בס״ד
Mishnéh
Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh
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Les
bénédictions du matin
Rabbi
Yôséf Qa`rô זצ״ל
écrit
ceci dans son Shoulhon ´Oroukh :
`Ôrah
Hayyim 46:1
|
Lorsqu'on
se réveille, on dit « `Alôhay Nashomoh » ;
lorsqu'on entend le chant du coq, on récite « Hannôthén
Lassakhawi Vinoh » ; lorsqu'on s'habille, on récite
« Malbish ´Aroummim » ; lorsqu'on passe
ses mains sur les yeux, on récite « Pôqéah
´Iwrim » ; lorsqu'on s'assoit [sur son lit], on
récite « Mattir `Asourim » ; lorsqu'on se
redresse, on récite « Zôqéf Kafoufim » ;
lorsqu'on pose ses pieds par terre, on récite « Rôqa´
Ho`oras ´Al Hammoyim » ;
lorsqu'on met ses chaussures, on récite « Sha´osoh Li
Kol Sorki » ; lorsqu'on
marche, on récite « Hammékhin Mis´adhé
Ghovar » ; lorsqu'on se ceint de sa ceinture, on
récite « `Ôzér Yisro`él Bighvouroh » ;
lorsqu'on met un chapeau ou un turban sur sa tête, on récite
« ´Ôtér Yisro`él Bathif`oroh » ;
lorsqu'on lave ses mains, on récite « ´Al Natilath
Yodhayim » ; lorsqu'on lave son visage, on récite
« Hamma´avir Shénoh Mé´énoy , etc. Wihi Rosôn,
etc. », jusqu'à « Boroukh `Attoh HaShem Gômél
Hasodhim Tôvim La´ammô Yisro`él ».
On ne répondra « `Omén » après « Hamma´avir
Shénoh Mé´énoy » que lorsqu'on aura achevé
« Haggômél Hasodhim Tôvim La´ammô
Yisro`él », parce que toute cette bénédiction n'en
fait qu'une.
|
כשיעור
משנתו יאמר אלהי נשמה כשישמע קול התרנגול
יברך הנותן לשכוי בינה.
כשלובש
יברך מלביש ערומים.
כשיניח
ידיו על עיניו יברך פוקח עורים.
כשישב
יברך מתיר אסורים.
כשזוקף
יברך זוקף כפופים.
כשיניח
רגליו בארץ יברך רוקע הארץ על המים.
כשנועל
מנעליו יברך שעשה לי כל צרכי.
כשהולך
יברך המכין מצעדי גבר כשחוגר חגורו יברך
אוזר ישראל בגבורה.
כשמשים
כובע או מצנפת בראשו יברך עוטר ישראל
בתפארה.
כשיטול
ידיו יברך על נטילת ידים.
כשירחץ
פניו יברך המעביר שינה מעיני וכו'.
ויהי
רצון וכו'
עד
ברוך אתה ה'
גומל
חסדים טובים לעמו ישראל.
אין
לענות אמן אחר המעביר שינה מעיני עד
שיחתום הגומל חסדים טובים לעמו ישראל
שהכל ברכה אחת היא
|
Concernant
la liste des bénédiction et à quel moment les faire, Rabbi Yôséf
Qa`rô fait ici un copier-coller de la Gamoro`1
et du Mishnéh Tôroh2.
(Voir ici
et là.)
Ainsi, chaque bénédiction du matin ne doit être récitée qu'au
moment où l'acte pour lequel on bénit est accompli.
Néanmoins,
Rabbi Yôséf Qa`rô écrit ceci :
`Ôrah
Hayyim 6:2
|
Certains
ont la coutume d'attendre de se rendre à la Synagogue pour
réciter « ´Al Natilath Yodhayim ». Et ils la
récitent dans une séquence avec le reste des bénédictions. Et
les Bané Safaradh n'ont pas cette coutume.
|
יש
נוהגין להמתין לברך על נטילת ידיים עד
בואם לבית הכנסת,
ומסדרים
אותו עם שאר הברכות.
