בס״ד
La Polygamie Juive (II)
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Pour (re)lire la
première partie, voir ici.
Dans la première
partie, nous avions mentionné que la Ṭôroh n’interdit
pas la polygamie, même s’il convient de dire qu’elle ne l’encourage pas non plus.
Rappelons également que les conditions établies par la Ṭôroh pour pouvoir se
marier à plus d'une femme sont :
1. Pourvoir
dignement aux besoins physiques et matériels de chacune des femmes ;
2. Être
équitable entre toutes les femmes.
Cela demande
donc des moyens financiers et de l’intégrité morale. Ce qui limite déjà le nombre
d’hommes pouvant s’adonner à la pratique.
Notons aussi que la Ṭôroh n'a pas donné de limite au nombre de femmes qu'un
homme pourrait épouser à la fois, mais ḤaZa’’l,
à partir de la loi de la Ṭôroh qui oblige l'homme à être équitable avec toutes
ses femmes, limitèrent le nombre maximum à quatre
(ce qui permet d'être avec chacune des femmes au moins une fois par semaine,
sans qu’elles n’aient à attendre trop de jours avant d’être à nouveau avec leur
mari), mais pour un roi, la limite fixée par la Ṭôroh
est de dix-huit femmes maximum.
Nous avions en outre mentionné
le Ḥéram de Ribbénou Gérshôm qui a bannit officiellement la polygamie dans les
communautés sous influence allemande, mais pas ailleurs,,
bien que la plupart des Juifs aujourd’hui y adhèrent sans néanmoins accorder à
ce décret un statut d’obligation, puisqu’il a expiré.
Autrement dit, chez les Saphoraddim, cela dépend de la politique de
la communauté locale, alors que chez les ˋashkanazim la pratique est
aujourd’hui, de manière erronée, considérée strictement interdite.
Nous avions vu que
malgré ce Ḥéram de Ribbénou Gérshôm, l'interdiction
de la polygamie n'était pas une interdiction totale. On ne peut pas catégoriquement interdire ce que la Ṭôroh n'a
pas clairement interdit. C'est pourquoi, même Ribbénou Gérshôm
laissa une fenêtre ouverte dans son Ḥéram et prévu des cas d'exception pour
lesquels épouser plus d'une femme à la fois peut être autorisé, pour ainsi bien
montrer qu'il n'ajoutait pas une 614ème Miṣwoh à la Ṭôroh (celle de
ne pas épouser plus qu'une femme ; ce que la Ṭôroh n'ayant pas clairement
interdit, il ne pouvait pas l'interdire totalement). C'est sur ces cas
d'exception que je vais me focaliser ici, afin de bien faire comprendre que
malgré tout, épouser plus d'une femme n'est pas strictement interdit, mais que
certains cas peuvent le justifier. C'est la Ṭôroh, et même sur des sujets
sensibles qui pourraient ne pas plaire, nous nous devons d'en parler et dire la
vérité, puisque la Ṭôroh est Vérité. Donc, nous savons à partir de la Ṭôroh qu’être
marié à une seule femme à la fois est l'idéal de Hashshém, mais dans le même
temps, en avoir plus d'une n'est pas interdit, et dire le contraire, c'est
ajouter une Miṣwoh à la Ṭôroh, alors qu’il est écrit : « Cette Ṭôroh
que Je vous donne aujourd'hui, vous n'en retrancherez rien et vous n'en
ajouterez rien ! »
Nous savons du récit de ˋodhom
et Ḥawwoh ע״ה, ainsi que d'autres
versets de la Ṭôroh, que l'union idéale est celle d'un homme avec une femme.
Mais, ailleurs, dans la même Ṭôroh, il est écrit :[1] כִּי-תִהְיֶיןָ לְאִישׁ שְׁתֵּי
נָשִׁים, הָאַחַת אֲהוּבָה וְהָאַחַת שְׂנוּאָה « Lorsqu’un homme aura deux
épouses, l’une qui est aimée et l’une qui est détestée ».
