lundi 7 mars 2016

Quelle était la durée de la présence israélite en Égypte ?

ב״ה

Quelle était la durée de la présence israélite en Égypte ?


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Question :

Après avoir lu l'article sur Yôkhavadh, je me demandais combien de temps a réellement duré l'exil en Égypte. Est-ce finalement 400 ans, ou moins que cela ? J'entends également beaucoup dire que les Israélites n'y ont passé que 210 ans.

Réponse :

C'est précisément l'une des questions que je souhaitais susciter à travers l'article intitulé « Yôkhavadh et la durée de l'asservissement égyptien ». Il existe à ce sujet une confusion qui n'a même pas lieu d'être, car tout se trouve dans le texte du TaNa''Kh lui-même. Lorsque HaShem ית׳ annonça à `avrohom `ovinou ע״ה que ses descendants seraient asservis dans une terre étrangère, voici comment la prédiction fut faite1 :

Et Il dit à `avrom : « Savoir, tu dois savoir que ta descendance sera étrangère dans un pays qui n'est pas le leur, où ils seront asservis et où on les opprimera, durant quatre cent ans. Mais à son tour, cette nation qu'ils serviront Je la jugerai, et après cela ils s'en iront avec de grandes richesses ».
וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם--אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה. וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי; וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל

Plus tard, au moment de la réalisation de cette prophétie et du départ des Israélites du pays d’Égypte, le chiffre exact de leur séjour dans ce pays nous est donné. Nous lisons ceci dans la Tôroh2 :

Or, le séjour des Israélites, qui résidaient en Égypte, avait été de quatre cent trente ans. Et ce fut au bout de quatre cent trente ans, précisément le même jour, que toutes les milices de `adhônoy sortirent du pays d'Égypte. C'était la Nuit prédestinée par `adhônoy, pour leur sortie du pays d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par `adhônoy, comme prédestinée à toutes les générations des Israélites.
וּמוֹשַׁב בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָשְׁבוּ בְּמִצְרָיִם--שְׁלֹשִׁים שָׁנָה, וְאַרְבַּע מֵאוֹת שָׁנָה. וַיְהִי, מִקֵּץ שְׁלֹשִׁים שָׁנָה, וְאַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה; וַיְהִי, בְּעֶצֶם הַיּוֹם הַזֶּה, יָצְאוּ כָּל-צִבְאוֹת יְהוָה, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם. לֵיל שִׁמֻּרִים הוּא לַיהוָה, לְהוֹצִיאָם מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם: הוּא-הַלַּיְלָה הַזֶּה לַיהוָה, שִׁמֻּרִים לְכָל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לְדֹרֹתָם

La Tôroh ne laisse place à aucune ambiguïté sur le fait que les Israélites passèrent 430 ans en Égypte.

Comme le fait remarquer le questionneur, une croyance populaire parmi les Juifs est que nos ancêtres n'auraient passé que 210 ans en Égypte, à partir du moment où Ya´aqôv `ovinou ע״ה se rendit dans ce pays avec ses fils en raison de la famine énorme qui frappait le pays de Canaan. Ils se basent en cela sur le fait qu'il n'y aurait que cinq générations entre Ya´aqôv `ovinou et Môshah Rabbénou ע״ה. Si les Israélites ne passèrent « que » 210 ans en Égypte, pourquoi la Tôroh parle-t-elle de 430 ans ? Beaucoup ont été troublés par cette contradiction et ont tenté de la résoudre en disant qu'il ne fallait pas compter à partir de l'arrivée en Égypte de Ya´aqôv `ovinou et ses fils, mais à partir de la naissance de Yishoq `ovinou ע״ה. D'autres remontent plus loin encore et font commencer le compte à partir du jour où `avrohom `ovinou quitta sa ville de `our Kasdim. Mais en réalité, ni l'une, ni l'autre solution, ne résout le « problème », car quel lien y a-t-il entre, d'un côté, la naissance de Yishoq et le séjour des Israélites en Égypte, et, de l'autre côté, entre le fait que `avrohom quitta `our Kasdim et le fait que les Israélites devaient passer 430 ans en Égypte (en sachant en plus que la prophétie concernait les descendants de `avrohom et qu'il n'avait pas encore d'enfants lorsqu'il a quitté `our Kasdim) ? Nous ne pouvons donc accepter ni l'une, ni l'autre hypothèse. Quelle est donc l'explication de cette incohérence avec la prophétie des 430 ans ?

