ב״ה
Quelle
était la durée de la présence israélite en Égypte ?
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article peut être téléchargé ici.
Question :
Après
avoir lu l'article sur Yôkhavadh, je me demandais combien de temps a
réellement duré l'exil en Égypte. Est-ce finalement 400 ans, ou
moins que cela ? J'entends également beaucoup dire que les
Israélites n'y ont passé que 210 ans.
Réponse :
C'est
précisément l'une des questions que je souhaitais susciter à
travers l'article intitulé « Yôkhavadh
et la durée de l'asservissement égyptien ». Il existe
à ce sujet une confusion qui n'a même pas lieu d'être, car tout se
trouve dans le texte du TaNa''Kh lui-même. Lorsque HaShem ית׳
annonça
à `avrohom `ovinou ע״ה
que
ses descendants seraient asservis dans une terre étrangère, voici
comment la prédiction fut faite1 :
Et
Il dit à `avrom : « Savoir, tu dois savoir que ta
descendance sera étrangère dans un pays qui n'est pas le leur,
où ils seront asservis et où on les opprimera, durant quatre
cent ans. Mais à son tour, cette nation qu'ils serviront Je la
jugerai, et après cela ils s'en iront avec de grandes
richesses ».
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וַיֹּאמֶר
לְאַבְרָם,
יָדֹעַ
תֵּדַע כִּי-גֵר
יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם,
וַעֲבָדוּם,
וְעִנּוּ
אֹתָם--אַרְבַּע
מֵאוֹת,
שָׁנָה.
וְגַם
אֶת-הַגּוֹי
אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ,
דָּן
אָנֹכִי;
וְאַחֲרֵי-כֵן
יֵצְאוּ,
בִּרְכֻשׁ
גָּדוֹל
|
Plus
tard, au moment de la réalisation de cette prophétie et du départ
des Israélites du pays d’Égypte, le chiffre exact de leur séjour
dans ce pays nous est donné. Nous lisons ceci dans la Tôroh2 :
Or,
le séjour des Israélites, qui résidaient en Égypte, avait
été de quatre cent trente ans.
Et
ce fut au bout de quatre cent trente ans, précisément le même
jour, que toutes les milices de `adhônoy sortirent du pays
d'Égypte.
C'était
la Nuit prédestinée par `adhônoy, pour leur sortie du pays
d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par `adhônoy, comme
prédestinée à toutes les générations des Israélites.
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וּמוֹשַׁב
בְּנֵי יִשְׂרָאֵל,
אֲשֶׁר
יָשְׁבוּ בְּמִצְרָיִם--שְׁלֹשִׁים
שָׁנָה,
וְאַרְבַּע
מֵאוֹת שָׁנָה.
וַיְהִי,
מִקֵּץ
שְׁלֹשִׁים שָׁנָה,
וְאַרְבַּע
מֵאוֹת,
שָׁנָה;
וַיְהִי,
בְּעֶצֶם
הַיּוֹם הַזֶּה,
יָצְאוּ
כָּל-צִבְאוֹת
יְהוָה,
מֵאֶרֶץ
מִצְרָיִם.
לֵיל
שִׁמֻּרִים הוּא לַיהוָה,
לְהוֹצִיאָם
מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם:
הוּא-הַלַּיְלָה
הַזֶּה לַיהוָה,
שִׁמֻּרִים
לְכָל-בְּנֵי
יִשְׂרָאֵל לְדֹרֹתָם
|
La
Tôroh ne laisse place à aucune ambiguïté sur le fait que les
Israélites passèrent 430 ans en Égypte.
Comme
le fait remarquer le questionneur, une croyance populaire parmi les
Juifs est que nos ancêtres n'auraient passé que 210 ans en Égypte,
à partir du moment où Ya´aqôv `ovinou ע״ה
se
rendit dans ce pays avec ses fils en raison de la famine énorme qui
frappait le pays de Canaan. Ils se basent en cela sur le fait qu'il
n'y aurait que cinq générations entre Ya´aqôv `ovinou et Môshah
Rabbénou ע״ה.
