mercredi 24 juin 2015

Lire des Tahillim pour un malade

בס״ד

Lire des Tahillim pour un malade


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Lorsque de nombreux individus au sein de nos communautés, parmi lesquels même des rabbins, se comportent d'une certaine manière au nom de la « pratique religieuse », nous avons tendance à conclure que de telles pratiques sont approuvées par la Tôroh, que ce soit dans la Tôroh Shabbikhthov (Houmosh, Navi`im et Kathouvim) ou dans la Tôroh Shabba´al Péh (Mishnoh, Gamoro` et Midhrosh), qu'elles ont été défendues par nos plus illustres dirigeants comme le Ramba''m זצ״ל, HoRov Sa´adhyoh Go`ôn זצ״ל, le Ramba''n זצ״ל, `Ibn ´Azro` זצ״ל, les Tôsofôth זצ״ל, le Safôrnô זצ״ל, le Rada''q זצ״ל, le Gr''a זצ״ל, le Ri''f זצ״ל, le Ra''n זצ״ל, ou encore le Rô`sh זצ״ל, et que certainement ces pratiques sont également mentionnées dans le Shoulhon ´Oroukh de Rabbi Yôséf Qa`rô זצ״ל. Malheureusement, très souvent ce que les Juifs d'aujourd'hui pratiquent n'est soutenu ou validé par aucune de toutes ces sources !

Lorsque vous lisez des Tahillim pour la guérison d'autres personnes, le faîtes-vous parce que « tout le monde le fait », ou parce que vous vous êtes penchés sur le sujet, avez parcouru les écrits des Sages et des rabbins et êtes arrivés à la conclusion qu'ils soutenaient cette pratique ? Savez-vous si d'autres personnes qui ont cette pratique de la lecture des Tahillim ont fait de telles recherches ? Vous devez savoir qu'il y a des milliers de Juifs (si pas plus) qui portent des bracelets rouges pour se protéger du « Mauvais Œil », ou des amulettes pour tomber enceinte, se protéger de certains maux, etc. Et pourtant, de telles pratiques sont strictement interdites.1 En outre, les gens n'ont même pas une définition correcte de ce qu'est réellement le « Mauvais Œil ». (Voir ici.)

Arriver à une conclusion peut exiger de votre part que vous changiez votre pratique. Êtes-vous prêts à agir de façon contraire aux autres, si ce que vous apprenez ici vous dit qu'il ne faut pas agir comme « tout le monde » ? Ou succomberez-vous au besoin de faire partie d'un groupe, d'être accepté et continuer à suivre les masses ignorantes ? Votre relation avec les hommes surpasse-t-elle votre relation avec HaShem ?

Shalômôh Hammalakh ע״ה a écrit ceci2 :

Si tu la recherches comme de l'argent, et que tu vas à sa découverte comme à celle des trésors, tu comprendras alors la crainte de `Adhônoy, et tu trouveras la science de Dieu.
אם-תבקשנה ככסף; וכמטמונים תחפשנה. אז--תבין, יראת יהוה; ודעת אלהים תמצא

Il est essentiel de signaler que de nombreux Juifs s'attachent uniquement à l' « acte » de la Miswoh, mais pas à sa signification. Or, le bienfait réel d'une Miswoh ne se trouve pas dans son acte, mais dans notre compréhension intelligente de l'idée qui se cache derrière. (L'acte est évidemment néanmoins requis afin de démontrer nos convictions et notre obéissance.) C'est pourquoi la Mishnoh et la Gamoro` enseignent que l'étude de la Tôroh surpasse toutes les autres Miswôth.3 Elle les surpasse toutes, car sans comprendre les Miswôth que l'on est censé accomplir nous passons à côté des vrais objectifs qu'elles sont censées nous permettre d'atteindre. Savez-vous pourquoi vous secouez le Loulov à Soukkôth ? Si la réponse est « non ! », à quoi sert-il de le faire ? Que réalisez-vous en le faisant ? Comprenez-vous pourquoi les boîtes des Tafillin sont placées là où on les place généralement ? Savez-vous pourquoi ces quatre parchemins, et pas d'autres, furent choisis et placés dans les Tafillin ? Savez-vous pourquoi vous ne pouvez pas cuire de la viande dans du lait ? Et la liste de questions peut aller ainsi jusqu'aux 613 Miswôth !