ובני
ספרד לא נהגו כן
|
En
d'autres mots, Rabbi Yôséf Qa`rô rapporte le Minhogh que certains
ont de ne pas réciter ces bénédictions au moment où ils
accomplissent les actes pour lesquels ces bénédictions furent
instituées, mais attendent plutôt d'arriver à la Synagogue pour
les réciter les unes à la suite des autres, y compris la
bénédiction sur le lavage des mains, bien qu'ils ne vont pas se
laver les mains et qu'ils n'accompliront pas du tout les autres actes
pour lesquels ils bénissent ! Il conclut en disant que ce n'est
pas la coutume des Safardhim qui, eux, font comme cela est prescrit
dans le Talmoudh. Effectivement ne pas réciter les Birkhôth
Hashohar à la maison, mais attendre d'arriver à la Synagogue
pour le faire, est le Minhogh `Ashkanazi. D'ailleurs, commentant ce
passage du Shoulhon ´Oroukh, le Ram`o זצ״ל
écrit :
En
tous les cas, on ne [les] récite pas deux fois ; celui qui
les récite à la maison ne [les] récite pas à la Synagogue. De
même, celui qui les récite à la Synagogue ne [les] récite pas
à la maison. Celui qui étudie avant de se rendre à la
Synagogue, ou qui prie avant [de se rendre à la Synagogue], les
récite à la maison et ne doit pas [les réciter] à la
Synagogue. Et même dans une telle situation, certains ont la
coutume de les réciter en séquence avec le reste des
bénédictions à la Synagogue et ne les récitent pas à la
maison.
|
ועל
כל פנים לא יברך שתי פעמים;
ומי
שמברכם בביתו,
לא
יברך בבית הכנסת,
וכן
מי שמברכם בבית הכנסת לא יברך בביתו.
ומי
שלומד קודם שיכנס לבית הכנסת,
או
מתפלל קודם,
יברכם
בביתו ולא יברך בבית הכנסת.
ואפילו
בכהאי גוונא,
יש
נוהגין לסדרם עם שאר ברכות בבית הכנסת
ואין מברכין בביתם
|
Mais
bien que lui-même soit un Safardhi, et qu'il admette que ce n'est
pas le Minhogh des Safardhim d'attendre d'arriver à la Synagogue
pour réciter les Birkhôth Hashohar, car les Safardhim font
normalement comme cela est rapporté dans le Talmoudh et le Mishnéh
Tôroh (c'est-à-dire, ils sont censés réciter les Birkhôth
Hashohar chez eux, aux moments où ils accomplissent les actes
pour lesquels ces bénédictions furent instituées), Rabbi Yôséf
Qa`rô écrit ceci :
`Ôrah
Hayyim 46:2
|
À
présent, en raison du fait que les mains ne sont plus propres et
aussi en raison des ´Amé Ho`oras3
qui ne les connaissent pas, nous avons la coutume de les réciter
en séquence à la Synagogue, et ils répondent « `Omén »
après elles et s'acquittent de leur obligation.
|
עכשיו
מפני שאין הידים נקיות וגם מפני עמי
ארצות שאינם יודעים אותם נהגו לסדרם
בבית הכנסת ועונין אמן אחריהם ויוצאים
ידי חובתן
|
En
d'autres mots, puisqu'il y a de nombreux ignorants qui ne connaissent
pas par cœur les Birkhôth Hashohar, la coutume s'est
développée de ne plus les réciter à la maison au moment où on
accompli les actes qui y sont associés afin de permettre aux
ignorants de les écouter à la Synagogue, de répondre « `Omén »
et s'acquitter ainsi de leur obligation, un peu comme pour les
raisons qui sont invoquées pour expliquer la raison pour laquelle on
répète la ´Amidhoh à voix haute après l'avoir faite à voix
basse. Mais avec l'existence des Siddourim, cet argument ne tient
plus la route. En outre, qu'est-ce qui empêcherait ceux qui
connaissent ces bénédictions de les réciter chez eux à la maison
aux moments où ils accomplissent les actes pour lesquels ils
bénissent ?
Quant
à l'argument avec les mains qui sont, de nos jours, impures, en quoi
réciter les Birkhôth Hashohar à la Synagogue les rendrait
tout d'un coup plus pures que si l'on se trouvait dans une maison,
d'autant plus que la plupart des Juifs d'aujourd'hui ne se lavent
même plus les mains à la Synagogue avant de prier ? Ajoutons à
cela que la récitation de ces bénédictions, à l'exception de
celle sur les mains, n'est liée en rien à la propreté ou pureté
des mains ou du corps. Et enfin, s'il faut attendre d'arriver à la
Synagogue pour les réciter, parce qu'en-dehors d'une Synagogue les
mains ne seraient pas pures, cela rend alors inutile le lavage des
mains au réveil que défend ardemment Rabbi Yôséf Qa`rô à cause
du présumé « mauvais esprit ». (Voir ici.)
