בס״ד
Les Saliḥôth comme autrefois
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À partir de l'époque des Ga`ônim
(589-1038), les Juifs ont développé le Minhogh de se lever à `ashmôrath Habbôqar
(les dernières heures de la nuit) pendant les ´asarath Yamé
Haṭṭashouvoh (les Dix Jours de Repentance) pour réciter des Saliḥôth
(prières et poèmes de demandes de pardon). Contrairement à la croyance de
beaucoup de gens qui pensent que l'objectif des Saliḥôth est de
prier pour sa vie individuelle, l'intention principale est en réalité de prier
pour le Kalol Yisro`él, de s'éveiller à la Ṭashouvoh
(repentir), de supplier Hashshém ית׳
de nous pardonner pour nos péchés et d’avoir pitié de Son peuple dans son exil
et ses tribulations.
Nous demandons qu'Il ne regarde pas nos transgressions
et nos péchés, mais Se souvienne de l'alliance qu'Il a faite avec nos ancêtres
et avec nous ; qu’Il Se souvienne de la ´aqédhath Yiṣḥoq et de
la Masirouth Naphash (don de soi) de tous les Ṣaddiqim qui ont donné
leurs vies ´al Qiddoush Hashshém (pour sanctifier Son nom) ; nous prions
pour le rassemblement des exilés, la construction de `araṣ Yisro`él et de Yarousholayim,
la construction du Béth Hammiqdosh et le retour de la Shakhinoh
(Présence Divine) à Ṣiyôn.
C’est toujours la meilleure approche pour un individu :
se joindre aux prières du Ṣibbour (grand public), et redoubler ses prières envers
le Kalol Yisro`él, la demeure de la Shakhinoh, et Qiddoush
Hashshém dans le monde. C’est précisément de cette manière que les prières
personnelles seront également acceptées.
Au temps des Ga`ônim, le Minhogh était de
réciter les Saliḥôth pendant les dix jours de Ṭashouvoh ;
c'était le MInhogh (coutume) des deux grandes Yashivôth à Babylone,
et c'était aussi le MInhogh répandu pendant la période des Rabbonim appelés Ri`shônim
(1000-1500). Le Rambo’’m ז״ל
le
rapporte d’ailleurs dans son Mishnéh Ṭôroh :[1]
Tous [les membres de] la Maison d'Israël se sont accoutumés à abonder dans la Ṣadhoqoh et dans les bonnes œuvres, et à s'occuper dans les Miṣwôth, depuis Rô`sh Hashshonoh jusqu'à Yôm Hakkippourim, plus que tous les [autres] jours de l'année. Et eux tous se sont accoutumés à se lever la nuit durant ces dix jours-là, et à prier dans les Botté Kanosiyôth avec des paroles de supplications et des paroles poignantes, jusqu'à ce que le jour luise. |
נָהֲגוּ כָּל בֵּית יִשְׂרָאֵל לְהַרְבּוֹת
בִּצְדָקָה וּבְמַעֲשִׂים טוֹבִים וְלַעְסֹק בַּמִּצְווֹת, מֵרֹאשׁ הַשָּׁנָה
עַד יוֹם הַכִּפּוּרִים, יָתֵר מִכָּל יְמוֹת הַשָּׁנָה. וְנָהֲגוּ
כֻּלָּם לָקוּם בַּלַּיְלָה בַּעֲשֶׂרֶת יָמִים אֵלּוּ, וּלְהִתְפַּלַּל
בְּבָתֵּי כְּנָסִיּוֹת בְּדִבְרֵי תַּחֲנוּנִים וְדִבְרֵי כִּבּוּשִׁין עַד
שֶׁיֵּאוֹר הַיּוֹם |
C’était la pratique majoritaire, que gardent encore
les Dôr Da´im. Dans quelques rares endroits, le Minhogh était de réciter les Saliḥôth
tout le mois de `aloul.
Vers la fin de la période des Ri`shônim, les
communautés séfarades ont accepté le Minhogh de réciter les Saliḥôth
tout le mois de `aloul et les dix jours de Ṭashouvoh,
comme rapporté dans le Shoulḥon ´oroukh :[2]
Ils sont accoutumés à se lever à `ashmôrath pour
dire des Saliḥôth et des Ṭaḥanounim, à partir de Rô`sh Ḥôdhash
`aloul, en poursuivant jusqu’à Yôm Hakkippourim. |
נוֹהֲגִים לָקוּם בְּאַשְׁמֹרֶת לוֹמַר סְלִיחוֹת
וְתַחֲנוּנִים מֵרֹאשׁ חֹדֶשׁ אֱלוּל וֲֵילָךְ עַד יוֹם הַכִּפּוּרִים |
La raison principale de ce Minhogh est que tous ces
jours sont dignes de Ṭashouvoh, puisque nous voyons qu’à Rô`sh Ḥôdhash
`aloul Möshah Rabbénou ע״ה est monté sur le mont Sinaï pour demander pardon pour le peuple d'Israël
à cause du péché du veau d'or, et y est resté jusqu’à Yôm Hakkippourim, lorsque
Hashshém lui a répondu :[3]
סָלַחְתִּי כִּדְבָרֶךָ « J’ai pardonné conformément à ta parole ».
