ב״ה
Le
Ramba''m interdit-il aux convertis d'occuper des positions d'autorité
dans un Béth Din ?
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De
façon tout à fait ironique et lamentable de nombreux Bathé Dinim
d'aujourd'hui utilisent un passage du Mishnéh Tôroh du Ramba''m ז״ל
pour
interdire aux convertis d'occuper des positions d'autorité sur les
Juifs de naissance et de siéger au sein d'un Béth Din de trois
hommes rassemblés pour procéder à une conversion. Ils prétendent
ainsi qu'un converti ne peut occuper une fonction d'autorité que sur
d'autres convertis, et ne peut donc siéger dans un Béth Din que
pour juger un converti. D'autres encore vont jusqu'à utiliser ce
passage du Mishnéh Tôroh pour déclarer tout simplement qu'un
converti ne peut devenir rabbin, car les convertis ne peuvent avoir
autorité sur les Juifs de naissance. C'est ironique en ce que la
plupart des rabbins d'aujourd'hui prétendent que l'on ne doit pas
trancher la Halokhoh en suivant le Ramba''m. Mais apparemment, quand
ils pensent avoir trouvé quelque chose dans le Mishnéh Tôroh qui
soutient leurs erreurs, ils changent d'avis ! Et c'est
lamentable en ce que le Ramba''m n'a jamais dit ou écrit une chose
pareille !
Le
passage du Mishnéh Tôroh sur lequel s'appuient ces rabbins et
organisations est celui-ci1 :
Nous
ne désignons pas comme roi quelqu'un provenant de l'Assemblée
des Convertis, même si ses ancêtres étaient Israélites sur
plusieurs générations, à moins que sa mère fasse partie des
Israélites, car il est dit2 :
« Tu ne placeras point à ta tête un homme étranger,
qui n'est pas ton frère ». Cela ne s'applique pas
qu'à la royauté, mais plutôt à toutes les positions d'autorité
au sein du peuple d'Israël, c'est-à-dire, ni comme chef de
l'armée, ni comme chef de cinquante hommes, ni comme chef de dix
hommes. Il ne peut pas même superviser la distribution des eaux
d'une source aux divers champs. Il est inutile de dire qu'un
Dayyon ou un Nosi`3
ne peut être qu'Israélite, car il est dit4 :
« Du milieu de tes frères tu placeras sur toi un
roi », c'est-à-dire, toute autorité que tu
placeras à ta tête ne peut provenir que du milieu de tes frères.
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אֵין
מַעְמִידִין מֶלֶךְ מִקְּהַל גֵּרִים,
אַפִלּוּ
אַחַר כַּמָּה דּוֹרוֹת--עַד
שֶׁתִּהְיֶה אִמּוֹ מִיִּשְׂרָאֵל:
שֶׁנֶּאֱמָר
"לֹא
תוּכַל לָתֵת עָלֶיךָ אִישׁ נָכְרִי,
אֲשֶׁר
לֹא-אָחִיךָ
הוּא".
וְלֹא
לְמַלְכוּת בִּלְבָד,
אֵלָא
לְכָל שְׂרָרוֹת שֶׁבְּיִשְׂרָאֵל--לֹא
שַׂר צָבָא,
וְלֹא
שַׂר חֲמִשִּׁים אוֹ שַׂר עֲשָׂרָה,
אַפִלּוּ
מְמֻנֶּה עַל אַמַּת הַמַּיִם שֶׁמְּחַלֵּק
מִמֶּנָּה לַשָּׂדוֹת;
אֵין
צָרִיךְ לוֹמַר דַּיָּן אוֹ נָשִׂיא,
שֶׁלֹּא
יְהֶא אֵלָא מִיִּשְׂרָאֵל:
שֶׁנֶּאֱמָר
"מִקֶּרֶב
אַחֶיךָ,
תָּשִׂים
עָלֶיךָ מֶלֶךְ"--כָּל
מְשִׂימוֹת שֶׁאַתָּה מֵשִׁים עָלֶיךָ,
לֹא
יִהְיוּ אֵלָא מִקֶּרֶב אַחֶיךָ
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Ce
passage semble à première vue discriminer à l'égard des
convertis, puisqu'il interdit aux convertis d'occuper des positions
d'autorité au sein du peuple d'Israël. Or, toute personne qui
connaît la position du Ramba''m sur le statut des convertis sait
automatiquement que ce ne peut être ce que le Ramba''m veut dire
ici. Le Ramba''m était l'un des plus grands défenseurs de l'égalité
entre les Israélites de naissance et les convertis à la foi
israélite. Il défend les convertis avec ardeur dans son Mishnéh
Tôroh et ses Tashouvôth (correspondances halakhiques), enseignant
qu'il n'y a aucune différence entre les convertis et les Israélites
de naissance. En outre, dans la chaîne de transmission de la Tôroh
Orale, que le Ramba''m cite lui-même dans son Introduction au
Mishnéh Tôroh, nous retrouvons de nombreux Sages qui étaient
eux-mêmes des convertis, comme par exemple `ônqalôs ז״ל, `antighnôs
de Sôkhô ז״ל, Shama´yoh ז״ל,
`avtalyôn ז״לet beaucoup d'autres. Ces convertis occupaient tous
des positions d'autorité en tant que rabbins et dirigeant de
Yashivôth. Mais alors, pourquoi une telle position dans ce passage
susmentionné du Mishnéh Tôroh ?
