ב״ה
Quelques
questions pratiques sur le déroulement du Sédhar de Pasah
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- De combien de Massôth a-t-on besoin pour le Sédhar ?
Bien
que la pratique majoritaire d'aujourd'hui consiste à suivre Rash''i
ז״ל
et
le Rashba''m
ז״ל
pour
qui trois Massôth doivent être utilisées lors du Sédhar
(une pour la Miswoh particulière de la Massoh et deux
supplémentaires pour respecter la Halokhoh exigeant de consommer
deux pains à Shabboth et Yôm Tôv), elle n'est pas, contrairement à
ce que l'on pense, universellement acceptée, notamment par les
Talmidhé HaRamba''m, les Juifs de rite hispano-portugais, plusieurs
Safaradhim et d'autres talmudistes.
Voici
ce que tranche le Talmoudh1 :
Rov
Pappo` a dit : « Tous admettent qu'à Pasah
on doit placer le morceau [de pain] sous [la miche] entière et
[les] rompre [ensemble] ». Pour quelle raison ?
[Parce que] l’Écriture [parle du] « pain du
pauvre »2.
|
אמר
רב פפא הכל מודים בפסח שמניח פרוסה בתוך
שלמה ובוצע מאי טעמא לחם עוני כתיב
|
De
là nous voyons qu'à Pasah, lors du Sédhar, on ne doit
utiliser qu'une Massoh entière et une Massoh coupée.
C'est ainsi que le Ramba''m ז״ל
rapporte
ceci dans son Mishnéh Tôroh3 :
Et
après cela, il fait la bénédiction de « ´al Natilath
Yodhoyim » et lave ses mains une deuxième [fois], car
il a détourné son attention durant le temps qu'il récitait la
Haggodhoh. Et il prend deux parts [de Massoh], brise l'une
d'elles, place la moitié brisée à l'intérieur de l'entière et
fait la bénédiction de « Hammôsi`
Laham Min Ho`oras ».
Et pourquoi ne bénit-on pas sur les deux miches comme pour tous
les autres Yomim Tôvim ? Parce qu'il est dit : « Le
pain du pauvre ». Tout comme le pauvre est habitué
au [pain] brisé, de même [un pain] brisé [doit être utilisé].
|
וְאַחַר
כָּךְ מְבָרֵךְ עַל נְטִילַת יָדָיִם,
וְנוֹטֵל
יָדָיו שְׁנִיָּה--שֶׁהֲרֵי
הִסִּיחַ דַּעְתּוֹ בְּשָׁעַת קְרִיאַת
הַהַגָּדָה;
וְלוֹקֵחַ
שְׁנֵי רְקִיקִין,
חוֹלֵק
אֶחָד מֵהֶן וּמַנִּיחַ פָּרוּס לְתוֹךְ
שָׁלֵם,
וּמְבָרֵךְ
הַמּוֹצִיא לֶחֶם מִן הָאָרֶץ.
וּמִפְּנֵי
מַה אֵינוּ מְבָרֵךְ עַל שְׁתֵּי
כִּכָּרוֹת,
כִּשְׁאָר
יָמִים טוֹבִים:
מִשּׁוֹם
שֶׁנֶּאֱמָר "לֶחֶם
עֹנִי"
(דברים
טז,ג)--מַה
דַּרְכּוֹ שֶׁלֶּעָנִי בִּפְרוּסָה,
אַף
כָּאן בִּפְרוּסָה
|
À
Pasah, nous devons reproduire en partie la condition du
pauvre. Nous revivons la condition misérable dans laquelle nous nous
trouvions avant que Dieu, dans Son incommensurable miséricorde, ne
nous délivre de l'emprise de nos ennemis. C'est une des raisons pour
laquelle nous consommons de la Massoh, qui est un pain très
rudimentaire uniquement à base de farine et d'eau, rien de plus. Et
tout comme un pauvre n'a pas les capacités d'avoir beaucoup de pains
entiers chez lui, mais se nourrit généralement de pains déjà
coupés, nous aussi devons nous contenter ce soir-là de ne consommer
qu'une seule Massoh entière et une demi-Massoh, contrairement
aux autres Yomim Tôvim et Shabbothôth où nous consommons deux
miches de pain entières.
