בס״ד
La Polygamie Juive
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Un article publié cette
semaine dans le Jerusalem Post (que vous pouvez lire en anglais ici)
affirmant que l’acteur et chanteur Shuli Rand, un Ḥassid Breslev qui a
notamment joué dans le film « Ushpizin », avait entrepris des
démarches pour épouser une seconde femme, a suscité des réactions enflammées
sur les réseaux sociaux contre la polygamie. Dans l’Etat d’Israël, un Juif ne
peut pratiquer la polygamie qu’après avoir obtenu la signature de 100 rabbins
le lui autorisant. Mais cette loi n’ aucune base halakhique sur laquelle
s’appuyer. En outre, contrairement à ce qui est soutenu par les ignorants et
détracteurs de la polygamie, le judaïsme n’interdit pas cette pratique, ni dans
la Ṭôroh, ni dans le Talmoudh, ni dans le Mishnéh Ṭôroh, ni dans le Shoulḥon
´oroukh, et encore moins dans le célèbre décret de Ribbénou Gérshôm Méˋor
Haggôloh ז״ל, qui est souvent utilisé
pour affirmer qu’une telle interdiction existerait.
Dans cet article, nous
analyserons et passerons en revue le Ḥéram de Ribbénou Gérshôm et le sujet de
la polygamie pour les Juifs. Mais avant tout, je me dois de poser les bases de
tout ce qui va suivre :
1. Hashshém
ית׳ est le Créateur ;
2. Hashshém
a donné aux Juifs l'entièreté de la Ṭôroh, Orale et Écrite ;
3. ḤaZa’’l
nous ont transmis avec exactitude l'interprétation correcte et légale de la Ṭôroh ;
4. La
Halokhoh est absolument obligatoire pour nous, plus qu'elle ne
l'était dans les temps passés ;
5. Uniquement
ceux qui sont imprégnés de la Loi Juive, de la Tradition et de l'étude de la Ṭôroh
peuvent correctement interpréter les lois de la Ṭôroh ;
6. Tout
comme nous devons suivre la Ṭôroh elle-même, nous devons aussi suivre les
décrets émis par nos Sages du Sanhédhrin qui existait à Jérusalem qui ont pour
but de préserver ou de renforcer l'observance de la Ṭôroh ou protéger la
société.
Par conséquent, même si
la base et l’objectif de cet article sont contraires à la pratique majoritaire,
ils sont basés sur le plus haut niveau de respect et d'obéissance à la Ṭôroh, à
la Tradition et au processus halakhique.
Par exemple, un argument
selon lequel la polygamie est bonne pour la société ne pourrait être un
argument valable que s'il était possible de montrer que la polygamie fut
permise par la Halokhoh.
Chaque jour, dans la Ṭaphilloh
de « Ouvoˋ Laṣiyôn », nous disons : תִּתֵּן אֱמֶת לְיַעֲקֹב חֶסֶד לְאַבְרָהָם
« Tu
as donné la vérité à Ya´aqôv, la bonté à ˋavrohom ». Il n’y
a donc pas de corruption dans la Ṭôroh ! Et trop souvent, ceux qui s’opposent
à la polygamie corrompent la Ṭôroh !
Le Gaon de Vilna ז״ל fut la plus grande autorité rabbinique durant une centaine
d'années. Il était également un grand Ṣaddiq. Il a déclaré :[1]
Si je
parviens à accomplir deux choses, je serai exempté d'étudier la Ṭôroh et de
faire la Ṭaphilloh, et je me rendrai de ville en ville {pour faire
accepter ces deux choses}. La première est d'éliminer le Ḥéram de Ribbénou
Gérshôm contre la polygamie, car grâce à cela, la Gaˋoulloh se
rapprochera ; et la seconde chose est qu'il puisse y avoir la Birkath Kôhanim
chaque jour.
De son vivant, il n'y
est pas parvenu, mais ses Ṭalmidhim qui se rendirent en ˋaraṣ Yisroˋél sont
parvenus à imposer la Birkath Kôhanim chaque jour en ˋaraṣ Yisroˋél,
et pas seulement à Shabboth et Yôm Tôv.
Par cet article sur la
polygamie, nous espérons rapprocher la Gaˋoulloh et contribuer à
accomplir l'objectif du Gaon de Vilna.
