ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
Ra`éh
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Dans
les tous premiers versets de la Parashath Ra`éh, Môshah Rabbénou
ע״ה
explique
aux Bané Yisro`él qu'ils ont un choix à faire entre la bénédiction
et la malédiction. Beaucoup comprennent et expliquent le deuxième
verset de notre Paroshoh1
comme voulant dire que la bénédiction se produira si les Israélites
respectent les Miswôth, et le troisième verset de notre
Paroshoh2
comme voulant dire que la malédiction se produira s'ils négligent
les Miswôth.
Mais
lorsqu'on y regarde de plus près, ce n'est pas du tout comme ça que
Môshah Rabbénou présente les deux options. Il emploie une
terminologie bien précise. Comme dans le reste de la Tôroh, les
mots employés ne sont pas choisis au hasard et sont d'une précision
chirurgicale. Voici ce que dit le père de tous les Prophètes :
la
bénédiction que
vous écoutez les commandements de `adhônoy votre Dieu que je
vous ordonne aujourd'hui, et la malédiction si
vous n'écoutez pas les commandements de `adhônoy votre Dieu |
אֶת-הַבְּרָכָה--אֲשֶׁר
תִּשְׁמְעוּ,
אֶל-מִצְוֹת
יהוה אֱלֹהֵיכֶם,
אֲשֶׁר
אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם,
הַיּוֹם.
וְהַקְּלָלָה,
אִם-לֹא
תִשְׁמְעוּ אֶל-מִצְוֹת
יהוה אֱלֹהֵיכֶם
|
Il
est important de signaler que Môshah Rabbénou dit que la
malédiction se produira אִם
« si »
les Israélites désobéissent aux lois de la Tôroh, mais lorsqu'il
s'agit de la bénédiction, il dit que la bénédiction est אֲשֶׁר
תִּשְׁמְעוּ,
אֶל-מִצְוֹת
« que
vous écoutez les commandements. »
Cela nous apprend que bien que la malédiction soit le résultat de
notre négligence des Miswôth,
la bénédiction n'est pas accordée pour récompense de notre
respect des Miswôth,
mais ce sont les Miswôth
elles-mêmes qui sont la bénédiction dont nous jouissons !
Ce
concept devient plus clair encore à la lumière des commentaires
faits par le Ramba''m ז״ל
dans
les Hilkôth Tashouvoh de son Mishnéh Tôroh concernant la
récompense que l'on reçoit pour l'accomplissement des Miswôth.
Le Ramba''m écrit que la vraie récompense pour l'accomplissement
des Miswôth
ne nous est pas donnée dans ce Monde-ci mais plutôt dans le
Monde-à-Venir. Il explique que la seule récompense que l'on reçoit
dans ce Monde-ci pour l'accomplissement des Miswôth
est la capacité d'accomplir des Miswôth
supplémentaires. Et rien d'autre ! Ainsi, plus nous respectons
la Tôroh, plus HaShem ית׳
nous
donne la capacité et les moyens de la mettre en pratique davantage.
Il nous accorde, par exemple, la stabilité financière, l'énergie
physique ou encore la tranquillité d'esprit dont nous avons besoin
pour nous focaliser sur nos obligations religieuses et rechercher les
Miswôth.
À l’évidence, quelqu'un qui est assailli par des inquiétudes
d'ordre financière, ou qui est menacé par des ennemis, ne peut pas
se dévouer correctement à la Tôroh. HaShem récompense quelqu'un
pour son application des Miswôth
en créant des conditions favorables pour la continuité de sa
pratique, en lui accordant la paix, la sécurité ou encore la
prospérité.
C'est
le sens de notre verset : la bénédiction que nous obtenons par
le respect de la Tôroh est אֲשֶׁר
תִּשְׁמְעוּ,
אֶל-מִצְוֹת
« que
vous écoutez les commandements »,
c'est-à-dire que vous obteniez la capacité de continuer à vous
dévouer et consacrer davantage à la Tôroh.