Et
puisque l'obligation de la Massoh le soir du Sédhar
s'accomplit en consommant au minimum une quantité équivalent à la
taille d'une olive ordinaire, une Massoh et demi est largement
suffisante pour tout le Sédhar.
- Quelles sont les autres produits et éléments nécessaires pour le bon déroulement du Sédhar ?
Voici
une liste de tout ce dont on a besoin pour le soir du Sédhar.
- Les Massôth
Comme
nous l'avons mentionné plus haut, on doit utiliser une Massoh
entière et une demi-Massoh pour la Miswoh (l'autre
moitié de la Massoh coupée en deux sera consommée à la fin
du repas).
Contrairement
à la pratique qui prévaut aujourd'hui où chaque personne a devant
elle des Massôth, la pratique des Talmidhé HaRamba''m
(conformément aux instructions talmudiques) consiste à ne mettre à
table que les deux Massôth qui serviront au Sédhar.
- Un plateau
Contrairement
à la pratique qui prévaut de nos jours où chaque personne possède
son plateau, notre pratique consiste à n'en avoir qu'un seul.
N'importe
quel plateau fera l'affaire. Il n'est pas nécessaire d'en acheter un
neuf rien que pour l'occasion, ni de dépenser son argent pour en
acquérir un spécialement en argent.
L'idéal
consiste à manger sur une table basse placée au milieu de la pièce,
de façon à pouvoir manger assis par terre.
On
placera sur ce plateau du Morôr (herbes amères), un autre légume,
deux Massôth, de la Harôsath et deux sortes
d'aliments (un pour remplacer le Qorban Pasah et l'autre pour
remplacer le Qorban Haghighoh).
- Du vin/jus de raisin
Durant
le Sédhar, chaque personne doit boire quatre coupe de vin ou de jus
de raisin. Il faudra donc s'assurer qu'il y en ait assez pour chaque
participant, de façon à théoriquement pouvoir remplir quatre
coupes par personne.
Notons
que le but n'est pas de s'enivrer. Par conséquent, il convient de
diluer le vin avec de l'eau au cas où il serait trop fort.
Le
vin blanc est tout autant valable que le vin rouge. Néanmoins, pour
symboliser le sang versé par nos ancêtres, il est de coutume de
préférer le vin rouge.
Si
on ne peut boire du vin ou que l'on préfère tout simplement le jus
de raisin, on pourra s'acquitter de son devoir par quatre coupes de
jus de raisin.
- Les coupes/gobelets
Chaque
personne devrait avoir sa propre coupe ou son propre gobelet. Mais si
on en utilise un pour tout le monde, c'est également valable.
Le
récipient dans lequel le vin sera bu peut être fait dans n'importe
quel matériau, et doit pouvoir contenir au minimum 143,5
millilitres. Rappelons que ce n'est pas la quantité de vin par coupe
que l'on a l'obligation de boire, mais bien la capacité de la coupe.
Le minimum requis de vin à boire par coupe est ce qui est suffisant
pour remplir une joue.
On
doit veiller à nettoyer l'extérieur et l'intérieur de chaque coupe
avant de les utiliser lors du Sédhar.
La
pratique des Talmidhé HaRamba''m et Témonim consiste à nettoyer sa
coupe chaque fois avant de boire du vin, de façon à s'assurer qu'il
ne reste plus de trace de vin de la précédente coupe, car toutes
les quatre coupes constituent une Miswoh indépendante.
- Un Kali et une bassine pour les ablutions
Nous
nous lavons les mains à au moins deux reprises au cours du Sédhar :
une première fois au tout début après avoir fait le Qiddoush pour
se préparer à consommer un légume que l'on trempera dans de la
Harôsath (la Halokhoh oblige à se laver les mains avant de
consommer un aliment qui se trempe dans certains liquides), et une
deuxième fois après avoir achevé la première partie du Hallél
afin de se préparer à consommer la Massoh (la Halokhoh
oblige à se laver les mains avant de consommer du pain).
La
pratique des Talmidhé HaRamba''m consiste à se faire laver les
mains par quelqu'un d'autre, plutôt que le faire soi-même. On
placera ses mains au-dessus d'une bassine et quelqu'un d'eau
déversera de l'eau dessus. (Mais si chacun se lave les mains seul,
c'est évidemment valable.)
