ב״ה
Le
pardon dans la tradition juive II
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Dans
la première partie, nous nous sommes principalement focalisés sur
le pardon Divin. Nous allons à présent voir ce qu'il en est du
pardon entre les hommes. Voici ce qu'écrit le Ramba''m ז״ל
dans
son Mishnéh Tôroh1 :
Il
est défendu d'être cruel et de ne pas s'apaiser. On doit plutôt
être facilement apaisé et difficilement irrité. Et quand
l'offenseur a demandé pardon, on doit lui pardonner d'un cœur
entier et d'un esprit généreux. Même s'il nous a causé de la
peine et commis de nombreuses offenses contre nous, on ne doit ni
nous venger ni garder rancune contre lui. Telle est la conduite de
la postérité d'Israël, et leur cœur droit.
Mais
les Gôyim incirconcis de cœur ne sont pas ainsi ; plutôt,
« ils
se complaisent dans une haine sans fin ».2
C'est ainsi qu'il est dit
au sujet des Gabaonites3 :
« Et les Gabaonites ne
faisaient pas partie des Israélites »,
parce qu'ils n'ont pas pardonné aux Israélites. |
לְפִי
שֶׁאָסוּר לָאָדָם שֶׁיִּהְיֶה אַכְזָרִי
וְלֹא יִתְפַּיַּס,
אֵלָא
יִהְיֶה נוֹחַ לְרַצּוֹת וְקָשֶׁה
לִכְעֹס,
וּבְשָׁעָה
שֶׁמְּבַקֵּשׁ מִמֶּנּוּ הַחוֹטֶא
לִמְחֹל,
מוֹחֵל
בְּלֵבָב שָׁלֵם וּבְנֶפֶשׁ חֲפֵצָה;
וְאַפִלּוּ
הֵצֵר לוֹ הַרְבֵּה וְחָטָא לוֹ הַרְבֵּה,
לֹא
יִקֹּם וְיִטֹּר.
וְזֶה
הוּא דַּרְכָּם שֶׁלְּזֶרַע יִשְׂרָאֵל,
וְלִבָּם
הַנָּכוֹן.
אֲבָל
הַגּוֹיִים עַרְלֵי לֵב אֵינָן כֵּן,
אֵלָא
"וְעֶבְרָתוֹ
שְׁמָרָה נֶצַח";
וְכֵן
הוּא אוֹמֵר עַל הַגִּבְעוֹנִים לְפִי
שֶׁלֹּא מָחֲלוּ לְיִשְׂרָאֵל,
"וְהַגִּבְעֹנִים
לֹא מִבְּנֵי יִשְׂרָאֵל הֵמָּה
|
Après
avoir établit dans les Halokhôth 11 à 13 l'obligation de demander
pardon à la victime pour obtenir l'expiation pour les péchés
interpersonnels, le Ramba''m s'adresse à présent à la victime, et
exige qu'il accorde de bon cœur son pardon à celui qui l'a offensé.
Peu importe la gravité ou le nombre de fois où il a été offensé,
la victime est enjointe à accorder son pardon plutôt que de
conserver de mauvais sentiments à l'égard de l'offenseur.
Ce
commentaire, le Ramba''m ne l'a évidemment pas inventé ; il
tire ses origines dans de très nombreux passages du Talmoudh, comme
par exemple dans la Gamoro` de Bavo`
Qammo` 92a.
Après l'enlèvement de Soroh `imménou ע״ה
par
`avimalakh, ce dernier la rendit à `avrohom `ovinou ע״ה
et
lui demanda pardon. `avrohom `ovinou pria immédiatement le
Tout-Puissant (puisse Son nom être béni d'éternité en éternité)
en faveur de `avimalakh, comme il est rapporté dans la Tôroh4 :
וַיִּתְפַּלֵּל
אַבְרָהָם,
אֶל-הָאֱלֹהִים;
וַיִּרְפָּא
אֱלֹהִים אֶת-אֲבִימֶלֶךְ
וְאֶת-אִשְׁתּוֹ,
וְאַמְהֹתָיו
« Et
`avrohom pria Dieu, et Dieu guérit `avimalakh, sa femme et ses
servantes »,
indiquant par-là son pardon sincère et authentique pour le crime
commis par le roi vis-à-vis de son épouse. La Gamoro` considère le
comportement de `avrohom `ovinou comme étant le précédent qui
établit le fait d'accorder son pardon, même dans des cas d'offenses
particulièrement graves.