La réponse se trouve dans les écrits de Shamou`él Dowidh Louzzatto (1800-1865). Dans son commentaire sur Shamôth 6:20, il écrit ceci :

« Et ´amrom prit, etc. » : Nous sommes contraints d'admettre que l’Écriture a omis quelques générations entre Qahoth et ´amrom, puisque dans Bamidhbor 3:28 nous voyons que lorsque les membres masculins de la famille de Qahoth furent comptés, à partir de l'âge d'un mois, cela nous donne 8600 personnes, alors qu'il [Qahoth] n'eut que quatre fils qui fondèrent des familles. Ainsi, pour chacun des quatre fils de Qahoth il y aurait eu 2150 membres ; et voici, ´amrom n'a enfanté que `aharôn, Môshah et Miryom, et Môshah n'a enfanté que deux fils, tandis que `aharôn en a enfanté quatre. Comment pourrait-il être possible qu'il naquit à ´amrom, ainsi qu'à Yishor, Havrôn et ´ouzzi`él [les fils de Qahoth] 2150 âmes dans la deuxième année à peine après être sortis du pays d’Égypte ?

Par conséquent, il est nécessaire que nous soyons d'accord avec la position d'un certain interprète qui a dit que Léwi, Qahoth et ´amrom n'étaient pas des générations qui se suivaient successivement, mais qu'il y avait d'autres générations entre eux. Et par cela, on peut expliquer par son implication normale le chiffre de 430 ans durant lesquels Israël résida en Égypte. (Voir Shamôth 13:40.)

Et le Hokhom Yost [Isaak Markus Jost] dit que ces noms qui sont mentionnés là sont des noms de familles, car il dit que tant que le père vit, en général tous ses descendants sont inclus en un seul groupe, dans une seule famille (même lorsque, à un moment donné, les fils se séparent les uns des autres du vivant de leur père, comme Yishoq et Yishmo´`él du vivant de `avrohom, et Ya´aqôv et ´ésow du vivant de Yishoq). Et lorsque le père meurt, la famille est divisée, et parfois il arrive que même après la mort du père elle n'est divisée qu'après un certain temps. Et voici, l'implication de cette Paroshoh d'après cette position est que la famille de Léwi resta sous la forme d'une seule famille et fut appelée d'après le nom de Léwi pendant une période de 137 ans après la mort de Ya´aqôv. Puis, après le décès de Léwi, elle fut divisée en trois familles, portant les noms de Gérshôn, Qahoth et Marori. De même, la famille de Qahoth resta sous la forme d'un seul groupe pendant 133 ans, et fut après cela divisée en quater familles. Et au moment de la sortie d’Égypte, 137 ans étaient déjà passés, de sorte que la famille de ´amrom ne formait qu'une seule famille, d'où émana celles de Môshah et `aharôn. Et voici, si vous combinez ensemble les trois chiffres [de Léwi, Qahoth et ´amrom], 137+133+137, et y ajoutez les 17 ans que les Israélites passèrent en Égypte avant la mort de Ya´aqôv, vous vous retrouverez avec 424 ans, ce qui est proche des 430 ans.

