בס״ד
Le Sanhédhrin : Tout ce qu’il faut savoir
Cet article peut être téléchargé ici.
Il est dit dans la Ṭôroh :[1]
Lorsque sera tombée de toi une affaire de droit
entre du sang et du sang, entre un Din et un Din, entre une plaie et une
plaie, des affaires de controverses à tes portes, tu te lèveras alors et
monteras vers le lieu que `adhônoy ton `alôhim aura
choisi. Et tu viendras vers les Kôhanim, les Lawiyim,
et vers le juge qui sera en ces jours-là ; et tu t’enquerras et ils te
raconteront l’affaire du droit. Et tu agiras selon la parole qu’ils t’auront
racontée depuis ce lieu-là que `adhônoy choisira, et tu veilleras
à agir suivant tout ce qu’ils t’instruiront. D’après la Ṭôroh qu’ils
t’instruiront, et suivant le droit qu’ils t’indiqueront, tu feras ! Tu
ne t’éloigneras pas de la parole qu’ils t’auront raconté ni à droite ni à
gauche. Quant à l’homme qui agira par rébellion, n’écoutant pas le Kôhén qui
se tient debout pour servir là `adhônoy ton `alôhim, ou
le juge, cet homme-là mourra ! Et tu extirperas de Yisro`él le mal. |
כִּי יִפָּלֵא מִמְּךָ דָבָר לַמִּשְׁפָּט,
בֵּין-דָּם לְדָם בֵּין-דִּין לְדִין וּבֵין נֶגַע לָנֶגַע--דִּבְרֵי רִיבֹת,
בִּשְׁעָרֶיךָ: וְקַמְתָּ וְעָלִיתָ--אֶל-הַמָּקוֹם, אֲשֶׁר יִבְחַר
יְהוָה אֱלֹהֶיךָ בּוֹ. וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֲנִים
הַלְוִיִּם, וְאֶל-הַשֹּׁפֵט, אֲשֶׁר יִהְיֶה בַּיָּמִים הָהֵם; וְדָרַשְׁתָּ
וְהִגִּידוּ לְךָ, אֵת דְּבַר הַמִּשְׁפָּט. וְעָשִׂיתָ, עַל-פִּי
הַדָּבָר אֲשֶׁר יַגִּידוּ לְךָ, מִן-הַמָּקוֹם הַהוּא, אֲשֶׁר יִבְחַר יְהוָה;
וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת, כְּכֹל אֲשֶׁר יוֹרוּךָ. עַל-פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר
יוֹרוּךָ, וְעַל-הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר-יֹאמְרוּ לְךָ--תַּעֲשֶׂה: לֹא
תָסוּר, מִן-הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ--יָמִין וּשְׂמֹאל.
וְהָאִישׁ אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה בְזָדוֹן, לְבִלְתִּי שְׁמֹעַ אֶל-הַכֹּהֵן הָעֹמֵד
לְשָׁרֶת שָׁם אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אוֹ, אֶל-הַשֹּׁפֵט--וּמֵת הָאִישׁ הַהוּא,
וּבִעַרְתָּ הָרָע מִיִּשְׂרָאֵל. |
De là, les Sages en déduisent que le Sanhédhrin, la
cour suprême du peuple juif, doit contenir un mélange de trois types de juifs :
des Kôhanim, des Lawiyim et des juges originaires des
autres tribus. Qu'est-ce que le Sanhédhrin exactement ? Quand est-il
apparu et pourquoi y fait-on référence par un mot grec ?