Accomplissez-vous toutes ces choses sans même prendre la peine d'essayer de comprendre pourquoi HaShem nous a ordonné d'accomplir ces activités spécifiques ? Si c'est le cas, vous ne pourrez alors jamais développer la moindre appréciation pour HaShem (c'est-à-dire, Sa science, Sa sagesse, sa grandeur, etc.), ce qui est pourtant la raison pour laquelle vous avez été créés. Accomplir une Miswoh, puis une autre, et encore une autre, sans même jamais s'être penché sur leurs raisons et les idées qu'elles transmettent, aura un effet diluant sur vous. Vous verrez chaque Miswoh avec la même ignorance et valeur à blanc. S'il en est ainsi, pourquoi HaShem a-t-Il donné autant de Miswôth « différentes » ? En vérité, chaque Miswoh doit réaliser son propre objectif qu'aucune autre Miswoh ne peut permettre de réaliser. Et cet objectif n'est atteint que lorsque vous comprenez son idée. Prenons donc la peine de nous pencher sur toutes ces magnifiques perles de sagesse afin d'apprécier et déterminer ce qui fait partie ou non de la loi de la Tôroh.

  • Que nous a ordonné la Tôroh : lire des Tahillim ou prier ?

Depuis les Patriarches et Matriarches, et ce jusqu'à ce que le Talmoudh fut scellé, il est clair à travers des cas trop nombreux pour être dénombrés que nous devons prier HaShem dans nos mots en cas de besoin. Nos Sages ont même stipulé que nous devons inclure nos requêtes personnelles dans les bénédictions appropriées des Shamônah ´Asréh. Ainsi, lorsqu'on est malade (ou que l'on connaît quelqu'un qui est malade), nous insérons une requête à HaShem dans la bénédiction de רפאנו « Rafo`énou » ; lorsque nous avons des problèmes de Parnosoh, nous insérons une requête dans ברכנו « Borkhénou » (ou ברך עלינו « Borékh Olénou » selon les versions), et ainsi de suite. Les Sages n'ont jamais institué la lecture de Tahillim en guise de réponse à nos besoins. Ils ont plutôt institué les Shamônah ´Asréh, une façon de prier qui est structurée avec merveille et précision.

  • Comment l'auteur des Tahillim utilisait les Tahillim ?

Ce qui devrez vous impressionner le plus est le fait que l'auteur des Tahillim, Dowidh Hammalakh ע״ה, ne récita aucun Tahillim lorsque son fils tomba malade et était sur le point de mourir. Qu'a-t-il fait ? בעוד הילד חי, צמתי ואבכה: כי אמרתי מי יודע, יחנני (וחנני) יהוה וחי הילד « Pendant que l'enfant vivait, j'ai jeûné et j'ai pleuré, car je me disais ''Qui sait, `Adhônoy aura pitié de moi et l'enfant vivra.'' »4

Réfléchissez à cela : si l'auteur des Tahillim ne lisait pas des Tahillim pour les malades, mais jeûnait et pleurait (c'est-à-dire, priait), personne ne peut alors donner à son œuvre une tâche nouvelle que Dowidh Hammalakh n'a pas donné à son livre.

Le livre des Tahillim a été donné pour être chanté dans le Béth Hammiqdhosh, nous préparer à la prière et nous inspirer dans notre relation avec HaShem et les hommes..., pas pour servir de grigri, d'amulette, de paroles magiques contre tel ou tel mal, de remède à la maladie, etc.

  • Est-il permis d'utiliser des paroles de Tôroh pour guérir ?

Le Talmoudh rapporte que Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi ז״ל récitait des versets de la Tôroh se rapportant à la protection Divine avant d'aller dormir la nuit.5 Il n'était pas malade, mais souhaitait qu'HaShem lui accorde Sa protection la nuit grâce au fait qu'il s'était adonné à l'étude de la Tôroh la nuit. Mais il a également lui-même enseigné ceci : « Il est interdit de guérir avec des paroles de Tôroh ». Se contredisait-il ? Absolument pas ! Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi a enseigné qu'il était interdit d'utiliser des paroles de Tôroh pour guérir car cela entre dans la catégorie de ניחוש « Nihoush ». Le Nihoush est une pratique qui découle des cultures idolâtres. Un exemple de Nihoush est quelqu'un qui s'abstient d'aller travailler parce qu'en chemin il a croisé un chat noir et suppose qu'il existe une relation de causalité entre le chat noir et un échec ou une réussite financière. Il suppose que voir le chat noir lui a porté malheur. Mais la Tôroh est un système de raison. C'est pourquoi le Talmoudh interdit les amulettes qui n'ont pas été prouvées comme étant efficaces.6 Nous ne « croyons » pas ; nous demandons des preuves !