Par conséquent, chaque fois [que dans la Tôroh] il est dit « fils de Yishor », « fils de « Qahoth », et des choses semblables, on veut en fait dire « de la descendance de Yishor », « de la descendance de Qahoth ».
ויקח עמרם וגו' : על כרחנו צריכים אנו לומר שהשמיט הכתוב קצת דורות בין קהת לעמרם, כיבמדבר ג' כ"ח היו לקהת פקודים במספר כל זכר מבן חדש ומעלה 8600, ולא היו לו רק ארבעה בנים שהעמידו משפחות, הרי לכל אחד מארבעה בני קהת בנים 2150; והנה עמרם לא הוליד רק אהרן ומשה ומרים, ומשה לא הוליד רק שני בנים ואהרן ארבעה, ואיך ייתכן שיהיו לעמרם וכן ליצהר ולחברון ועוזיאל 2150 נפשות בשנה השנית בצאתם מארץ מצרים? לפיכך צריך שנסכים עם דעתו של חוקר אחד, שאמר כי לוי, קהת ועמרם לא היו דורות תכופים זה לזה, אך דורות אחרים היו ביניהם, ולפי זה יתיישב כמשמעו מספר שלושים שנה וארבע מאות שנה שישבו בני ישראל במצרים (שמות י"ב מ), ולפי זה יובן עוצם ריבוי בני ישראל במצרים, שלא אמרה תורה שהיה דרך נס ממש והחכם יאסט אומר כי השמות האלה הנזכרים כאן הם שמות המשפחות, כי יאמר שכל זמן שהיה האב חי, על הרוב היו כל צאצאיו לאגודה אחת במשפחה אחת (אעפ"י שלפעמים היו הבנים מתפרדים בחיי אביהם, כגון יצחק וישמעאל בחיי אברהם, ויעקב ועשו בחיי יצחק), ובמות האב היתה המשפחה נחלקת, ולפעמים גם אחר מיתת האב לא היתה מתחלקת עד אחר זמן מה. והנה משמעות הפרשה הזאת לפי דעתו היא כי משפחת לוי נשארה בתואר משפחה אחת ונקראת ע"ש לוי משך 137 שנים אחרי מות יעקב, ואז אחר זמן שמת לוי נחלקה לשלוש משפחות, ע"ש גרשום, קהת ומררי . וכן משפחת קהת עמדה לאגודה אחת 133 שנים, ואח"כ נחלקה לארבע משפחות. ובזמן יציאת מצרים כבר עברו 137 שנים, שהיתה משפחת עמרם משפחה אחת, וממנה היו משה ואהרן. והנה אם תחבר שלושת המספרים האלה 137 ו-133 ו-137, ותוסיף עליהם 17 שנה שעברו לישראל במצרים קודם מיתת יעקב, יהיו בידך 424 שנים, כלומר קרוב ל-430 שנה. לפיכך (הוא אומר) כל מקום שנאמר בן יצהר, בן קהת וכיוצא, ענינו מזרע יצהר מזרע קהת

Tout cela confirme ce que nous disions au sujet de Yôkhavadh, à savoir, que lorsque la Tôroh la décrivait comme étant « une fille de Léwi », elle n'était pas en train de dire qu'elle était littéralement la fille de Léwi, mais simplement qu'elle était d'ascendance lévitique, c'est-à-dire une descendante de la tribu de Léwi. De même ici, la Tôroh a sauté volontairement quelques générations, pour la simple raison que tant que le père de la famille est en vie, tous ses descendants (fils, petits-fils, arrière-petits-fils, etc.) sont appelés suivant son nom (et ainsi, même un petit-fils est décrit comme le fils de son grand-père, bien qu'il ne le soit pas littéralement, tout comme, par exemple, les deux fils de Yôséf, Manashah et `afroyim, étaient désignés d'après le nom de Ya´aqôv, leur grand-père, car ce dernier était encore en vie). Ce n'est qu'une fois que le patriarche de la famille meurt que les familles se divisent alors suivant le nombre de fils qu'il a engendrés. (Mais parfois, il arrive que même après sa mort, la famille continue plusieurs années après à être désigner par son nom.) Ainsi, s'il avait trois fils, à sa mort, la famille ne sera plus un seul groupe, mais trois familles, chacune portant le nom d'un des fils du défunt. C'est ainsi qu'étaient organisées les familles dans les temps bibliques, et pas que chez les Israélites. La Tôroh ne nous donnait donc pas la généalogie précise de la famille de Môshah Rabbénou, mais plutôt le nombre d'années où un clan a régné, pour ainsi dire, sur l'ensemble de la famille. Ce qui est une chose très courante dans le TaNa''Kh.

Sur base de tout cela, pour comprendre comment la Tôroh arrive à 430 ans, il suffit simplement de prendre, dans la généalogie de Môshah Rabbénou, le nombre d'années où sa famille fut désignée du nom de Léwi (137 ans), du nom de Qahoth (133 ans) et enfin du nom de son père ´amrom (137 ans), et d'y ajouter les 17 ans que Ya´aqôv `ovinou vécut en Égypte avant de mourir et que la famille ne porte alors le nom de Léwi, c'est-à-dire 17 ans, et nous obtenons 424 ans. Et puisque nous savons que la Tôroh donne toujours des chiffres ronds symboliques et faciles à retenir, et pas forcément le chiffre exact, le chiffre de 430 ans fut donné, ce qui est le chiffre rond symbolique le plus proche de 424.

Il n'y a donc pas d'utilité à passer par des Midhroshim, ni à compter à partir d'événements n'ayant rien à voir avec le séjour en Égypte, comme le font bon nombre de Juifs.

