ils prophétiseront mille deux cent soixante jours, vêtus de sacs.
2  Mais le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors, et ne le mesure pas; car il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois. 3  Je donnerai à mes deux témoins le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours.
2  Mais laisse le parvis extérieur du temple, et ne le mesure point; car il a été donné aux Gentils; et ils fouleront aux pieds la sainte cité, pendant quarante-deux mois. 3  Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser, vêtus de sacs, durant mille deux cent soixante jours.

En divisant 1 260 (jours) par 42 (mois), vous obtenez 30 jours par mois ; ils prétendent donc que chaque mois compte 30 jours et qu'une année prophétique biblique compterait ainsi 360 jours (30X12=360).

Une « preuve » supplémentaire consiste à invoquer les événements ayant entourés le Mabboul (Déluge). Les versets suivants sont cités pour montrer que les mois bibliques étaient des périodes de 30 jours :
  1. Baré`shith 7:24 déclare que les eaux prévalurent sur la terre durant 150 jours ;
  2. Baré`shith 7:11 précise que le Mabboul commença le 17ème jour du deuxième mois ;
  3. et Baré`shith 8:4 précise que le Mabboul s'est achevé le 17ème jour du septième mois.

Ils prétendent qu'en prenant cette période de cinq mois et en la divisant par 150 jours, vous verrez qu'il doit y avoir cinq mois de 30 jours chacun, et par conséquent une année compte 360 jours.

L'argument chrétien se poursuit en disant que la différence entre une année solaire de 365 jours et ¼ et la prétendue année prophétique de 360 jours est ce qui a causé le décalage de sept ans dans leur interprétation de Doniyé`l 9, et que la résolution de se problème se fait en convertissant la période d'années « bibliques / prophétiques » en années solaires.

Ils prétendent qu'en multipliant 360 jours par 483 années (69 semaines d'années) vous obtenez 173 880 jours prophétiques. Pour convertir cela en années solaires, vous divisez 173 880 jours par 365 jours et ¼, et vous obtenez 476 années. 444 avant l'E.C., plus 476 années vous donne l'an 32 de l'E.C., qu'ils affirment être l'année où non seulement `ôthô Ho`ish aurait fait son entrée triomphale à Yarousholayim mais aussi où il aurait été crucifié.

Avant d'expliquer pourquoi ce raisonnement est absolument faux et est simplement un acte désespéré de résoudre leur mauvais calcul de sept ans, nous devons explorer la signification correcte de Doniyé`l 9 et le concept d'une année calendaire juive.

  1. Traduire correctement Doniyé`l

Il est essentiel d'avoir une compréhension correcte de Doniyé`l 9, afin d'établir qu'il est inexact de lire ce passage comme s'il parlait du Messie. Pour les chrétiens, cela pourrait sembler évident que c'est de lui qu'on parle puisque leurs traductions contiennent les mots « Le Messie » ou « l'Oint » mentionnés à deux reprises dans ce chapitre. Or, c'est le résultat d'une mauvaise traduction évidente et intentionnelle du mot hébreu מָשִׁיחַ « Moshiah ».

Ce mot signifie littéralement « oint », et est un adjectif, comme dans 1 Shamou`él 10:1 où le mot signifie clairement un acte de consécration. Ce n'est pas un pronom personnel qui se réfère à un individu particulier appelé « le Messie ». Le mot מָשִׁיחַ est employé tout au long du TaNa''Kh pas moins de 100 fois et se réfère à une variété d'individus et d'objets. Par exemple :
  • des Kôhanim : Wayyiqro` 4:3
  • des rois : 1 Malokhim 1:39
  • des prophètes : Yasha´yohou 61:1
  • le Mizbéah du Mishkon : Shamôth 40:9-11
  • des Massôth : Bamidhbor 6:15
  • Kôrash : Yasha´yohou 45:1

