mardi 27 septembre 2016

Les trois clefs pour une année favorable

ב״ה

Rô`sh Hashonoh

Les trois clefs pour une année favorable


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Lorsque nous réfléchissons à la signification de Rô`sh Hashonoh (que tout ce qui se passera durant la nouvelle année est déterminé ce jour-là), nous pourrions, et devrions, avoir peur. Mais nos Sages, de mémoire bénie, nous ont enseigné que les trois clefs pour avoir un jugement favorable sont :

  • קול « Qôl »,
  • צום « Sôm » et
  • ממון « Mamôn. »

Le mot קוֹל « Qôl », qui signifie « voix », se réfère à l'obéissance à HaShem ית׳. Nous nous purifions des effets négatifs du péché par le fait de nous soumettre à Lui, comme il est écrit1 : כִּי הוּא אֱלֹהֵינוּ-- וַאֲנַחְנוּ עַם מַרְעִיתוֹ, וְצֹאן יָדוֹ: הַיּוֹם, אִם-בְּקֹלוֹ תִשְׁמָעוּ « Car Il est notre Dieu et nous sommes le peuple dont Il est le berger et le troupeau que dirige Sa main. Aujourd'hui, si seulement nous écoutions Sa voix ! »

Le mot צוֹם « Sôm » signifie « jeûne. » Lorsque quelqu'un jeûne, il perd un peu de la graisse de son corps, et cette perte est un acte qui est considéré comme s'il avait placé cette graisse sur l'autel du Béth Hammiqdosh, comme un sacrifice.

Il existe un Minhogh suivi par certaines personnes consistant à jeûner à ´arav Rô`sh Hashonoh. Ce Minhogh est notamment mentionné dans le Shoulhon ´oroukh2 :

Il est de coutume de jeûner à ´arav Rô`sh Hashonoh.
נוהגין להתענות ערב ראש השנה

Le Ramo''` ז״ל commente ce passage de la façon suivante :

Et les plus stricts sont accoutumés à ce que tout le monde jeûne durant les dix jours3, et c'est ce qu'il convient de faire. Et tous ceux qui jeûnent n'ont pas l'obligation de compléter [leur jeûne].4 Nous ne lisons pas ces [jours-là le passage de] « Wayahal »5, même à ´arav Rô`sh Hashonoh.6 Mais si une Barith Miloh tombe à ´arav Rô`sh Hashonoh, ils7 peuvent manger. La majorité [des `ashkanazim] sont accoutumés à manger à ´arav Rô`sh Hashonoh avant l'aube à cause des Darakhé Ho`amôri8, qui ont la coutume de jeûner la veille de leurs fêtes. Nous pouvons nous lever pour manger même sans condition.9 Depuis lors, telle est notre coutume.
והמדקדקים נהגו שכל אחד מתענה עשרה ימים, וכן נכון לעשות. וכל אלו התעניות, אין צריכין להשלים ואין קורין בהם ויחל, אפילו ערב ראש השנה. ואם חל ברית מילה בערב ראש השנה, יכולים לאכול. ורבים נוהגין לאכול בערב ראש השנה קודם עלות השחר, משום דרכי האמורי, שהיו נוהגים להתענות בערב חגיהם. ויכולין לאכול בלא תנאי, אחר שכן נהגו

La source de ce Minhogh est un passage du Midhrosh Tanhoumo`10, cité par le Tour ז״ל, qui raconte la parabole d'un pays dont les citoyens devaient une énorme somme d'argent en taxes impayées qu'ils n'avaient pas les moyens de s'acquitter. Ils décidèrent d'envoyer une petite délégation au roi, qui accepta d'annuler un tiers de la dette. Mais alors qu'approchait le jour où ils étaient sensés payer, les habitants se rendirent compte qu'ils étaient encore très loin de pouvoir rassembler la somme due au roi. C'est pourquoi, ils lui envoyèrent une délégation plus importante que la précédente afin de plaider leur cause. Une fois encore, le roi lâcha du lest et annula un deuxième tiers de la dette. Le jour vint où ils devaient s'acquitter du dernier tiers, mais les habitants se retrouvèrent à nouveau en incapacité de payer. Tous les citoyens, hommes, femmes et enfants, s'en allèrent à la rencontre du roi avec des larmes et des suppliques, et le roi accepta leurs requêtes et annula l'intégralité de la dette. De même, nous dit le Midhrosh, à ´arav Rô`sh Hashonoh, lorsque nous nous rendons compte que nous sommes incapables de « payer notre dette » envers le Tout-Puissant, une minorité d'individus d'une grande piété jeûnent volontairement et supplient HaShem, qui annule alors un tiers de notre « dette. » Puis, durant les dix jours de repentance, entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, alors que nous nous rapprochons davantage du moment où HaShem scellera notre sort pour l'année qui a commencé, un plus grand nombre d'individus se présentent devant HaShem en jeûnant et Lui demandent d'avoir pitié de nous, et c'est ainsi qu'un autre tiers de notre « dette » est levé. Enfin, à Yôm Hakkippourim, nous jeûnons TOUS et HaShem nous accorde alors un pardon total.