De
même, dans la Gamoro` de Yômo`
87b,
il est rapporté l'enseignement de Ravo` ז״ל selon quoi celui qui
s'habitue à מעביר
על מידותיו
« Ma´avir
´al Middôthow »
(ignorer ses envies de représailles) méritera des mesures
similaires de pardon de la part du Tout-Puissant ית׳.
Le Talmoudh fait clairement comprendre que cette déclaration de
Ravo` est la Halokhoh. Cette Halokhoh est mentionnée dans le
Talmoudh en signe de désapprobation du refus de Rébbi Hanino`
ז״ל
de
pardonner Rov pour l'avoir insulté.
Pour
revenir à la Halokhoh susmentionnée du Ramba''m, il précise
qu'accorder le pardon est non seulement obligatoire mais fait
également partie du comportement moral d'un Israélite : וְזֶה
הוּא דַּרְכָּם שֶׁלְּזֶרַע יִשְׂרָאֵל,
וְלִבָּם
הַנָּכוֹן
« Telle
est la conduite de la postérité d'Israël, et leur cœur droit ».
Il fait ensuite référence à l'incident décrit dans 2
Shamou`él Chapitre 21,
où la tribu des Gabaonites demanda l'exécution de sept descendants
de Sho`oul Hammalakh ע״ה
en
représailles pour les crimes qu'il avait commis contre eux. Leur
refus catégorique de refuser tout règlement pacifique du conflit
mais d'exiger plutôt la mort de sept descendants de Sho`oul
Hammalakh5,
qui n'avaient rien à voir avec les actes qu'auraient pu commettre le
roi, prouvait la méchanceté de leurs cœurs. Dans ce contexte-là,
le Prophète se fait alors un point d'honneur d'insister sur le fait
que cette tribu-là n'appartenait pas aux Bané Yisro`él6,
ce que le Ramba''m interprète comme voulant marquer un contraste
avec la Middoh naturelle des Bané Yisro`él qui, eux, pardonnent de
bon cœur. C'était à cause du fait que הַגִּבְעֹנִים
לֹא מִבְּנֵי יִשְׂרָאֵל הֵמָּה
« les
Gabaonites ne faisaient pas partie des Bané Yisro`él »,
et ne possédaient donc pas cette Middoh du pardon avec compassion,
qu'ils furent si cruels et exigèrent un tel « dédommagement »
pour venger les crimes de Sho`oul Hammalakh.
Il
est écrit dans la Tôroh7 :
לֹא-תִקֹּם
וְלֹא-תִטֹּר
אֶת-בְּנֵי
עַמֶּךָ
« Ne
te venge pas et ne garde pas rancune aux enfants de ton peuple ».
Le Ramba''m explique ce verset de la façon suivante8 :
9.
Celui qui se venge de son
coreligionnaire transgresse une [Miswoh]
Lô` Tha´asah, car il est dit : « Ne te
venge pas ».9
Et bien qu'il n'y ait pas de flagellation, c'est un très mauvais
trait de caractère. Plutôt, il convient que l'homme détache
[ses sentiments] de toutes les choses du monde10,
car quiconque est doté d'intelligence est conscient que ce sont
des choses vaines et sans valeur, et pour lesquelles il ne
convient pas de se venger.
|
ט הַנּוֹקֵם
אֶת חֲבֵרוֹ--עוֹבֵר
בְּלֹא תַעֲשֶׂה,
שֶׁנֶּאֱמָר
"לֹא-תִקֹּם".
וְאַף
עַל פִּי שְׁאֵינוּ לוֹקֶה,
דֵּעָה
רָעָה הִיא עַד מְאוֹד;
אֵלָא
רָאוּי לָאָדָם לִהְיוֹת מַעְבִיר עַל
כָּל דִּבְרֵי הָעוֹלָם--שֶׁהַכֹּל
אֵצֶל הַמְּבִינִים דִּבְרֵי הֶבֶל
וַהֲבָאי,
וְאֵינָן
כְּדַאי לִנְקֹם עֲלֵיהֶם
|
10.
