ב״ה
Exposer
les fausses notions
Pourquoi
ce Shabboth est-il appelé « Shabboth Haggodhôl » ?
Cet
article peut être téléchargé ici.
Pour
la plupart des Juifs d'aujourd'hui, le dernier Shabboth qui précède
la fête de Pasah est connu sous le nom de שַׁבָּת
הַגָּדוֹל « Shabboth
Haggodhôl – le Grand Shabboth ». D'où cela
provient-il ?
Cela
en surprendra beaucoup, mais la toute première fois que cette
expression fur employée pour désigner le Shabboth précédent Pasah
est à trouver dans les écrits de Rash''i ז״ל.
Par
exemple, dans son ouvrage סֵפֶר
הַפַּרְדֵּס « Séfar
Happardés » (que vous pouvez intégralement télécharger
ici en Hébreu),
il commence de la manière suivante son explication sur l’appellation
de ce Shabboth :
Les
gens sont accoutumés à appeler le Shabboth qui précède
Pasah « Shabboth Haggodhôl », mais
ils ne savent pas ce qui rend ce Shabboth plus important que
n'importe quel autre.
Dans
les écrits des Ri`shônim (auxquels Rash''i appartient),
l'expression « Les gens sont accoutumés » se
réfère toujours à des pratiques post-talmudiques ayant été
adoptées par diverses communautés. Et puisque celle à laquelle
Rash''i fait ici mention ne remonte pas à nos Sages et n'a pas de
sources traditionnelles sur laquelle s'appuyer, les gens de son
époque ne connaissaient pas vraiment la raison pour laquelle on
appelait « Shabboth Haggodhôl » le Shabboth
précédent Pasah.
Rash''i
poursuit en apportant une explication :
Les Israélites
sortirent d’Égypte un jeudi, comme cela est rapporté dans le
Sédhar ´ôlom. Ils préparèrent l'agneau pour le sacrifice pascal
le Shabboth précédent, le 10 Nison. Lorsqu'ils reçurent
l'instruction d'agir de la sorte, ils s'exclamèrent : « Si
nous sacrifions un animal que les Égyptiens tiennent pour sacré,
devant leurs propres yeux, ils nous lapideront certainement ! ».
Mais Dieu leur dit : « À présent, voyez les choses
extraordinaires que J'accomplirai en votre faveur ! ».
Sur ce, les Israélites prirent chacun un agneau et le gardèrent
durant quatre jours. Lorsque les Égyptiens virent cela, ils
voulurent se lever [contre eux] et se venger, mais furent frappés de
toutes sortes d'horribles afflictions et ne purent faire le moindre
mal aux Israélites. En raison de [ce] miracle que Dieu eut accompli
ce jour-là, le Shabboth précédent Pasah, on le connu sous
le nom de « Shabboth Haggodhôl ».
C'est
l'explication populaire que bon nombre d' « Orthodoxes »
nous ressassent encore aujourd'hui, mais il apparaît très
clairement de son introduction que Rash''i ne donne ici qu'une
réponse personnelle à une question que beaucoup se posaient depuis
un certain temps. Et en fait, il existe de très nombreuses autres
explications ayant été données pour expliquer l'origine de cette
appellation.
D'autres
disent que la raison se trouve dans la Haftoroh lue ce Shabboth-là1,
qui décrit l'ère messianique et se termine par le verset suivant2 :
Voici,
Je vous envoie `éliyoh le Prophète avant que ne vienne le jour
grand (Haggodhôl) et
redoutable de `adhônoy.
|
הִנֵּה
אָנֹכִי שֹׁלֵחַ לָכֶם,
אֵת
אֵלִיָּה הַנָּבִיא--לִפְנֵי,
בּוֹא
יוֹם יְהוָה,
הַגָּדוֹל,
וְהַנּוֹרָא
|
Tout
comme d'autres Shabbothôth particuliers de l'année reçurent leurs
noms des Haftorôth qui y sont lues (Shabboth Hazôn, Shabboth
Nahamou, Shabboth Shouvoh), d'après cette approche il en est
de même pour Shabboth Haggodhôl ; nous l'appelons ainsi tout
simplement parce que « Haggodhôl » est un mot
apparaissant dans la Haftoroh lue ce Shabboth-là.
D'autres
rejettent cette explication sur base de deux arguments pertinents.