Donc, si l'union idéale
est celle d'un homme avec une femme, pourquoi la Ṭôroh permet-t-elle des
compromis et offre la possibilité qu'un homme puisse avoir plusieurs femmes ?
La réponse est très
simple : la Ṭôroh traite de la vie sur terre, et la gamme de vies sociales et
d'expériences humaines sur toute l'histoire de l'Humanité et la géographie
mondiale est trop vaste et diverse pour être restreinte à un seul idéal étroit.
Prenez, par exemple, une société agraire dont la population masculine a été
décimée par la guerre. Comment les femmes vont-t-elles survivre et comment
est-ce que la population va se remplir à nouveau sans le mécanisme de la
polygamie ? C'est la raison pour laquelle les Juifs du Yémen possèdent
plusieurs femmes. Non seulement la loi civile du Yémen n'interdit pas les
mariages polygames, mais en plus la population juive du Yémen diminue en nombre
chaque fois un peu plus, et c'est un pays constamment touchée par les guerres
et les famines et où l’espérance de vie est plus basse que dans la plupart des
pays du monde. La communauté juive yéménite aurait disparu depuis longtemps
sans la permission que la Ṭôroh accorde d'épouser plusieurs femmes. C’est la
polygamie, en grande partie, qui a préservé cette communauté de l’extinction. La
Ṭôroh, sachant qu'il pouvait exister des circonstances dans lesquelles la
polygamie pouvait être utile, ne l'a pas explicitement interdite, malgré que
l'idéal soit de n'épouser qu'une seule femme à la fois, car la vie sur terre
n'est pas toujours idéale, et que des situations particulières peuvent se
présenter n'importe quand, n'importe où. De même, prenez l'exemple d'un homme
qui a épousé une femme stérile qui ne peut pas lui enfanter des enfants pour
l'aider à travailler dans les champs et à défendre le camp. Assumer tout cela à
lui tout seul ne lui permettra pas de survivre bien longtemps dans les temps
difficiles. Dans une société strictement monogame, sa femme ne pourra pas être
en sécurité. Malgré que, dans des circonstances normales, être « une
parmi d'autres femmes » compromet la valeur de la femme en tant
qu'être humaine, dans ces situations susmentionnées un permit pour la polygamie
est en fait une forme de compassion.
Donc, nous voyons bien
que dans tous ces cas-là et d'autres, il n'est absolument pas question d'une
quelconque perversion de la part de l'homme. La Ṭôroh
ne prend pas en compte les mariages polygames mues par les pulsions perverses
de l'homme, comme c'est le cas dans les sectes chrétiennes polygames
qui permettent la polygamie pour n'importe quelle raison et justifient même la
pédophilie dans le cadre de tels mariages. Ce genre
de mariages est un déshonneur pour la femme et en fait un objet. C'est pourquoi, ce ne sont que dans des situations nobles, ou
extrêmes, ou anormales que faire appel à la polygamie est une option à
véritablement considérer.
La preuve que dans le
monde juif la polygamie n'a jamais été la norme est que l'écrasante majorité
des Juifs depuis le Don de la Ṭôroh jusqu'à aujourd'hui n'ont eu qu'une seule
femme à la fois. De plus, de tous les milliers de Ḥakhomim et
Rabbonim cités dans le Ṭalmoudh, aucun n'a eu plus d'une femme à la fois. Nous
voyons bien que la polygamie n'était donc utilisée que dans des cas
exceptionnels, mais pas dans les cas normaux. Le seul cas de rabbin polygame
rapporté dans le Ṭalmoudh nous en donne la preuve et nous permet de bien
comprendre que la polygamie est un mécanisme à réserver aux circonstances
particulières : le Ṭalmoudh[2] rapporte
que Ribbi Tarphôn ז״ל
épousa 300 veuves ! Pourquoi ? Parce qu'il y avait à cette époque-là une famine
terrible dans le pays qui causa la mort de leurs maris. Mais Ribbi Tarphôn
était très riche et avait une abondante quantité de nourritures en réserve,
étant donné qu'il était un Kôhén et qu'il recevait donc les dîmes dues aux Kôhanim.