Comment [se comprend] la
vengeance ? Son coreligionnaire lui a dit « Prête-moi
ta hache ! »,
[et] il lui répond : « Je
ne te la prêterai pas ! ».
Le lendemain, il a besoin de lui demander [une faveur] et lui
dit : « Prête-moi
ta hache ! »,
[et son coreligionnaire] lui répond : « Je
ne te la prêterai pas, de la même manière que tu ne me l'as pas
prêtée lorsque je te l'ai demandée »,
ceci est [appelé] « se venger ». Plutôt, lorsqu'on
vient lui demander [une faveur], il doit l'accorder d'un cœur
entier, sans lui rendre la pareille pour ce qu'il lui a fait
subir. Il en est de même pour tout cas semblable. Ainsi, Dowidh,
par ses bons traits de caractère, a dit11 :
« Si j'ai rendu la pareille, fait payer celui
qui m'a fait du mal, etc. »
|
י כֵּיצַד
הִיא הַנְּקִימָה:
אָמַר
לוֹ חֲבֵרוֹ הַשְׁאִילֵנִי קַרְדֻּמָּךְ,
אָמַר
לוֹ אֵינִי מַשְׁאִילָךְ;
לְמָחָר
צָרַךְ לִשְׁאֹל מִמֶּנּוּ,
אָמַר
לוֹ הַשְׁאִילֵנִי קַרְדֻּמָּךְ,
אָמַר
לוֹ אֵינִי מַשְׁאִילָךְ,
כְּדֶרֶךְ
שֶׁלֹּא הִשְׁאַלְתַּנִי כְּשֶׁשָּׁאַלְתִּי
מִמָּךְ--הֲרֵי
זֶה נוֹקֵם.
אֵלָא
כְּשֶׁיָּבוֹא לִשְׁאֹל,
יִתֵּן
בְּלֵב שָׁלֵם וְלֹא יִגְמֹל לוֹ
כַּאֲשֶׁר גְּמָלוֹ;
וְכֵן
כָּל כַּיּוֹצֶא בְּאֵלּוּ.
וְכֵן
אָמַר דָּוִיד בְּדֵעוֹתָיו הַטּוֹבוֹת,
אִם-גָּמַלְתִּי,
שׁוֹלְמִי
רָע
|
11.
De même, quiconque garde
rancune contre l'un des Israélites transgresse une [Miswoh]
Lô` Tha´asah, car il est dit : « et
ne garde pas rancune aux enfants de ton peuple ».
Comment cela [s'applique-t-il] ? Ra`ouvén a dit à Shim´ôn :
« Loue-moi cette
maison ! »,
ou « Prête-moi
ce bœuf ! »,
mais Shim´ôn n'a pas voulu. Quelques jours plus tard, Shim´ôn
a besoin [d'aller voir] Ra`ouvén pour lui emprunter ou lui louer
[un bien], et Ra`ouvén lui dit : « Le
voici, je te le prête ! Je ne suis pas comme toi. Et je ne
te traiterai pas comme tu l'as fait ».
Celui qui agit ainsi transgresse [l'interdiction de] « et
ne garde pas rancune ».
|
יא וְכֵן
כָּל הַנּוֹטֵר לְאֶחָד מִיִּשְׂרָאֵל--עוֹבֵר
בְּלֹא תַעֲשֶׂה,
שֶׁנֶּאֱמָר
"וְלֹא-תִטֹּר
אֶת-בְּנֵי
עַמֶּךָ".