·
Les 70 Anciens
Dans Bamidhbor 11, nous lisons
comment Môshah Rabbénou ע״ה
était fatigué de diriger le peuple seul et demanda à Hashshém ית׳ de l'aide. Hashshém lui répondit
ceci :[2]
Assemble-Moi 70 hommes parmi les Anciens de
Yisro`él, que tu sais être les Anciens du peuple et ses officiers ; et
tu les prendras vers la Tente du Rendez-Vous, et ils se tiendront là avec
toi. Quant à Moi, Je descendrai et parlerai avcec toi là ; et Je
prendrai de l’esprit qui est sur toi et [le] placerai sur eux. Alors ils
supporteront avec toi le fardeau du peuple, et tu ne [le] supporteras plus
tout seul. |
אֶסְפָה-לִּי שִׁבְעִים אִישׁ מִזִּקְנֵי
יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָדַעְתָּ, כִּי-הֵם זִקְנֵי הָעָם וְשֹׁטְרָיו; וְלָקַחְתָּ
אֹתָם אֶל-אֹהֶל מוֹעֵד, וְהִתְיַצְּבוּ שָׁם עִמָּךְ. וְיָרַדְתִּי, וְדִבַּרְתִּי
עִמְּךָ שָׁם, וְאָצַלְתִּי מִן-הָרוּחַ אֲשֶׁר עָלֶיךָ, וְשַׂמְתִּי עֲלֵיהֶם;
וְנָשְׂאוּ אִתְּךָ בְּמַשָּׂא הָעָם, וְלֹא-תִשָּׂא אַתָּה לְבַדֶּךָ. |
C'est la plus ancienne origine du Sanhédhrin, le
conseil de 70 juges qui dirigent le peuple juif par la règle de la majorité. Môshah
a siégé au conseil en tant que Nosi`, « président », ce qui
porte le nombre total de juges à 71, ce qui empêcherait une division de 35 contre
35 dans le processus décisionnel.
Le Sanhédhrin avait une variété de rôles et de
pouvoirs. L’un d'eux était de proclamer un nouveau mois lors de la première
observation d'une nouvelle lune. Cela déterminerait les dates des fêtes à
venir. Un autre était d'instituer diverses « clôtures » (ou
« haies de protection »), c’est-à-dire des interdictions
supplémentaires destinées à protéger l'intégrité et le respect de la Ṭôroh.
Quelques exemples de telles clôtures incluent le Path Yisro`él ou encore le Ḥolov
Yisro`él.[3]
Le Sanhédhrin traitait également des affaires civiles difficiles, comme une
Cour Suprême, et avait le pouvoir de juger des affaires pouvant rendre passible
de la peine de mort, même si les condamnations à mort étaient extrêmement
rares. (La Mishnoh[4]
déclare que le Sanhédhrin qui condamnait quelqu'un à mort une fois tous les
sept ans, ou même une seule fois tous les 70 ans, était décrit comme un
Sanhédhrin « meurtrier » ou « sanguinaire ».)
Bien que le Sanhédhrin soit généralement appelé un
conseil de 70 Anciens, il est parfois décrit comme ayant 72 juges. Certains
disent que le juge supplémentaire fait référence au `ov Béth Din, le
vice-président ou « président de la Chambre ». D'autres
appellent cette personne le Mouphlo`, le juge suprême qui peut voter ou mettre
fin à un débat particulier.[5]
Dans le désert, ce rôle a été rempli par Yahôshoua´ bin Noun ע״ה, le vice-président.
Comment concilier les diverses sources qui parlent du
Sanhédhrin comme ayant 70, 71 ou 72 juges ? Le nombre d'Anciens était
certainement de 70 - c'est pourquoi le Sanhédhrin est appelé un tribunal de 70
- plus le Nosi`, ce qui fait 71. Il doit y en avoir 71 pour éviter une égalité
dans la prise de décision. Dans ce cas, comment pourrait-il y en avoir 72 ?
Cela créerait également une possibilité d’égalité ! La réponse est que le Nosi`
était généralement trop occupé que pour présider le Sanhédhrin et être le Mouphlo`,
donc son vice, le `ov Béth Din, était là à sa place pour remplir ce rôle. C'est
pourquoi le vice-président est appelé le `ov Béth Din, ce qui laisse entendre
qu'il est le « père » ou le chef du tribunal à la place du
président.
