jeudi 1 septembre 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : Parashath Ra`éh II

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Ra`éh


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Dans les tous premiers versets de la Parashath Ra`éh, Môshah Rabbénou ע״ה explique aux Bané Yisro`él qu'ils ont un choix à faire entre la bénédiction et la malédiction. Beaucoup comprennent et expliquent le deuxième verset de notre Paroshoh1 comme voulant dire que la bénédiction se produira si les Israélites respectent les Miswôth, et le troisième verset de notre Paroshoh2 comme voulant dire que la malédiction se produira s'ils négligent les Miswôth.

Mais lorsqu'on y regarde de plus près, ce n'est pas du tout comme ça que Môshah Rabbénou présente les deux options. Il emploie une terminologie bien précise. Comme dans le reste de la Tôroh, les mots employés ne sont pas choisis au hasard et sont d'une précision chirurgicale. Voici ce que dit le père de tous les Prophètes :

la bénédiction que vous écoutez les commandements de `adhônoy votre Dieu que je vous ordonne aujourd'hui, et la malédiction si vous n'écoutez pas les commandements de `adhônoy votre Dieu
אֶת-הַבְּרָכָה--אֲשֶׁר תִּשְׁמְעוּ, אֶל-מִצְו‍ֹת יהוה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, הַיּוֹם. וְהַקְּלָלָה, אִם-לֹא תִשְׁמְעוּ אֶל-מִצְו‍ֹת יהוה אֱלֹהֵיכֶם

Il est important de signaler que Môshah Rabbénou dit que la malédiction se produira אִם « si » les Israélites désobéissent aux lois de la Tôroh, mais lorsqu'il s'agit de la bénédiction, il dit que la bénédiction est אֲשֶׁר תִּשְׁמְעוּ, אֶל-מִצְו‍ֹת « que vous écoutez les commandements. » Cela nous apprend que bien que la malédiction soit le résultat de notre négligence des Miswôth, la bénédiction n'est pas accordée pour récompense de notre respect des Miswôth, mais ce sont les Miswôth elles-mêmes qui sont la bénédiction dont nous jouissons !

Ce concept devient plus clair encore à la lumière des commentaires faits par le Ramba''m ז״ל dans les Hilkôth Tashouvoh de son Mishnéh Tôroh concernant la récompense que l'on reçoit pour l'accomplissement des Miswôth. Le Ramba''m écrit que la vraie récompense pour l'accomplissement des Miswôth ne nous est pas donnée dans ce Monde-ci mais plutôt dans le Monde-à-Venir. Il explique que la seule récompense que l'on reçoit dans ce Monde-ci pour l'accomplissement des Miswôth est la capacité d'accomplir des Miswôth supplémentaires. Et rien d'autre ! Ainsi, plus nous respectons la Tôroh, plus HaShem ית׳ nous donne la capacité et les moyens de la mettre en pratique davantage. Il nous accorde, par exemple, la stabilité financière, l'énergie physique ou encore la tranquillité d'esprit dont nous avons besoin pour nous focaliser sur nos obligations religieuses et rechercher les Miswôth. À l’évidence, quelqu'un qui est assailli par des inquiétudes d'ordre financière, ou qui est menacé par des ennemis, ne peut pas se dévouer correctement à la Tôroh. HaShem récompense quelqu'un pour son application des Miswôth en créant des conditions favorables pour la continuité de sa pratique, en lui accordant la paix, la sécurité ou encore la prospérité.

C'est le sens de notre verset : la bénédiction que nous obtenons par le respect de la Tôroh est אֲשֶׁר תִּשְׁמְעוּ, אֶל-מִצְו‍ֹת « que vous écoutez les commandements », c'est-à-dire que vous obteniez la capacité de continuer à vous dévouer et consacrer davantage à la Tôroh.