Si se laver trois fois les mains de façon alternative permet de
retirer de ses mains le « mauvais esprit », c'est que
selon lui, par ce procédé, les mains deviennent pures ! Non ?
Toujours
concernant les Birkhôth Hashohar, Rabbi Yôséf Qa`rô
enseigne ceci :
`Ôrah
Hayyim 46:4
|
צריך
לברך בכל יום שלא עשני עובד כוכבים שלא
עשני עבד שלא עשני אשה.
והנשים
מברכות שעשני כרצונו
|
Sur
cette règle du Shoulhon ´Oroukh, le Ram`o commente ceci :
Et
même un converti peut les réciter ainsi. Mais il ne doit pas
dire « Shallô` ´Osoni Gôy »7,
car il était un Gôy à l'origine.
|
ואפילו
גר היה יכול לברך
כך אבל לא יאמר
שלא עשני גוי,
שהרי
היה גוי מתחלה
|
Voici
ce que rapporte pour sa part le Rambam זצ״ל :
Hilkhôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 7:6
|
Chaque
jour, un homme récite : « Boroukh `Attoh HaShem
`Alôhénou Malakh Ho´ôlom Shallô` ´Osoni Gôy »,
« Boroukh `Attoh HaShem `Alôhénou Malakh Ho´ôlom
Shallô` ´Osoni ´Ovadh », « Boroukh `Attoh
HaShem `Alôhénou Malakh Ho´ôlom Shallô` ´Osoni `Ishoh ».
|
ומברך
אדם בכל יום--ברוך
אתה ה'
אלוהינו
מלך העולם,
שלא
עשני גוי;
ברוך
אתה ה'
אלוהינו
מלך העולם,
שלא
עשני עבד;
ברוך
אתה ה'
אלוהינו
מלך העולם,
שלא
עשני אישה
|
Premièrement,
nous voyons que Rabbi Yôséf Qa`rô et le Rambam parle de la
récitation de ces trois bénédictions comme étant obligatoire.
Deuxièmement,
nous pouvons constater qu'il y a une différence entre le Mishnéh
Tôroh et le Shoulhon ´Oroukh concernant la formulation d'une
de ces trois bénédictions : le Mishnéh Tôroh (ainsi que le
Ram`o) parle de « Shallô` ´Osoni Gôy », tandis
que le Shoulhon ´Oroukh parle de « Shallô` ´Osoni
´Ôvédh Kôkhovim ».
Troisièmement,
pour comprendre cette différence de formulation, il convient de
mentionner le fait que la source de ces trois bénédictions
mentionnées par Rabbi Yôséf Qa`rô et le Rambam est le passage
talmudique suivant :
Manohôth
43b
|
Il
a été enseigné : Rébbi Mé`ir disait : « Un
homme a l'obligation de réciter cent bénédictions chaque jour,
car il est dit8 :
''Et à présent, ô Yisro`él, qu'est-ce qu'HaShem, ton D.ieu,
attend de toi ?'' »9.
Le Shabboth et à Yôm Tôv10,
Rov Hiyyo`, le fils de Rov `Awiyo`, tentait d'atteindre ce
nombre par des épices et des gourmandises11.
Il a été enseigné : Rébbi Mé`ir disait : « Un
homme a l'obligation de réciter trois bénédictions chaque jour.
Les voici : ''Sha´osoni Yisro`él''12
(dans certaines versions ''Shallô` ´Osoni Gôy''), ''Shallô`
´Osoni `Îshoh'', ''Shallô` ´Osoni Bour''13 »
Rov `Aho`
bar Ya´aqôv entendit [une fois] son fils réciter « Shallô`
´Osoni Bour ». Il lui
dit : « Et celui-ci aussi ! »14
L'autre lui dit : « Quelle bénédiction
dois-je alors réciter à la place ? ».
[Il lui répondit] : « Shallô`
´Osoni´Avadh ».