C'était précisément le cas de Môshah, qui laissait Yahôshoua´
présider les Anciens alors qu'il était occupé avec d'autres questions. Ceci est
conforme à l'enseignement fondamental selon lequel Môshah reçut la Ṭôroh de Hashshém,
l’enseigna à Yahôshoua´, puis Yahôshoua´ l'enseigna au
Sanhédhrin des 70 Anciens. Môshah ne présidait donc généralement pas le Sanhédhrin
lui-même, mais laissait Yahôshoua´ à sa place en tant que Mouphlo`.
Ceci explique l'incident avec `aldodh et Médhodh qui fait suite à la nomination
du premier Sanhédhrin (Bamidhbor 11).
Rappelez-vous que `aldodh et Médhodh étaient deux
membres du Sanhédhrin qui prophétisèrent négativement sur Môshah, poussant Yahôshoua´
à courir vers Môshah et à lui dire ce qui s'était passé.[6]
Yahôshoua´ a dû courir vers Môshah parce que Môshah n'était tout
simplement pas présent en personne au siège du Sanhédhrin ! Par
conséquent, bien qu'à tout moment il y avait 72 personnes qui faisaient partie
du Sanhédhrin et avaient le pouvoir de voter, il n'y avait que 71 personnes
votant au cours d'une session réelle, la 71ème étant soit le Nosi`
ou le `ov Béth Din en l’absence du Nosi`, servant de Mouphlo`.
Ceci explique aussi pourquoi le Nosi` et le `ov Béth
Din étaient appelés un Zough, « une paire ». La première ère
rabbinique est appelée le temps des Zoughôth, quand il y avait toujours une
paire de chefs. La première paire était probablement celle formée par Shim´ôn
Haṣṣaddiq ז״ל (le dernier membre
de la Kanasath Haggadhôloh, la « grande
assemblée » de 120 prophètes et sages qui ont relancé le judaïsme en
Israël au début de l'ère du Second Béth Hammiqdosh, après l'exil babylonien) et
`antighnôs de Sôkhô ז״ל.
Après eux, il y a eu Yôsé ban Yô´azar ז״ל et Yôsé ban Yôḥonon ז״ל. Les derniers Zoughôth furent Hillél ז״ל et Shamma`y ז״ל. Depuis lors, le Nosi` était
généralement un descendant direct de Hillél (qui était lui-même un descendant de
Dowidh Hammalakh ע״ה),
tandis que la fonction du `ov Béth Din semble avoir perdu de sa signification,
mettant fin à l'ère des Zoughôth.
·
Le premier Sanhédhrin
Le terme Sanhédhrin vient du grec « synhedrion »,
qui signifie « assis ensemble ». Dans la Grèce antique, le
synhedrion était un conseil local d'anciens dirigeants qui débattaient des
questions et gouvernaient à la majorité. Comme presque tout le reste, les
Romains ont adopté cette institution démocratique des Grecs. L'historien grec
Polybe (vers 200-118 avant notre ère) a qualifié le Sénat romain de synhedrion.
Et ainsi, lorsque les Grecs ont régné sur Israël, ils ont naturellement décrit le
conseil juif d'Anciens comme étant un synhedrion, et le nom est resté depuis.
Josèphe rapporte que les Romains ont établi cinq synhedria en Israël en 57
avant notre ère.[7]
Cela est conforme à la décision des Sages selon laquelle chaque ville pourrait
avoir un « Sanhédhrin » plus petit de 23 juges. Josèphe parle
également d'une gérousie antérieure à Jérusalem, un autre mot grec pour désigner
un conseil dirigeant qui vient de la racine grecque pour « anciens ».[8]
La première gérousie a été établie par le légendaire Lycurgus à Sparte.
En 67 avant notre ère, la reine hamonéenne d'Israël,
Salomé Alexandra (Shalômṣiyôn) est décédée. Elle était la sœur du grand
sage mishnique Shim´ôn ban Shatoḥ ז״ל, qui a également servi en tant que Nosi` du Sanhédhrin.
Malheureusement, son mari était le cruel Alexandre Yanna`y, qui avait persécuté
les rabbins et fermé le Sanhédhrin. Lorsqu'il décéda, Salomé prit les rênes,
convoquant les rabbins exilés (y compris son frère) en Egypte et rouvrant le
Sanhédhrin. Elle est également reconnue pour avoir institué la Kathoubboh.