כֵּיצַד:
רְאוּבֵן
שֶׁאָמַר לְשִׁמְעוֹן שְׂכֹר לִי בַּיִת
זֶה,
אוֹ
הַשְׁאִילֵנִי שׁוֹר זֶה,
וְלֹא
רָצָה שִׁמְעוֹן;
לְיָמִים
צָרַךְ שִׁמְעוֹן לִרְאוּבֵן לִשְׁאֹל
מִמֶּנּוּ אוֹ לִשְׂכֹּר,
וְאָמַר
לוֹ רְאוּבֵן הֵא לָךְ,
הֲרֵינִי
מַשְׁאִילָךְ,
וְאֵינִי
כְּמוֹתָךְ,
וְלֹא
אֲשַׁלַּם לָךְ כְּמַעֲשֶׂיךָ--הָעוֹשֶׂה
כְּזֶה,
עוֹבֵר
בְּ"לֹא
תִטֹּר
|
12.
Plutôt, il doit effacer la
chose de son cœur et ne pas nourrir de la rancœur, car tant
qu'il nourrit de la rancœur et se remémore la chose, peut-être
qu'il en viendrait à se venger. C'est pourquoi, la Tôroh a
condamné la rancune, au point [d'exiger] que l'on efface de son
cœur le tord (qui nous a été causé] et ne se le remémore
plus. Et ceci est un trait de caractère droit, qui rend possible
une vie civilisée et des relations commerciales entre les êtres
humains.
|
יב אֵלָא
יִמְחֶה הַדָּבָר מִלִּבּוֹ וְלֹא
יִטְּרֶנּוּ,
שֶׁכָּל
זְמָן שְׁהוּא נוֹטֵר אֶת הַדָּבָר
וְזוֹכְרוֹ,
שֶׁמֶּא
יָבוֹא לִנְקֹם.
לְפִיכָּךְ
הִקְפִּידָה תּוֹרָה עַל הַנְּטִירָה,
עַד
שֶׁיִּמְחֶה הֶעָווֹן מִלִּבּוֹ כְּלָל
וְלֹא יִזְכְּרֶנּוּ;
וְזוֹ
הִיא הַדֵּעָה הַנְּכוֹנָה שֶׁאִפְשָׁר
שֶׁיִּתְקַיַּם בָּהּ יִשּׁוּב הָאָרֶץ,
וּמַשָּׂאָן
וּמַתָּנָן שֶׁלִּבְנֵי אָדָם זֶה עִם
זֶה
|
Le
Ramba''m définit ici la vengeance comme étant le fait d'agir avec
hostilité envers un Israélite en réponse à l'hostilité de ce
dernier à notre égard, alors que la rancune diffère de la
vengeance dans le sens où elle implique une façon de parler à
l'autre Israélite qui indique clairement qu'on lui tient toujours
rigueur pour ce qu'il a pu faire ou dire. La vengeance se transgresse
par des actes, alors que la rancune se transgresse en parlant de
telle sorte à rappeler à l'autre ce qu'il nous a fait, même si on
agit bien à son égard. Le fait de ne pas accorder le pardon à un
Israélite qui le demande sincèrement pourrait entrer dans la
catégorie de la « vengeance », dans le sens où ne pas
lui pardonner est un acte concret de représailles, tout comme cela
pourrait entrer dans la catégorie de la « rancune »,
dans le sens où lorsqu'on a refusé de lui pardonner, on a exprimé
verbalement qu'on continue à entretenir de mauvais sentiments à son
égard.
Ailleurs,
le Ramba''m écrit ceci12 :
7.
Lorsqu'un homme pèche
contre un [autre] homme, [ce dernier] ne doit pas le mépriser et
garder le silence, comme ce qui est écrit au sujet des impies13 :
« `avsholôm ne parla à `amnôn ni en mal ni en
bien, car `avsholôm haïssait `amnôn ».
Plutôt, il est une Miswoh
qui lui incombe de le lui faire savoir et de lui dire :
« Pourquoi
m'as-tu fait ceci et cela ? »
ou « Pourquoi
as-tu péché de telle façon envers moi ? »,
car il est dit14 :
« tu réprimanderas certainement quelqu'un de
ton peuple, et n'assume pas de péché à cause de lui ».