À noter que le chiffre de 210 ans n'apparaît jamais dans la Tôroh, ni le Talmoudh, et n'est que le fruit des calculs personnels de certains commentateurs, comme par exemple Rash''i ז״ל qui, sur le verset de Shamôth 12:40, dans lequel il est explicitement dit qu'ils passèrent 430 ans en Égypte, écrit ceci :

On ne peut pas soutenir que ce nombre d’années est celui du temps passé en Égypte. En effet, Qahoth faisait partie de ceux qui sont « descendus » en Égypte. Si l’on additionne sa durée de vie [cent trente trois ans] à celle de ´amrom [cent trente sept ans] et aux quatre-vingts ans qu’avait Môshah, le total est inférieur à quatre cents, et encore ne tient-on pas compte de l’âge qu’avait Qahoth lors de sa venue en Égypte, ni des années de vie commune des pères et des fils. L’exil en Égypte n’a donc pas pu durer quatre cents ans, d’où la nécessité de considérer les autres « séjours » comme autant d’exils. Il en est ainsi de Havrôn, « où demeurèrent3 `avrohom et Yishoq »4 ou encore du « pays de Kana´an, le pays de leurs séjours dans lequel ils ont résidé »5. D’où la nécessité d’admettre que l’annonce : « sera étrangère ta descendance sur une terre qui ne sera pas la sienne » a pris effet lorsque `avrohom a eu un fils. Cependant, si tu comptes les années qui séparent la naissance de Yishoq de la sortie d’Égypte, tu n’en trouveras que deux cent dix. C’est l’une des anomalies qu’ont relevées et corrigées à l’intention du roi Ptolémée les 70 Anciens, auteurs de la traduction des Septante.
וְאִי אֶפְשָׁר לוֹמָר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם לְבַדָּהּ שֶׁהֲרֵי קְהָת מִן הַבָּאִים עִם יַעֲקֹב הָיָה צֵא וַחֲשׁוֹב כָּל שְׁנוֹתָיו וְכָל שְׁנוֹת עַמְרָם בְּנוֹ וּשְׁמֹנִים שֶׁל מֹשֶׁה לֹא תִּמְצְאֵם כָּל כָּךְ וְעַל כָּרְחֲךָ הַרְבֵּה שָׁנִים הָיוּ לִקְהָת עַד שֶׁלֹּא יָרַד לְמִצְרַיִם וְהַרְבֵּה מִשְּׁנוֹת עַמְרָם נִבְלָעִים בִּשְׁנוֹת קְהָת וְהַרְבֵּה מִשְּׁמוֹנִים שֶׁל מֹשֶׁה נִבְלָעִים בִּשְׁנוֹת עַמְרָם הֲרֵי שֶׁלֹּא תִּמְצָא אַרְבַּע מֵאוֹת לְבִיאַת מִצְרַיִם וְהוּזְקַקְתָּ לוֹמָר עַל כָּרְחֲךָ שֶׁאַף שְׁאָר הַיְשִׁיבוֹת נִקְרְאוּ גֵּרוּת וַאֲפִי' בְּחֶבְרוֹן כָּעִנְיָן שֶׁנֶּאֱמַר אֲשֶׁר גָּר שָׁם אַבְרָהָם וְיִצְחָק וְאוֹמֵר אֵת אֶרֶץ מְגוּרֵיהֶם אֲשֶׁר גָּרוּ בָהּ לְפִיכָךְ אַתָּה צָרִיךְ לוֹמָר כִּי גֵּר יִהְיֶה זַרְעֲךָ מִשֶּׁהָיָה לוֹ זֶרַע. וּכְשֶׁתִּמְנֶה אַרְבַּע מֵאוֹת שָׁנָה מִשֶּׁנּוֹלָד יִצְחָק תִּמְצָא מִבִּיאָתָן לְמִצְרַיִם עַד יְצִיאָתָן ר"י שָׁנָה וְזֶה אֶחָד מִן הַדְּבָרִים שֶׁשִּׁנּוּ לְתַלְמַי הַמֶּלֶךְ