À sa mort, ses deux fils se sont battus pour le trône, déclenchant une impitoyable
guerre civile. Incapables de résoudre le conflit par eux-mêmes, ils ont invité
les Romains à les aider à le régler pour eux.
Le général romain Pompée (qui régnera plus tard sur
Rome dans le cadre du premier triumvirat) venait de terminer une guerre dans la
Syrie et l'Arménie voisines. Bref, au lieu de régler le différend entre les
frères hasmonéens, Pompée a décidé de garder Israël pour lui. Après un court
siège sur Jérusalem en 63 avant notre ère, Pompée triomphe et entre dans le Béth
Hammiqdosh. Il traita relativement bien ses nouveaux sujets et les laissa avec
un gouvernement semi-autonome. Le général de Pompée Aulus Gabinius a divisé
l'ancien royaume hasmonéen en cinq provinces et a établi un sanhédhrin plus
petit dans chacune d'elles, diminuant ainsi temporairement l'autorité du Nosi`
et du grand Sanhédhrin à Jérusalem. En 37 avant notre ère, Hérode est arrivé au
pouvoir en tant que roi de Judée et a également cherché à supprimer l'autorité
rabbinique dans la mesure du possible. Après sa mort en 4 avant notre ère,
l'autorité du Sanhédhrin et du Nosi` ont lentement commencé à faire un retour.
Les Romains ont reconnu le Grand Sanhédhrin de Jérusalem comme l'organe
législatif officiel d'Israël et le Nosi` comme le patriarche et le représentant
des Juifs.
Pendant la Grande Révolte, le président du Sanhédhrin
à l'époque, Shim´ôn ban Gamli`él ז״ל
(arrière-petit-fils de Hillél) a été exécuté par les Romains peu de temps avant
la destruction du Béth Hammiqdosh en 70 de l’E.C. Rabban Yôḥonon ban Zakka`y ז״ל lui a succédé et a sauvé le
Sanhédhrin de la destruction. Dans l'histoire bien connue, Rabban Yôḥonon
prétend être mort et est transporté dans un cercueil hors de Jérusalem assiégée.
Il sort ensuite à la rencontre du général romain Vespasien. Dans une version de
l’histoire, Vespasien connaît déjà la grandeur de Rabban Yôḥonon et veut lui
accorder un souhait. Dans une autre version, Rabban Yôḥonon accueille Vespasien
avec un « Je te salue César » et Vespasien est sur le point de le
punir pour trahison avant qu’un messager n'arrive en disant que Vespasien
venait d’être élu nouvel empereur de Rome. Vespasien impressionné décide alors
d'accorder un souhait à Rabban Yôḥonon. Le souhait est d'épargner Yavnah, car
c'est là que le Sanhédhrin s'était échappé et s'était réuni. Le souhait est exaucé.
Fait intéressant, certains chercheurs ont proposé
qu'il y avait deux sanhédhrins dans l'ancien Israël : un politique et un
religieux. Il est possible que le chef du Sanhédhrin politique soit le Nosi`,
alors que le chef du Sanhédhrin religieux, ou Béth Din, était le `ov Béth Din -
d'où le besoin des Zoughôth, paires. Cela peut aussi expliquer pourquoi le
Sanhédhrin est parfois décrit comme se réunissant dans la « Lishkath
Haggazith » (« salle de pierre taillée ») du Béth
Hammiqdosh, et d’autres fois dans le « Lishkath Parhédhrin »
(salle du Kôhén Godhôl). Certains pensent que le Sanhédhrin politique a
toujours été dirigé par le Kôhén Godhôl, qui servait également de Nosi`, d'où
le rassemblement dans ses appartements. Le terme « Parhédhrin »
semble provenir d'un titre romain désignant un élu. Selon cette théorie,
lorsque le Béth Hammiqdosh a été détruit - et l’autonomie de la Judée a pris
fin - le Sanhédhrin politique a cessé d’exister. Le Sanhédhrin religieux, ou Béth
Din, a continué à fonctionner à Yavnah, maintenant avec une seule personne qui
était à la fois un Nosi` et un `ov Béth Din ! (Cette théorie peut
également expliquer pourquoi désormais la paire n'était plus qualifiée de Zough
et que l'ère des Zoughôth était considérée comme terminée.)