Si les Israélites ne passèrent « que » 210 ans en
Égypte, pourquoi la Tôroh parle-t-elle de 430 ans ? Beaucoup
ont été troublés par cette contradiction et ont tenté de la
résoudre en disant qu'il ne fallait pas compter à partir de
l'arrivée en Égypte de Ya´aqôv `ovinou et ses fils, mais à
partir de la naissance de Yishoq `ovinou ע״ה.
D'autres remontent plus loin encore et font commencer le compte à
partir du jour où `avrohom `ovinou quitta sa ville de `our Kasdim.
Mais en réalité, ni l'une, ni l'autre solution, ne résout le
« problème », car quel lien y a-t-il entre, d'un côté,
la naissance de Yishoq et le séjour des Israélites en
Égypte, et, de l'autre côté, entre le fait que `avrohom quitta
`our Kasdim et le fait que les Israélites devaient passer 430 ans en
Égypte (en sachant en plus que la prophétie concernait les
descendants de `avrohom et qu'il n'avait pas encore d'enfants
lorsqu'il a quitté `our Kasdim) ? Nous ne pouvons donc accepter
ni l'une, ni l'autre hypothèse. Quelle est donc l'explication de
cette incohérence avec la prophétie des 430 ans ?
La
réponse se trouve dans les écrits de Shamou`él
Dowidh Louzzatto (1800-1865). Dans son commentaire
sur Shamôth 6:20, il écrit ceci :
« Et
´amrom prit, etc. » : Nous sommes contraints
d'admettre que l’Écriture a omis quelques générations entre
Qahoth et ´amrom, puisque dans Bamidhbor 3:28 nous voyons que
lorsque les membres masculins de la famille de Qahoth furent
comptés, à partir de l'âge d'un mois, cela nous donne 8600
personnes, alors qu'il [Qahoth] n'eut que quatre fils qui
fondèrent des familles. Ainsi, pour chacun des quatre fils de
Qahoth il y aurait eu 2150 membres ; et voici, ´amrom n'a
enfanté que `aharôn, Môshah et Miryom, et Môshah n'a enfanté
que deux fils, tandis que `aharôn en a enfanté quatre. Comment
pourrait-il être possible qu'il naquit à ´amrom, ainsi qu'à
Yishor, Havrôn et ´ouzzi`él [les fils de Qahoth]
2150 âmes dans la deuxième année à peine après être sortis
du pays d’Égypte ?
Par
conséquent, il est nécessaire que nous soyons d'accord avec la
position d'un certain interprète qui a dit que Léwi, Qahoth et
´amrom n'étaient pas des générations qui se suivaient
successivement, mais qu'il y avait d'autres générations entre
eux. Et par cela, on peut expliquer par son implication normale le
chiffre de 430 ans durant lesquels Israël résida en Égypte.
(Voir Shamôth 13:40.)
Et
le Hokhom Yost [Isaak
Markus Jost] dit que ces noms qui sont mentionnés là
sont des noms de familles, car il dit que tant que le père vit,
en général tous ses descendants sont inclus en un seul groupe,
dans une seule famille (même lorsque, à un moment donné, les
fils se séparent les uns des autres du vivant de leur père,
comme Yishoq et Yishmo´`él du vivant de `avrohom, et
Ya´aqôv et ´ésow du vivant de Yishoq). Et lorsque le
père meurt, la famille est divisée, et parfois il arrive que
même après la mort du père elle n'est divisée qu'après un
certain temps. Et voici, l'implication de cette Paroshoh d'après
cette position est que la famille de Léwi resta sous la forme
d'une seule famille et fut appelée d'après le nom de Léwi
pendant une période de 137 ans après la mort de Ya´aqôv. Puis,
après le décès de Léwi, elle fut divisée en trois familles,
portant les noms de Gérshôn, Qahoth et Marori. De même, la
famille de Qahoth resta sous la forme d'un seul groupe pendant 133
ans, et fut après cela divisée en quater familles. Et au moment
de la sortie d’Égypte, 137 ans étaient déjà passés, de
sorte que la famille de ´amrom ne formait qu'une seule famille,
d'où émana celles de Môshah et `aharôn. Et voici, si vous
combinez ensemble les trois chiffres [de Léwi, Qahoth et ´amrom],
137+133+137, et y ajoutez les 17 ans que les Israélites passèrent
en Égypte avant la mort de Ya´aqôv, vous vous retrouverez avec
424 ans, ce qui est proche des 430 ans.
