ב״ה
Utiliser
un parapluie à Shabboth
Cet article peut être téléchargé ici.
Questions :
Est-ce
vrai qu'utiliser un parapluie à Shabboth équivaut à monter une
tente ?
N'est-ce
pas comparable au fait de porter un imperméable ou placer le Sakkokh
(toit) sur la Soukkoh afin d'empêcher la pluie d'y entrer ?
David.
Réponse :
HaZa''l
ont interdit d'arranger des lits, des hamacs, des voilures, des
rideaux ou des vêtements à Shabboth d'une manière semblable à
l'érection d'une tente, en vertu de la Malo`khoh de בּוֹנֵה
« Bônéh »
(construire).1
À partir de cette interdiction, le Nôdha´ Biyhoudhoh2
ז״ל
(Rov
Yahazqé`l ban Yahoudhoh Landau, 1713-1793) tranche qu'il est
interdit d'ouvrir un parapluie à Shabboth, car cela équivaudrait à
dresser une « tente » au-dessus de soi afin de se
protéger des éléments. Il ajoute que même si le parapluie avait
été ouvert avant l'entrée du Shabboth, et que la communauté était
dotée d'un ´érouv, il serait néanmoins interdit d'en faire usage
à cause du principe de מַרְאִית
עַיִן « Mar`ith
´ayin » : les gens, en le voyant avec un parapluie,
pourraient en arriver à croire qu'il l'a ouvert pendant Shabboth.
Plusieurs
Pôsqim d'antan ont réfuté la position du Nôdha´ Biyhoudhoh. Le
Hatho''m Sôfér ז״ל
(Rov
Môshah Schreiber, 1762-1839), par exemple, a argué qu'un parapluie
n'était qu'une « structure temporaire », et la règle
générale veut qu'il est seulement interdit d'assembler à Shabboth
des structures permanentes.3
Il ajoute comme deuxième argument que puisqu'un parapluie est
portable, n'est pas attaché au sol, et n'a pas de murs, il ne peut
être considéré comme une structure qui devrait être interdite. De
ce fait, il est mal venu de comparer le fait d'ouvrir un parapluie à
l'érection d'une tente, et il ne s'opposait pas à l'utilisation du
parapluie dans sa communauté s'il y avait un ´érouv.
Néanmoins,
le consensus de la majorité des Pôsqim d'aujourd'hui est
d'interdire d'utiliser un parapluie à Shabboth, même en présence
d'un ´érouv, quoique parfois pour des raisons totalement différentes de
celles invoquées par le Nôdha´ Biyhoudhoh. Ainsi, le Hofés
Hayim ז״ל
l'interdit
sur base que, quand bien même un parapluie ne serait qu'une
« construction » temporaire, c'est un objet qui est
utilisé dans la même intention qu'une tente, à savoir, se protéger
des éléments. Il conclut donc en disant que « Quiconque
prend garde à son âme n'en fera pas usage ».4
Le Hozzôn `ish ז״ל
l'interdit
parce que cela ferait du Shabboth un jour ordinaire de la semaine. Il
ajoute qu'ouvrir un parapluie peut également être considéré comme
un acte de « réparation », ce qui est interdit. Enfin,
il conclut qu'étant donné qu'ouvrir un parapluie est pratiquement
universellement considéré comme étant interdit, le faire
constituerait une transgression d'une norme socioreligieuse de façon
publique.5
C'est
donc là l'origine de l'interdiction d'utiliser un parapluie à
Shabboth. Si vous me demandez mon avis personnel, je vous répondrai
qu'il n'y a pas de comparaison entre le fait d'ouvrir un parapluie et
construire une tente, sur base des arguments avancés par le Hatho''m
Sôfér, qui sont d'ailleurs logiques. De ce fait, nous pouvons dire
que c'est comparable au fait de porter un imperméable à capuche
pour se protéger de la pluie. Mais il y a une différence
importante : il va de soi que porter un parapluie ne pourra être
permis que là où il y a un ´érouv, puisque porter dans l'espace
public est interdit sans ´érouv halakhiquement valable, tandis
qu'il n'y a, évidemment, pas besoin d'un ´érouv pour mettre un
imperméable à capuche.
1Shabboth
138a-139a ; ´érouvin 101a, 102a-b
3Voir
notamment le Ramba''m, Hilkôth Shabboth 22:27, qui rapporte
que dresser une tente temporaire n'est pas interdit par la Tôroh,
mais n'est qu'une interdiction rabbinique. Mais pour le Hatho''m
Sôfér, il n'y a pas même d'interdiction rabbinique à dresser une
tente temporaire