·
Le dernier Sanhédhrin
En 80 de notre ère, dix ans après la Grande Révolte,
alors que les choses s'étaient quelque peu calmées, le poste de Nosi` fut à
nouveau occupé par un descendant de Hillél, Rabban Gamli`él II ז״ל. Il a déplacé le Sanhédhrin dans
un nouvel emplacement, la ville de `ousho` en Galilée. Avant la fin de son
mandat, Rabban Gamli`él a dû relocaliser le Sanhédhrin à Yavnah une fois de
plus.
Le Sanhédhrin a été dissous pendant la révolte de Bar Kôkhavo`,
puis réformé à `ousho` vers 142 de l’.E.C. sous la direction de Rabban Shim´ôn
ban Gamli`él II ז״ל.
Son fils était le grand Ribbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, compilateur de la Mishnoh. Le Sanhédhrin se déplaça d'un
endroit à l'autre plusieurs fois avant de trouver une maison permanente à
Tibériade vers 193 de l’E.C. Malheureusement, la cour perdit lentement son
pouvoir et son prestige, et son autorité était de plus en plus réduite par les
seigneurs romains. Pour finir, l'empereur Théodose 1er a interdit complètement
le Sanhédhrin vers 380 de l’E.C.
La fonction de Nosi` - en tant que représentant des
Juifs - a continué pendant quelque temps plus longtemps, et parfois des
rassemblements secrets du Sanhédhrin ont eu lieu. Vers 429 de notre ère,
Théodose II a également interdit formellement la fonction de Nosi`, et a transformé
la taxe traditionnelle prélevée sur les Juifs pour soutenir le Nosi` en une
taxe pour soutenir son propre trésor royal. Le dernier président était Gamli`él
VI ז״ל. De
nombreux Juifs ont migré de l'autre côté de la frontière vers l'Empire persan
sassanide où le roi de l'époque, Bahram V, était le fils d'une reine juive,
Shushandukht.
Malheureusement, peu de temps après Bahram et
Shushandukht, les persécutions contre les Juifs ont recommencé dans le royaume
sassanide. En 469 de notre ère, le roi Peroz I a fermé toutes les académies
juives et opprimé les autorités rabbiniques. Cette évolution est en partie
responsable de la fin de la période talmudique. Fait intéressant, le leader
juif (Résh Goloutho`) à Sassania à l'époque était Mar Zouthro` II ז״ל, qui a finalement organisé une
révolte en 495 de l’E.C. et a réussi à établir un État juif indépendant à
Mahoza ! L'Etat a survécu pendant sept ans avant d'être écrasé par les
Perses. Mar Zouthro` II a été crucifié. Son fils, Mar Zouthro` III ז״ל - selon la légende né le jour
même où son père a été tué - a été sauvé et emmené en Israël. À l'âge de 18
ans, Mar Zouthro` III a été nommé Résh Pirqo`, à la tête d'un Sanhédhrin secret
nouvellement rétabli à Tibériade qui n'a pas duré très longtemps. Il n'y a pas
eu de Sanhédhrin depuis, bien que plusieurs groupes de rabbins dans le passé
aient tenté de le rétablir.
·
Qui est un « Ribbi » ?