- Morôr (herbes amères)
Assurez-vous
d'en avoir suffisamment pour que chaque personne participant au
Sédhar puisse en consommer dans une mesure équivalent au moins à
la taille d'une olive ordinaire, et en prenant en compte que chacun
en mangera à deux reprises au cours du Sédhar : une première
fois après avoir mangé de la Massoh et une deuxième fois en
mélangeant le Morôr à de la Massoh.
Il
convient de préciser que contrairement à ce que l'on pense
généralement, le terme « Morôr » se réfère à des
herbes très spécifiques. Voici ce que rapporte le Ramba''m4 :
Les
herbes amères mentionnées dans la Tôroh sont [les suivantes] :
la laitue romaine, les endives, le raifort, le panicaut,
l'armoise. Chacune de ces cinq espèces végétales s’appelle
Morôr. Et si on a mangé le volume d’une olive de l’une
d’entre elle ou des cinq [espèces végétales], on est quitte
[du devoir de consommer des herbes amères], à condition qu’elles
soient humides5.
[Néanmoins], on s’acquitte [du devoir de consommer des herbes
amères en mangeant] leur tige, même si elle est sèche. Et si on
les a bouillies, mises en saumure, ou cuites, on ne s’acquitte
pas [du devoir de consommer des herbes amères] avec.
|
מְרוֹרִים
הָאֲמוּרִים בַּתּוֹרָה,
הֶן
הַחַזֶּרֶת וְהָעֻלְשִׁין וְהַתְּמָכָה
וְהַחַרְחֲבוֹנָה וְהַמָּרוֹר;
כָּל
אֶחָד מֵחֲמֵשֶׁת מִינֵי יָרָק אֵלּוּ,
נִקְרָא
מָרוֹר.
וְאִם
אָכַל מֵאֶחָד מֵהֶן אוֹ מֵחֲמִשְׁתָּן
כַּזַּיִת,
יָצָא--וְהוּא,
שֶׁיִּהְיוּ
לַחִין;
וְיוֹצְאִין
בְּקֶלַח שֶׁלָּהֶן,
אַפִלּוּ
יָבֵשׁ.
וְאִם
שְׁלָקָן,
אוֹ
כְּבָשָׁן,
אוֹ
בִּשְּׁלָן--אֵין
יוֹצֶא בָּהֶן
|
Le
Talmoudh6
explique que de ces cinq espèces, il est préférable d'accomplir la
Miswoh des herbes amères avec de la laitue romaine, bien que
ses feuilles soient douces. Pourquoi ? Tout comme l'exil
égyptien commença d'une façon agréable mais s'acheva dans une
oppression amère, de même, les feuilles de cette plante sont
douces, mais sa racine amère. En outre, son nom araméen חַסָא
« Haso` »
signifie également « compassion », et fait
allusion à la miséricorde dont Dieu a fait preuve à l'égard de
notre peuple. D'un point de vue halakhique, il est plus facile de
consommer le volume d'une olive ordinaire de Morôr en utilisant de
la laitue romaine.
La
raison pour laquelle la Miswoh s'accomplit en consommant la
tige est que c'est la partie amère de ces cinq espèces d'herbes
amères.
Quant
à la raison pour laquelle on ne peut les consommer bouillies, mises
en saumure (dans du vinaigre, ou laissées dans l'eau pendant plus
d'une journée) ou cuites, c'est parce que ces trois activités
retirent (ou amoindrissent) l'amertume de ces légumes.
Vous
avez donc le choix entre ces cinq légumes. La pratique des Talmidhé
HaRamba''m consiste généralement à utiliser de la laitue romaine.
Notez
qu'il est possible d'employer plusieurs de ces espèces, et pas
seulement une seule.
- Karpas
Il
doit y avoir un légume (Karpas) par personne. Ce légume sera
différent de celui que l'on aura choisi comme Morôr. On utilise
généralement du persil, du céleri ou encore du radis. (On peut, en
réalité, employer quelque légume que l'on désire. C'est ainsi que
les Juifs Russes employaient une pomme de terre cuite ou des oignons
crus.) On en mange après le premier lavage des mains dans une mesure
minimale équivalent au volume d'une olive ordinaire.