·
Ma´aséh ˋovôth Simon Lavonim
Nous avons un principe halakhique
générale : « Ma´aséh ˋovôth Simon Lavonim – Les Actes
des Patriarches Sont Un Signe Pour Leurs Enfants ». La raison pour
laquelle la Ṭôroh nous raconte des histoires sur la vie des ˋovôth est afin que
nous puissions apprendre de leurs vies des leçons de morale et d’éthique, et
parce qu'elles nous racontent l'histoire future du peuple juif.
Dans la Ṭôroh,[2] Ya´aqôv
ˋovinou ע״ה, fuyant la colère de son
frère, ´ésow, se rend chez sa parenté, à Ḥoron. Rivqoh ˋimménou ע״ה donna à Yiṣḥoq ˋovinou ע״ה que la raison de ce voyage était qu'elle ne voulait pas que Ya´aqôv
épouse une Kana'anith.
Ya´aqôv
arriva à Ḥoron et se reposa près d'un puits afin d'attendre la suite des
évènements. Roḥél ע״ה
arriva, et dans son excitation en la voyant, il fut capable, d'un seul coup, de
retirer le rocher qui couvrait le puits, une tache qui nécessitait généralement
la force combinée de tous les bergers du village. Ya´aqôv embrassa Roḥél
et se mit ensuite à pleurer. Rash’’i ז״ל explique qu'il pleura parce qu'il était venu les mains vides,
alors que lorsque ˋali´azar était allé chercher une femme pour son
père Yiṣḥoq, il avait emporté avec lui de nombreux présents.
Roḥél courut chez son
père, Lovon, et lui raconta que son cousin était arrivé dans le village. Lovon
se leva, et alla à sa rencontre, plein d'excitation, car il se souvenait à quel
point Yiṣḥoq était riche et aussi de tous les beaux présents que ˋali´azar
avait amené avec lui lorsqu'il était venu chercher et conclure un Shiddoukh
pour Yiṣḥoq.
Lovon avait deux filles,
Léˋoh ע״ה et Roḥél. Depuis qu'elles
étaient toutes petites, toutes les discussions dans le village avaient toujours
été, « Oh, que c'est beau. Léˋoh peut épouser ce beau garçon qu'est ´ésow
et Roḥél peut épouser Ya´aqôv ». Léˋoh avait versé toutes
les larmes de son corps durant des années à l'idée d'avoir un Shiddoukh si
misérable.
Ya´aqôv avait
immédiatement vu la beauté extérieure et la spiritualité intérieure de Roḥél,
et avec cette combinaison, il était tombé amoureux d'elle dès le premier
regard.
Il déclara à Lovon qu'il
travaillerait sept ans et que son « salaire » sera qu'il lui donne Roḥél
comme épouse. Sachant que Lovon était un malicieux, Ya´aqôv précisa
« Roḥél, ta plus jeune fille ». Pas n'importe quelle Roḥél,
pas n'importe quelle fille, mais cette personne en particulier. Lovon accepta,
mais Ya´aqôv suspectant encore un mauvais coup, prépara un mot de
passe secret entre lui et Roḥél pour la nuit de noce, de sorte que même s'il
faisait sombre et qu'elle était voilée, il pourrait être sûr qu'il avait la
bonne femme à ses côtés.
Ya´aqôv
travailla durant sept années, et finalement, le temps du mariage avec sa
bien-aimée était arrivé. Lovon le trompeur se prépara au mariage, mais aussi à
tromper Ya´aqôv en remplaçant Roḥél par Léˋoh. Pourquoi désirait-il
faire le remplacement ? Soit parce qu'il prenait plaisir à manipuler et à
tromper les gens juste pour le plaisir que cela lui apportait, soit parce qu'il
pensait pouvoir pousser Ya´aqôv à rester plus longtemps en donnant Roḥél
plus tard. Oui, Lovon savait que Ya´aqôv était la meilleure chose
qu'il pouvait avoir chez lui pour s'occuper du troupeau et le faire prospérer
financièrement et matériellement.