Même dans les traductions chrétiennes, le mot מָשִׁיחַ est traduit 99% du temps par « oint ». La seule exception est deux fois dans Doniyé`l 9 versets 25 et 26. Cette incohérence est plus flagrante puisque les traducteurs chrétiens traduisent le mot מָשִׁיחַ par « oint » un verset avant lorsqu'il est utilisé dans Doniyé`l 9:24. Dans ce dernier cas, il se réfère au fait d'oindre la pièce la plus à l'intérieur du Béth Hammiqdosh, c'est-à-dire le Saint des saints. Il est incorrect de traduire l'expression קֹ֥דֶשׁ קָֽדָשִֽׁים « Qôdhash Qôdhoshim », comme l'ont fait les missionnaires, par « le plus saint » dans une tentative de le faire correspondre au Messie plutôt qu'à un lieu.

C'est pourquoi, dans Doniyé`l 9, les passages devraient correctement être traduits ainsi :

25. […] jusqu'à un oint, un guide
כה ...עַד־מָשִׁ֣יחַ נָגִ֔יד
26. […] un oint sera retranché
כו ...יִכָּרֵ֥ת מָשִׁ֖יחַ

En outre, au verset 25 il n'y a aucun article défini (ה) devant le mot מָשִׁיחַ, et il est incorrect de traduire cela par « le Messie » ou « l'oint », comme s'il se référait à un individu exclusif. Quand il est traduit correctement par « un oint », les passages pourraient se référer à n'importe quel individu ou objet ayant été oint et pas nécessairement au « Messie ». Un examen minutieux de Doniyé`l 9 mènera à une compréhension claire de qui est-ce qu'on parle et à quoi se réfère ce chapitre.

Une erreur supplémentaire faite par les chrétiens se trouve dans la traduction des 7 et 62 semaines comme étant une unité indivisible de 69 semaines. La version chrétienne fait croire que « l'arrivée » et le « retranchement » du « Messie » auront lieu soixante-neuf semaines (483 ans) après un décret de restaurer Yarousholayim. Ils regroupent les 7 et 62 semaines ensembles et se retrouvent avec une seule personne (le Messie) et deux événements se produisant vers la fin de la 69ème semaine.

En fait, d'après le texte hébreu, les 7 et 62 semaines sont deux périodes séparées et distinctes. Un événement se produit après sept semaines et un autre après 62 autres semaines.

En outre, dans Doniyé`l 9:25 il est écrit שָֽׁבֻעִ֖ים שִׁבְעָ֑ה וְשָֽׁבֻעִ֞ים שִׁשִּׁ֣ים וּשְׁנַ֗יִם « sept semaines et soixante-deux semaines » et non pas « sept et soixante-deux semaines ». Dans le TaNa''Kh, lorsqu'on parle d'une seule et même période, on commence par donner le chiffre le plus petit suivi du chiffre le plus grand avec le nom que le chiffre qualifie. Par exemple, pour dire « soixante-neuf ans », le texte dira « neuf et soixante ans » et non pas « neuf ans et soixante ans ». Le mot qui est qualifié par le chiffre n'est pas répétée mais employé qu'une seule fois à la fin. Quand il est répété deux fois, c'est l'indication de deux périodes différentes. Ainsi, l'emploi du mot « semaines » devant chaque nombre montre également que ce sont des événements séparés, n'étant pas liés, car se rapportant à des périodes différentes et non continues. Enfin, l'emploi de l'article défini au verset 26, où nous lisons וְאַֽחֲרֵ֤י הַשָּֽׁבֻעִים֙ שִׁשִּׁ֣ים וּשְׁנַ֔יִם יִכָּרֵ֥ת מָשִׁ֖יחַ « et après les soixante-deux semaines, un oint sera retranché », est quelque fois effacé dans les traductions chrétiennes, mais sa présence dans l'original hébreu indique clairement que les 62 semaines doivent être traitées comme une période de temps séparée des premières sept semaines.

