dimanche 7 juin 2015

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh : Le Shaliah Sibbour

בס״ד

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh


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Le Shaliah Sibbour

Concernant les conditions à remplir pour pouvoir diriger les prières communautaires, Rabbi Yôséf Qa`rô זצ״ל écrit ceci :

`Ôrah Hayyim 53:4-5
Un Shaliah Sibbour doit être quelqu'un de digne. Et qui est digne ? Quelqu'un qui est exempt de péché et qui n'a pas de mauvaise réputation, même durant sa jeunesse. C'est quelqu'un d'humble et accepté par le peuple. Il a une voix agréable et douce, et il est habitué à lire la Tôroh, les Navi`im et les Kathouvim.
שליח ציבור צריך שיהיה הגון ואיזהו הגון שיהא ריקן מעבירות ושלא יצא עליו שם רע אפילו בילדותו ושיהיה עניו ומרוצה לעם ויש לו נעימה וקולו ערב ורגיל לקרות תורה נביאים וכתובים
Si on ne trouve pas quelqu'un qui possède chacune de ces Middôth, on choisira celui qui convient à la communauté en sagesse et en bonnes œuvres.
אם אין מוצאין מי שיהיה בו כל המדות האלו יבחרו הטוב שבצבור בחכמה ובמעשים טובים

Le Raùo''` זצ״ל commente ce Pasaq du Shoulhon ´Oroukh de la façon suivante :

S'il y a un choix entre un ´Am Ho`oras âgé, doté d'une voix agréable, et qui est désiré par le peuple, et un garçon de 13 ans qui comprend ce qu'il dit, celui qui est plus jeune doit être choisi même si sa voix n'est pas agréable.1 Quelqu'un qui a transgressé une interdiction par inadvertance, par exemple il a tué quelqu'un par inadvertance, et s'est repenti, peut être choisi comme Shaliah Sibbour. Mais s'il a transgressé volontairement, il ne peut pas être choisi, étant donné qu'il a développé une mauvaise réputation avant de s'être repenti.
ואם היה כאן עם הארץ זקן וקולו נעים והעם חפצים בו ובן י"ג שנה המבין מה שאומר ואין קולו נעים הקטן הוא קודם. מי שעבר עבירה בשוגג כגון שהרג הנפש בשגגה וחזר בתשובה מותר להיות שליח ציבור אבל אם עשה במזיד לא דמכל מקום יצא עליו שם רע קודם התשובה

Rabbi Yôséf Qa`rô poursuit :

`Ôrah Hayyim 53:21
On ne nomme pas un Shaliah Sibbour sur la recommandation d'un ministre gouvernemental, quand bien même la majorité de la communauté l'approuve.
אין למנות שליח ציבור על פי שר עובד גלולים אף שרוב הצבור חפצים בו

En d'autres mots, l'initiative de la nomination d'un Shaliah Sibbour fixe doit venir de la communauté, et d'elle seule uniquement. Dès que des éléments extérieurs, comme des ministres du gouvernement, nomment le Shaliah Sibbour, quand bien même sa nomination serait approuvée par la communauté, il n'est pas considéré comme un Shaliah Sibbour valable. La raison à cela est plus que simple : שליח ציבור « Shaliah Sibbour » signifie « Émissaire de l'Assemblée ». En tant que représentant de la communauté en prière devant Dieu, il ne peut être nommé qu'à l'initiative exclusive de la communauté qu'il est censé représenter.

Le Ramo''` commente ce Pasaq de la façon suivante :

Aucun homme ne peut prier sans le désir de l'assemblée. Et quiconque prie par la force et la menace, on ne répond « `Omén » à aucune de ses bénédictions.
אין לאדם להתפלל בלא רצון הקהל. וכל מי שמתפלל בחזקה ודרך אלמות אין עונין אמן אחר ברכותיו

Rabbi Yôséf Qa`rô poursuit :

`Ôrah Hayyim 53:10
On doit juger favorablement les communautés où la coutume permet à des mineurs de descendre devant l'arche pour réciter la prière du soir lors des sorties des Shabbothôth.2
יש ללמוד זכות על מקומות שנוהגים שהקטנים יורדין לפני התיבה להתפלל תפלת ערבית במוצאי שבתות

La raison de cette pratique qu'avaient certaines communautés est aisément compréhensible : la ´Amidhoh du soir n'est en elle-même pas du tout obligatoire. En outre, contrairement aux prières du matin et de l'après-midi, il n'y a pas de récitation à voix haute des Shamônah ´Asréh le soir. Par conséquent, il n'y a personne à acquitter de la prière du soir, et de ce fait, même un mineur d'âge peut diriger la prière du soir. Néanmoins, le Méhabbér ne mentionne cette indulgence que pour la prière du soir à Môso`é Shabboth. Apparemment, il n'était pas de coutume de permettre à un mineur de diriger la prière du soir des jours de semaine.