« Mais
n'est-ce pas la même chose qu'une femme ? »15
« Un
esclave lui est inférieur ! »16.
|
תניא
היה רבי מאיר אומר חייב אדם לברך מאה
ברכות בכל יום שנאמר
ועתה ישראל מה
ה'
אלהיך
שואל מעמך רב חייא בריה דרב אויא בשבתא
וביומי טבי טרח וממלי להו באיספרמקי
ומגדי תניא היה ר"מ
אומר חייב אדם לברך שלש ברכות בכל יום
אלו הן <שעשאני
ישראל>
{שלא
עשאני גוי}
שלא
עשאני אשה שלא עשאני בור רב אחא בר יעקב
שמעיה לבריה דהוה קא מברך שלא עשאני בור
אמר ליה כולי האי נמי אמר ליה ואלא מאי
מברך שלא עשאני עבד
היינו אשה עבד זיל טפי
|
Nous
pouvons donc nous rendre compte que ce n'est pas une Halokhoh en soi
de réciter ces trois bénédictions, mais que c'était
l'enseignement de Rébbi Mé`ir, qui était un Tanna` de la quatrième
génération du 2ème siècle. C'est le Sage le plus fréquemment
cité dans la Mishnoh..Puisque ce n'était pas une Halokhoh en soi,
nous voyons dans ce passage talmudique que d'autres ne les récitaient
pas, ou n'étaient pas d'accord sur la façon dont Rébbi Mé`ir les
avait formulées.
Concernant
la bénédiction de « Shallô` ´Osoni Gôy » (Qui
ne m'a pas fait Gôy), certains Sages des temps talmudiques
préféraient dire « Sha´osoni Yisro`él » (qui
m'a fait Israélite), et dans certaines versions de la Gamoro`
susmentionnée, c'est cette formulation que nous trouvons à la place
de « Shallô` ´Osoni Gôy ». D'ailleurs de
nombreux Pôsqim, comme par exemple le Go`ôn de Wilno` זצ״ל,
sont d'avis qu'il est préférable de dire « Sha´osoni
Yisro`él » plutôt que « Shallô` ´Osoni Gôy ».
D'autres disent que « Shallô` ´Osoni Gôy »
n'est pas une bénédiction appropriée, car Yisro`él est également
décrit dans la Tôroh comme étant un « Gôy »,
c'est-à-dire, une nation (le terme « Gôy » ne signifie
absolument pas « non Juif ». Même les Juifs sont des
Gôyim, puisqu'ils appartiennent à une nation). C'est la raison pour
laquelle Rabbi Yôséf Qa`rô ne dit pas « Shallô` ´Osoni
Gôy », mais « Shallô` ´Osoni ´Ôvédh
Kôkhovim » (Qui ne m'a pas fait idolâtre). Dans certains
manuscrits du Talmoudh, « Shallô` ´Osoni Gôy »
est même remplacé par « Shallô` ´Osoni Nokhri »,
Nokhri étant un terme plus approprié pour désigner les non Juifs
qui sont étrangers à la Tôroh.
Concernant
la bénédiction de « Shallô` ´Osoni `Ishoh »
(Qui ne m'a pas fait femme), là encore elle ne fait pas l'unanimité,
et certains remplaçaient également cette bénédiction par
« Sha´osoni Yisro`él ». Dans la plupart des tous
premiers Siddourim, « Shallô` ´Osoni `Ishoh » ne
s'y trouvait pas. Il convient également de signaler que la
bénédiction de « Sha´osoni Kirsônô »,
que les femmes devraient réciter à la place de « Shallô`
´Osoni `Ishoh », n'a aucune source dans la tradition.
Quant
à la troisième bénédiction mentionnée par Rébbi Mé`ir,
« Shallô` ´Osoni Bour » (qui ne m'a pas fait
sot), elle était également rejetée par certains, puisque même un
sot est tenu de respecter la Tôroh, comme le fait remarquer Rov
`Aho`
bar Ya´aqôv dans la Gamoro`. Par conséquent, certains
remplaçaient cette bénédiction par « Shallô` ´Osoni
´Ovadh » (Qui ne m'a pas fait esclave), puisque les
esclaves ne sont pas soumis à l'accomplissement de toutes les
Miswôth, exactement comme les femmes. (Ces bénédictions ne
sont donc pas des insultes à l'égard des femmes et des esclaves,
mais indiquent simplement que par rapport aux femmes et aux esclaves,
les hommes libres sont astreints à l'accomplissement de toutes les
Miswôth, tandis que les femmes et les esclaves sont exemptées
de beaucoup de Miswôth, notamment celles liées au temps.)
Nous
avions déjà brièvement parlé de ces trois bénédictions dans
l'article
suivant.
