mardi 14 juin 2016

La définition de la vraie foi

ב״ה

La définition de la vraie foi


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Nous lisons ceci dans le Mishnéh Tôroh du Ramba''m ז״ל1 :

Celui qui sert [Dieu] par amour s'investit dans la Tôroh et dans les Miswôth et marche dans les sentiers de la sagesse pour aucun motif ultérieur, ni par peur d'expérimenter quelque chose de mal, ni par espoir de jouir de ce qui est bien. Plutôt, il accomplit la vérité parce qu'elle est vérité, et en fin de compte le bien viendra par cela.
הָעוֹבֵד מֵאַהֲבָה, עוֹסֵק בַּתּוֹרָה וּבַמִּצְווֹת וְהוֹלֵךְ בִּנְתִיבוֹת הַחָכְמָה--לֹא מִפְּנֵי דָּבָר בָּעוֹלָם, לֹא מִפְּנֵי יִרְאַת הָרָעָה, וְלֹא כְּדֵי לִירָשׁ הַטּוֹבָה: אֵלָא עוֹשֶׂה הָאֱמֶת, מִפְּנֵי שְׁהוּא אֱמֶת; וְסוֹף הַטּוֹבָה לָבוֹא בִּכְלָל

C'est l'une des paroles les plus profondes de toute la littérature juive et qui définit la foi israélite telle qu'elle est réellement : la quête de la vérité ultime !

Certaines personnes qui se disent religieuses font du mal aux autres dans ce monde car ils ne comprennent pas vraiment ce qu'est la foi. Ce n'est qu'en acceptant cette définition donnée par le Mishnéh Tôroh que l'on peut contempler le Judaïsme dans sa splendeur, cette foi pratiquée par les vrais suiveurs du Livre : une foi de droiture avec Dieu et d'intégrité envers les hommes, une foi qui émeut l'homme de sorte qu'il ne recherche et ne coure qu'après la vérité et la justice, comme il est écrit dans la sainte Tôroh elle-même2 : צֶדֶק צֶדֶק, תִּרְדֹּף « C'est la justice, oui la justice, que tu poursuivras ! ».

Aujourd'hui, beaucoup de personnes ont façonné la foi à leur propre image. Plutôt que de penser comme les textes de la tradition le demandent, ils leur font dire ce qu'ils ne disent pas mais plutôt ce qu'ils voudraient que les textes disent. Mais quand on agit de la sorte, on interprète mal et tord complètement le sens des sources et ce qu'elles nous enseignent. C'est ainsi que les uns manipulent la sainte Tôroh et que les autres tordent le vrai sens du Talmoudh, à la grande honte des Juifs qui sont sincères devant leur Dieu.

Dieu nous a doté d'une conscience. Cette conscience nous permet de nous voir, dans notre relation avec les autres, dans notre relation avec notre environnement et le monde qui nous entoure. Cette conscience nous permet d'aller voir plus loin que notre propre nez, de voir l'autre et de développer un comportement moral et éthique qui prend en compte l'autre et notre environnement. La Tôroh reprend en son sein un total de 613 Miswôth que le Juif doit respecter et qui sont divisées en 248 Miswôth Positives (obligations) et 365 Miswôth Négatives (interdictions). Le Séfar Hammiswôth du Ramba''m énonce ainsi la 8ème Miswoh Positive de la Tôroh : המצווה השמינית הציווי שנצטווינו להדמות לו ית' כפי יכלתנו, והוא אמרו: והלכת בדרכיו « Le huitième Commandement Positif est celui qui nous a été enjoint de rechercher Dieu, exalté soit-Il, afin d'être capable de L'imiter. Et c'est ce qui est dit3 : ''Et tu marcheras dans Ses voies.'' ».

Le problème est que connaître Dieu, savoir comment L'imiter, n'est pas chose aisée. Dieu est la Vérité mais aussi le Grand Mystère, et la quête pour Le découvrir et savoir interpréter correctement Ses actions sont une mission de toute une vie qui englobe tous les aspects de la journée et de la vie du croyant. Le plus grand défi consiste à surmonter la subjectivité, ses idées préconçues, ses préjugés, afin de pouvoir voir les choses objectivement. C'est là que la Tôroh et les Miswôth, qui représentent les aspects théoriques et pratiques du Judaïsme, entrent en piste. En tant que Juifs, nous croyons que ce sont les outils qui perfectionnent (pour ainsi dire) notre esprit, nos émotions et nos actes, de telle sorte que nous devenons capables de penser objectivement et agir de façon constructive. La Tôroh et les Miswôth ne sont pas l'objectif et la fin de toute vie religieuse, mais les cadeaux les plus précieux que nous ayons reçus du Saint, béni soit-Il, pour nous perfectionner et nous aider à atteindre le but ultime qui est de trouver Dieu et Ses voies et L'imiter !