Et s'il15
se reprend et lui demande de lui pardonner, il16
doit pardonner et ne doit pas être cruel, car il est dit17 :
« et `avrohom pria Dieu, etc. »
|
ז כְּשֶׁיֶּחֱטָא
אִישׁ לְאִישׁ--לֹא
יִשְׂטְמֶנּוּ וְיִשְׁתֹּק,
כְּמוֹ
שֶׁנֶּאֱמָר בָּרְשָׁעִים "וְלֹא-דִבֶּר
אַבְשָׁלוֹם עִם-אַמְנוֹן,
לְמֵרָע
וְעַד-טוֹב:
כִּי-שָׂנֵא
אַבְשָׁלוֹם,
אֶת-אַמְנוֹן";
אֵלָא
מִצְוָה עָלָיו לְהוֹדִיעוֹ וְלוֹמַר
לוֹ,
לָמָּה
עָשִׂיתָ לִי כָּךְ וְכָּךְ וְלָמָּה
חָטָאתָ לִי בְּדָבָר פְּלוֹנִי:
שֶׁנֶּאֱמָר
"הוֹכֵחַ
תּוֹכִיחַ אֶת-עֲמִיתֶךָ,
וְלֹא-תִשָּׂא
עָלָיו חֵטְא".
וְאִם
חָזַר וּבִקַּשׁ מִמֶּנּוּ לִמְחֹל
לוֹ,
צָרִיךְ
שֶׁיִּמְחֹל;
וְלֹא
יְהֶא הַמּוֹחֵל אַכְזָרִי,
שֶׁנֶּאֱמָר:
וַיִּתְפַּלֵּל
אַבְרָהָם,
אֶל-הָאֱלֹהִים
|
Lorsqu'un
homme pèche contre un [autre] homme, [ce dernier] ne doit pas le
mépriser et garder le silence,
comme ce
qui est écrit au sujet des impies : « `avsholôm ne
parla à `amnôn ni en mal ni en bien, car `avsholôm haïssait
`amnôn » :
`avsholôm avait tous les droits de haïr `amnôn qui avait violé
et déshonoré Tomor, la sœur de `avsholôm. Néanmoins,
`avsholôm est critiqué pour ne pas avoir fait savoir ses mauvais
sentiments et tenté de résoudre pacifiquement ou légalement son
différent avec `amnôn.
Le
Ramba''m emploie cette exemple pour montrer les effets négatifs
que peut avoir le fait de garder du ressentiment contre quelqu'un
sans les exprimer, et faire semblant qu'il n'y a aucun problème
alors que ce n'est pas le cas. Pour finir, `avsholôm a tué
`amnôn, déclenchant ainsi toute une série d'événements
dramatiques qui atteignirent leur point culminant avec une
sanglante guerre civile et la propre mort de `avsholôm.
Plutôt,
il est une Miswoh qui lui incombe de le lui faire savoir :
Exprimer à son prochain les griefs que l'on a contre lui est
compté comme l'une des 613 Miswôth
de la Tôroh dans le Séfar Hammiswôth18
et le Séfar Hahinoukh19.
Cette Miswoh
possède deux dimensions :
et
de lui dire : « Pourquoi
m'as-tu fait ceci et cela ? »
ou « Pourquoi
as-tu péché de telle façon envers moi ? »,
car il est dit : « tu
réprimanderas certainement quelqu'un de ton peuple, et n'assume
pas de péché à cause de lui » :
La Tôroh nous dit ceci20 :
לֹא-תִשְׂנָא
אֶת-אָחִיךָ,
בִּלְבָבֶךָ;
הוֹכֵחַ
תּוֹכִיחַ אֶת-עֲמִיתֶךָ,
וְלֹא-תִשָּׂא
עָלָיו חֵטְא.
לֹא-תִקֹּם
וְלֹא-תִטֹּר
אֶת-בְּנֵי
עַמֶּךָ,
וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ:
אֲנִי,
יְהוָה
« Ne
hais pas ton frère dans ton cœur. Tu réprimanderas certainement
quelqu'un de ton peuple, et n'assume pas de péché à cause de
lui. Ne te venge pas, et ne garde pas rancune envers les enfants
de ton peuple ; aime ton prochain comme toi-même. Je suis
`adhônoy ».
Chacune des phrases de ce verset est halakhiquement significative.