La Ṭôroh déclare que la femme d'un Kôhén a également le droit de consommer ces
dîmes. Ainsi, afin de sauver leurs vies, Ribbi Tarphôn épousa ces 300 veuves
qui étaient d'une pauvreté extrêmes et n'auraient donc pas pu survivre à cette
famine. Inutile de dire que ces 300 femmes étaient toutes très heureuses que la
Ṭôroh permette la polygamie ! Cela nous
illustre bien le fait que dans certains cas opter pour la polygamie peut être
un acte de Qiddoush Hashshém !
La Ṭôroh décourage, par
contre, d'abuser de cette permission, et c'est la raison pour laquelle la Ṭôroh
a fixé des exigences strictes sur le mari. Pour chaque femme supplémentaire
qu'il épouse, peu importe le bas statut de ses femmes, la Ṭôroh déclare :[3] אִם-אַחֶרֶת, יִקַּח-לוֹ--שְׁאֵרָהּ
כְּסוּתָהּ וְעֹנָתָהּ, לֹא יִגְרָע
« S'il s’en prend une autre, il ne diminuera pas sa nourriture, son habillement et son
droit conjugal ».
Ainsi, son
engagement et sa capacité à pourvoir à tous les besoins de ses épouses doivent
être équitables pour toutes ses femmes. De plus, le mari
doit également offrir une maison séparée à chacune des femmes, pour des raisons de pudeur et pour que chacune des femmes
puisse avoir, pour ainsi dire, son propre territoire dans lequel elle pourra
être seule avec son mari sans la présence des autres femmes. Donc, vous voyez
que ce n'est pas donné à tout le monde
d'épouser plus qu'une seule femme.
La Ṭôroh a fait exprès de mettre la barre haute et c'est cela qui explique que
la polygamie n'a jamais été la norme chez le peuple juif même si la Ṭôroh la permet.
De plus, divorcer nécessite obligatoirement un Gat (document légal de divorce),
et plus tard les Ḥakhomim instituèrent la Kathoubboh. Ces
deux précautions (un Gat et la Kathoubboh) empêchent l'homme de
facilement se débarrasser de sa femme ou d'une de ses femmes comme bon lui
semble et la priver ainsi de ses droits à avoir une pension alimentaire. Nous
voyons qu'effectivement, tous ces outils que nous venons de mentionner et
toutes ces règles que la Ṭôroh imposent furent efficaces. La preuve : la
polygamie dans les milieux juifs est historiquement une exception rare.
Rare, mais
néanmoins autorisée ou nécessaire dans certaines circonstances, comme nous
l'avons vu. Même quand Ribbénou
Gérshôm et son Beth Din s'assemblèrent pour instituer un Ḥéram contre la
polygamie à cause des conditions qui prévalaient à leur époque,
néanmoins, ils ont laissé la porte ouverte pour les circonstances atténuantes,
car sinon cela aurait été comme s'ils avaient ajouté une Miṣwoh aux 613 Miṣwôth
de la Ṭôroh. Cette porte de sortie s'est, en fait, avérée vitale dans de
nombreux cas, comme, par exemple, dans le cas d'une femme qui, Ḥos Washolôm,
est frappée d'une incapacité mentale et qu'elle n'est donc pas halakhiquement
qualifiée pour recevoir le Gat (en effet, la Ṭôroh interdit à un homme de
répudier une femme qui a été frappée d'incapacité mentale, car elle n’est pas
considérée apte à volontairement accepter un divorce de plein gré). Dans ce
cas-là, Ribbénou Gérshôm et son Béth Din ont tranché qu’étant donné qu'il ne
peut pas divorcer d'elle, il peut prendre une seconde épouse. Et il y a encore
d'autres cas similaires prévus dans son Ḥéram. Par contre, étant donné que la
majorité des pays interdisent la polygamie, lorsque les Juifs ont du faire
appel à ce mécanisme, ils l'ont toujours fait avec discrétion afin d'éviter les
problèmes avec la justice locale. Les mariages polygames juifs ont donc encore
lieu à notre époque, mais avec discrétion.