C'est pourquoi, il est approprié que toute personne qui en soit capable prenne sur elle d'observer ce jeûne à ´arav Rô`sh Hashonoh, afin de pouvoir faire partie de la toute première « délégation » qui se présente devant HaShem afin de Lui demander pardon. Il est inutile de dire que ceux qui ont la santé faible ou qui sont très âgés, ainsi que ceux qui ont du mal à jeûner correctement, ne doivent en aucun cas observer ce jeûne, étant donné que ce n'est qu'un Minhogh qui n'est pas requis par le Din.

Dans les générations passées, les gens observaient de nombreux jeûnes pour expier leurs fautes. Même le Baba Salé ז״ל, qui a vécu récemment, jeûnaient régulièrement du Dimanche au Vendredi, ne mangeant que la nuit. À notre époque, certains jeûnent la veille de chaque Rô`sh Hôdhash, d'autres tous les lundis et jeudis, d'autres tous les jours depuis Rô`sh Hôdhash `aloul jusqu'à ´arav Rô`sh Hashonoh pour se préparer à Rô`sh Hashonoh, tandis que d'autres le feront uniquement à ´arav Rô`sh Hashonoh, et d'autres encore durant toute la période des dix jours de repentance. À ces jeûnes volontaires s'ajoutent le jeûne de Yôm Hakkippourim, de Tish´oh Ba`ov et des trois jeûnes mineurs.

La dernière clef est מַמוֹן « Mamôn », qui signifie littéralement « argent », et se réfère aux dons charitables que nous faisons. La Sadhoqoh doit être notre seconde nature, car si nous avons compassion des autres et les aidons avec altruisme en leur donnant notre argent, HaShem Lui-même sera enclins à nous traiter avec compassion, car, comme nous l'ont enseigné nos Sages11 : במידה שאדם מודד, בה מודדין לו « Par la mesure dont quelqu'un mesure [les autres] il sera lui-aussi mesuré. »

Ces trois mots, « Qôl », « Sôm » et « Mamôn », ont exactement la même valeur numérique, à savoir 136 ! Cela nous enseigne que ces trois points ont exactement la même importance et sont toutes aussi vitales l'un que l'autre. Personne ne doit penser qu'il peut juste faire un don et mériter ainsi d'avoir une année couronnée de succès, ni penser que jeûner est indépendamment suffisant, ou encore qu'il suffit seulement d'être minutieux dans l'accomplissement des Miswôth verticales (tout en ne faisant pas du bien à son prochain par la Sadhoqoh et d'autres Miswôth horizontales). Nous devons prendre un engagement ferme à exceller dans tous ces trois domaines à la fois (l'obéissance à HaShem, le jeûne et la charité) dans le cadre des efforts que nous consentons à faire pour éveiller la compassion d'HaShem au moment où nous nous tiendrons devant Lui en jugement.

Ce sont là les trois clefs pour la compassion, la grâce et la miséricorde d'HaShem, et nous devons en faire usage tout au long de l’année, à chaque étape de nos vies, mais plus particulièrement en cette période de l'année, alors que nous supplions le Tout-Puissant de nous accorder une année remplie de bénédictions, de joie, et de prospérité pour nous, nos familles, nos communautés et l'ensemble du peuple d'Israël.

1Tahillim 95:7
2`ôrah Hayim 581:2
3De Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim.
4C'est-à-dire, ils peuvent l'interrompre à n'importe quel moment avant le coucher du soleil
5Shamôth 32:11-14 et 34:1-10. C'est un passage qui est lu lors de trois des quatre jeûnes publics (3 Tishri, 10 Tévéth et 17 Tammouz)
6Puisque jeûner durant les dix jours n'a pas le même statut que jeûner lors des trois jeûnes publics susmentionnés, ce passage n'est pas lu
7Ceux qui assistent à la Barith Miloh
8Les pratiques des idolâtres
9Normalement, lorsqu'on va se coucher la nuit qui précède un jeûne qui commencera le matin suivant, on ne peut pas se lever pour manger avant le lever du soleil, à moins d'avoir énoncé cette condition avant d'être allé se coucher la nuit précédente. C'est parce qu'au moment où nous sommes allés nous coucher, nous avons accepté sur nous que la journée précédente est terminée et que lorsqu'on se réveillera le matin suivant la nouvelle journée aura commencé, et le jeûne avec. Par contre, si on a émis une condition mentale selon quoi lorsque nous sommes allés nous coucher nous n'avons pas encore accepté sur nous le jeûne, on pourra alors se lever avant le lever du soleil et manger. Mais étant donné que les jeûnes de ´arav Rô`sh Hashonoh et des dix jours n'ont pas le même statut que les autres jeûnes publics, une telle « condition » n 'est pas nécessaire
10Parashath `amôr 22

11Mishnoh, Sôtoh 1:7 ; Gamoro`, Sanhédhrin 100a