Premièrement,
la source du Ramba''m pour cette Halokhoh est la Gamoro` de
Qiddoushin 73a où il est enseigné qu'une communauté
composée exclusivement de convertis ne peut pas être appelé « une
assemblée » (Qahal). Le Talmoudh, à plusieurs reprises,
nous parle de convertis qui formaient leurs propres assemblées, qui
n'étaient donc constituées que de convertis, formant ainsi une
caste à part. Au sein du peuple d'Israël, il y avait trois castes :
les Kôhanim, les Lawiyim et les Yisro`élim (ceux qui n'étaient ni
Kôhén, ni Léwi). Ces convertis formaient donc une quatrième caste
que l'on appelait alors « Qahal Gérim – Assemblée des
Convertis ». Puisqu'ils ont décidé de se mettre à
part des Israélites de naissance et des autres convertis Israélites
pour former leurs propres assemblées exclusivement composées de
convertis, ils n'étaient pas pleinement traités comme des
Israélites. D'où cette décision du Ramba''m selon quoi, puisqu'ils
ne sont pas pleinement comme des Israélites, ils ne peuvent pas
occuper des positions d'autorité au sein du peuple d'Israël. Par
cette Halokhoh, le but du Talmoudh était de rendre quasiment
impossible la formation de communautés de convertis qui
s'établiraient en assemblées distinctes et séparées du reste du
peuple d'Israël.5
Deuxièmement,
le Ramba''m cite le fameux enseignement du Talmoudh selon quoi « Les
convertis sont aussi difficiles pour les Israélites que l'affliction
de la Sora´ath ».
Ce n'est évidemment pas une insulte à l'égard des convertis,
puisque ce passage ne parle que des convertis qui causent la perte du
peuple d'Israël et se retournent contre les principes de la Tôroh
et la Halokhoh, comme ceux qui forment des assemblées de convertis à
part du reste du peuple d'Israël, ceux qui apostasient et renient la
foi ou encore ceux qui se sont convertis pour des motifs ultérieurs.
Ces convertis sont une calamité pour le peuple d'Israël. Voilà
pourquoi le Ramba''m écrit ceci6 :
14.
Un converti [dont les
motivations] n'ont pas été vérifiées, ou qui ne s'est pas fait
enseigner les Miswôth
et leurs punitions, et s'est fait circoncire et s'est immergé en
présence de trois tiers, c'est un converti. Même
s'il est découvert qu'il s'est converti pour un motif ultérieur,
étant donné qu'il s'est fait circoncire et s'est immergé, il a
quitté la catégorie des Gôyim, mais nous le considérons avec
scepticisme jusqu'à que sa droiture soit clarifiée. Même s'il
retourne [à ses anciennes voies] et adore des idoles, il est
[traité] comme un Israélite apostat. Ses fiançailles sont
considérées être des Qiddoushin, et il est également une
Miswoh
de lui rendre les objets qu'il a perdus, car dès lors qu'il s'est
immergé, il est devenu semblable aux Israélites. C'est pourquoi,
Shimshôn et Shalômôh conservèrent leurs épouses, bien que
leurs secrets fussent dévoilés.
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יד גֵּר
שֶׁלֹּא בָדְקוּ אַחֲרָיו,
אוֹ
שֶׁלֹּא הוֹדִיעוּהוּ הַמִּצְווֹת
וְעָנְשָׁן,
וּמָל
וְטָבַל בִּפְנֵי שְׁלוֹשָׁה
הִדְיוֹטוֹת--הֲרֵי
זֶה גֵּר:
וְאַפִלּוּ
נוֹדַע שֶׁבִּשְׁבִיל דָּבָר הוּא
מִתְגַּיֵּר--הוֹאִיל
וּמָל וְטָבַל,
יָצָא
מִכְּלָל הַגּוֹיִים;
וְחוֹשְׁשִׁין
לוֹ,
עַד
שֶׁיִּתְבָּאַר צִדְקוּתוֹ.
אַפִלּוּ
חָזַר וְעָבַד עֲבוֹדָה זָרָה--הֲרֵי
הוּא כְּיִשְׂרָאֵל מְשֻׁמָּד,
שֶׁקִּדּוּשָׁיו
קִדּוּשִׁין;
וּמִצְוָה
לְהַחְזִיר אֲבֵדָתוֹ,
מֵאַחַר
שֶׁטָּבַל נַעֲשָׂה כְּיִשְׂרָאֵל.