Roḥél ne voulait pas que
sa sœur soit embarrassée, elle donna alors à Léˋoh le mode de passe secret, et Ya´aqôv
n'y vu que du feu. Le matin, il alla se plaindre auprès de Lovon, et Lovon lui
présenta une excuse minable et feignit l'insulte. Ya´aqôv accepta de
travailler sept années supplémentaires à condition qu'il puisse se marier à Roḥél.
Tout de suite après la semaine de réjouissance avec Léˋoh, Ya´aqôv
se maria à Roḥél.
La vie ne fut pas toute
rose. Roḥél avait des problèmes de fertilité. Quand elle se plaignit à Ya´aqôv,
il lui répondit, « J'ai eu des enfants avec Léˋoh, donc je ne suis à
l'évidence pas le problème ». Elle répondit, « Mais quand ta
grand-mère avait eu le même problème, ton grand-père a prié pour elle ».
Il répondit, « Écoute, tu veux faire ce que ma grand-mère a fait ? »
Et elle répondit, « Tu blagues ? Prends Bilhoh ma servante.
Peut-être que je peux avoir des enfants à travers elle ».
Après quelques temps, Léˋoh
vit qu'elle n'engendrait plus d'autres enfants, et elle proposa alors un
arrangement similaire avec sa servante, Zilpoh. Ya´aqôv, sous la
suggestion de ses épouses, épousa Bilhoh et Zilpoh, ce qui lui fit un total de
quatre épouses.
C'est à partir de Ya´aqôv
et de ses quatre épouses que l'entièreté du peuple juif a été construite.
Les commentateurs se
demandent comment est-ce que Ya´aqôv a pu épouser deux sœurs, alors
que la Ṭôroh interdit d'épouser la sœur de son épouse du vivant de cette
dernière. Et diverses réponses ont été apportées pour expliquer cette anomalie.
Mais ce qui est important à signaler, en comparaison de la pratique, de la
« morale » et de l'attitude d'aujourd'hui sur la question de la
polygamie, est que PAS UN SEUL commentateur Juif ne posa la question de
savoir comment se fait-il que Ya´aqôv a pu épouser quatre femmes à
la fois. La raison est simple : la Ṭôroh, le Ṭalmoudh, les Pôsaqim
et la Halokhoh ont toujours considéré la polygamie comme autorisée :
avoir plusieurs femmes est permis, normal et parfaitement convenable sous tous
les angles. D'où le silence des commentateurs sur cette question.
·
L’Opposition Chrétienne
à la Polygamie
Les commentateurs chrétiens,
avec une perspective pervertie héritée de la tradition catholique romaine, ont
d'énormes difficultés avec le fait que Ya´aqôv eut quatre épouses.
Rien que ce point montre à quel point l'Église Romaine n'est pas une
continuation des traditions, de la société et de la moralité juives, mais
plutôt une continuation des traditions, sociétés et moralités païennes
gréco-romaines.
L'homosexualité était
une activité puissante dans la Grèce Antique. La caste des guerriers se
considérait elle-même comme étant super masculine, et par conséquent, le plus
grand objet de leur affection et attention était les autres hommes. La relation
préférée était un soldat âgé avec un jeune garçon. Ils voyaient les femmes comme
des « éleveuses », et les relations hétérosexuelles comme une
nécessité malheureuse de la vie pour perpétuer la race humaine, mais
certainement pas comme une relation idéale. À Sparte, chaque nouvelle recrue
dans l'armée (à l'âge de 12 ans) se voyait assigner un soldat plus âgé et
devenait son esclave sexuel durant deux années. Platon et Socrate, les
soi-disant plus grands philosophes grecs étaient aussi homosexuels, et étaient
férus de la pratique.
Le christianisme
découragea quelque peu l'homosexualité, mais adopta entièrement l'attitude grecque
envers les femmes et les relations normales entre hommes et femmes. Le christianisme
adopta l'opinion selon laquelle la relation normale entre un homme et une femme
est intrinsèquement pécheresse, et ne peut être justifiée que dans le but
d'avoir des enfants, et que l'entièreté de l'institution du mariage n'est
qu'une concession faite au Yéṣar Hora´. Le christianisme, basé sur une lecture
de Matthieu 19:12, soutient que l'idéal pour un homme est de se castrer,
et sur une interprétation faite d'une lettre de Paul, que l'homme devrait, si
possible, tendre vers le célibat. Même n'avoir qu'une seule femme n'est qu'une
concession faite au Yéṣar Hora´, et avoir plus qu'une femme est hors de
question !