La bonne traduction est :

25. […] jusqu'à un oint, un guide, sept semaines (49 ans)
כה ...עַד־מָשִׁ֣יחַ נָגִ֔יד שָֽׁבֻעִ֖ים שִׁבְעָ֑ה
25. Puis, soixante-deux semaines elle sera à nouveau rebâtie, rue et fossé, mais en des temps troubles.
כה וְשָֽׁבֻעִ֞ים שִׁשִּׁ֣ים וּשְׁנַ֗יִם תָּשׁוּב֙ וְנִבְנְתָה֙ רְח֣וֹב וְחָר֔וּץ וּבְצ֖וֹק הָֽעִתִּֽים
26. Et après les soixante-deux semaines, un oint sera retranché.
כו וְאַֽחֲרֵ֤י הַשָּֽׁבֻעִים֙ שִׁשִּׁ֣ים וּשְׁנַ֔יִם יִכָּרֵ֥ת מָשִׁ֖יחַ

Deux événements distincts et des oints distincts, 62 semaines (434 ans) de séparation !

Les chrétiens traduisent également de façon incorrecte les mots hébreux וְאֵ֣ין ל֑וֹ  « Wa`én Lô », dans la suite de Doniyé`l 9:26. Ils le traduisent par il sera retranché « mais pas pour lui », comme si cela se référait à quelqu'un ayant été retranché non pour lui mais pour d'autres personnes, ce qui leur permet de comprendre ces mots comme indiquant une espèce d'expiation vicaire. Or, ces mots hébreux veulent dire « et il ne possède pas » (littéralement « et il n'y a pas pour lui »), et indique la finalité de son destin. Il est également intéressant de relever que le mot hébreu ָרֵת « Koréth ». traduit par « retranchement », se réfère bibliquement à quelqu'un qui a péché si gravement qu'il a été mis à mort par décret céleste en guise de punition divine pour ses propres transgressions !

Une conscience de ces huit erreurs de traduction est essentielle pour comprendre le neuvième chapitre de Doniyé`l. Pour récapituler :

  1. קדש קדשים « Qôdhash Qôdhoshim » signifie « le Saint des saints » et non « le plus saint » ;
  2. דבר « Dovor » signifie « parole » et non « décret » ;
  3. משיח « Moshiah », au verset 25, signifie « un oint » et non « le Messie / l'oint » ;
  4. משיח « Moshiah », au verset 26, signifie « un oint » et non « le Messie / l'oint » ;
  5. שבעים שבעה ושבעים ששים ושנים « sept semaines et soixante-deux semaines » signifie deux événements distincts l'un de l'autre : un à sept semaines, et l'autre 62 semaines plus tard, et non pas un événement après 69 semaines cumulées ;
  6. ה « Hé` » est l'article défini « le, la, les, l' » ;
  7. ואין לו « Wa`én Lô » signifie « et il ne possède pas » et non « et non pour lui » ;
  8. כרת « Koréth » désigne la mort d'un transgresseur que Hashshém décide de retrancher dans ce Monde-ci et pour le Monde-à-venir.

  1. Les années calendaires juives

En plus de ces huit mauvaises traductions, les chrétiens, comme mentionnés plus haut, manipulent leur calcul des 69 semaines dans Doniyé`l 9 dans une tentative éhontée de les faire coïncider avec l'arrivée et la mort de `ôthô Ho`ish à Yarousholayim.

Les chrétiens basent leur compréhension sur une croyance selon laquelle le point de départ de la prophétie commencerait en l'an 444 avant l'E.C., avec le décret émis par le roi Artaxerxes.3 Soixante-neuf semaines (483 ans) vous mèneraient jusqu'en l'an 39 de l'E.C. C'est 7 ans de plus que la date communément acceptée par les chrétiens de l'an 32 de l'E.C., comme étant l'année où `ôthô Ho`ish aurait été mis à mort.