Par
conséquent, chaque fois [que dans la Tôroh] il est dit « fils
de Yishor », « fils de « Qahoth »,
et des choses semblables, on veut en fait dire « de la
descendance de Yishor », « de la descendance de
Qahoth ».
|
ויקח
עמרם וגו'
: על
כרחנו צריכים אנו לומר שהשמיט הכתוב
קצת דורות בין קהת לעמרם,
כיבמדבר
ג'
כ"ח
היו
לקהת פקודים במספר כל זכר מבן חדש ומעלה
8600,
ולא
היו לו רק ארבעה בנים שהעמידו משפחות,
הרי
לכל אחד מארבעה בני קהת בנים 2150;
והנה
עמרם לא הוליד רק אהרן ומשה ומרים,
ומשה
לא הוליד רק שני בנים ואהרן ארבעה,
ואיך
ייתכן שיהיו לעמרם וכן ליצהר ולחברון
ועוזיאל 2150
נפשות
בשנה השנית בצאתם מארץ מצרים?
לפיכך
צריך שנסכים עם דעתו של חוקר אחד,
שאמר
כי לוי,
קהת
ועמרם לא היו דורות תכופים זה לזה,
אך
דורות אחרים היו ביניהם,
ולפי
זה יתיישב כמשמעו מספר שלושים שנה וארבע
מאות שנה שישבו בני ישראל במצרים (שמות
י"ב
מ),
ולפי
זה יובן עוצם ריבוי בני ישראל במצרים,
שלא
אמרה תורה שהיה דרך נס ממש
והחכם
יאסט אומר כי השמות האלה הנזכרים כאן
הם שמות המשפחות,
כי
יאמר שכל זמן שהיה האב חי,
על
הרוב היו כל צאצאיו לאגודה אחת במשפחה
אחת (אעפ"י
שלפעמים היו הבנים מתפרדים בחיי אביהם,
כגון
יצחק וישמעאל בחיי אברהם,
ויעקב
ועשו בחיי יצחק),
ובמות
האב היתה המשפחה נחלקת,
ולפעמים
גם אחר מיתת האב לא היתה מתחלקת עד אחר
זמן מה.
והנה
משמעות הפרשה הזאת לפי דעתו היא כי משפחת
לוי נשארה בתואר משפחה אחת ונקראת ע"ש
לוי משך 137
שנים
אחרי מות יעקב,
ואז
אחר זמן שמת לוי נחלקה לשלוש משפחות,
ע"ש
גרשום,
קהת
ומררי .
וכן
משפחת קהת עמדה לאגודה אחת 133
שנים,
ואח"כ
נחלקה לארבע משפחות.
ובזמן
יציאת מצרים כבר עברו 137
שנים,
שהיתה
משפחת עמרם משפחה אחת,
וממנה
היו משה ואהרן.
והנה
אם תחבר שלושת המספרים האלה 137
ו-133
ו-137,
ותוסיף
עליהם 17
שנה
שעברו לישראל במצרים קודם מיתת יעקב,
יהיו
בידך 424
שנים,
כלומר
קרוב ל-430
שנה.