C'est en opposition
totale avec les idéaux juifs. L'homosexualité est un péché passible de la peine
de mort. Les relations maritales normales ne sont pas une concession faite au Yéṣar
Hora´ ; elles représentent l'idéal. Un verset dans Qôhalath dit :[3] בַּבֹּקֶר זְרַע אֶת-זַרְעֶךָ, וְלָעֶרֶב אַל-תַּנַּח יָדֶךָ « Au matin, sème ta semence, et au soir, ne laisse
pas ta main se reposer ». ḤaZa’’l interprètent ce verset pour dire
qu'il faut se marier jeune et avoir des relations sexuelles normales, et même
après avoir passé les années où l'on n'est plus capable d'engendrer des enfants
il ne faut pas cesser d’avoir des rapports sexuels. Dans de nombreuses
communautés, un homme ne recevait pas de Samikhoh (ordination rabbinique)
tant qu'il n'était pas marié. Quelqu'un ne peut pas être un enseignant de
petits enfants s'il n'est pas marié, d’après le Rambo’’m ז״ל. Nous considérons l'état marital comme l'état idéal.
L'opposition Chrétienne
à la polygamie est profondément enracinée et toujours aussi virulente. Et cela
nous permet de comprendre l'arrière-plan dans lequel le Ḥéram de Ribbénou
Gérshôm a été émis. De même, les chrétiens censurèrent le Siddour, et à cause
de cela, certains passages des prières qui furent interprétés comme étant
contre la religion chrétienne furent retirés de la prière. Ce n'est que très
récemment que les Siddourim sont en train d'être restaurés et que les Juifs se
sentent à nouveau libres de retourner à leurs prières d'origine. De même, la Ṭaqqonoh
contre la polygamie qui fut décrétée pour éviter des massacres de la part des chrétiens,
disparaitra totalement lorsque nous nous rendrons compte que nous n'avons plus
à avoir peur de ce que les chrétiens attendent de nous. Et peut-être que c'est une
autre interprétation de ce que le Gaon de Vilna voulait dire lorsqu'il a dit
qu'éliminer le Ḥéram de Ribbénou Gérshôm rapprocherait la Gaˋoulloh.
Lorsque nous pouvons adorer Hashshém et accomplir Ses Miṣwôth sans s'inquiéter
de ce que les Gôyim pensent, nous serons beaucoup plus proches de la
Rédemption.
Comme nous le disons
dans les prières des jours de fêtes, וּמִפְּנֵי
חֲטָאֵינוּ גָּלִינוּ מֵאַרְצֵנוּ
« Et à cause de nos péchés, nous avons été exilés de notre terre ».
Nous sommes allés en exil au milieu des descendants de ´ésow. Rome et l'Église
furent notre cadre de vie depuis 1900 ans. Durant cette période, nous nous
sommes défendus du mieux que nous l'avons pu. Parmi les moyens de défense se
trouvait le Ḥéram contre la polygamie, quelque chose considéré par Hashshém et
Sa Ṭôroh comme étant moral, correct et normal. Quelque chose considéré correct
et normal dans la vaste majorité des sociétés humaines depuis le commencement
de l'humanité (comme si nous avions besoin de cela pour nous justifier). Mais à
cause de notre exil en Europe, nous avons pris ici et là quelques valeurs
étrangères. Nous avons pris la polygamie, quelque chose pratiqué par nos
Patriarches, par Dowidh Hammalakh, etc., tout au long de notre histoire, et
l'avons associé à des pratiques sexuelles dépravées. Nous devons divorcer avec
cette attitude étrangère à notre foi. La polygamie a fait partie de la
fondation de notre peuple, et faisait partie du plan Divin de Hashshém pour
nous.
·
L'Attitude Juive Face à
la Polygamie
Qu'en est-il donc du
fait d'avoir plus qu'une femme du point de vue halakhique ? La Halokhoh
claire est que Min Haṭṭôroh et Middarabbonon, un homme peut avoir
autant d’épouses qu'il le souhaite (tant qu'il peut s'en occuper de façon
équitable, dans le manger, les besoins matériels et les relations intimes).