Rien dans ce monde n'est capable de correctement récompenser quelqu'un pour même une seule Miswoh qu'il accomplit. Ce n'est que dans le Monde-à-Venir, qui offre une délectation et des joies que l'on ne peut pas même imaginer, que nous pouvons recevoir notre récompense.

On raconte qu'une fois, durant une période de pénurie alimentaire, qu'un homme alla voir le Hofés Hayim ז״ל et lui demanda s'il pouvait consacrer un jour sa Miswoh des Tafillin comme mérite pour que la pénurie prenne fin. Le Hofés Hayim répondit par la négative. L'homme se dit que peut-être que le Hofés Hayim voulait dire qu'un jour de Miswoh des Tafillin n'était pas suffisant pour mettre fin à la pénurie, et c'est pourquoi il demanda s'il pouvait consacrer deux jours de mise des Tafillin à cet effet. Là encore, le Hofés Hayim répondit par la négative. Il expliqua à cet homme sa réponse au moyen de l'analogie suivante : Un enfant entra dans une confiserie et demanda d'acheter un bonbon à cinq centimes. L'enfant n'avait avec lui qu'un billet de 100$ et demanda donc au commerçant de lui rendre 99,95$ de monnaie. À l'évidence, le commerçant ne se donnerait pas cette peine. Il offrirait plutôt gratuitement le petit bonbon à l'enfant plutôt que de devoir lui rendre toute cette monnaie pour un bonbon si insignifiant.

Le Hofés Hayim lui expliqua que même une seule Miswoh vaut de loin plus que tous les délices de ce monde. Accomplir une Miswoh en échange de nourriture, même durant une période de pénurie, c'est comme payer 100$ (et beaucoup plus encore) pour un bonbon qui vaut cinq centimes. HaShem n'accepterait pas cela. Il est prêt à mettre fin « gratuitement » à la pénurie alimentaire, et attendra de nous payer nos récompenses pour l'application des Miswôth jusqu'au Monde-à-Venir, où nous pourrons recevoir tout ce que nous méritons réellement.

Malheureusement, beaucoup de Juifs aujourd'hui accomplissent les Miswôth comme monnaie d'échange. Ils croient que s'ils le font ils auront droit à ceci et cela dans ce Monde-ci. S'ils accomplissent telle Miswoh, ils mériteront des enfants ; pour telle autre Miswoh, ils deviendront riches ; pour telle autre Miswoh, ils auront du succès professionnel, etc. Cette idéologie, qui est plus particulièrement présente dans le milieu dit « Haredi », n'est que pure bêtise, voire même de la superstition ! Cela équivaut même à proposer à HaShem un « pot-de-vin », comme l'ont dit de nombreux commentateurs, car c'est comme dire à HaShem « Regarde, j'ai fait ceci et cela, maintenant accorde-moi ceci et cela ! » Mais qui sommes-nous pour « acheter » HaShem ou même Lui dire ce qu'on serait prétendument en droit de Lui réclamer ? HaShem est le plus savant, et comme le dit le prophète Yasha´yohou ע״ה, Ses voies et Ses pensées ne sont pas les nôtres !

Chaque jour, dans les bénédictions de la Tôroh que nous récitons chaque matin avant une étude, nous demandons à HaShem de nous faire étudier la Tôroh pour elle-même, et aucun autre motif ultérieur ! Nous n'étudions pas et n'accomplissons pas les Miswôth pour obtenir des bénédictions et des récompenses, car c'est l'étude de la Tôroh et l'accomplissement des Miswôth qui sont elles-mêmes la bénédiction qu'HaShem nous accorde dans ce Monde-ci.

Comme l'ont dit nos Sages dans les Pirqé `ovôth, ne soyons pas comme des esclaves qui servent leur maître en espérant obtenir ainsi une récompense, mais soyons comme des esclaves qui servent leur maître sans attendre de récompense ! C'est cela obéir à la Tôroh pour elle-même ! Et c'est le message central de notre Paroshoh de la semaine.

1Davorim 11:27

2Ibid., 28