L'un des rôles du Sanhédhrin était de faciliter la Samikhoh,
« l'ordination », des nouveaux rabbins. Cette cérémonie ne
pouvait avoir lieu que lorsqu'un Sanhédhrin était rassemblé, et uniquement en Terre
d'Israël. C'est pourquoi les Sages du Ṭalmoudh Bavli ne sont pas appelés
« Ribbi » mais simplement « Rov ». Par
exemple, si vous lisez « Ribbi Yahoudhoh » sans
aucune autre description, il s'agit probablement de Ribbi Yahoudhoh bar `ila`y ז״ל, un Ṭalmidh de Ribbi ´aqivoh
ז״ל, qui a
été ordonné pendant la révolte de Bar Kôkhavo`.[9]
Par contre, si vous lisez « Rov Yahoudhoh », cela
fait très probablement référence au sage babylonien Yahoudhoh ban Yaḥazqé`l
ז״ל. Il n'a
pas été appelé « Ribbi » car il n'était pas d'Israël et n'a
pas reçu de Samikhoh formelle. (Car la Samikhoh formelle
ne s’accordait qu’en Terre d’Israël.)
Après la fin du Sanhédhrin à la fin du 4ème
siècle, aucune ordination officielle de nouveaux rabbins n'a été possible. La
grande majorité des dirigeants juifs portaient le titre de « Rov »,
car les Sages déclarent que tout maître du judaïsme peut utiliser ce titre.[10]
Le terme de « Ribbi » sous sa forme de « rabbin »
n'a commencé à faire son retour qu'aux 13ème et 14ème
siècles, en commençant en Europe. Cela est venu comme une réponse aux premières
universités conférant des diplômes et des titres. Les institutions ashkénazes
ont commencé à faire de même, assimilant l'ordination à un diplôme de type
universitaire et conférant le titre de « rabbin » (« Ribbi »).
Les autorités séfarades ont rejeté cette évolution et ont refusé d'utiliser le
titre de « rabbin ». Pendant longtemps après, les séfarades
ont continué à utiliser le titre « Rov » (maître) ou « Ḥokhom »
(sage). Finalement, le terme « rabbin » s’est tellement répandu que
les séfarades commencent à l'utiliser aussi. Cela a été en outre soutenu par
une tentative séfarade de faire revivre l'ancien Sanhédrin.
En 1538 de notre ère, Ribbénou Ya´aqôv
Berav (1474-1546) rassembla vingt-cinq rabbins à Ṣaphoth (Safed)
pour rétablir le Sanhédhrin. Ribbénou Berav ז״ל est né à Tolède, en Espagne et s'est installé à Fès, au Maroc
après l'expulsion de 1492. Il est devenu le Grand-Rabbin de Fès, mais a fini
par s’en aller et s'est retrouvé en Egypte. En 1535, après être devenu très
riche, il s'installe à Ṣaphoth qui avait une communauté juive en
plein essor grâce au travail effectué par Ribbénou Yôséph de Saragosse ז״ל.
Pour un certain nombre de raisons (principalement pour
faciliter le retour des Marranes dans le giron juif), Ribbénou Berav a voulu restaurer
le Sanhédhrin. La Halokhoh stipule que si un grand rassemblement de
rabbins en Terre Sainte accepte à l'unanimité de conférer la Samikhoh
à une personne digne, la cérémonie peut être faite et le processus d'ordination
relancé.[11] Cet
individu serait officiellement un « rabbin » (Ribbi) et
pourrait ensuite ordonner d'autres rabbins. Ribbénou Berav a rassemblé
vingt-cinq sages éminents qui ont tous accepté de le nommer à la tête d'un
nouveau sanhédhrin. Ribbénou Berav est ainsi devenu le premier « rabbin »
officiel en mille ans. Ou c'est du moins ce qu'il pensait.
Le Grand-Rabbin de Jérusalem à l'époque, le Ralba’’ḥ (Ribbénou
Léwi `ibn Ḥabib, vers 1480-1545) ne s'est pas amusé. Il n’a pas accepté le plan
de Ribbénou Berav, ce qui signifie qu’il n’y a pas eu de décision unanime en
Terre Sainte sur la restauration du Sanhédhrin. Ribbénou Berav a répliqué en
disant que l'unanimité totale est impossible ; la Halokhoh
n'exige qu'une majorité. Le Ralba’’ḥ a alors souligné que si le Sanhédhrin
avait vraiment été établi, ils devraient commencer à proclamer les nouveaux
mois sur la base de l'observation de la nouvelle lune - ce qu'ils n'ont pas
fait – invalidant ainsi automatiquement leur supposé « Sanhédhrin ». Ribbénou
Berav n'était pas d'accord et ne voyait aucune raison pour laquelle le Sanhédhrin
devait faire face à des problèmes de calendrier. Il pensait pouvoir apaiser le
Ralba’’ḥ en faisant de lui le premier à recevoir le Samikhoh. Au
lieu de cela, le Ralba’’ḥ prit cette proposition comme une insulte.