Personne n'a jamais sous-entendu que c'est moins moral ni quelques peu anormal.
·
Ḥéram de Ribbénou
Gérshôm
Il y a approximativement
mille ans, Ribbénou Gérshôm, l'un des plus grands rabbins de son époque,
promulgua une Ṭaqqonoh contre le fait d'épouser plus qu'une femme. Depuis ce
temps, dans de nombreuses communautés ashkénazes, dans la majorité des
circonstances, les hommes ont été limités à une seule femme à la fois.
La compréhension
courante est que cette interdiction s'applique à tous les Juifs ashkenazi peu
importe le pays où il pourrait se trouver, pour toutes les générations et sous
toutes les circonstances.
En l'honneur de Ya´aqôv
ˋovinou, dont la Middoh était la Vérité, nous essayerons de corriger cette mauvaise
compréhension.
Comme nous l'avons dit,
le Gaon de Vilna déclara qu'abolir ce Ḥéram rapprocherait la Gaˋoulloh.
Peut-être que l'idée de rapprocher la Gaˋoulloh est basée sur l’enseignement
talmudique selon quoi Moshiaḥ ne viendra pas tant que toutes les âmes ne seront
pas descendues et entrées dans des corps.
La plupart des gens
considèrent l'idée d'un homme ayant deux épouses comme quelque peu immoral. En
fait, toutes les autorités halakhiques déclarent sans la moindre hésitation ou
doute que la raison pour le Ḥéram n'était pas pour des raisons ou
considérations morales, ni pour protéger la Ṭôroh, mais pour des raisons
purement sociales.
Rov Ya´aqôv d’Emden
ז״ל dit que la raison pour le Ḥéram était le danger provenant du
peuple des incirconcis (c-à-d., les chrétiens) au milieu duquel nous vivons. Le
christianisme travailla dur entre l'an 600 et 900 de l'E.C., pour éradiquer
d'Europe la pratique de la polygamie. En l'an 858, Hérard de Tours, archevêque
de la ville de Tours, parvint à limiter les hommes à deux femmes (jusque là, la
polygamie était encore pratiquée par les chrétiens). Peu de temps après, le
décret contre les chrétiens d'Europe fut pratiquement achevé, et ils furent
limités à une seule femme.
Puisque les chrétiens
étaient à présent interdits de quelque chose qui avait été la pratique normale
depuis des siècles, ils furent dégoûtés du fait que les Juifs, eux, pourraient
continuer à avoir plus qu'une femme. Quand les Gôyim prennent en haine les
Juifs, les Juifs se font évidemment massacrer. Par conséquent, afin d'empêcher
les massacres de Juifs, Ribbénou Gérshôm, en sa qualité de chef et berger d’Israël,
promulgua un Ḥéram contre la polygamie.
Rov Ya´aqôv d’Emden
écrit que la Ṭaqqonoh est le résultat du fait que nous vivons au milieu des Gôyim.
Il serait donc préférable d'éliminer le Ḥéram. Le Ḥéram n'était destiné à durer
que jusqu'en l'an 5000 de notre calendrier. N'ajoutons pas à ce Ḥéram. Interdire
totalement la polygamie va à l’encontre de ce Ḥéram et équivaut à imiter les Gôyim.
La seule raison qui poussa Ribbénou Gérshôm à émettre ce Ḥéram, c'est que s’il
ne l’avait pas fait cela aurait causé des massacres de Juifs par les chrétiens.
En outre, Ribbénou Gérshôm n’en fit pas une interdiction absolue. Voici les
propos exacts du Rov Ya´aqôv d’Emden :[4]
En nous s'est
accompli, à cause de nos nombreux péchés, le verset : « Et ils se
mélangeront aux milieux des Gôyim, etc. » Par conséquent, il convient
de l'éliminer (le Ḥéram interdisant de prendre plus qu'une femme). N'ont-ils
pas dit qu'il (Ribbénou Gérshôm) n'a émis ce Ḥéram que jusqu'en l'an
5000 ? Mais à coté de cela, n'ajoutons pas à ce Ḥéram, et vous ne pouvez
avoir dans une nouvelle Ṭaqqonoh que les choses qui sont spécifiquement
mentionnées dedans... Il aurait été préférable de ne même pas émettre une telle
interdiction à cause de l'interdiction de marcher dans les voies des Gôyim,
mais à cause du fait que cela ne nécessitait pas une action positive pour s'y
conformer, et aussi à cause du danger guettant les Juifs qui vivent au milieu
des incirconcis s'ils épousent deux épouses, Ribbénou Gérshôm, la Lumière de
l'Exil, avait besoin d'émettre ce Ḥéram qui n'était pas convenable d'émettre.
