jeudi 31 mars 2016

Pourquoi écrivons-nous les Noms Divins lorsque nous rapportons des versets ?

ב״ה

Pourquoi écrivons-nous les Noms Divins lorsque nous rapportons des versets ?


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Certaines personnes s'étonnent que lorsque nous rapportons des versets bibliques dans nos articles, non seulement nous ne modifions pas les Noms Divins qui apparaissent dans le texte Hébreu, mais nous les traduisons en plus par « `adhônoy » ou « `alôhim » au lieu de « HaShem » ou « Elokim ». La question qui se pose donc est : pourquoi faisons-nous cela ?

Nous pourrons obtenir la réponse en consultant le Shoulhon ´oroukh Hammaqousér, qui est un commentaire sur le Qisour Shoulhon ´oroukh rapportant les pratiques des Témonim Baladhim, Sha`amim, et Talmidhé HaRamba''m, et composé par le rabbin Yéménite Yishoq Ras`ovi. Voici ce que nous pouvons lire au chapitre 6, qui est intitulé הלכות כוונת הברכות, והזכרת השם, ועניית אמן וברוך הוא וברוך שמו « Lois sur la concentration à avoir pour les bénédictions, sur la mention du Nom, et sur le fait de répondre ''`omén'' et ''Boroukh Hou` Ouvoroukh Shamô'' » :

5. Celui qui étudie la Gamoro`, les interprétations des décisionnaires, des commentaires, ou toute chose semblable, et qu'il s'y trouve un verset [entier] ou une partie [d'un verset], il n'y a là aucune interdiction de lire les noms sur base de l'interdiction de mentionner le nom des Cieux pour rien, et ce même s'il s'agit du nom « `adhnouth ». Bien au contraire, certains disent qu'il est même une Miswoh de les mentionner tel qu'ils sont écrits. (Et lorsqu'il ne s'agit pas d'un verset, il est également permis de les lire, à l'exception du nom « `adhnouth » et du nom [qui commence par]« YH », qu'il convient de prononcer « `adhônoy » ou « Yoh ».) Dans la formule d'une bénédiction c'est certainement interdit, et il doit dire « Boroukh `attoh HaShem » à la place de Hiyyowoh1. Par contre, notre coutume consiste à lire « `alôhénou » comme il est écrit, sans aucune modification. Et toutes ces règles s'appliquent également à celui qui explique des sujets de Tôroh aux gens.
ה] הלומד בגמרא ובמדרשים פוסקים ומפרשים וכיו"ב והובא שם פסוק או מקצת ממנו, אין איסור כלל בקריאת השמות משום הזכרת שם־שמים לבטלה, ואפילו בשם אַדְנוּת. ואדרבה יש אומרים שמצוה להזכירם ככתבם. [וגם כשאינו פסוק מותר לקרותם, חוץ מבשם אדנו"ת ובשם יה, שראוי לומר באל"ף דל"ת נו"ן יו"ד, ביו"ד ה"א]. אמנם במטבע ברכה אסור, ויאמר ברוך אתה "השם" במקום הֲוִיָּ"ה, אבל אלהינו מנהגינו לקראו ככתיבתו בלי שום שינוי. והוא הדין בכל זה להדורש ברבים בדברי תורה

Commentons les points importants :

Celui qui étudie la Gamoro`, les interprétations des décisionnaires, des commentaires, ou toute chose semblable, et qu'il s'y trouve un verset [entier] ou une partie [d'un verset] : Dans lequel est mentionné le Nom Divin.

il n'y a là aucune interdiction de lire les noms sur base de l'interdiction de mentionner le nom des Cieux pour rien, et ce même s'il s'agit du nom « `adhnouth » : Alors que la plupart des « religieux » s'interdisent même de prononcer « `adhônoy » lorsqu'ils tombent sur un verset au cous de leur étude de la Tôroh, de la Gamoro`, de commentaires, etc., mais remplacent systématiquement « `adhônoy » par « HaShem ». Quant il s'agit de l'étude, on peut dire « `adhônoy » et non « HaShem » lorsque le Nom est mentionné dans un verset (entier ou partiel), puisqu'il est évident que le Nom n'est pas prononcé en vain, mais pour l'étude, qui est une activité sainte. C'est une fois de plus l'une des Houmrôth les plus inutiles du monde « religieux », comme s'il y avait un problème à mentionner le nom de Dieu quand on étudie.