Les Turcs n'étaient pas non plus ravis de l’initiative
de Ribbénou Berav, l'accusant d'avoir comploté pour rétablir un royaume juif en
Palestine et renverser la domination turque sur la Terre Sainte. Craignant pour
sa vie et sa liberté, Ribbénou Berav a dû fuir en Egypte. Avant de faire cela
cependant, il s'est assuré d'ordonner Ribbi Yôséph Qa`rô (1488-1575, qui a
composé le Shoulḥon ´oroukh) et Ribbi Môshah di Trani (1505-1585) et peut-être
plusieurs autres (y compris Ribbi `avrohom Sholôm, Ribbi Yôséph Sagis, et Ribbi
Yisro`él di Curiel). Ces rabbins ont ensuite ordonné d'autres rabbins. Ribbi Qa`rô
a ordonné Ribbi Môshah `alshikh (1508-1593), qui a ensuite ordonné Ribbi Ḥayyim
Wita`l (1543-1620, principal Ṭalmidh du `ar’’i). Avec toutes ces
autorités séfarades recevant la Samikhoh et étant appelées « Ribbi »
(rabbin), le titre devint de plus en plus répandu - même parmi ceux qui
n'avaient aucun lien avec le Sanhédhrin bientôt disparu de Ribbénou Berav.
Aujourd'hui, le terme de « rabbin »
est devenu la norme, même parmi les dénominations et les congrégations qui ne
sont pas halakhiques (comme par exemple, certains « Juifs »
messianiques), et parfois même pas théistes (comme c’est le cas de certains
Juifs libéraux) ! Ce n’est pas une insulte que de dire que le titre n'a
plus le poids qu'il avait autrefois. Peut-être vaut-il la peine de mentionner
un enseignement qui se trouve à la toute fin de la Ṭôsaphṭo` de ´édhouyôth qui
déclare que le titre de « rabbin » est grand, et plus encore
est le titre de « Rabban », mais le plus grand titre de tous
est le fait de simplement se faire appeler par son nom ! Cet enseignement
de la Ṭôsaphṭo` signifie que votre titre n'est pas ce qui devrait vous rendre
grand ; c’est plutôt votre propre nom qui devrait vous rendre grand, que
vous ayez un titre ou pas ! En d’autres mots, il ne faut pas chercher à
utiliser son titre pour se grandir aux yeux des autres ; faîtes-vous
respecter pour qui vous êtes en tant que personne, que vous ayez un titre ou
pas ! En effet, on constate que les plus grands sages, comme Hillél,
Shamma`y, Shama´yoh, `avtalyôn, etc., n'avaient aucun titre !
·
Un nouveau Sanhédhrin ?
Le Midhrosh[12]
dit que le Sanhédhrin a d'abord laissé sa place dans le complexe du Béth
Hammiqdosh et se réunissait sur les marchés du Har Habbayith. Le Ṭalmoudh[13]
ajoute que cela s'est produit quarante ans avant la destruction du Béth
Hammiqdosh, lorsque les Romains ont dépouillé le Sanhédhrin de sa capacité à
juger les cas passibles de la peine capitale. Le Sanhédhrin a ensuite été
retiré du Har Habbayith et convoqué ailleurs dans la ville de Jérusalem.