Puisque
ce n'est pas une Halokhoh en soi de faire ou dire comme Rébbi Mé`ir,
il n'y a non seulement aucune obligation halakhique de réciter ces
bénédictions, mais en outre, si quelqu'un désire les réciter, il
peut les formuler comme il veut, d'où les différences entre ce
passage talmudique, le Mishnéh Tôroh, le Shoulhon ´Oroukh
et le Ram`o concernant leurs formulations.
Commentant
ce passage talmudique de Manohôth 43b,
Rashi זצ״ל
explique
que la raison pour laquelle Rébbi Mé`ir préconisait la récitation
de ces trois Barokhôth était afin de pouvoir arriver plus
facilement au compte des cent bénédictions que nous sommes censés
réciter quotidiennement. Cette explication est également donnée
par d'autres commentateurs, comme le Go`ôn de Wilno`. Et il est même
possible de la déduire du contexte du passage.
De
ce fait, en rapportant ce passage talmudique comme une Halokhoh, le
Rambam et Rabbi Yôséf Qa`rô font dire au Talmoudh ce qu'il ne dit
pas vraiment, puisqu'il n'y a aucune indication dans le Talmoudh que
la récitation de ces bénédictions soit requise ou obligatoire.
Bien au contraire, le Talmoudh sous-entend plutôt que leur
récitation n'était non seulement pas obligatoire, mais qu'elles
étaient également contestées dans leurs formulations.
Par
conséquent, ceux qui ne récitent pas ces bénédictions ne
transgressent aucune Halokhoh, car la récitation de ces bénédictions
n'est pas mandatée par la Halokhoh. (Toute opinion rapportée dans
le Talmoudh ne constitue pas nécessairement une Halokhoh, n'oubliez
jamais cela.)
Il
convient de signaler que Barokhôth 60b, qui est le passage du
Talmoudh qui cite toutes les Birkhôth Hashohar ne fait
aucunement mention de ces trois bénédictions, ce qui indique très
clairement qu'elles n'ont pas de valeur halakhique en elles-mêmes.
(Mais celui qui veut les réciter peut le faire.)
Quant
à l'affirmation du Ram`o selon qui un converti ne devrait pas dire
« Shallô` ´Osoni Gôy », parce qu'il était à
l'origine un Gôy avant de devenir Israélite, la quasi totalité des
Pôsqim (y compris le Rambam, dans une de ses fameuses Responsa
envoyée à un Israélite converti qui lui demandait comment est-ce
qu'il devait prier et s'il devait modifier certaines bénédictions
car il était né non Israélite) sont d'avis qu'un converti doit
réciter les bénédictions et les prières exactement de la même
façon que les Israélites de naissance. Et de ce fait, bien que ses
ancêtres étaient des non Juifs, il peut dire « `Alôhé
`Avôthénou – Dieu de mes pères ». En outre, il ne doit
y avoir aucune différence entre un Israélite de naissance et un
converti, et il est interdit de rappeler à un converti qu'il était
à l'origine un non Israélite.
Rabbi
Yôséf Qa`rô poursuit son exposition des bénédictions du matin en
disant ceci :
`Ôrah
Hayyim 46:5
|
Si
on récite au préalable « Zôqéf Kafoufim »
avant d'avoir récité « Mattir `Asourim », on
ne la récite plus.
|
אם
קדם וברך זוקף כפופים קודם שברך מתיר
אסורים לא יברכנה
|
En
d'autres mots, d'après Rabbi Yôséf Qa`rô, si on a récité
« Zôqéf Kafoufim » (Qui redresse ceux qui sont
courbés) avant « Mattir `Asourim » (Qui défait
les liens), on ne peut plus réciter « Mattir `Asourim »,
car normalement, on se met à l'aise dans son lit avant de se
redresser.
Premièrement,
le Talmoudh17
enseigne que la bénédiction de « Mattir `Asourim »
se récite lorsqu'on s'est étiré et assis dans son lit, d'où la
bénédiction « Qui libère les liens », puisqu'en
s'étirant et en s'asseyant dans son lit, c'est comme si on se
libérait de liens. D'ailleurs, il est scientifiquement prouvé que
s'étirer est très bon pour le corps humain, notamment pour la
souplesse des muscles.
Deuxièmement,
les bénédictions du matin n'ont aucun ordre particulier, comme le
rapporte très bien le Rambam :
Hilkhôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 7:7-8
|
7.