Rash''i se fourvoie donc en pensant que la Tôroh parle de générations successives, et arrive à la conclusion erronée que les Israélites ne passèrent que 210 ans en Égypte, en calculant qu'il n'y a eu que cinq générations entre Ya´aqôv `ovinou et Môshah Rabbénou, 210 ans entre les deux, ce qui n'est pas le cas. Ce qui est malheureux dans tout cela est que c'est sur base de ce commentaire de Rash''i que les gens disent « Nos Sages enseignent que les Israélites passèrent 210 ans en Égypte ». Ce ne sont pas « nos Sages » qui le disent, mais Rash''i, sur base de son calcul erronée, tout comme il s'est trompé concernant la chronologie du mariage entre Yishoq `ovinou et Rivqoh `imménou ע״ה. Quant à son affirmation selon laquelle cette « erreur » des 430 ans aurait été corrigée par les 70 rabbins qui traduisirent la Tôroh en Grec, elle n'est pas totalement précise. En effet, lorsqu'on jette un coup d’œil sur la source de son affirmation, à savoir la Gamoro` de Maghilloh 9a, le Talmoudh rapporte que les 70 Anciens rajoutèrent dans leur traduction les mots « et dans d'autres terres » après « Or, le séjour des Israélites, qui résidaient en Égypte » dans le verset de Shamôth 12:40. Ces 70 Anciens ne corrigèrent pas la Tôroh lorsqu'ils la traduisirent en Grec, comme s'il y avait des erreurs dans la Tôroh ! Ils ont plutôt repérés des passages qui, s'ils sont lus par des non Israélites, pourraient prêter à confusion. Par conséquent, ils se permirent d'ajouter certains éléments dans certains versets, ou changer la traduction pour éviter que certains versets soient mal interprétés. Dans le cas qui nous intéresse, ils avaient compris que si un Gôy tombait sur le verset qui affirme que les Israélites restèrent 430 ans en Égypte, et se base uniquement sur les noms mentionnés depuis Léwi jusqu'à Môshah Rabbénou, ce qui fait quatre générations, en y ajoutant les 17 ans que Ya´aqôv vécut en Égypte, sans comprendre que l'on ne faisait pas référence à des générations successives, il pourrait en arriver à la conclusion que la Tôroh s'est trompée. Par conséquent, ils ajoutèrent dans leur traduction que les Israélites résidèrent en Égypte « et dans d'autres terres » pendant 430 ans, de façon à ce que le Gôy ne puisse pas penser à une erreur, et soit entraîné à commencer leur compte plus tôt. Mais cela ne veut pas dire que ces 70 Anciens considéraient que ce verset était une anomalie ou une erreur du texte de la Tôroh. C'est en ce sens que le commentaire de Rash''i peut être trompeur, car il laisse penser que les 70 Anciens opérèrent des changements dans leur traduction pour corriger des « erreurs » de la Tôroh. Si nous prenons toutes les corrections opérées par eux, nous voyons clairement qu'ils ne corrigeaient pas des anomalies, mais changeaient les phrases pouvant être mal interprétés par les Grecs. Par exemple, le Talmoudh déclare qu'ils modifièrent en Grec le tout premier verset de la Tôroh. En Hébreu, le tout premier verset est בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ, et tout le monde comprend que cela signifie « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Sauf que traduit en Grec, littéralement, en respectant le même ordre des mots qu'en Hébreu, ce verset peut être compris d'une manière totalement différente. Ce verset peut se lire « Quand le Premier créa Dieu, les cieux et la terre ». Conscient de ce problème, qui pourrait laisser croire qu'il existe deux puissances (le Premier et Dieu), le Talmoudh nous informe que les 70 Anciens changèrent le verset en « Dieu créa au commencement », évitant ainsi toute possibilité que le texte soit employé pour soutenir une thèse polythéiste. Ce n'est donc pas une « erreur » ou « anomalie » de la Tôroh qui a été corrigée, mais une modification du verset qui était nécessaire une fois la Tôroh traduit en Grec pour éviter une compréhension erronée de la Tôroh. Et il en est de même concernant la modification opérée au verset de Shamôth 12:40, qui n'avait rien à voir avec une quelconque incohérence dans le texte d'origine.

Tout cela nous montre une fois de plus à quel point le texte de la Tôroh est exact et précis, et qu'il ne faut pas nécessairement croire que tout ce qu'écrit Rash''i dans ses commentaires sur la Tôroh est correct, juste, et proviendrait de nos Sages. Dans certains commentaires il cite le Talmoudh, dans d'autres le Midhrosh, et dans d’autres encore il fait ses propres observations, qui peuvent tout à fait être justes, comme elles peuvent ne pas l'être également !

La conclusion est que les Israélites passèrent bien 424 ans (arrondis à 430) en Égypte. Sur ces 424 ans, la famille de Môshah Rabbénou fut appelée du nom de Ya´aqôv durant 17 ans, du nom de Léwi durant 137 ans, du nom de Qahoth durant 133 et enfin du nom de ´amrom durant 137 ans. Et nous donnerons des preuves supplémentaires des 430 ans dans un prochain article, Dieu voulant !

1Baré`shith 15:13-14
2Shamôth 12:40-42
3Gar, dans le sens d'une résidence précaire
4Baré`shith 35:27

5Ibid., 6:4