Comme mentionné plus haut, ils tentent de résoudre ce problème en transformant des « années prophétiques » en années solaires. Le souci est que d'après la tradition juive et les Écritures, il n'existe pas de concept d' « année prophétique » dotée de 360 jours.

Le TaNa''Kh enseigne clairement que le calendrier juif est à la fois solaire et lunaire. Dès Baré`shith 1:14, qui traite de la création du soleil et de la lune, il nous est dit que : וַיֹּ֣אמֶר אֱלֹהִ֗ים יְהִ֤י מְאֹרֹת֙ בִּרְקִ֣יעַ הַשָּׁמַ֔יִם לְהַבְדִּ֕יל בֵּ֥ין הַיּ֖וֹם וּבֵ֣ין הַלָּ֑יְלָה וְהָי֤וּ לְאֹתֹת֙ וּלְמ֣וֹעֲדִ֔ים וּלְיָמִ֖ים וְשָׁנִֽים׃ « Et `alôhim dit : Qu'il y ait des luminaires dans le firmament des cieux pour distinguer entre la journée et la nuit, et qu'elles soient pour des signes, et pour des saisons, et pour des jours, et pour des années ». En d'autres mots, les deux luminaires doivent être utiliser pour déterminer notre calendrier.

Une année solaire comprend 365 jours et ¼, alors qu'une année lunaire a 11 jours de moins, et comprend donc 354 jours. À l'inverse de l'année grégorienne où la longueur des mois est fixée par convention plutôt que sur base d'une relation au calendrier lunaire, le calendrier biblique juif doit coïncider aussi bien avec le soleil qu'avec la lune.

Lorsque Hashshém ית׳ a ordonné aux Bané Yisro`él de sanctifier les mois, Il a fait du mois durant lequel eut lieu la sortie d’Égypte le premier des mois.4 Hashshém ordonna également de célébrer la fête de Pasah au printemps, ainsi qu'il est dit5 : שָׁמוֹר֙ אֶת־חֹ֣דֶשׁ הָֽאָבִ֔יב וְעָשִׂ֣יתָ פֶּ֔סַח לַֽיהוָ֖ה אֱלֹהֶ֑יךָ כִּ֞י בְּחֹ֣דֶשׁ הָֽאָבִ֗יב הוֹצִ֨יאֲךָ֜ יְהוָ֧ה אֱלֹהֶ֛יךָ מִמִּצְרַ֖יִם לָֽיְלָה׃ « Surveille le mois du printemps, et tu feras Pasah pour `adhônoy ton `alôhim, car dans le mois du printemps `adhônoy ton `alôhim t'a fait sortir de Misrayim [durant] la nuit ». En d'autres mots, un calendrier biblique doit faire coïncider les mois avec les saisons, créant ainsi un calendrier luni-solaire.

Il y a une différence de onze jours entre une année solaire et une année lunaire. Si les fêtes juives ne devaient être fixées que sur base d'une année lunaire, elles seraient décalées d'années en années de leurs saisons d'origine durant lesquelles Hashshém nous ordonne de les célébrer. Cela se produit tout le temps avec le calendrier strictement lunaire des musulmans, où le Ramadan peut tomber dans différentes saisons. Un calendrier luni-solaire corrige cela en ajoutant une année embolismique de treize mois approximativement tous les quatre ans. Certaines années ont donc 12 mois, tandis que l'année embolismique en comptera 13. L' « année prophétique » de 360 jours est une fabrication et n'aurait pas pu exister parce qu'elle ne permet pas aux fêtes juives de coïncider aussi bien avec les mois qu'avec les saisons.

Grâce à tout cela, nous sommes désormais prêts à comprendre Doniyé`l Chapitre 9. Mais ce sera pour la deuxième partie.
1Doniyé`l 9:18
2Wayyiqro` 25:8
3´azro` 7:11-16
4Shamôth 12:1
5Davorim 16:1