וּלְפִיכָּךְ
קִיַּם שִׁמְשׁוֹן וּשְׁלֹמֹה
נְשׁוֹתֵיהֶן,
וְאַף
עַל פִּי שֶׁנִּגְלָה סוֹדָן
|
15.
C'est
la raison pour laquelle les Sages ont dit7 :
« Les convertis sont
aussi difficiles pour les Israélites que l'affliction de la
lèpre »,
car la plupart d'entre eux, pour une raison ou une autre,
retournent [à leurs anciennes voies] et amènent des Israélites
à s'égarer, et il est une chose difficile de nous séparer d'eux
une fois qu'ils se sont convertis. Va et apprends ce qui s'est
passé dans le désert lors de l'adoration du Veau d'Or et des
Qivrôth Hatta`awoh ! De même, la plupart des [plaintes
soulevées dans les épisodes où les Israélites] tentèrent
incessamment [Dieu] furent initiées par eux.
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טו וּמִפְּנֵי
זֶה אָמְרוּ חֲכָמִים,
קָשִׁים
לָהֶם גֵּרִים לְיִשְׂרָאֵל כְּנֶגַע
צָרַעַת--שֶׁרֻבָּן
חוֹזֵר בִּשְׁבִיל דָּבָר,
וּמַטְעִין
אֶת יִשְׂרָאֵל;
וְקָשֶׁה
הַדָּבָר לִפְרֹשׁ מֵהֶם,
אַחַר
שֶׁנִּתְגַּיְּרוּ.
צֵא
וּלְמַד מַה אֵרַע בַּמִּדְבָּר
בְּמַעֲשֵׂה הָעֵגֶל,
וּבְקִבְרוֹת
הַתַּאֲוָה;
וְכֵן
רֹב הַנִּסְיוֹנוֹת,
הָאסַפְסוּף
הָיוּ בָּהֶן תְּחִלָּה
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Le
Ramba''m ne parle donc pas du tout des convertis sincères, dont il
fait les éloges à de nombreuses reprises (en fait, le Ramba''m se
soumet pleinement aux enseignements du Talmoudh qui encourage
vivement à répandre la Tôroh autour de nous afin de faire beaucoup
de convertis et faire diminuer l'immoralité et l'idolatrie dans le
monde), tout comme le Talmoudh, mais des convertis renégats et ceux
qui ne se sont pas convertis avec sincérité.
Voilà
pourquoi les convertis membres de l'Assemblée des Convertis ne sont
pas pleinement traités comme des Israélites, et par conséquent ils
ne peuvent pas avoir de positions d'autorité sur les Israélites (de
naissance ou convertis). D'où la Halokhoh du Mishnéh Tôroh, qui
est néanmoins utilisée par quelques rabbins ignorants (qui ont
pourtant une « Samikhoh ») pour interdire aux convertis
de siéger dans un Béth Din dans des affaires qui concernent des
Juifs de naissance, ou même pour procéder à des conversions, voire
même de devenir des rabbins. Ces pseudo rabbins font avec le Mishnéh
Tôroh ce qu'ils font de la Tôroh et de la Halokhoh en général :
de la manipulation, et les sots prennent leur égarement pour de la
sagesse !
Puissions-nous
avoir le mérite de voir s'accomplir les paroles suivantes tirées
des Shamônah ´asréh : הָשִׁיבָה
שׁוֹפְטֵינוּ כְּבָרִאשׁוֹנָה וְיוֹעֲצֵינוּ
כְּבַתְּחִלָּה,
וּמְלֹךְ
עָלֵינוּ אַתָּה לְבַדְּךָ
« Rends
nos juges comme autrefois et nos conseillers comme au commencement.
Et règne sur nous, Toi seul », avec
la venue de Moshiah
Sidhqénou,
quand les vraies lois d'HaShem seront instaurées et que nous aurons
des juges dignes de ceux des temps d'autrefois qui trancheront les
affaires avec vérité, justice et équité dans le Sanhédhrîn de
notre roi. Puisse-t-il paraître prochainement et de nos jours pour
mettre fin à notre exil et à la folie qui s'empare du ´am
Yisro`él ! `omén !
1Hilkôth
Malokhim Oumilhomôth 1:5
2Davorim,
Ibid.
3Chef
de Sanhedrîn, ou Chef spirituel d'une ville ou de l'ensemble du
peuple juif. En Hébreu moderne, ce terme désigne également un
président, ou un chef d'état.
4Davorim,
Ibid.
5Talmoudh,
Qiddoushin 70a-b
6Hilkôth
`issouré Bi`oh 13:14-15
7Yavomôth
47a