jeudi 19 novembre 2015

Les trente-neuf Malo`khôth : Introduction

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Introduction


Cet article peut être téléchargé ici.

Beaucoup savent que le Shabboth est le jour de repos des Juifs. Mais que signifie vraiment « jour de repos » ?

Très simplement, cela signifie que nous faisons une pause par rapport à notre routine quotidienne. Nous avons plus de temps à consacrer aux choses importantes : voir la famille et les amis, bien manger, étudier la Tôroh, dormir pour reposer son corps. Le Shabboth rééquilibre nos vies et nous permet de les voir au-delà des considérations matérielles des jours de la semaine. Cet aspect du Shabboth est résumé par le verset1 : זָכוֹר אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת, לְקַדְּשׁוֹ « Souviens-toi du jour du Shabboth pour le sanctifier ».

Au-delà de la relaxation, se reposer signifie également éviter de travailler. La Tôroh définit le « travail » comme étant toute activité créatrice. Si nos actes résultent en quelque chose de nouveau, ils sont considérés être « créateurs ». C'est une définition différente de celle que l'on apprend dans les cours de physique, à savoir, qu'un travail se produit lorsqu'une force est appliquée à un objet. Cette distinction entre la définition toranique du travail et celle donnée par la physique est importante : cela nous permet de comprendre pourquoi il nous est permis de déplacer à Shabboth un meuble lourd d'une pièce à une autre, mais que par contre allumer une allumette est interdit.

Dans son deuxième énoncé des Dix Commandements, la Tôroh se réfère à ce second aspect du repos par le verset suivant2 : שָׁמוֹר אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת, לְקַדְּשׁוֹ, כַּאֲשֶׁר צִוְּךָ, יהוה אֱלֹהֶיךָ « Garde le jour du Shabboth pour le sanctifier comme te l'a ordonné `adhônoy ton Dieu ». Ce verset prétend qu'HaShem ית׳ nous aurait ordonné une façon spécifique et précise de garder le Shabboth. Or, nous avons beau regarder dans toute la Tôroh, nulle part il nous est dit explicitement quel type de travail est interdit. Cela nous a été transmis et expliqué oralement par Môshah Rabbénou ע״ה au Mont Sinaï, et rapporté dans la Mishnoh et la Gamoro`.

HaShem créa le monde en six jours et S'arrêta de créer à Shabboth, le septième jour.3 De même, les Israélites reçurent l'ordre de cesser les actes de création (que l'on appelle מְלָאכוֹת « Malo`khôth » ; au singulier מְלָאכָה « Malo`khoh ») à Shabboth, comme HaShem Lui-même cessa Son œuvre.4 Cette cessation de « travail » est une reconnaissance du fait que la création d'HaShem peut continuer à exister dans apport humain actif.

Comment a-t-on déduit les nombreuses lois du Shabboth, si la Tôroh Écrite ne les spécifie pas ? La loi orale, expliquée par HaShem à Môshah Rabbénou, montre la régularité de la juxtaposition de versets relatifs au Shabboth avec les versets relatifs à la construction et au fonctionnement du מִשְׁכָּן « Mishkon » (le Tabernacle).5 De cette juxtaposition on comprend que la construction du Mishkon ne pouvait pas se faire à Shabboth. En d'autres mots, les activités qui étaient nécessaires à la construction et au fonctionnement du Mishkon sont celles qui sont considérées être des « travaux » vis-à-vis de l'observance du Shabboth.

Le Mishkon représente un microcosme de l'univers, une distillation de toutes les énergies, de tous les paradigmes et de toutes les ressources que l'on peut trouver dans le monde matériel. Par conséquent, en tant que microcosme de la création, les activités accomplies dans la construction du Mishkon sont précisément à mettre en parallèle avec les actes accomplis par HaShem, pour ainsi dire, en créant le monde. Nous nous abstenons donc de ces mêmes activités à Shabboth.

La Mishnoh6 énumère trente-neuf « catégories de travaux » qui étaient nécessaires au Mishkon. Ces catégories sont donc la base des lois relatives au respect du Shabboth. Dans la terminologie halakhique, chaque catégorie ou cas classique est appelé אָב מְלָאכָה « `ov Malo`khoh » (littéralement « ouvrage père », c'est-à-dire un ouvrage primaire ; au pluriel אָבוֹת מְלָאכוֹת « `ovôth Malo`khôth »). Toutes les activités similaires à ces cas classiques sont appelées תּוֹלַדוֹת « Tôladhôth » (littéralement « engendrements », c'est-à-dire des activités secondaires ; au singulier תּוֹלַדָה « Tôladhoh »). Bien qu'il y ait donc trente-neuf `ovôth Malo`khôth, il peut y avoir de nombreuses Tôladhôth.

