ב״ה
Jeter
le discrédit sur nos ancêtres par nos Houmrôth superflues
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Beaucoup
de gens croient que plus ils sont stricts plus leur judaïsme est
authentique, allant parfois jusqu'à considérer que leurs parents et
grands-parents, qui sont pourtant pratiquants, sont égarés car pas
aussi stricts qu'eux le sont. Est-il même permis d'être plus strict
que ses propres parents ou grands-parents sur les questions
halakhiques ?
Le
Talmoudh1
rapporte le cas d'une proposition de modification de la procédure de
rédaction d'un Gét (document de divorce) qui fut rejetée afin que
l'on n'en vienne pas à émettre des doutes sur la validité des
Gittin de précédentes générations. Pourrions-nous aussi conclure
qu'il est défendu d'être plus strict afin de ne pas semer le doute
sur la religiosité et le degré de foi des générations
précédentes ?
Le
Taroumath
Haddashan ז״ל
s'est
intéressé à l'application de ce concept à d'autres cas.2
Par exemple, ailleurs le Talmoudh3
rapporte que Ravo` ז״ל
institua
un changement dans la formule standard d'un Gét. De même, dans la
France médiévale, Rabbénou
Ta''m ז״ל
institua
une modification supplémentaire dans la formulation d'un Gét. Ces
changements ne causaient-ils pas des suspicions sur la validité des
Gittin de générations antérieures ?
Le
Taroumath Haddashan explique qu'il convient de faire une distinction
entre le premier cas mentionné dans le Talmoudh et les autres cas
rapportés par la suite ci-dessus. Dans le premier cas, la
modification qui avait été proposée était futile parce qu'il
était évident qu'elle était halakhiquement inutile ; ce
n'était par conséquent qu'une Houmroh supplémentaire ayant
pour unique but de paraître plus strict et méticuleux. Par
conséquent, elle fut rejetée. Par contre, lorsqu'il existe une
divergence d'opinion significative entre des sources halakhiques
authentiques et que la Halokhoh à suivre n'est pas claire (ou
tranchée), une génération ultérieure peut être plus stricte
concernant l'opinion à laquelle elle souscrit en dépit de
l'indulgence de la génération précédente. C'est la raison pour
laquelle dans les autres cas susmentionnés ces modifications étaient
autorisées. Et puisqu'il s'agit d'une divergence d'opinion enracinée
dans les sources halakhiques authentiques du judaïsme, il n'y a pas
de risque de jeter le discrédit sur la foi ou la pratique des
générations antérieures qui souscrivaient à une autre opinion.
Cela
implique que même aujourd'hui, si quelqu'un questionne les
propriétés halakhique d'un certain acte sur base de sources
halakhiques authentiques il peut alors être plus strict sur ce
sujet, bien que les générations antérieures penchaient vers la
souplesse, dès lors qu'un débat existe sur le sujet en question et
qu'il n'agit pas juste pour être superficiellement et inutilement
plus strict.
Malheureusement,
de nos jours, nous voyons une grande partie du peuple juif non
seulement adopter des pratiques rigoristes qui n'ont aucun fondement
dans les sources authentiques de la foi israélite, mais les
présenter en plus comme des obligations « halakhiques »
auxquelles nous serions tous soumis. Ces gens ne se rendent pas
compte que présenter ces pratiques superflues et sans base
traditionnelle comme des « Halokhôth » jette le
discrédit sur toutes les générations antérieures de Juifs, qui
faisaient autrement et étaient bien plus indulgentes. Comme j'aime à
le dire, par l'adoption de règles et pratiques chaque fois plus
strictes, si Môshah Rabbénou ע״ה,
les Patriarches ע״ה,
les Prophètes ע״ה,
nos Sages de mémoire bénie et les Ri`shônim ע״ה
avaient
vécu à notre époque l'écrasante majorité des Harédhim
les auraient déclaré hérétiques ou non pratiquants, voire frei !
Nous
devons faire attention aux pratiques que nous nous imposons. En fait,
ce n'est pas tant le fait de s'imposer des choses qui cause problème,
mais le fait de présenter ces pratiques comme étant de la
« Halokhoh » et chercher à les imposer aux autres,
allant jusqu'à dénigrer même implicitement ceux qui n'y
souscriraient pas. En agissant ainsi, nous jetons la suspicion et le
discrédit sur la pratique de nos ancêtres. Pire encore, nous
transgressons par la même occasion l'interdiction d'ajouter quoique
ce soit à la Tôroh ! Ce n'est que lorsque nous avons des
sources authentiques rapportant une divergence d'opinion sur une
question non tranchée qu'il est permis d'adopter une approche plus
stricte.
Il
pourrait être intéressant de (re)lire l'article intitulé « Les
Houmrôth ont-elles une valeur contraignante éternelle ? »
1Gittin
5b
2Tashouvôth,
n°232
3Gittin
85b