Ainsi, Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi a enseigné « Il est interdit de guérir avec des paroles de Tôroh », étant donné qu'il n'y a aucune relation entre le fait de réciter certains mots et une guérison physique. Si quelqu'un s'abstient d'aller au travail après avoir vu un chat noir, ou si quelqu'un se promène avec une patte de lapin dans sa poche, ou un fer à cheval, jette des pièces dans une fontaine, évite de marcher sous des échelles, a peur des miroirs brisés, qu'il pense que lorsque la trompe d'un éléphant se trouve en position verticale c'est un signe de bonne chance, qu'il cuit des Hallôth avec des clés à l'intérieur (ou des Hallôth en forme de clés), ou récite des Tahillim en croyant que les mots qu'il récite guérissent, tous ces actes sont interdits par la Tôroh ! Dans tous ces cas, l'individu croit qu'une relation existe, alors qu'il n'en existe pas ! Il est ainsi tombé dans la superstition, alors que la Tôroh et le Talmoudh l'interdisent. S'il en est ainsi, pourquoi Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi récitait des versets tournant autour du sujet des afflictions avant d'aller dormir ? Le sommeil est un état vulnérable, et nous ne pouvons jamais savoir ce qui pourrait se produire durant notre sommeil, et il souhaitait ainsi jouir de la protection d'HaShem tout le temps qu'il serait dans cet état de vulnérabilité. Par conséquent, il s'adonnait à la plus grande Miswoh qui soit, à savoir l'étude de la Tôroh, afin d'aller dormir avec sérénité et que par cette Miswoh il puisse jouir de la protection d'HaShem, qui sera un bouclier pour lui durant son sommeil. Les versets qu'il choisissait d'étudier se rapportaient spécifiquement à la délivrance et protection Divine afin de rappeler à HaShem qu'Il est son protecteur et que tout comme Il a délivré nos ancêtres dans des moments périlleux, puisse-t-Il également le délivrer de tout mal qui pourrait s'abattre sur lui durant son sommeil !

Assurez-vous de bien comprendre la différence dans votre esprit !

  • Les plus grandes autorités ont interdit de lire des Tahillim

Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi n'est pas la seule autorité à avoir enseigné qu' « il est interdit de guérir avec des paroles de Tôroh ». Le Tour זצ״ל et Rabbi Yôséf Qa`rô (dans son Shoulhon ´Oroukh) l'ont également interdit. Cela se trouve dans Yôréh Dé´oh 179:8-9. Si vous n'aviez encore jamais lu ce passage du Shoulhon ´Oroukh, mettez entre parenthèses votre pratique de lire les Tahillim tant que vous ne vous serez pas penchés sur ce passage du Shoulhon ´Oroukh, qui est soi-disant le livre d'où découle toute la Halokhoh (puisque la majorité des Juifs prétendent suivre le Shoulhon ´Oroukh. Mais la vérité est que sur d'innombrables points, ils ne le suivent pas du tout).

Les Halokhôth du Ramba''m sont essentielles, et comme toujours, les mots qu'il emploie sont d'une grande profondeur. Voici ce qu'il écrit dans son Mishnéh Tôroh7 :

Celui qui prononce une incantation sur une plaie ou récite des versets de la Tôroh, de même, celui qui récite [un verset] sur un enfant pour le préserver de la peur, et celui qui pose un rouleau de la Tôroh ou des Tafillin sur un enfant pour qu'il s'endorme, ne font pas seulement partie des augures et des charmeurs, mais [plus encore,] font partie de ceux qui renient la Tôroh, car ils considèrent les paroles de la Tôroh une guérison pour le corps, alors qu'elles sont une guérison pour l'âme, car il est dit8 : « Elles seront la vie pour ton âme ». En revanche, quelqu'un en bonne santé qui récite des versets ou des cantiques des Tahillim afin d'être protégé par le mérite de leur récitation, et d'être sauvé de malheurs et des dommages, voici c'est permis.
הלוחש על המכה וקורא פסוק מן התורה, וכן הקורא על התינוק שלא ייבעת, המניח ספר תורה או תפילין על הקטן בשביל שיישן--לא דיי להן שהן בכלל חוברים ומנחשים: אלא שהן בכלל הכופרים בתורה, שהן עושין דברי תורה רפאות גוף, ואינן אלא רפאות נפשות, שנאמר "ויהיו חיים, לנפשך". אבל הבריא שקרא פסוקין או מזמור מתילים, כדי שתגן עליו זכות קריאתן, ויינצל מצרות ונזקים--הרי זה מותר