Il poursuit en disant :

`Ôrah Hayyim 53:6-8
Nous ne nommons que quelqu'un dont la barbe est pleine, par respect pour la communauté. Mais de façon occasionnelle, celui chez qui ont poussé [au moins] deux poils [de barbe] peut descendre devant l'arche uniquement s'il n'est pas désigné par la communauté ou le Shaliah Sibbour pour le remplacer pour l'assemblée à des moments spécifiques3.
אין ממנין אלא מי שנתמלא זקנו מפני כבוד הציבור אבל באקראי משהביא שתי שערות יוכל לירד לפני התיבה ובלבד שלא יתמנה מפי הצבור או מפי שליח ציבור הממנה אותו להקל מעליו להתפלל בעדו לעתים ידועים
S'il n'y a là personne qui puisse servir de Shaliah Sibbour, si ce n'est un garçon de 13 ans et 1 jour, il est préférable qu'il serve de Shaliah Sibbour plutôt que de ne pas pouvoir entendre la Qadhoushoh et le Qaddish.
אם אין שם מי שיודע להיות שליח ציבור כי אם בן י"ג ויום אחד, מוטב שיהא הוא שליח ציבור משיבטלו מלשמוע קדושה וקדיש
Celui qui n'a pas de barbe, mais que tous savent qu'il a atteint l'âge où sa barbe était censée être pleine, nous considérons que sa barbe est pleine. C'est pourquoi, celui qui a 20 ans, quand bien même il n'aurait pas de barbe, nous pouvons le nommer [Shaliah Sibbour].4
מי שאינו בעל זקן כל שניכר בו שהגיע לכלל שנים שראוי להתמלאות זקנו נתמלא זקנו קרינן ביה הילכך בן כ' שנה אף על פי שאין לו זקן ממנין אותו

Commentant ce dernier paragraphe, le Ramo''` écrit ceci :

De même, s'il n'a qu'une petite barbe, nous considérons que sa barbe est pleine s'il a au moins 18 ans.
וכן אם היה לו זקן אפילו מעט קרינן ביה נתמלא זקנו אם הוא מבן י"ח ולמעלה

Rabbi Yôséf Qa`rô poursuit :

`Ôrah Hayyim 53:12
Nous ne nommons pas quelqu'un qui récite les `Alaf comme des ´Ayin, ou des ´Ayin comme des `Alaf.
אין ממנין מי שקורא לאלפי"ן עייני"ן ולעייני"ן אלפי"ן

En d'autres mots, ce doit être quelqu'un qui sache prononcer le Loshôn Haqqôdhash correctement.

Le Shaliah Sibbour peut être un aveugle :

`Ôrah Hayyim 53:14
Un aveugle peut descendre devant l'arche, tant qu'il ne lit pas dans la Tôroh, parce que les paroles qui sont écrites ne peuvent pas être prononcées par cœur.
סומא יורד לפני התיבה ובלבד שלא יקרא בתורה משום דברים שבכתב אי אתה רשאי לאומרם על פה

Nous avions déjà expliqué que l'interdiction de réciter par cœur des versets de la Tôroh n'avait pas de valeur halakhique d'après la majorité des Ga`ônim et des Ri`shônim, mais est une interprétation originale et personnelle mentionnée dans la Gamoro`. (Voir ici.)