Ces dix-huit bénédictions n’ont pas d’ordre ;
plutôt, on récite chacune d’entre elles sur l’objet de la
bénédiction, en son temps. Comment cela s'applique-t-il ?
Si l’on met sa ceinture, alors que l’on est sur son lit, on
récite la bénédiction : « […] Qui ceint Israël
avec force ». Si l’on entend le cri du coq, on récite
la bénédiction : « […] Qui donnes au coq le
discernement ». On ne récite aucune bénédiction à
laquelle on n’a pas été astreint.
|
ז שמונה
עשרה ברכות אלו,
אין
להן סדר,
אלא
מברך כל אחת מהן על דבר שהברכה בשבילו,
בשעתו.
כיצד--הרי
שחגר חגורו והוא על מיטתו,
מברך
אוזר ישראל;
שמע
קול התרנגול אחר כך,
מברך
הנותן לשכווי בינה.
וכל
ברכה מהן שלא נתחייב בה,
אינו
מברך אותה
|
8.
Comment cela s'applique-t-il ? Si l’on dort avec ses
vêtements, on ne récite pas, en se levant, la bénédiction :
« […] Qui habilles ceux qui sont nus ». Si
l’on marche pieds nus, on ne récite pas la bénédiction :
« […] Qui m’as prodigué tous mes besoins ».
À Yôm Hakkippourim et Tish´oh Ba`Ov, où l’on ne peut se
rincer, on ne récite pas la bénédiction : « […]
du lavage des mains », ni « […] Qui ôtes le
sommeil […] ». Si l’on ne va pas aux toilettes, on
ne récite pas la bénédiction : « […] Qui as
créé l’homme […] », et de même pour les autres
bénédictions.
|
ח כיצד:
לן
בכסותו,
אינו
מברך כשעומד מלביש ערומים;
הלך
יחף,
אינו
מברך שעשה לי כל צרכיי.
ביום
הכיפורים ותשעה באב,
שאין
שם רחיצה,
אינו
מברך על נטילת ידיים,
ולא
המעביר שינה.
אם
לא נכנס לבית הכיסא,
אינו
מברך אשר יצר את האדם.
וכן
שאר ברכות אלו
|
Puisque
les bénédictions du matin n'ont pas un ordre particulier, il n'y a
pas à supprimer la récitation d'une bénédiction parce qu'un acte
a été accompli avant un autre ! Si on ne s'est pas étiré en
se réveillant, mais qu'on l'a fait seulement après s'être
redressé, il est logique de d'abord faire la bénédiction de
« Zôqéf Kafoufim » avant celle de « Mattir
`Asourim ». Et le fait d'avoir fait « Zôqéf
Kafoufim » en premier, parce qu'on s'est redressé,
n'empêche pas ensuite de faire « Mattir `Asourim »
en s'étirant.
Rabbi
Yôséf Qa`rô poursuit de la manière suivante :
`Ôrah
Hayyim 46:6
|
Certains
ont la coutume de réciter « Hannôthén Layo´éf
Kôah »18
Et nous n'avons pas vu leurs paroles.
|
יש
נוהגין לברך הנותן ליעף כח ואין דבריהם
נראין
|
« Nous
n'avons pas vu leurs paroles » signifie quecette bénédiction
n'a aucune source dans la Halokhoh. En effet, on ne la retrouve pas
dans le Talmoudh, ni même dans écrits des Ga`ônim, ni même dans
les premiers Siddourim, ni même dans le Mishnéh Tôroh. Néanmoins,
en commentant ce passage, le Ram`o écrit ceci :
Mais
c'est le Minhogh répandu des Bané `Ashkanazim de la réciter.
|
אך
המנהג פשוט בבני האשכנזים לאומרה
|
Et
effectivement, cette bénédiction n'apparait que dans les Siddourim
`Ashkanazim. (Nous avions déjà consacré un article à cet
bénédiction. Voiri ici.)
