בס״ד
Exposer les fausses notions : Trois
rabbins pour une conversion
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Au niveau des conversions au judaïsme, il existe
aujourd’hui deux mythes profondément enracinés dans l’esprit des profanes, et
entretenus par les Rabbonim contemporains (à des fins de conservation d’un
monopole qu’ils se sont accordés), à savoir : a) une conversion ne serait
valable que si elle était réalisée en présence de trois Rabbonim, et b) une
conversion ne serait valable que si elle est réalisée par des Rabbonim reconnus
par le Rabbinat israélien.
Concernant le deuxième mythe, il est tellement
ridicule qu’il ne vaudrait, en réalité, même pas la peine de s’y intéresser.
Comme si, dans l’histoire millénaire du peuple juif, avant la création de
l’Etat d’Israël, des conversions n’avaient jamais eu lieu en-dehors d’Israël,
ou qu’aucune conversion n’avait jamais eu lieu avant la création du Rabbinat
Israélien ! Bref, c’est un non-sens qu’il est inutile de traiter ici.
Mais c’est plutôt le premier mythe que je vais
m’atteler de démonter d’une façon brève mais claire, exclusivement sur base de
nos sources traditionnelles, comme je le fais chaque fois pour n’importe quel
sujet, indépendamment des fantaisies et innovations de notre temps. La question
qui se pose est : qui est habilité à procéder à des conversions au
judaïsme ?
Comme pour toute question de Halokhoh qui
se pose, la source primordiale n’est pas les Rabbonim contemporains, la
Qabboloh, etc., mais le ṬoNo’’Kh, le Ṭalmoudh, et les Ri`shônim qui, dans cet
ordre-là, constituent les bases pour résoudre toute question.
Et il s’avère que le Ṭalmoudh y répond de manière
équivoque, sans l’once de la moindre divergence halakhique. Le Ṭalmoudh déclare[1]
qu’une conversion requière la présence de trois hommes. TROIS HOMMES, et non
TROIS RABBONIM ! C’est pour cela que, commentant ce passage
talmudique, Rash’’i stipule clairement que n’importe quel trois hommes juifs
peuvent témoigner de l’immersion rituelle du converti et l’informer sur les Miṣwôth.
En d’autres mots, le rôle des trois hommes présents au moment de l’immersion
rituelle est double :
1. Avant
l’immersion, ces trois hommes doivent informer le candidat à la conversion sur
quelques-uns de ses devoirs religieux une fois qu’il aura fait son immersion
rituelle ;
2. Si
jamais des Juifs qui ne connaissent pas ce converti se posent des questions sur
sa judéité, ces trois hommes pourront venir témoigner devant un Béth Din qu’ils
étaient bien présents lorsque ce converti s’est immergé rituellement pour
rejoindre le peuple juif.
Telle est la fonction de ces trois hommes ! Cela
n’a rien à voir avec les conversions nouvelles et innovantes, contraires à la
tradition, imposées de nos jours par l’establishment rabbinique de façon à tout
contrôler et paraître indispensables. Leur rôle est de simplement servir de
témoins qui pourront attester que le converti s’est bien converti au judaïsme,
car ils étaient présents et l’avaient informé sur ses devoirs en tant que Juif.
C’est exactement comme pour le mariage traditionnel : cela ne nécessite PAS
la présence de Rabbonim. N’importe quel Juif peut servir de témoin à un
mariage, pour attester que ce couple est bien un couple marié, que les
bénédictions ont bien été récitées, etc. D’ailleurs, traditionnellement parlant,
il n’y a jamais eu d’officiant à un mariage, tout simplement parce qu’à
l’origine c’était au marié lui-même de réciter les bénédictions du mariage en
présence de dix témoins Juifs (ou, s’il le souhaitait, il confiait cette tâche
à quelqu’un d’autre qu’il désirait honorer, comme par exemple son beau-père ou
son propre père). Tout mariage réalisé même sans la présence d’un rabbin est
halakhiquement valide, dès lors qu’il y aura eu un Minyon de dix Juifs présents
au moment des bénédictions du mariage (et le Rambo’’m ז״ל précise
que le marié compte dans les dix.[2]
Cela signifie donc le marié + neuf témoins).