En réalité, il faut remercier Hashshém et le fait que la Ṭôroh
n'a pas explicitement interdit la polygamie. Car à chaque fois que les circonstances changent, la Ṭôroh
n'est pas prise au dépourvu et a toujours quelque part un moyen, une astuce,
permettant aux Juifs de s'adapter.
C'est cela qui fait de la Ṭôroh une source éternelle d'inspiration : sa capacité à avoir prévu TOUS les scénarios possibles et
imaginables de la vie humaine, peu importe l'endroit, l’époque ou les
circonstances dans lesquels vit le peuple juif. Il y a donc beaucoup de limites à la polygamie, comme nous
l'avons vu (ne peut donc pas être polygame qui le souhaite), mais il y a
également assez d'autorisations pour la polygamie pour permettre à l'homme de
s'adapter à n'importe quelle situation dramatique et exceptionnelle de la vie
humaine qui pourrait arriver sur la planète Terre. Et telle est la force de la Ṭôroh : partout où on vit, et peu
importe les circonstances, elle est avec nous, elle nous offre des réponses
claires, et nous vivons grâce à elle.
Et j'aimerai conclure par trois points essentiels :
1. Le Ḥéram de Ribbénou Gérshôm a expiré en
l'an 5000 du calendrier hébraïque, et ce Ḥéram n'a jamais eu pour intention de s'appliquer
partout, mais fut décrété à l'origine pour l'Allemagne et le nord de la France (mais dans
les pays qui permettaient légalement la polygamie, ce Ḥéram ne s’appliqua
jamais). Cela ne change rien au fait que
l'union idéale est un homme avec une seule femme à la fois, que la polygamie ne
peut pas être pratiquée n'importe comment et pour n'importe quelles raisons
(donc, désolé pour les pervers).
2. Selon le dernier Rabbi de Loubavitch
lui-même,[4] il est actuellement permis de pratiquer la polygamie partout
où cette pratique est acceptée par la loi du pays dans lequel on vit, ce qui inclut les États-Unis, pays dans lequel certains
états peuvent le permettre. Par contre, toujours pour reprendre le cas des
États-Unis, le seul problème qui
existe consiste à l'enregistrement des épouses. En effet, bien que certains états américains permettent la
polygamie, il reste interdit partout aux États-Unis d'enregistrer la seconde
épouse. C'est donc le mariage polygame qui est
interdit aux États-Unis, mais pas la relation polygame en elle-même.
3.
Tout ce que nous avons dit sur la polygamie s'applique
également au « concubinage » (que l'on appelle dans la Ṭôroh « Pilaghshouth »),
puisqu'il est évident que les raisons pour permettre ou interdire la polygamie
sont les mêmes que pour le « concubinage ». Par contre, cela
ne pourrait pas s'appliquer dans de nombreux pays musulmans. En effet, il
existe dans le monde Musulman ce que l'on appelle l'interdiction par le Calife
des relations « Moutah » (mariage temporaire) pour les musulmans,
acte qui est puni par une peine très sévère. Les relations « Moutah »
sont en quelque sorte comparable au concept de Pilaghshouth. Cette interdiction
musulmane sunnite est comparable au Ḥéram de Ribbénou Gérshôm interdisant la
polygamie dans l'Europe chrétienne après que ce genre de mariage fut déclaré
hors la loi par les Gôyim, comme l'explique le Rabbi de Loubavitch, dans la Siḥoh
susmentionnée (qu’étrangement, aucun Shaliaḥ Loubavitch n’osera enseigner).
Nous reviendrons sur le sujet de la relation de Pilaghshouth
dans un futur article, Ba´azrath Hashshém Yithborakh !