Les détracteurs de la
polygamie ne vous diront pas (peut-être par ignorance) que le Ḥéram fut
géographiquement limité à l'Allemagne et aux parties de la France qui étaient limitrophes
à l'Allemagne. Il s'est répandu en Pologne et en Russie occidentale. Il ne fut
pas accepté dans le sud de la France, en Espagne, en Italie, en Grèce, en
Turquie, en ˋaraṣ Yisroˋél, en Afrique et en Asie.
Dans les régions où il
fut accepté, la Ṭaqqonoh incluait un Ḥéram (excommunication) pour ceux qui le
transgresseraient. Dans les régions où il ne fut pas accepté, il n'avait aucune
autorité de toute façon.
Selon la majorité des Pôsaqim,
y compris le Shoulḥon ´oroukh et le Ramo’’ˋ, l'interdiction était temporaire
jusqu'à l'an 5000 (qui correspond à l’an 1239 de l’7re Courante). Il s'est
poursuivit par la suite comme Minhogh dans de nombreux endroits d'Europe, mas
n'a plus la force d'un Ḥéram.
La plupart des gens
présument que cette coutume s'applique à un ashkénaze même s'il s'installe là
où le Ḥéram ne fut jamais accepté, comme par exemple en ˋaraṣ Yisroˋél. Cette
position n'est pas universellement acceptée par les Pôsaqim. En
fait, le Rashba’’ˋ ז״ל,[5] le Mahari’’l
ז״ל[6] et le Rov Yôséph
Qaˋrô ז״ל,[7] ainsi que le
Rov d’Emden, soutiennent tous que dès qu'un ashkénaze s'est installé de façon
permanente là où le Ḥéram ne fut pas accepté, il est entièrement libre du Ḥéram
et peut épouser autant de femmes qu'il aura les moyens d’épouser et
d'entretenir. Dans cette même Ṭashouvoh, Rov Yôséph Qaˋrô écrit
qu'en Salonique, à Constantinople et à Adrianople, il y avait de larges
communautés ashkénazes et personne ne questionna jamais le fait qu'un ashkénaze
pouvait y épouser plusieurs femmes. Il cite aussi le cas d'un Ṭalmidh Ḥokhom ashkénaze
à Jérusalem qui avait une femme et des enfants et qui épousa une seconde femme,
et des Ṭalmidhé Ḥakhomim ashkénazes de renom assistèrent au mariage,
venant d'aussi loin que Ṣaphoth et d'Égypte. Le Ra’’n ז״ל hésitait. D’après lui, le Ḥéram suivait un ashkénaze où qu’il
aille. Rov Yôséph Qaˋrô affirme que si le Ra’’n avait vu la Ṭashouvoh
du Rashba’’ˋ, il aurait été d'accord avec le Rashba’’ˋ que la Ṭaqqonoh est
géographiquement limitée. Rov Ya´aqôv d’Emden écrit que puisque la
seule raison pour l'institution de cette Ṭaqqonoh était la peur des chrétiens, dès
que quelqu'un n'est plus situé dans un pays chrétien, le Ḥéram ne s'applique évidemment
plus à lui. (Par « pays chrétien », on parle d'un pays non pas
à majorité chrétienne, mais dont le christianisme est la religion d'état.
Autrement dit, il n'y a pratiquement plus aucun pays de la sorte à notre
époque.)