Pour revenir à notre sujet de la conversion, Môrdokhay
ban Hillél ז״ל
(célèbre halakhiste du 13ème siècle) explique pourquoi même des
non-rabbins peuvent servir de témoins à une conversion : « Tout
comme les Sages [du Ṭalmoudh] ont ordonné que même les non-experts puissent
siéger en tant que ‘’Béth Din’’ dans les cas de prêts, afin de ne pas fermer la
porte à ceux ayant besoin d'un prêt, ils ont également ordonné de même
concernant un converti ». Ainsi, tout comme le Ṭalmoudh a permis à n’importe
quel groupe de trois Juifs qui ne sont pas des experts financiers, mais qui
connaissent les lois juives relatives aux prêts d’argent et remboursements, de
constituer un Béth Din lorsqu’un Juif affirme qu’un autre Juif lui devrait de l’argent,
de sorte que l’absence d’experts financiers ne soit pas un obstacle à la
récupération de l’argent, de même ont-ils permis à n’importe quel groupe de
trois Juifs de constituer un Béth Din pour la conversion, même si les trois ne
sont pas des Rabbonim, de sorte qu’il n’y ait pas d’obstacle pour un non-Juif
qui désirerait sincèrement se convertir (le Rambo’’m écrit dans son Mishnéh Ṭôroh,
d’ailleurs, que se convertir est un énorme avantage pour le converti, et c’est
pourquoi, exceptionnellement, on accepte même la conversion d’un enfant si on
voit en lui le potentiel de devenir un bon Juif.[3]
Pour la même raison, puisque c’est un avantage de se convertir, le Ṭalmoudh n’a
jamais exigé la présence de Rabbonim pour une conversion). La seule condition est
que ces trois Juifs connaissent les lois relatives à la conversion et soient
capables d’expliquer au converti une partie de ses devoirs religieux. S’ils
remplissent ces critères, ils peuvent halakhiquement procéder à des
conversions.
Le Rambo’’m tranche évidemment en accord avec le Ṭalmoudh.
Voici ce qu’il déclare dans le 13ème chapitre des Hilkôth `issouré
Bi`oh, à la Halokhoh 3 : וְצָרִיךְ
לִטְבֹּל, בִּפְנֵי שְׁלוֹשָׁה « et il a besoin de s’immerger devant trois ». Etant
donné que « trois » est ambigüe, puisque cela ne permet pas de
définir de quelles personnes il voulait parler, un peu plus loin, dans le même
chapitre, le Rambo’’m se veut plus explicite à la Halokhoh 14 et dit
précisément de qui il parle par l’expression « devant trois ».
Il dit : וּמָל וְטָבַל בִּפְנֵי שְׁלוֹשָׁה הִדְיוֹטוֹת--הֲרֵי
זֶה גֵּר « et s’il a été
circoncis et s’est immergé en présence de trois
Hidhyôtôth, voici, celui-ci est un converti ». Le terme « Hidhyôtôth »
est une expression talmudique désignant des personnes « ordinaires »
ou « profanes » dans le sens où ces personnes ne sont pas des « clercs »
(c’est l’équivalent du terme « laïc » qui, à la base,
désignait un catholique qui n’était pas prêtre). En d’autres mots, ces
personnes ne sont PAS des Rabbonim. Et si le converti s’est fait
circoncire et s’est ensuite immerger en leur présence, cela suffit pour valider
leur conversion ! La présence de Rabbonim, même d’après le Rambo’’m, n’est
pas nécessaire, exactement comme ce qu’a tranché le Ṭalmoudh, et comme l’ont
commenté et expliqué Rash’’i et Ribbénou Môrdokhay ban Hillél ! C’était en
réalité l’approche de TOUS les Juifs dans les temps bibliques et
talmudiques, ainsi qu’aux époques des Ga`ônim et Ri`shônim.
Il était complètement inconnu dans le judaïsme que la
présence de trois Rabbonim serait nécessaire, voire même obligatoire, pour
valider une conversion. Voilà pourquoi, même Rabbi Yôséph Qa`rô, dans son Shoulḥon
´oroukh, tranche sans équivoque ceci :[4]
Tous les éléments
de la conversion, qu’il s’agisse de l’informer
des Miṣwôth, de les lui faire accepter, de la Miloh ou de l’immersion, il est nécessaire qu’ils aient lieu en présence de
trois qui sont valides pour juger. |
כל
ענייני הגר בין להודיעו המצות לקבלם בין המילה בין הטבילה צריך שיהיו בג' הכשרים לדון |
Là encore, il n’est
pas question de « trois Rabbonim ». La fin de cette Halokhoh,
qui fait mention de « trois qui sont valides pour juger », se
réfère à trois hommes qui remplissent les critères halakhiques pour pouvoir
former ensemble un « Béth Din » pour ce sujet de la conversion, en ce
qu’ils sont des Juifs, adultes, de sexe masculin, pratiquants et qui ont des
connaissances sur les lois de la conversion, et n’ont pas d’handicap mental.
Toutes les sources
traditionnelles, sans exception, tranchent ainsi la même chose !