Bien au contraire, certains disent qu'il est même une Miswoh de les mentionner tel qu'ils sont écrits : C'est-à-dire, sans les déformer (par exemple, en disant « Eloqénou » au lieu de « `alôhénou », « Tsévakot » au lieu de « Savo`ôth », ou encore « Amonay » au lieu de « `adhônoy »), ni les remplacer par d'autres noms (par exemple, en disant « HaShem » au lieu de « `adhônoy »).

Dans la formule d'une bénédiction c'est certainement interdit : C'est-à-dire qu'il sera interdit de prononcer « `adhônoy » lorsqu'on voit ce nom apparaître dans la formule d'une bénédiction que l'on était en train de lire durant son étude, car autrement cela équivaudrait à prononcer une bénédiction pour rien.

Par contre, notre coutume consiste à lire « `alôhénou » comme il est écrit, sans aucune modification : Contrairement à la pratique des `ashkanazim et des Hasidhim, qui modifient également le nom « `alôhénou » en « Elokénou » lorsqu'ils lisent la formule d'une bénédiction apparaissant dans le livre qu'ils étudiaient.

Et toutes ces règles s'appliquent également à celui qui explique des sujets de Tôroh aux gens : En d'autres mots, celui qui donne un cours de Tôroh, de Halokhoh, etc., aux gens, et qu'il doit citer ou lire des versets bibliques dans lesquels se trouvent les noms de Dieu, il pourra (et selon un avis, il devra) lire ou réciter les noms Divins tels qu'ils doivent normalement être lus, sans les modifier ni les remplacer par d'autres appellations. Par contre, si dans le cadre de son cours il doit lire ou parler d'une bénédiction, il ne devra pas dire « `adhônoy » mais « HaShem » pour ne pas réciter une bénédiction en vain. Néanmoins, il pourra dire « `alôhénou » et non « Elokénou ».

Nous pouvons donc voir que ce n'est pas parce qu'il y a une interdiction de prononcer le Nom Divin en vain ou pour rien que cela signifie que l'on ne peut jamais le mentionner. Bien au contraire, il n'y a aucun problème à le faire dans le cadre de l'étude ou lorsqu'on lit (ou cite) un verset biblique. D'où notre pratique.

Mentionnons également qu'historiquement parlant, les Safaradhim, les Témonim et les Mizrahim ont toujours été plus permissifs que les `ashkanazim et Hasidhim, qui modifient systématiquement les Noms Divins quand ils en voient. Cette « pudeur » envers les Noms Divins a vu le jour en Europe de l'Est, et malheureusement, de plus en plus de Safaradhim se font ashkénazifier et adoptent eux aussi, depuis récemment, bon nombre d'us et coutumes ashkénazes au dépend de leur propre héritage, qui est pourtant très riche.

Mais cette permission d'employer les noms Divins sans les modifier ne s'applique pas que dans les contextes de l'étude et de la prière, mais également lorsqu'on chante des chants religieux. C'est ainsi que le paragraphe suivant du Shoulhon ´oroukh Hammaqousér déclare ceci :

6. Dans des chants ou des louanges, s'ils prononcent avec respect et crainte, et non avec légèreté, il est permis de mentionner tous les noms tels qu'ils sont, et aussi rentrer à la maison en chantant [est permis], et telle est notre coutume.
ו] בשירות ותושבחות, אם אומרים באימה וביראה ולא בקלות־ראש, מותר להזכיר כל השמות כמות שהן, וגם לחזור הבית כפי דרך השירים, וכן הוא מנהגינו

Comme nous l'avions expliqué dans l'article intitulé « Prononcer les Noms Divins », lorsqu'on chante mentionner les noms de Dieu tels qu'ils sont, sans dire « HaShem » au lieu de « `adhônoy » ou « Elokénou » au lieu de « `alôhénou » est tout à fait permis, dès lors qu'on chante respectueusement et avec crainte de Dieu, et non avec légèreté. Et même chanter en route en mentionnant les noms de Dieu sans modification est permis, là encore, tant que c'est fait avec respect et crainte de Dieu.

Vous pouvez également voir l'article intitulé « La pratique consistant à écrire ''B''H'' ou ''BS''D'' » pour un sujet similaire.


1Le Tétragramme