לפיכך
(הוא
אומר)
כל
מקום שנאמר בן יצהר,
בן
קהת וכיוצא,
ענינו
מזרע יצהר מזרע קהת
|
Tout
cela confirme ce que nous disions au sujet de Yôkhavadh, à savoir,
que lorsque la Tôroh la décrivait comme étant « une fille de
Léwi », elle n'était pas en train de dire qu'elle était
littéralement la fille de Léwi, mais simplement qu'elle était
d'ascendance lévitique, c'est-à-dire une descendante de la tribu de
Léwi. De même ici, la Tôroh a sauté volontairement quelques
générations, pour la simple raison que tant que le père de la
famille est en vie, tous ses descendants (fils, petits-fils,
arrière-petits-fils, etc.) sont appelés suivant son nom (et ainsi,
même un petit-fils est décrit comme le fils de son grand-père,
bien qu'il ne le soit pas littéralement, tout comme, par exemple,
les deux fils de Yôséf, Manashah et `afroyim, étaient désignés
d'après le nom de Ya´aqôv, leur grand-père, car ce dernier était
encore en vie). Ce n'est qu'une fois que le patriarche de la famille
meurt que les familles se divisent alors suivant le nombre de fils
qu'il a engendrés. (Mais parfois, il arrive que même après sa
mort, la famille continue plusieurs années après à être désigner
par son nom.) Ainsi, s'il avait trois fils, à sa mort, la famille ne
sera plus un seul groupe, mais trois familles, chacune portant le nom
d'un des fils du défunt. C'est ainsi qu'étaient organisées les
familles dans les temps bibliques, et pas que chez les Israélites.
La Tôroh ne nous donnait donc pas la généalogie précise de la
famille de Môshah Rabbénou, mais plutôt le nombre d'années où un
clan a régné, pour ainsi dire, sur l'ensemble de la famille. Ce qui
est une chose très courante dans le TaNa''Kh.
Sur
base de tout cela, pour comprendre comment la Tôroh arrive à 430
ans, il suffit simplement de prendre, dans la généalogie de Môshah
Rabbénou, le nombre d'années où sa famille fut désignée du nom
de Léwi (137 ans), du nom de Qahoth (133 ans) et enfin du nom de son
père ´amrom (137 ans), et d'y ajouter les 17 ans que Ya´aqôv
`ovinou vécut en Égypte avant de mourir et que la famille ne porte
alors le nom de Léwi, c'est-à-dire 17 ans, et nous obtenons 424
ans. Et puisque nous savons que la Tôroh donne toujours des chiffres
ronds symboliques et faciles à retenir, et pas forcément le chiffre
exact, le chiffre de 430 ans fut donné, ce qui est le chiffre rond
symbolique le plus proche de 424.
Il
n'y a donc pas d'utilité à passer par des Midhroshim, ni à compter
à partir d'événements n'ayant rien à voir avec le séjour en
Égypte, comme le font bon nombre de Juifs.
À
noter que le chiffre de 210 ans n'apparaît jamais dans la Tôroh, ni
le Talmoudh, et n'est que le fruit des calculs personnels de certains
commentateurs, comme par exemple Rash''i ז״ל
qui, sur le verset de
Shamôth 12:40, dans lequel il est explicitement dit qu'ils
passèrent 430 ans en Égypte, écrit ceci :
On
ne peut pas soutenir que ce nombre d’années est celui du temps
passé en Égypte. En effet, Qahoth faisait partie de ceux qui
sont « descendus » en Égypte. Si l’on additionne sa
durée de vie [cent trente trois ans] à celle de ´amrom [cent
trente sept ans] et aux quatre-vingts ans qu’avait Môshah, le
total est inférieur à quatre cents, et encore ne tient-on pas
compte de l’âge qu’avait Qahoth lors de sa venue en Égypte,
ni des années de vie commune des pères et des fils. L’exil en
Égypte n’a donc pas pu durer quatre cents ans, d’où la
nécessité de considérer les autres « séjours »
comme autant d’exils. Il en est ainsi de Havrôn,
« où demeurèrent3
`avrohom et Yishoq »4
ou encore du « pays
de Kana´an, le pays de leurs séjours dans lequel ils ont
résidé »5.
D’où la nécessité d’admettre que l’annonce : « sera
étrangère ta descendance sur une terre qui ne sera pas la
sienne »
a pris effet lorsque `avrohom a eu un fils. Cependant, si tu
comptes les années qui séparent la naissance de Yishoq
de la sortie d’Égypte, tu n’en trouveras que deux cent dix.