Ribbénou Gérshôm
lui-même a rédigé trois Ṭashouvôth dans lesquelles il déclare que sa
Ṭaqqonoh ne s'applique pas dans le cas où la femme n'a pas d'enfants ou a cessé
d'avoir des enfants.[8] Si la femme
consent à ce que son mari prenne une seconde épouse, le Ṭashbé’ṣ ז״ל dit que le Ḥéram ne s’applique alors pas.[9] Le Ra’’n
soutient qu'il est probable, mais pas absolument certain, que dans un tel cas,
le Ḥéram ne s'applique pas.[10]
Une lecture objective de
la littérature halakhique indique qu'un ashkénaze vivant en Terre Sainte
aujourd'hui est totalement libéré du Ḥéram pour trois raisons :
1. la
Ṭaqqonoh ne s’est jamais appliquée en Terre Sainte,
2. elle
n’a jamais visé l’intégralité des ashkénazes, et encore moins l’intégralité des
Juifs,
3. et
elle est expirée depuis l'an 5000.
Si sa femme est d'accord
qu'il prenne une seconde épouse, peu importe les raisons, cela lui sera permis,
qu’il y ait une Ṭaqqonoh ou pas, car avec la permission de sa femme il peut
tout faire. (Je rappelle que cela ne concerne que ceux qui acceptent ce décret.
Les séfarades n’ayant jamais accepté ce décret, ainsi que les orientaux, ils n’ont
pas besoin du moindre consentement de leur première femme pour en épouser une
deuxième.) S'il y a un problème de fertilité, Ribbénou Gérshôm lui-même a écrit
que le Ḥéram ne s'applique pas, donc un homme pouvait prendre une seconde
épouse même en Allemagne avant l'année 5000, et à combien plus foret raison
maintenant, et sans aucun doute en Terre Sainte, où la Ṭaqqonoh n'a jamais été
appliquée.
·
La Promesse de Hashshém
Hashshém a promis à ˋavrohom
ˋovinou que ses enfants seraient aussi nombreux que les étoiles du ciel. Jusqu'à
présent, il semble que la constellation arabe ait plus d'étoiles que la nôtre. Nous
devrions imiter nos ancêtres comme les arabes le font à leur façon, et rejeter
la moralité chrétienne, pour embrasser la moralité de Hashshém. Il est(
ironique que les chrétiens interdisent la polygamie mais n’ont aucun problème
avec le fait qu’un homme ait de nombreuses maîtresses ou sortent avec plusieurs
filles à la fois ! La récurrence du phénomène d’adultère dans les sociétés
occidentales démontre que de nombreux hommes ne sont pas faits pour vivre
uniquement avec une seule femme. Et le créateur connaissant la nature de l’être
qu’Il a créé inclut dans Sa sainte Ṭôroh une autorisation d’épouser plusieurs
femmes (dès lors qu’il y a une équité avec toutes les femmes, et qu’aucun de
leurs besoins n’est négligé).
En outre, il y a statistiquement
plus de femmes que d’hommes un peu partout dans le monde, et en tolérant la
polygamie il sera plus facile pour les femmes de trouver un Shiddoukh, ce qui est
un problème très récurrent dans de nombreuses communautés juives où les femmes
célibataires ont toujours plus de mal à trouver un Shiddoukh que les hommes. Il
n’y a pas assez d’hommes par rapport aux femmes désireuses d’être épousées.
En conclusion, selon la Halokhoh,
en mettant de côté la notion de « Loi du pays », un Juif peut épouser
plus qu'une femme, et non seulement cela lui est permis, mais dans de nombreux
cas c'est une Miṣwoh, et peut aider à rapprocher la Rédemption.
[1] Ma´aséh Rov Hashsholém, page 276
[2] À partir de Baréˋshith 28 :10.
[3] Qôhalath 11 :6
[4] Shaˋélôth Yaˋavé’’ṣ, Volume 2, Simon 15
[5] Shaˋélôth Outhshouvôth HaRashba’’ˋ, Volume 3, Simon
446
[6] Shaˋélôth Outhshouvôth Hammahari’’l Hahadhoshôth,
Makhôn Yarousholayim, Simon 202
[7] Shaˋélôth Outhshouvôth Habbéth Yôséph, Kathoubbôth,
Shaˋéloh 14
[8] Voir ˋôṣar Happôsaqim, ˋévan Ho´azar 1 :10, pages 14a-b.
[9] Ṭashbé’ṣ, Shaˋéloh 94
[10] Shaˋélôth Outhshouvôth HaRa’’nfin du Simon 48, cite par
le Béth Yôséph.