Et enfin, ce doit être quelqu'un qui soit habillé convenablement :

`Ôrah Hayyim 53:13
Celui dont les habits sont déchirés et dont les bras sont exposés ne peut descendre devant l'arche.
פוחח והוא מי שבגדו קרוע וזרועותיו מגולים לא ירד לפני התיבה

La plupart de ces Pasaqim du Shoulhon ´Oroukh furent également mentionnés par le Ramba''m זצ״ל dans son Misheh Tôroh :

Hilkhôth Tafilloh Ouvrikhath Kôhanim 8:11-13
11. N’est nommé comme Shaliah Sibbour que le plus grand de la communauté dans sa sagesse et ses actions.5 S’il est âgé, cela est préférable.6 On s’efforce de prendre un homme qui a une voix douce, et a l’habitude de lire7. [Un homme] qui n’a pas encore une barbe pleine, même s’il est un grand sage, ne doit pas être nommé Shaliah Sibbour, par respect pour la communauté.8 Toutefois, [un homme] peut « étendre [les bénédictions] du Shama` » , dès qu’il présente deux poils [pubiens], après l’âge de treize ans.
יא  אין ממנין שליח ציבור, אלא גדול שבציבור בחכמתו ובמעשיו; ואם היה זקן, הרי זה משובח ביותר. ומשתדלין להיות שליח ציבור, קולו ערב ורגיל לקרות. ומי שלא נתמלא זקנו--אף על פי שהוא חכם גדול--לא יהיה שליח ציבור, מפני כבוד הציבור; אבל פורס הוא על שמע, משיביא שתי שערות אחר שלוש עשרה שנה
12. De même, celui qui s’exprime mal, par exemple celui qui lit le `Alaf comme un ´Ayin ou le ´Ayin comme un `Alaf, ou quiconque ne parvient pas à prononcer les lettres convenablement, n’est pas nommé Shaliah Sibbour.9 Un maître peut désigner l’un de ces disciples pour prier en sa présence dans l'assemblée.10
יב  וכן העילג, כגון מי שקורא לעין אלף, או לאלף עין, וכל מי שאינו יכול להוציא את האותייות כתקנן--אין ממנין אותו שליח ציבור. והרב ממנה אחד מתלמידיו להתפלל לפניו בציבור
13. Un aveugle peut « étendre [les bénédictions] du Shama` »11 et être Shaliah Sibbour12. En revanche, une personne qui a les épaules découvertes, bien qu’elle puisse « étendre [les bénédictions] du Shama` », ne peut pas être Shaliah Sibbour jusqu’à ce qu’elle s’enveloppe.13
יג  הסומה פורס על שמע, ונעשה שליח ציבור. אבל מי שכתפיו מגולות--אף על פי שהוא פורס על שמע, אינו נעשה שליח ציבור לתפילה עד שיהיה עטוף

Beaucoup de ces points ne sont malheureusement plus respectés de nos jours par la majorité des communautés, pour des raisons diverses, parfois contestables, parfois compréhensibles.

1Parce qu'il est plus approprié de savoir comment prier et comprendre ce que l'on dit et fait que d'avoir un certain âge et une belle voix
2C'est-à-dire, les Samedis soir
3Car sinon, ce n'est plus occasionnel
4On parle évidemment ici de quelqu'un qui est naturellement imberbe, et non de quelqu'un qui se rase
5Les sources de cette Halokhoh sont la Mishnoh de Ta´anith 2:2 et les Gamorôth de Ta´anith 16a et Rô`sh Hashonoh 32a
6C'est-à-dire, ce n'est pas une obligation, même si cela est désirable
7Le TaNaKh
8Contrairement à Rabbi Yôséf Qa`rô, le Ramba''m est d'avis que même occasionnellement il n'est pas permis de laisser quelqu'un sans barbe diriger la prière (sauf s'il est naturellement imberbe)
9La source de cette Halokhoh est Maghilloh 24b
10Bien que le Shaliah Sibbour soit censé être le plus grand en sagesse parmi les personnes présentes, Maghilloh 24b et Barokhôth 33b enseignent qu'un maître peut laisser cet honneur à l'un de ses disciples
11Bien que la bénédiction qui précède le Shama` loue HaShem qui a créé la lumière, un aveugle profite aussi de la lumière (Maghilloh 24b)
12Puisqu'un aveugle est soumis aux mêmes obligations religieuses que celui qui voit, il n'y a pas de raison pour ne pas lui permettre d'être Shaliah Sibbour, d'autant plus que sa cécité n'est en aucun cas un handicap pour pouvoir diriger la prière s'il connaît les prières par cœur
13Voir Rô`sh Hashonoh 17b, qui enseigne que lorsqu'HaShem a enseigné les 13 attributs de la miséricorde Divine, « Il s'est vêtu comme un Hozzon ». Le verbe traduit ici par « se vêtir » signifie en fait « s'envelopper de sa robe ». Les Hazzonim sont censés porter de longues robes amples qui couvrent tout, du cou jusqu'aux chevilles, et sont dotées de longues manches.