Remarquez que le dernier cas où aucune maladie n'est présente est « permis » et non « ordonné », ni même « suggéré ». Le Ramba''m ne suggère en aucun cas que bien que cela soit permis, cette récitation aura un quelconque résultat bénéfique. Cependant, lorsqu'il y a une maladie ou une blessure, celui qui récite des versets comme remède physique est un Kôfér (un mécréant, celui qui renie la Tôroh). Le Ramba''m emploie la condamnation la plus dure, ce qui devrait vous faire réfléchir !

Il n'y a que dans des circonstances extrêmes que la récitation de paroles de Tôroh est permise lorsqu'on est malade ou en danger.9 Mais nos Sages ont précisé que cette permission ne sert pas à guérir ou se sortir du danger auquel on fait face, mais afin de ne pas s'affoler et pour regagner le calme d'esprit qui lui permettra de voir sa maladie sous un autre angle. En d'autres mots, lorsque quelqu'un de gravement malade risque de déprimer à cause de sa maladie, nos Sages lui permettent de réciter des paroles de Tôroh, non pas parce que ça va le guérir, mais parce que réciter des paroles de Tôroh dans des moments difficile permet très souvent de remonter le moral, de regagner un état d'esprit positif, et développer une certaine sérénité dans son cœur. Mais cela n'a rien à voir avec un charme destiné à guérir sa maladie. Autrement, comme le dit le Ramba''m, cela devient de la superstition, si pas de l’idolâtrie !

En résumé, toutes les sources interdisent le Nihoush, de la Tôroh au Talmoudh, et y compris nos plus grands rabbins. Nulle part et à aucun moment le Nihoush ne fut permis, et il n'a jamais été dit que les Tahillim ou quelque passage de la Tôroh pouvait guérir.

Nous devons être conscients que le fait de négliger l'étude de la Tôroh a causé l'expansion de rites religieux hérétiques et idolâtres en notre sein, et la validité de bon nombre de ces rites pourrait avoir été jusque là incontestable pour vous. Mais en étudiant, nous venons justement d'apprendre l'inverse : le Nihoush, en tant que tentative de causer une guérison par la récitation de versets de la Tôroh et des Tahillim, est condamné et décrit en des termes très durs par le Ramba''m, Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi, le Tour et le Shoulhon ´Oroukh.

Cela devrait vous servir d'alarme quant à de nombreuses autres superstitions « juives ». Il ne fait aucun doute que lorsque de tels actes vont à l'encontre de la raison et qu'il n'y a aucun lien entre des paroles de Tôroh et la guérison des malades, nous devons y mettre fin, cesser de les accomplir. Lorsque nous accomplissons ces choses, nous ne suivons pas la Tôroh et HaZa''l, mais des hommes égarés ivres de superstitions en tout genre. En suivant ces pratiques, nous devenons nous-mêmes des égarés et égarons d'autres personnes.

Veuillez relire cet article afin d'être certains de vous rappeler de toutes les sources, d'avoir bien saisi ce qui y a été dit, et que vous puissiez ainsi à votre tour savoir corriger d'autres personnes.

Suivons ce que la Tôroh a elle-même dit des paroles qu'elle contient, à savoir qu' « elles seront la vie pour ton âme » ; pour « ton âme » et non pour ton corps !

1Tôsafto`, Shabboth Chapitre 12
2Mishlé 2:4-5
3Mishnoh, Pé`oh 1:1 ; Gamoro`, Mô´édh Qoton 9b
42 Shamou`él 12:22
5Shavou´ôth 15b
6Shabboth 67a
7Hilkhôth ´Avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 11:13
8Mishlé 3:22

9Talmoudh, Shabboth 67a