Dans le monde ashkénaze, le Minhogh accepté est de
commencer à réciter les Saliḥôth le jour de Môṣo`é Shabboth qui
précède Rô`sh Hashshonoh, à condition qu'il y ait quatre jours pour les réciter
avant Rô`sh Hashshonoh, comme rapporté par le Ramo’’` ז״ל dans ses gloses sur le passage
du Shoulḥon ´oroukh susmentionné. La raison originelle de ce Minhogh est qu’à
la base les jours de Saliḥôth il était de coutume de jeûner. Or,
puisque durant les dix jours de Ṭashouvoh il y avait au moins quatre jours où
il n’était pas approprié de jeûner, à savoir, les deux jours de Rô`sh Hashshonoh,
le Shabboth Shouvoh, et la veille de Yôm Hakkippourim (puisqu’il convient de
bien manger pour se préparer au jeûne), ces quatre jours étaient compensés
avant Rô`sh Hashshonoh.
Comme on le comprend des Ga`ônimn, du Rambo’’m
et du Shoulḥon ´oroukh, le meilleur moment pour réciter les Saliḥôth
est aux premières heures du matin, c'est-à-dire vers la fin de la nuit, car
c'est un moment de compassion et de grâce, un temps d'anticipation juste avant
l'apparition du jour et la révélation de l’œuvre de Hashshém dans le monde. À
ce moment précis, tout le monde dort, le monde est calme et non pollué par les
pensées et les mauvaises actions, et la Ṭaphilloh irradie des
profondeurs du cœur, pénètre toutes les barrières et est acceptée.
Au cours des dernières générations, les gens se sont
habitués à s'endormir tard le soir et l'heure normale de se réveiller se situe
entre 6 h et 7 h du matin, environ deux heures après `ashmôrath Habbôqar. Si les
gens se levaient à `ashmôrath, ils seraient fatigués toute la journée, et leur
travail et leurs études seraient probablement affectés. Par conséquent,
aujourd'hui, beaucoup de gens ont tendance à se lever pour les Saliḥôth
environ une heure, ou une demi-heure, avant l'heure à laquelle ils prient
habituellement Shaḥrith. Et bien que l'aube se soit déjà levée, Badhi´avadh
(post factum) le temps est toujours propice pour réciter les Saliḥôth.
Il convient de signaler que ni les Ga`ônim ni les Ri`shônim
n’ont fixé la récitation des Saliḥôth comme obligatoire ; ce n’est
qu’un Minhogh. Par conséquent, quelqu'un qui a du mal à se réveiller pour les Saliḥôth
n'est pas obligé de le faire. De même, quelqu'un qui ne peut pas
s'endormir tôt, et le fait de se réveiller pour les Saliḥôth entraînera
de la fatigue et une incapacité à remplir ses devoirs au travail - il est
préférable pour lui de ne pas se réveiller pour les Saliḥôth même
pendant les dix jours de Ṭashouvoh. Et s'il le veut, pendant la
journée, il peut réciter les sections des Saliḥôth qu'un individu
est autorisé à dire.
Puisque ni les Ga`ônim ni les Ri`shônim
n'ont explicitement établi la récitation des Saliḥôth, en
conséquence, les Saliḥôth manquent d'un Nôsoḥ (formulation) standard,
et chaque communauté a ajouté ses propres supplications et poèmes. Néanmoins,
il existe un cadre général utilisé dans toutes les communautés, comme cela
apparaît dans le Siddour du Rov ´amrom Go`ôn ז״ל, avec la récitation Treize Attributs de la Miséricorde étant le
point focal de la Ṭaphilloh des Saliḥôth.
De ce fait, bien que la récitation des Piyoutim
(poèmes liturgiques) puisse être inspirante, ils n’ont pas de statut d’obligation.
De ce fait, lorsque les fidèles manquent de temps, de concentration, etc., ils
peuvent en sauter certains (voire tous) et dire les Saliḥôth principales,
en s'efforçant de réciter ces Saliḥôth qui suscitent en eux une plus
grande Ṭashouvoh. Comme cela est dit dans le tout premier chapitre
du Shoulḥon ´oroukh :[4]
טוֹב מְעַט תַּחֲנוּנִים
בְּכַוָּנָה מֵהַרְבּוֹת בְּלֹא כַּוָּנָה « Mieux vaut peut de supplications avec Kawwonoh que d’abonder
sans Kawwonoh ».
De même, lorsque les enseignants voient que les élèves
ont du mal à se concentrer sur toutes les Saliḥôth, ils peuvent
réorganiser l'ordre afin que les élèves puissent avoir une meilleure Kawwonoh (concentration).