C’est l’une des anomalies qu’ont relevées et corrigées à
l’intention du roi Ptolémée les 70 Anciens, auteurs de la
traduction des Septante.
|
וְאִי
אֶפְשָׁר לוֹמָר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם
לְבַדָּהּ שֶׁהֲרֵי קְהָת מִן הַבָּאִים
עִם יַעֲקֹב הָיָה צֵא וַחֲשׁוֹב כָּל
שְׁנוֹתָיו וְכָל שְׁנוֹת עַמְרָם
בְּנוֹ וּשְׁמֹנִים שֶׁל מֹשֶׁה לֹא
תִּמְצְאֵם כָּל כָּךְ וְעַל כָּרְחֲךָ
הַרְבֵּה שָׁנִים הָיוּ לִקְהָת עַד
שֶׁלֹּא יָרַד לְמִצְרַיִם וְהַרְבֵּה
מִשְּׁנוֹת עַמְרָם נִבְלָעִים
בִּשְׁנוֹת קְהָת וְהַרְבֵּה מִשְּׁמוֹנִים
שֶׁל מֹשֶׁה נִבְלָעִים בִּשְׁנוֹת
עַמְרָם הֲרֵי שֶׁלֹּא תִּמְצָא אַרְבַּע
מֵאוֹת לְבִיאַת מִצְרַיִם וְהוּזְקַקְתָּ
לוֹמָר עַל כָּרְחֲךָ שֶׁאַף שְׁאָר
הַיְשִׁיבוֹת נִקְרְאוּ גֵּרוּת
וַאֲפִי'
בְּחֶבְרוֹן
כָּעִנְיָן שֶׁנֶּאֱמַר אֲשֶׁר גָּר
שָׁם אַבְרָהָם וְיִצְחָק וְאוֹמֵר
אֵת אֶרֶץ מְגוּרֵיהֶם אֲשֶׁר גָּרוּ
בָהּ לְפִיכָךְ אַתָּה צָרִיךְ לוֹמָר
כִּי גֵּר יִהְיֶה זַרְעֲךָ מִשֶּׁהָיָה
לוֹ זֶרַע.
וּכְשֶׁתִּמְנֶה
אַרְבַּע מֵאוֹת שָׁנָה מִשֶּׁנּוֹלָד
יִצְחָק תִּמְצָא מִבִּיאָתָן לְמִצְרַיִם
עַד יְצִיאָתָן ר"י
שָׁנָה וְזֶה אֶחָד מִן הַדְּבָרִים
שֶׁשִּׁנּוּ לְתַלְמַי הַמֶּלֶךְ
|
Rash''i
se fourvoie donc en pensant que la Tôroh parle de générations
successives, et arrive à la conclusion erronée que les Israélites
ne passèrent que 210 ans en Égypte, en calculant qu'il n'y a eu que
cinq générations entre Ya´aqôv `ovinou et Môshah Rabbénou, 210
ans entre les deux, ce qui n'est pas le cas. Ce qui est malheureux
dans tout cela est que c'est sur base de ce commentaire de Rash''i
que les gens disent « Nos Sages enseignent que les Israélites
passèrent 210 ans en Égypte ». Ce ne sont pas « nos
Sages » qui le disent, mais Rash''i, sur base de son calcul
erronée, tout comme il s'est trompé concernant la chronologie du
mariage
entre Yishoq `ovinou et Rivqoh `imménou ע״ה.
Quant à son affirmation selon laquelle cette « erreur »
des 430 ans aurait été corrigée par les 70 rabbins qui
traduisirent la Tôroh en Grec, elle n'est pas totalement précise.
En effet, lorsqu'on jette un coup d’œil sur la source de son
affirmation, à savoir la Gamoro` de Maghilloh
9a, le Talmoudh
rapporte que les 70 Anciens rajoutèrent dans leur traduction les
mots « et dans
d'autres terres »
après « Or,
le séjour des Israélites, qui résidaient en Égypte »
dans le verset de Shamôth
12:40.
Ces 70 Anciens ne corrigèrent pas la Tôroh lorsqu'ils la
traduisirent en Grec, comme s'il y avait des erreurs dans la Tôroh !