Rien
dans ce monde n'est capable de correctement récompenser quelqu'un
pour même une seule Miswoh
qu'il accomplit. Ce n'est que dans le Monde-à-Venir, qui offre une
délectation et des joies que l'on ne peut pas même imaginer, que
nous pouvons recevoir notre récompense.
On
raconte qu'une fois, durant une période de pénurie alimentaire,
qu'un homme alla voir le Hofés
Hayim
ז״ל
et
lui demanda s'il pouvait consacrer un jour sa Miswoh
des Tafillin comme mérite pour que la pénurie prenne fin. Le Hofés
Hayim
répondit par la négative. L'homme se dit que peut-être que le
Hofés
Hayim
voulait dire qu'un jour de Miswoh
des Tafillin n'était pas suffisant pour mettre fin à la pénurie,
et c'est pourquoi il demanda s'il pouvait consacrer deux jours de
mise des Tafillin à cet effet. Là encore, le Hofés
Hayim
répondit par la négative. Il expliqua à cet homme sa réponse au
moyen de l'analogie suivante : Un enfant entra dans une
confiserie et demanda d'acheter un bonbon à cinq centimes. L'enfant
n'avait avec lui qu'un billet de 100$ et demanda donc au commerçant
de lui rendre 99,95$ de monnaie. À l'évidence, le commerçant ne se
donnerait pas cette peine. Il offrirait plutôt gratuitement le petit
bonbon à l'enfant plutôt que de devoir lui rendre toute cette
monnaie pour un bonbon si insignifiant.
Le
Hofés
Hayim
lui expliqua que même une seule Miswoh
vaut de loin plus que tous les délices de ce monde. Accomplir une
Miswoh
en échange de nourriture, même durant une période de pénurie,
c'est comme payer 100$ (et beaucoup plus encore) pour un bonbon qui
vaut cinq centimes. HaShem n'accepterait pas cela. Il est prêt à
mettre fin « gratuitement » à la pénurie alimentaire,
et attendra de nous payer nos récompenses pour l'application des
Miswôth
jusqu'au Monde-à-Venir, où nous pourrons recevoir tout ce que nous
méritons réellement.
Malheureusement,
beaucoup de Juifs aujourd'hui accomplissent les Miswôth
comme monnaie d'échange. Ils croient que s'ils le font ils auront
droit à ceci et cela dans ce Monde-ci. S'ils accomplissent telle
Miswoh,
ils mériteront des enfants ; pour telle autre Miswoh,
ils deviendront riches ; pour telle autre Miswoh,
ils auront du succès professionnel, etc. Cette idéologie, qui est
plus particulièrement présente dans le milieu dit « Haredi »,
n'est que pure bêtise, voire même de la superstition ! Cela
équivaut même à proposer à HaShem un « pot-de-vin »,
comme l'ont dit de nombreux commentateurs, car c'est comme dire à
HaShem « Regarde,
j'ai fait ceci et cela, maintenant accorde-moi ceci et cela ! »
Mais qui sommes-nous pour « acheter » HaShem ou même Lui
dire ce qu'on serait prétendument en droit de Lui réclamer ?
HaShem est le plus savant, et comme le dit le prophète Yasha´yohou
ע״ה,
Ses voies et Ses pensées ne sont pas les nôtres !
Chaque
jour, dans les bénédictions de la Tôroh que nous récitons chaque
matin avant une étude, nous demandons à HaShem de nous faire
étudier la Tôroh pour elle-même, et aucun autre motif ultérieur !
Nous n'étudions pas et n'accomplissons pas les Miswôth
pour obtenir des bénédictions et des récompenses, car c'est
l'étude de la Tôroh et l'accomplissement des Miswôth
qui sont elles-mêmes la bénédiction qu'HaShem nous accorde dans ce
Monde-ci.
Comme
l'ont dit nos Sages dans les Pirqé `ovôth, ne soyons pas comme des
esclaves qui servent leur maître en espérant obtenir ainsi une
récompense, mais soyons comme des esclaves qui servent leur maître
sans attendre de récompense ! C'est cela obéir à la Tôroh
pour elle-même ! Et c'est le message central de notre Paroshoh
de la semaine.
1Davorim
11:27
2Ibid.,
28