Il commence par nous informer que nourrir de la haine envers un
coreligionnaire israélite est interdit. Puis, il nous explique la
réaction à avoir si de mauvais sentiments à l'égard d'un
coreligionnaire israélite naissent en nous : on doit le
réprimander, c'est-à-dire lui faire clairement savoir ce qu'on
lui reproche. Ensuite, il nous enseigne que nos ressentiments et
griefs doivent s'exprimer de façon à ne pas humilier son
coreligionnaire, car on commettrait alors un péché en le
réprimandant. Ainsi, le verset peut être compris de la façon
suivante : Ne nourris pas de haine dans ton cœur. Plutôt,
informe ton coreligionnaire Israélite de tes griefs, mais fais-le
d'une manière qui n'est pas fautive.
Et
s'il se reprend et lui demande de lui pardonner, il doit
pardonner :
Voir dans le Talmoudh21,
où plusieurs exemples sont donnés de Sages qui ravalaient leur
fierté et acceptaient de faire des choses inhabituelles afin de
créer des circonstances appropriées qui permettraient à
quelqu'un qui avait péché contre eux de leur demander pardon.
et
ne doit pas être cruel, car il est dit : « et `avrohom
pria Dieu, etc. » :
Le récit rapporte comment est-ce qu'après que Dieu eut puni
`avimalakh, roi des Philistins, d'une maladie pour avoir enlevé
Soroh `imménou, il la rendit à `avrohom `ovinou, qui pria pour
la guérison de `avimalakh. Bien que `avrohom avait été lésé,
il pardonna de bon cœur `avimalakh une fois qu'il lui eut rendu
sa femme.
|
Dans
un autre passage du Mishnéh Tôroh il écrit ceci22 :
Il est défendu pour la
victime d'être cruelle et de ne pas pardonner. Ce n'est pas la
voie de la postérité d'Israël. Une fois que l'offenseur lui
demande [pardon] et le supplie une ou deux fois, et qu'il sait
qu'il s'est repenti de son péché et regrette son mal, il [la
victime] doit lui pardonner. Et quiconque pardonne rapidement est
digne de louanges et les Sages se complaisent en lui. |
וְאָסוּר
לַנֶּחְבָּל לִהְיוֹת אַכְזָרִי,
וְלֹא
יִמְחֹל לוֹ;
וְאֵין
זוֹ דֶּרֶךְ זֶרַע יִשְׂרָאֵל.
אֵלָא
כֵּיוָן שֶׁבִּקַּשׁ מִמֶּנּוּ הַחוֹבֵל,
וְנִתְחַנַּן
לוֹ פַּעַם רִאשׁוֹנָה וּשְׁנִיָּה,
וְיָדַע
שְׁהוּא שָׁב מֵחֶטְאוֹ,
וְנִחַם
עַל רָעָתוֹ--יִמְחֹל
לוֹ.
וְכָל
הַמְּמַהֵר לִמְחֹל--הֲרֵי
הוּא מְשֻׁבָּח,
וְרוּחַ
חֲכָמִים נוֹחָה הִמֶּנּוּ
|
Il
est important de faire remarquer que dans tous ces passages du
Mishnéh Tôroh que nous avons rapportés et qui sont basés sur la
Halokhoh talmudique, le Ramba''m établit clairement qu'il ne fait
référence qu'à
des situations où l'offenseur a demandé pardon à la victime.
Il semble que l'obligation de pardonner un Israélite ne s'applique
pas si l'offenseur ne montre aucun remords et ne semble pas intéressé
par le pardon de la victime. Cela est plus particulièrement évident
lorsque le Ramba''m a écrit : כֵּיוָן
שֶׁבִּקַּשׁ מִמֶּנּוּ הַחוֹבֵל,
וְנִתְחַנַּן
לוֹ פַּעַם רִאשׁוֹנָה וּשְׁנִיָּה,
וְיָדַע
שְׁהוּא שָׁב מֵחֶטְאוֹ
« Une
fois que l'offenseur lui demande [pardon] et le supplie une ou deux
fois, et qu'il sait qu'il s'est repenti de son péché et regrette
son mal ».