Ils ont plutôt repérés des passages qui, s'ils sont lus par des
non Israélites, pourraient prêter à confusion. Par conséquent,
ils se permirent d'ajouter certains éléments dans certains versets,
ou changer la traduction pour éviter que certains versets soient mal
interprétés. Dans le cas qui nous intéresse, ils avaient compris
que si un Gôy tombait sur le verset qui affirme que les Israélites
restèrent 430 ans en Égypte, et se base uniquement sur les noms
mentionnés depuis Léwi jusqu'à Môshah Rabbénou, ce qui fait
quatre générations, en y ajoutant les 17 ans que Ya´aqôv vécut
en Égypte, sans comprendre que l'on ne faisait pas référence à
des générations successives, il pourrait en arriver à la
conclusion que la Tôroh s'est trompée. Par conséquent, ils
ajoutèrent dans leur traduction que les Israélites résidèrent en
Égypte « et dans d'autres terres » pendant 430 ans, de
façon à ce que le Gôy ne puisse pas penser à une erreur, et soit
entraîné à commencer leur compte plus tôt. Mais cela ne veut pas
dire que ces 70 Anciens considéraient que ce verset était une
anomalie ou une erreur du texte de la Tôroh. C'est en ce sens que le
commentaire de Rash''i peut être trompeur, car il laisse penser que
les 70 Anciens opérèrent des changements dans leur traduction pour
corriger des « erreurs » de la Tôroh. Si nous prenons
toutes les corrections opérées par eux, nous voyons clairement
qu'ils ne corrigeaient pas des anomalies, mais changeaient les
phrases pouvant être mal interprétés par les Grecs. Par exemple,
le Talmoudh déclare qu'ils modifièrent en Grec le tout premier
verset de la Tôroh. En Hébreu, le tout premier verset est
בְּרֵאשִׁית,
בָּרָא
אֱלֹהִים,
אֵת
הַשָּׁמַיִם,
וְאֵת
הָאָרֶץ,
et tout le monde comprend que cela signifie « Au commencement
Dieu créa les cieux et la terre ». Sauf que traduit en Grec,
littéralement, en respectant le même ordre des mots qu'en Hébreu,
ce verset peut être compris d'une manière totalement différente.
Ce verset peut se lire « Quand le Premier créa Dieu, les cieux
et la terre ». Conscient de ce problème, qui pourrait laisser
croire qu'il existe deux puissances (le Premier et Dieu), le Talmoudh
nous informe que les 70 Anciens changèrent le verset en « Dieu
créa au commencement », évitant ainsi toute possibilité que
le texte soit employé pour soutenir une thèse polythéiste. Ce
n'est donc pas une « erreur » ou « anomalie »
de la Tôroh qui a été corrigée, mais une modification du verset
qui était nécessaire une fois la Tôroh traduit en Grec pour éviter
une compréhension erronée de la Tôroh. Et il en est de même
concernant la modification opérée au verset de Shamôth
12:40,
qui n'avait rien à voir avec une quelconque incohérence dans le
texte d'origine.
Tout
cela nous montre une fois de plus à quel point le texte de la Tôroh
est exact et précis, et qu'il ne faut pas nécessairement croire que
tout ce qu'écrit Rash''i dans ses commentaires sur la Tôroh est
correct, juste, et proviendrait de nos Sages. Dans certains
commentaires il cite le Talmoudh, dans d'autres le Midhrosh, et dans
d’autres encore il fait ses propres observations, qui peuvent tout
à fait être justes, comme elles peuvent ne pas l'être également !
La
conclusion est que les Israélites passèrent bien 424 ans (arrondis
à 430) en Égypte. Sur ces 424 ans, la famille de Môshah Rabbénou
fut appelée du nom de Ya´aqôv durant 17 ans, du nom de Léwi
durant 137 ans, du nom de Qahoth durant 133 et enfin du nom de ´amrom
durant 137 ans. Et nous donnerons des preuves supplémentaires des
430 ans dans un prochain article, Dieu voulant !
1Baré`shith
15:13-14
2Shamôth
12:40-42
3Gar,
dans le sens d'une résidence précaire
4Baré`shith
35:27
5Ibid.,
6:4