Quand la foi est focalisée sur la réalisation de ces objectifs, alors elle devient réellement une expérience personnelle qui nous transcende et ne mène pas à contrôler, manipuler, faire du mal ou tuer gratuitement qui ce soit. Bien au contraire, elle nous imprègne d'amour et de respect pour les autres et nous pousse à entrainer les autres dans cette quête en étant pour eux un exemple d'amour pour chaque être humain. C'est ce que la Tôroh et le Talmoudh nous demandent, du début à la fin. Des 613 Miswôth qui se retrouvent dans la Tôroh, toutes peuvent être transgressées lorsque la vie est menacée, à l'exception de trois d'entre elles. L'une de ces trois Miswôth qu'il nous est interdit de transgresser même lorsque notre vie est menacée est celle de tuer quelqu'un d'autre gratuitement. C'est-à-dire que si quelqu'un nous menace en nous disant « Tu dois tuer Untel ou je te tuerai ! », la Tôroh interdit d'obéir et nous donne une obligation de préférer mourir plutôt que tuer l'autre être humain que l'on nous a demandé d'éliminer. Et le Talmoudh, dans l'un de ses plus beaux passages, nous en donne la raison4 : « Tu dois le laisser tuer plutôt que de commettre un meurtre, car comment sais-tu que ton sang est plus rouge que le sien ? Peut-être que son sang est plus rouge que le tien ! ». Toute personne qui se prétend religieuse ne peut pas volontairement tuer des innocents, car la foi produit l'amour envers les créatures du Créateur. Une pratique religieuse qui ne produit pas l'amour en ses fidèles est le produit de la haine de ses fidèles, et non de la foi. Et c'est pourquoi, le Talmoudh nous dit5 : « Ce qui t'est détestable, ne le fais pas aux autres. C'est cela toute la Tôroh ! Le reste n'en est que le commentaire. Vas et étudie le reste ! ». Et quand le Talmoudh nous dit dans ce passage que « Le reste n'en est que le commentaire », celui signifie que toute la Tôroh, de A à Z, ne contient que des instructions pour développer une relation respectueuse entre l'homme et son prochain, de sorte sue le Talmoudh dit ailleurs6 : « Le monde repose sur trois principes : la vérité, la justice et la paix ! ». Et l'une des 613 Miswôth les plus connues de toute la Tôroh est évidemment celle-ci7 : וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Et tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Nous pourrions multiplier les exemples dans la Tôroh et le Talmoudh, mais ceux-ci sont déjà suffisants. Ce sont ces valeurs-là qui nous ont toujours suivi durant notre exil et qui ont toujours influencé notre relation avec les autres, que ce soit lorsqu'on se trouvait au Maghreb et au Proche-Orient au milieu des arabes (chrétiens et musulmans), ou lorsqu'on se trouvait persécutés en Europe chrétienne.

Il faut faire remarquer qu'à la fin de la très longue liste où la Tôroh rapporte toutes les punitions qui nous tomberont dessus en cas d'abandon de la Tôroh, la Tôroh nous promet que lorsqu'on se rendra compte de nos erreurs et qu'on se détournera du mal les choses iront mieux pour nous, mais que l'objectif final que l'on devra se fixer devra être celui-ci8 : וּמָל יהוה אֱלֹקֶיךָ אֶת-לְבָבְךָ, וְאֶת-לְבַב זַרְעֶךָ: לְאַהֲבָה אֶת-יהוה אֱלֹקֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשְׁךָ--לְמַעַן חַיֶּיךָ « Et `adhônoy, ton Dieu, circoncira ton cœur, et le cœur de ta postérité, afin d'aimer `adhônoy, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, pour que tu puisses vivres ». Ainsi, le but ultime est de servir Dieu par amour (et non par peur de la punition, d'aller en « Enfer », etc.). Mais l'amour vient avec la connaissance ! Nous aimons quelqu'un que l'on connait ; nous n'aimons pas ce que nous ne connaissons pas !

Comprendre que la Tôroh a été donnée, non pas pour être appliquée par contrainte, mais par amour pour notre Dieu, et que la Tôroh et les Miswôth ne sont pas seulement des théories et des pratiques rituelles, mais servent à imprégner nos cœurs, nos gestes et nos paroles d'amour pour les autres, nous aidera à ne pas tomber dans le piège des égarés qui font le mal autour d'eux au nom de la foi, qui n'est pas la nôtre, mais une qu'ils ont façonnée à leur image !

1Hilkôth Tashouvoh 10:3
2Davorim 16:20
3Ibid., 28:9
4Sanhédhrin 74a
5Shabboth 31a
6`ovôth 1:18
7Wayyiqro` 19:18

8Davorim 30:6