jeudi 17 décembre 2015

Utiliser un parapluie à Shabboth

ב״ה

Utiliser un parapluie à Shabboth


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Questions :

Est-ce vrai qu'utiliser un parapluie à Shabboth équivaut à monter une tente ?

N'est-ce pas comparable au fait de porter un imperméable ou placer le Sakkokh (toit) sur la Soukkoh afin d'empêcher la pluie d'y entrer ?

David.

Réponse :

HaZa''l ont interdit d'arranger des lits, des hamacs, des voilures, des rideaux ou des vêtements à Shabboth d'une manière semblable à l'érection d'une tente, en vertu de la Malo`khoh de בּוֹנֵה « Bônéh » (construire).1 À partir de cette interdiction, le Nôdha´ Biyhoudhoh2 ז״ל (Rov Yahazqé`l ban Yahoudhoh Landau, 1713-1793) tranche qu'il est interdit d'ouvrir un parapluie à Shabboth, car cela équivaudrait à dresser une « tente » au-dessus de soi afin de se protéger des éléments. Il ajoute que même si le parapluie avait été ouvert avant l'entrée du Shabboth, et que la communauté était dotée d'un ´érouv, il serait néanmoins interdit d'en faire usage à cause du principe de מַרְאִית עַיִן « Mar`ith ´ayin » : les gens, en le voyant avec un parapluie, pourraient en arriver à croire qu'il l'a ouvert pendant Shabboth.

Plusieurs Pôsqim d'antan ont réfuté la position du Nôdha´ Biyhoudhoh. Le Hatho''m Sôfér ז״ל (Rov Môshah Schreiber, 1762-1839), par exemple, a argué qu'un parapluie n'était qu'une « structure temporaire », et la règle générale veut qu'il est seulement interdit d'assembler à Shabboth des structures permanentes.3 Il ajoute comme deuxième argument que puisqu'un parapluie est portable, n'est pas attaché au sol, et n'a pas de murs, il ne peut être considéré comme une structure qui devrait être interdite. De ce fait, il est mal venu de comparer le fait d'ouvrir un parapluie à l'érection d'une tente, et il ne s'opposait pas à l'utilisation du parapluie dans sa communauté s'il y avait un ´érouv.

Néanmoins, le consensus de la majorité des Pôsqim d'aujourd'hui est d'interdire d'utiliser un parapluie à Shabboth, même en présence d'un ´érouv, quoique parfois pour des raisons totalement différentes de celles invoquées par le Nôdha´ Biyhoudhoh. Ainsi, le Hofés Hayim ז״ל l'interdit sur base que, quand bien même un parapluie ne serait qu'une « construction » temporaire, c'est un objet qui est utilisé dans la même intention qu'une tente, à savoir, se protéger des éléments. Il conclut donc en disant que « Quiconque prend garde à son âme n'en fera pas usage ».4 Le Hozzôn `ish ז״ל l'interdit parce que cela ferait du Shabboth un jour ordinaire de la semaine. Il ajoute qu'ouvrir un parapluie peut également être considéré comme un acte de « réparation », ce qui est interdit. Enfin, il conclut qu'étant donné qu'ouvrir un parapluie est pratiquement universellement considéré comme étant interdit, le faire constituerait une transgression d'une norme socioreligieuse de façon publique.5

C'est donc là l'origine de l'interdiction d'utiliser un parapluie à Shabboth. Si vous me demandez mon avis personnel, je vous répondrai qu'il n'y a pas de comparaison entre le fait d'ouvrir un parapluie et construire une tente, sur base des arguments avancés par le Hatho''m Sôfér, qui sont d'ailleurs logiques. De ce fait, nous pouvons dire que c'est comparable au fait de porter un imperméable à capuche pour se protéger de la pluie. Mais il y a une différence importante : il va de soi que porter un parapluie ne pourra être permis que là où il y a un ´érouv, puisque porter dans l'espace public est interdit sans ´érouv halakhiquement valable, tandis qu'il n'y a, évidemment, pas besoin d'un ´érouv pour mettre un imperméable à capuche.

1Shabboth 138a-139a ; ´érouvin 101a, 102a-b
3Voir notamment le Ramba''m, Hilkôth Shabboth 22:27, qui rapporte que dresser une tente temporaire n'est pas interdit par la Tôroh, mais n'est qu'une interdiction rabbinique. Mais pour le Hatho''m Sôfér, il n'y a pas même d'interdiction rabbinique à dresser une tente temporaire