Prenons pour exemple la deuxième Malo`khoh, qui est זוֹרֵעַ « Zôréa´ » (planter), afin de voir comment cela fonctionne. Le cas classique de la Malo`khoh de Zôréa´ est planter des graines dans le sol. Cette activité est inclue comme l'un des paradigmes du « travail », parce que du pain était nécessaire au fonctionnement du Mishkon (pour les « pains de proposition »), et évidemment il était nécessaire de faire pousser des céréales pour obtenir du pain. Ainsi, si vous plantez une graine à Shabboth, vous aurez accompli le `ov Malo`khoh de Zôréa´, et donc transgressé le Shabboth.

Qu'en est-il si vous ne plantez pas de graine, mais que vous faîtes quelque chose d'autre qui aidera la graine (ou une plante) à pousser ? Disons que vous abreuvez la graine, élaguez la plante, ou toute autre activité similaire. Ce n'est pas exactement du Zôréa´, mais c'est comparable. Ces activités sont donc également interdites, parce qu'elles ressemblent au cas classique, en ce qu'elles permettent à la graine ou à la plante de pousser. Ces activités sont ce que l'on appelle des Tôladhôth, des dérivés des `ovôth Malo`khôth.

Dans la Halokhoh, il existe deux sources principales pour déterminer la loi : les lois de la Tôroh et les lois énoncées par nos Sages de mémoire bénie. Tout ce qui est basé sur le texte de la Tôroh, ou qui a été transmis oralement depuis l'époque de Môshah Rabbénou, est considéré faire partie de la « loi de la Tôroh » (en Loshôn Haqqôdhash, מִדְּאוֹרָיְתָא « Midda`ôroytho` ». Tout le reste est considéré faire partie de la « loi rabbinique » (en Loshôn Haqqôdhash, מִדְּרַבָּנָן « Middarabbonon »).

Concernant le Shabboth, toutes les `ovôth Malo`khôth, ainsi que leurs Tôladhôth, sont inclues dans les lois Midda`ôroytho`. La raison à cela est que toutes ces interdictions découlent et sont déduites des Miswôth de se souvenir et garder le Shabboth comme cela nous a été ordonné par HaShem au Mont Sinaï.

Aussi bien les lois Midda`ôroytho` que Middarabbonon incombent aux Israélites. Cependant, les lois Midda`ôroytho` ont un degré d'obligation plus grand, et à travers ces différents articles sur les Malo`khôth de Shabboth nous ferons régulièrement la différence entre les lois Midda`ôroytho` et celles qui sont Middarabbonon lorsqu'il s'agira de permettre certaines activités à Shabboth.

Nous verrons également qu'il existe davantage de restrictions à Shabboth énoncées par nos Sages. On les appelle גְּזֵרוֹת « Gazérôth » ou תַּקָּנוֹת « Taqqonôth », des termes que l'on peut traduire par « décrets » et « promulgations ». Dans leur immense sagesse, nos Sages de mémoire bénie les promulguèrent lorsqu'ils voyaient qu'il était nécessaire de nous éloigner d'une transgression potentielle du Shabboth, ou pour renforcer l'esprit du Shabboth.

J'ai pu m'apercevoir que beaucoup de religieux ne connaissaient en réalité pas vraiment les lois du Shabboth et encore moins comment fonctionnent et s'appliquent concrètement les Malo`khôth de Shabboth. Ils en arrivent ainsi à interdire à Shabboth ce qui est, en réalité, permis, et permettre à Shabboth ce qui, en réalité, est interdit. C'est la raison pour laquelle il est essentiel de revenir aux sources, voir comment nos Sages ont défini chaque Malo`khoh et comment elles étaient appliquées dans le cadre de la construction du Mishkon. Ce n'est qu'ainsi, en faisant les parallèles adéquats, que l'on parvient à concrètement savoir ce qui, à notre époque, est permis ou interdit de faire à Shabboth, et si telle ou telle activité peut réellement être considérée une `ov Malo`khoh, une Tôladhoh, ou un acte totalement permis d'après les définitions et explications de nos Sages.

Tous les articles sur les mécanismes et applications concrètes des Malo`khôth seront disponibles en téléchargement sur la colonne de droite du blog au fur et à mesure des publications.

1Shamôth 20:7
2Davorim 5:11
3Baré`shith 2:2
4Shamôth 20:7-10
5Voir, par exemple, les cinq premiers versets du Chapitre 35 de Shamôth

6Shabboth 7:2
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