La victime n'est tenue de pardonner qu'une fois qu'elle sait que
l'offenseur s'est repenti de son péché et le regrette. Et si ce
n'est pas le cas, la victime a toutes les raisons de penser que
l'offenseur n'a aucun sentiment de remords pour son crime et n'est
alors pas tenue de pardonner. C'est pourquoi, le Ramba''m énumère
également certaines situations pour lesquelles il a tranché qu'il
est interdit de pardonner tant que l'offenseur ne pas sincèrement
demandé pardon. Par exemple, dans les Hilkôth
Talmoudh Tôroh Chapitre 7,
le Ramba''m insiste sur le fait qu'un Talmidh Hokhom
doit être pardonneur et tolérant, même à l'égard de ceux qui
l'insultent et le dénigrent. Mais il ajoute tout de suite après les
précisions suivantes quant à l'application de cette Halokhoh :
Quand
est-ce que cela s'applique-t-il ? Quand ils l'ont insulté ou
dénigré en privé ! Mais si un disciple des Sages s'est
fait insulter ou dénigrer en public, il lui est interdit de
pardonner concernant son honneur, et s'il pardonne, il doit être
puni, car c'est une insulte à [l'honneur de] la Tôroh. Il doit
plutôt se venger et garder rancune sur le sujet comme un serpent,
jusqu'à ce qu'on lui a demandé pardon, et il devra [alors]
pardonner.
|
בַּמֶּה
דְּבָרִים אֲמוּרִים,
בְּשֶׁבִּזּוּהוּ
אוֹ חֵרְפוּהוּ בַּסֵּתֶר.
אֲבָל
תַּלְמִיד חֲכָמִים שֶׁבִּזָּהוּ אוֹ
חֵרְפוֹ אָדָם בְּפַרְהֶסְיָה,
אָסוּר
לוֹ לִמְחֹל עַל כְּבוֹדוֹ.
וְאִם
מָחַל--נֶעְנָשׁ,
מִפְּנֵי
שֶׁזֶּה בִּזְיוֹן תּוֹרָה:
אֲבָל
נוֹקֵם וְנוֹטֵר הַרְבֵּה כַּנָּחָשׁ,
עַד
שֶׁיְּבַקַּשׁ מִמֶּנּוּ מְחִילָה;
וְיִסְלַח
לוֹ
|
Dans
le cas d'un Talmidh Hokhom,
qui représente une Tôroh Vivante, la Halokhoh interdit
effectivement de pardonner jusqu'à ce que l'offenseur se soit excusé
sincèrement. Étant donné que le dénigrement public d'un Talmidh
Hokhom
constitue un dédain pour la Tôroh elle-même, cela ne peut pas être
pardonné jusqu'à ce que l'offenseur se soit repenti et ait demandé
pardon.
Concernant
les gens ordinaires, il semblerait donc que la victime soit tenu à
pardonner rapidement, car ce n'est que son propre honneur qui a été
sali, alors que dans le cas d'un Talmidh Hokhom, c'est la
Tôroh qui est salie. Mais même dans le cas des gens ordinaires,
comme cela a été dit et répété à maintes reprises, l'obligation
de pardonner ne s'applique que lorsque l'offenseur exprime (en
paroles ou en actes) des remords et demande pardon à la victime.
1Hilkôth
Tashouvoh 2:14
2´omôs
1:11
32
Shamou`él 21:2
4Baré`shith
20:17
52
Shamou`él 21:4
6Ibid.,
verset 2
7Wayyiqro`
19:18
8Hilkôth
Dé´ôth 7:9-12
9L'interdiction
de se venger d'un Israélite fait partie des 613 Miswôth de
la Tôroh
10C'est-à-dire
de tout e qui pourrait lui arriver et que les autres pourraient lui
faire dans ce monde
11Tahillim
7:5
12Hilkôth
Dé´ôth 6:7
132
Shamou`él 13:22
14Wayyiqro`
19:17
15Celui
qui a péché contre son prochain
16Celui
contre qui la faute a été commise
17Baré`shith
20:17
18Miswoh
Positive n°205
19Miswoh
n°239
20Wayyiqro`
19:17-18
21Yômo`
87a
22Hilkôth
Hôvél Oumazziq 5:10