Contrairement
à la pratique de bon nombre de Juifs d'aujourd'hui, les Talmidhé
HaRamba''m, Témonim et d'autres encore, trempent le Karpas dans la
Harôsath, et non dans de l'eau salée.
- La Harôsath
Il
est très facile de faire de la Harôsath. Voici ce que
rapporte le Ramba''m7 :
La
Harôsath
est une Miswoh
émanant des paroles des Scribes en souvenir de l'argile avec
laquelle [nos ancêtres] ont travaillée en Égypte. Et comment
l'obtient-on ? Nous prenons des dattes, des figues sèches,
ou des raisins et ce qui leur ressemble, et nous les écrasons.
Nous y ajoutons du vinaigre, et les mélangeons à des épices,
tout comme l'argile est mélangée dans de la paille. On la place
sur la table la nuit de Pasah
|
הַחֲרֹסֶת--מִצְוָה
מִדִּבְרֵי סוֹפְרִים,
זֵכֶר
לַטִּיט שֶׁהָיוּ עוֹבְדִין בּוֹ
בְּמִצְרַיִם.
וְכֵיצַד
עוֹשִׂין אוֹתָהּ--לוֹקְחִין
תְּמָרִים אוֹ גְּרֹגְּרוֹת אוֹ
צִמּוּקִין וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן,
וְדוֹרְסִין
אוֹתָן,
וְנוֹתְנִין
לְתוֹכָן חֹמֶץ,
וּמְתַבְּלִין
אוֹתָן בִּתְבָלִין כְּמוֹ טִיט
בְּתֶבֶן;
וּמְבִיאִין
אוֹתָן עַל הַשֻּׁלְחָן,
בְּלֵיל
הַפֶּסַח
|
Nous
utilisons généralement (pour quatre personnes) 200 grammes de
dattes, 200 grammes de figues sèches, 200 grammes d'amendes et 200
grammes de cerneaux de noix. On mixe tous les fruits secs séparément
(mais pas trop, pour que cela ne devienne pas de la mousse), on
mélange le tout ensemble et on moud, puis on rajoute du vinaigre (ou
trois cuillères à soupe de vin rouge) et des épices. (Il va de soi
qu'il existe de nombreuses recettes différentes.)
- Deux aliments en souvenir des sacrifices
On
placera sur le plateau du Sédhar deux aliments dont l'un
représentera le Qorban Pasah et l'autre le Qorban Haghighoh.
Le Talmoudh rapporte quatre possibilités8 :
- des betteraves et du riz
- du poisson et un œuf
- deux sortes de viande différentes
- une seule viande et le jus dans lequel elle a été cuite suffisent.
Il
va de soi qu'il ne s'agit là que d'exemples. On peut tout à fait
choisir des betteraves et des œufs durs, ou une sorte de viande et
du riz. En d'autres mots, les combinaisons peuvent se faire de
différentes manières.
Pour
ceux qui utilisent de la viande, il est préférable qu'elle soit
grillée, tout comme l'était le Qorban Pasah.
- Une Haggodhoh
Une
seule Haggodhoh, et elle sera utilisée par le meneur. Toutefois,
ceux qui veulent suivre peuvent également avoir devant eux leur
propre Haggodhoh. Il est préférable d'utiliser une Haggodhoh
traduite dans la langue que l'on comprend. Ainsi, au Yémen, la
Haggodhoh était systématiquement traduite en Arabe.
Ce
sont là les dix choses essentielles que l'on veillera à avoir pour
le Sédhar.
- Que fait-on si on n'a pas de vin ou que l'on n'a que du Morôr ?9
Si
on n'a pas de vin pour le Sédhar, on fera tout simplement le
Qiddoush sur les Massôth (tout comme on fait le Qiddoush sur
le pain lorsqu'on n'a pas de vin pour Shabboth).
Si
on a que du Morôr mais pas de Karpas, on utilisera son Morôr aussi
bien comme « Morôr » que comme « Karpas »
durant le Sédhar.
1Barokhôth
39b
2Davorim
16:3
3Hilkôth
Homés Oumassoh 8:6
4Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Homés Oumassoh 7:15
5C'est-à-dire,
fraîches
6Pasohim
39a
7Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Homés Oumassoh 7:13
8Pasohim
114b
9Hilkôth
Homés Oumassoh 8:12