Quelque temps avant la destruction du Béth Hammiqdosh, il a déménagé à Yavnah,
puis à `ousho`, et dans un certain nombre d’autres endroits avant son dernier
emplacement à Tibériade. Il est ensuite prophétisé dans ce Midhrosh, sur base
de versets de Yasha´yohou, que le nouveau Sanhédhrin sera restauré à
l'époque de Moshiaḥ, spécifiquement à partir de Tibériade où il s'est réuni
pour la dernière fois.
Aujourd'hui, bon nombre d’autorités rabbiniques croient
que nous serions entrés dans la période des « talons du Moshiaḥ ».
Et ainsi, après de nombreuses années de délibération et de planification, en
2004, un grand groupe de rabbins s'est réuni à Tibériade pour rétablir le
Sanhédhrin, voulant accomplir la prophétie mentionnée dans le Midhrosh. Parce
que la Halokhoh oblige une majorité de rabbins de la Terre Sainte à
accepter une telle initiative, une vaste campagne de marketing a d'abord été
lancée, diffusant plus de 50 000 brochures aux rabbins israéliens. Ceux qui étaient
considérés comme les « grands de la génération » ashkénazes et
séfarades de l'époque, le Rav Elyashiv et le Rav Yoseph, respectivement, ont
accepté de rétablir la Samikhoh et ont convenu de l’identité de
celui qui obtiendrait en premier la première ordination, bien qu'ils n'aient pas
soutenu vocalement un nouveau Sanhédhrin, ils n'ont pas non plus beaucoup parlé
de toute l'initiative en public.
La première personne à avoir reçu la Samikhoh
était Ribbi Môshah Halberstam (1932-2006). Le rabbin Halberstam a été choisi
parce qu'il était un érudit renommé et un Rô`sh Yashivoh, et plus
important encore, parce qu'il était un symbole rare d'unité qui avait de
grandes relations avec sa communauté Ḥarédhi ainsi qu'avec le monde orthodoxe
moderne et religieux sioniste au sens large. Le rabbin Halberstam a accepté
l'ordination, mais non sans une grande controverse au sein des communautés Ḥassidiques
dont il faisait partie. Il a ensuite ordonné le rabbin Dôv Levanoni
(1922-2019), après quoi il n'a plus rien eu à voir avec l'initiative. Le rabbin
Levanoni était un ancien au sein de la communauté ḤaBa’’D, et considéré comme
le plus grand expert au monde sur le Béth Hammiqdosh. Le rabbin Levanoni a
ensuite ordonné le rabbin Ṣavi Idan, un activiste vocal qui
s'efforce toujours d'accroître la souveraineté juive sur le Har Habbayith.
C'est le rabbin Ṣavi Idan qui a rassemblé
plus de 100 rabbins à Tibériade en octobre 2004 pour rétablir officiellement le
Sanhédhrin. Il a ordonné 70 rabbins et ils l'ont nommé Nosi` temporaire.
Environ un an plus tard, le Sanhédhrin a choisi à l'unanimité le rabbin Adin
Steinsaltz (1937-2020, décédé il y a deux semaines) comme nouveau Nosi`. Il a
accepté à contrecœur, disant qu'il ne serait qu'une figure de transition, et a
finalement démissionné en 2008. Le nouveau « Sanhédhrin » a gagné peu
d'acceptation ou de reconnaissance dans le monde juif, et n'a pas été en mesure
d'accomplir grand-chose. Nous devons donc continuer à attendre que Moshiaḥ
lui-même vienne et rétablisse correctement l’antique conseil des Anciens qui a commencé
avec Môshah Rabbénou il y a si longtemps.
[1] Davorim 17 :8-12
[2] Versets 16-17
[3] Voir Yaroushlami,
Shabboth 1 :4.
[4] Makkôth 1 :10
[5] Voir Midhrosh Shir Hashshirim Rabboh
7 :3.
[6] Versets 27-28.
[7] Antiquités Judaïques 14 :5
[8] Ibid., 13 :3
[9] Yavomôth 62b
[10] Voir par exemple la Mishnoh de `ovôth
6 :3.
[11] Voir Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth
Sanhédhrin 4 :11.
[12] Yalqout Shim´ôni, Yasha´yohou
429
[13] Shabboth 15a