Premièrement, le nom des Shabbothôth particuliers de l'année sont
tirés des premiers mots contenus dans les Haftorôth lues ces
Shabbothôth-là. Or, dans le cas de Shabboth Haggodhôl, le mot
« Haggodhôl » n'apparaît qu'à la toute fin de
la Haftoroh qui y est lue ! Deuxièmement, le Tour ז״ל
et
le Lavoush ז״ל
affirment
que cette Haftoroh ne fut choisie qu'après que ce Shabboth commença
à se faire appeler « Haggodhôl ». (En réalité,
les Haftorôth lues de nos jours n'ont jamais été choisies à
l'époque talmudique, et c'est aussi pour cela qu'elle diffèrent de
communauté en communauté. Nos Sages ont juste demander de lire des
passages tirés des Prophètes chaque Shabboth après la lecture de
la Paroshoh, mais n'ont jamais spécifié lesquels.) Par conséquent,
nous ne pouvons prétendre qu'il est de « tradition » de
lire cette Haftoroh ce Shabboth-là et que c'est en raison de cela
que ce Shabboth reçut ce nom de « Shabboth Haggodhôl ».
Une
autre explication rapportée dans le Shibbôlé Hallaqat se rapporte
à la coutume qu'a le rabbin de chaque communauté de faire un long
sermon, peut-être le plus long de l'année, ce Shabboth-là, dans
lequel il explique en longueur les lois relatives à la fête. Ce
Shabboth est donc comparable à Yôm Hakkippourim, qui est décrit
comme étant un צוֹמָא
רַבָּה « Sômo`
Rabboh – Grand Jeûne »3
en raison de la longueur des prières qui y sont faites (et non en
raison de la longueur du jeûne, puisqu'elle est la même que pour
Tish´oh Ba`ov). D'autres s'opposent à cette approche en disant
qu'elle ne se focalise que sur le sermon, mais que c'est en réalité
le jour lui-même qui est appelé « Grand » en
raison de l'importance du sermon qui y est fait, et non parce que le
sermon serait long. D'autres encore rejettent cette approche en
disant que la pratique consistant à faire de longs discours ce
Shabboth-là n'est née qu'après que l'on donna à ce Shabboth le
nom de « Shabboth Haggodhôl » ; par
conséquent, il ne peut s'agir de la raison pour cette appellation.
D'après eux, ce Shabboth est appelé ainsi parce qu'à l'origine de
nombreuses prières supplémentaires qui étaient faites.
Voici
quatre autres explications moins connues ayant été avancées :
- Tout comme un enfant devient « Godhôl » (adulte) lorsqu'il accepte sur lui les Miswôth, de même en fut-il des Israélites lorsqu'ils acceptèrent leur toute première Miswoh (qui fut la célébration de Pasah).
- Dans la Tôroh, l'offrande du ´ômar est apporté מִמָּחֳרַת הַשַּׁבָּת « à partir du lendemain du Shabboth ». D'après la tradition rabbinique (et par opposition aux Sadducéens et aux Karaïtes), le terme « Shabboth » ici se référait au premier jour de Pasah. Ainsi, « Shabboth Haggodhôl » se réfère au septième jour de la semaine, comparé au type de Shabboth inférieur (au niveau des interdictions) que représente le premier jour de la fête.
- D'après un Midhrosh, durant leur esclavage en Égypte les Israélites ne travaillaient pas à Shabboth. Cependant, immédiatement à la sortie du Shabboth ils se remettaient au travail. Ce Shabboth particulier ayant précédé Pasah, les Israélites n'étaient plus esclaves et ne craignirent donc plus de devoir retourner à leurs durs labeurs. Sur base de ce Midhrosh, certaines personnes décidèrent d'appeler « Haggodhôl » ce Shabboth.
- Certaines sources, principalement originaires de l'Italie médiévale, semble indiquer que peut-être que le dernier Shabboth précédent toute fête était appelé « Haggodhôl », mais qu'avec le temps on ne garda plus cette appellation que pour celui qui précédait Pasah.
Comme
d'habitude, chaque fois que d'innombrables explications existent pour
une pratique spécifique, la probabilité que l'une d'entre elles
soit correcte diminue, ainsi que l'authenticité-même de cette
pratique !
Comme
cela a été dit, nous ne trouvons cette appellation de « Shabboth
Haggodhôl »
dans aucun passage talmudique ou midrashique. Le tout premier à en
avoir fait mention fut Rash''i !
2Mal`okhi
3:23
3Mishnoh,
Pé`oh 7:4