בס״ד
Voir le surnaturel dans le naturel
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Après que les Juifs ont été mordus par des serpents, Hashshém
ית׳ dit à Môshah
Rabbénou ע״ה de
placer un serpent עַל-נֵס; וְהָיָה,
כָּל-הַנָּשׁוּךְ, וְרָאָה אֹתוֹ, וָחָי
« sur
un poteau ; et il arrivera que quiconque aura été mordu, quand il le
verra, vivra ».[1]
Il y a également un chant qui nous rappelle le puits
de Miryom ע״ה qui se
déplaçait miraculeusement à travers le désert, fournissant de l'eau au ´am
Yisro`él.[2]
Le schéma miraculeux se poursuit un peu plus tard, lorsque
nous tombons sur le récit surréaliste de l'âne qui réprimande verbalement Bil´om
- alors qu'il voyage pour maudire le ´am Yisro`él - pour l'avoir frappé trois
fois.[3]
Plus loin, dans pratiquement tous les oracles de Bil´om,
il évoque le souvenir de la sortie d’Égypte, qui, pour les lecteurs, rappelle
la scission miraculeuse de la mer.[4]
Il existe des communautés religieuses dont la foi
tourne autour de la croyance aux miracles surnaturels. En revanche, le judaïsme
retire l’insistance sur le surnaturel en essayant de donner à ces événements un
cadre plus naturel.
Le serpent, disent les Ḥakhomim, n'avait
pas de pouvoirs surnaturels. Plutôt, c’était un moyen trouvé par Hashshém pour
amener les Israélites à lever leurs yeux pour regarder l’objet même qui les
avait mordus, amenant par-là les cœurs à s’élever dans la prière vers Hashshém.[5]
En d’autres mots, il n’y avait rien de miraculeux dans le serpent ; c’était
plutôt la prière qui leur apportait la guérison, prière qui était suscitée par
le fait de regarder l’objet de leur malheur.
Le puits de Miryom, disent les Ḥakhomim, a
été créé dans l'histoire de la Genèse à la fin du sixième jour, juste au début
du premier Shabboth. En d'autres termes, le puits n'a pas fonctionné en dehors
de l'ordre naturel, mais a été créé pour son objectif dès le début.[6]
Ce n’était donc pas là une déviation des voies de la nature, mais un puits créé
dès le départ à cette fin, et qui ne faisait qu’agir tel qu’il avait toujours
été programmé.
L'âne qui parle, aussi, est compris par Ribbénou ז״ל comme une vision qui, dans le
monde réel, ne s'est pas produite.
Même la division de la mer est compris par le Rashbo’’m
ז״ל comme
étant le résultat d'un fort vent d'est qui souffla tellement fort que la mer se
divisa.[7]
C’était donc, là encore, une manifestation naturelle. Comme le soutient le
Rashbo’’m, « Hashshém a provoqué l'événement merveilleux de manière
naturelle. Il a provoqué un fort vent d'est qui a desséché et gelé les eaux ».
Tout en donnant au surnaturel une base naturelle, le
judaïsme voit le naturel en lui-même comme étant surnaturel. En d'autres
termes, dans le quotidien, il y a toujours la main de Hashshém.
Ceci est exprimé avec éloquence dans le service du
matin qui se concentre sur le thème du renouvellement. Se réveiller le matin
n'est pas considéré comme une simple prolongation de la veille. Au contraire,
chaque matin est un moment pour célébrer la renaissance - c'est comme si nous
étions miraculeusement recréés.
Nous commençons ainsi notre journée par des mots de
reconnaissance et de gratitude envers Hashshém pour avoir ramené en nous notre âme,
comme si nous étions morts durant la nuit et étions ressuscités en ce matin.
Nous poursuivons en remercions Hashshém pour le reste des facultés du corps
humain qui fonctionnent à nouveau en ce nouveau jour.
Le mot hébreu traduit communément par « miracle »
dit tout. Il s’agit du mot נֵס « Nés », qui signifie littéralement « une
bannière ». (C’est d’ailleurs sur un « Nés », que
nous avons traduit plus haut par « poteau », mais qui signifie
littéralement « une bannière », que Môshah Rabbénou reçut l’ordre de
Hashshém de placer le serpent.) Une bannière symbolise quelque chose au-delà
d'elle-même. Le pouvoir du « Nés » consiste à regarder les
phénomènes naturels de la vie et à voir en leur sein et au-delà, la main
surnaturelle de Hashshém. (Ainsi, le serpent devait être placé sur un « Nés »
pour indiquer aux Israélites que ce n’était pas le serpent qu’il fallait
regarder, mais ce qu’il se cachait dans le message du serpent et au-delà, à
savoir, que c’est la rébellion qui cause le malheur et le fait de se tourner
vers Hashshém et de Le servir qui causent la guérison.)
Voilà ce qu’est un « miracle » dans le judaïsme :
alors que les autres religions se focalisent sur le phénomène ou l’événement
extraordinaire, le judaïsme se focalise sur ce qu’il y a dans ce phénomène /
événement et au-delà.