Rabbi
Yôséf Qa`rô poursuit en disant :
`Ôrah
Hayyim 46:8
|
Toutes
ces bénédictions, si l'on n'a pas réalisé l'une d'entre elles,
comme par exemple si on n'a pas entendu la voix du coq , ou que
l'on n'a pas marché, ou que l'on ne s'est pas habillé, ou que
l'on n'a pas porté de ceinture, on récite cette bénédiction
sans mentionner le Nom.
|
כל
הברכות האלו אם לא נתחייב באחת מהן כגון
שלא שמע קול תרנגול או שלא הלך או לא לבש
או לא חגר אומר אותה ברכה בלא הזכרת השם
|
En
d'autres mots, Rabbi Yôséf Qa`rô admet qu'on ne devrait réciter
ces bénédictions que si on accomplit les actes qui s'y rapportent,
car autrement, ce serait prononcer le Nom d'HaShem en vain. Par
conséquent, il préconise de réciter ces bénédictions, mais sans
mention du Shém Oumalkhouth, si l'on n'a pas réalisé les actes
pour lesquels on bénit. Ainsi, par exemple, si l'on n'a pas mis de
ceinture, on dira « Boroukh `Ôzér Yisro`él Bighvouroh –
Béni soit celui qui ceint Israël de puissance », et non
pas « Boroukh `Attoh HaShem `Alôhénou Malakh Ho´ôlom
`Ôzér Yisro`él Bighvouroh – Béni sois-Tu HaShem, notre D.ieu,
Roi de l'Univers, Qui ceint Israël de puissance ».
Là
encore, par cette règle Rabbi Yôséf Qa`rô se contredit
lamentablement, car il préconise de réciter ces bénédictions à
la Synagogue les unes à la suite des autres, notamment pour que les
ignorants puissent les entendre, répondre « `Omén » et
s'acquitter de leur obligation. Or, à la Synagogue, ces bénédictions
sont récitées avec le Shém Oumalkhouth, car sans le Shém
Oumalkhouth ce ne sont plus vraiment des bénédictions, et répondre
« `Omén » n'acquitte donc en rien de son obligation de
les réciter ! De ce fait, le Hozzon récite des
bénédictions en vain, et ceux qui répondent « `Omén »
répondent à des bénédictions faites en vain ! Et de toute
façon, même en les récitant avec le Shém Oumalkhouth, ces
bénédictions sont récitées en vain, car on bénit pour quelque
chose que l'on n'accomplit pas !
Voilà
le pétrin et les contradictions dans lesquels le Shoulhon
´Oroukh place ceux qui le suivent, et c'est ce qui arrive lorsqu'on
fait les choses différemment de la Halokhoh prescrite par HaZaL !
Et tout ça a commencé par une histoire de prétendu « mauvais
esprit » sur les mains !
1Barokhôth
60b
2Hilkhôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 7:4-9
3Ignorants
4« Qui
ne m'a pas fait un adorateur des étoiles »
5« Qui
ne m'a pas fait esclave »
6« Qui
ne m'a pas fait femme »
7« Qui
ne m'a pas fait un membre des nations »
8Davorim
10:12
9Le
mot hébreu, מה
« Moh » (qu'est-ce que) est lu comme s'il
s'écrivait מאה
« Mé`oh », qui signifie « cent ».
C'est par ce jeu de mots que Rébbi Mé`ir déduit l'obligation de
réciter cent bénédictions par jour !
10Où
au lieu de réciter une ´Amidhoh de 18 bénédictions, on fait une
´Amidhoh de 7 bénédictions, ce qui réduit la possibilité
d'atteindre les 100 bénédictions ces jours-là
11Qui
nécessitent une bénédictions au préalable. Ainsi, il faisait
exprès de respirer des épices et de manger en-dehors des repas
pour s'obliger à réciter des bénédictions ces jours-là et
atteindre le nombre de 100 bénédictions
12Qui
m'a fait Israélite
13Qui
ne m'a pas fait sot
14C'est-à-dire,
il n'y a aucune raison de prononcer cette bénédiction, étant
donné que même un sot est lui aussi lié à l'accomplissement des
Miswôth.
15Puisque
au niveau de l'accomplissement des Miswôth, une femme et un
esclave sont sur le même pied d'égalité, étant donné qu'ils
sont exemptés des mêmes Miswôth. De ce fait, si une femme et
un esclave sont sur le même pied d'égalité au niveau des Miswôth,
si l'on a déjà dit « Shallô` ´Osoni `Îshoh »,
pourquoi devrait-on alors aussi dire « Shallô`
´Osoni´Avadh » ?
16Puisqu'elle
est soumise à plus de Miswôth qu'un esclave, une femme Israélite
a un statut supérieur à un esclave. Voilà pourquoi ce n'est pas
la même chose de dire « Shallô` ´Osoni `Îshoh » et
« Shallô` ´Osoni´Avadh » ?
17Barokhôth
60b
18« Qui
donne de la force au faible »