lundi 26 septembre 2016

Un ou deux jours de Rô`sh Hashonoh ?

ב״ה

Un ou deux jours de Rô`sh Hashonoh ?


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Rô`sh Hashonoh est célébré par tous les Juifs durant deux jours, les 1er et 2 Tishri, en dépit du fait que la Tôroh ne parle que d'un seul jour de fête. Le Talmoudh Hayyaroushlami1 fait remarquer que la célébration de Rô`sh Hashonoh durant deux jours est un décret des premiers Prophètes, qui l'instituèrent pour les raisons suivantes : Durant la période des Prophètes, la sanctification des mois dépendait de la déposition de témoins oculaires qui attestaient avoir vu la nouvelle lune. Le soir qui suivait le 29 `aloul, le Sanhédhrin sanctifiait la journée comme étant le 1er Tishri en supposant que des témoins se présenteraient ce jour-là et attesteraient avoir vu la nouvelle lune, faisant ainsi rétroactivement de ce jour « Rô`sh Hashonoh – le commencement de l'année. » Si les témoins se présentaient effectivement, ce jour-là était alors sanctifié et le lendemain était un jour ordinaire. Mais si les témoins ne se présentaient pas, le lendemain serait alors Rô`sh Hashonoh, et rétroactivement la nuit précédente, que le Sanhédhrin avait sanctifiée, serait considérée comme un jour de semaine ordinaire. Afin que les gens n'en n'arrivent pas à traiter avec légèreté le premier jour, étant donné que sa sainteté ou son statut dépendait de l'apparition de témoins oculaires tôt dans la journée, les premiers Prophètes ordonnèrent que Rô`sh Hashonoh soit célébré comme une fête de deux jours, avec l'interdiction de travailler durant les deux jours, l'obligation de sonner le Shôphor durant les deux jours, et le respect de l'ordre des prières durant les deux jours. C'est ainsi que nous pouvons voir que ´azro` Hassôphér ע״ה célébrait aussi deux jours de Rô`sh Hashonoh. Le premier jour est mentionné dans le passage suivant2 :

Tout le peuple se réunit ensemble, comme un seul homme, sur la place qui s'étend devant la porte de l'eau. On demanda à ´azro` Hassôphér d'apporter le livre de la Tôroh de Môshah, que `adhônoy avait prescrite à Yisro`él. ´azro` Hakkôhén apporta la Tôroh devant l'assemblée hommes et femmes et quiconque était capable de comprendre le premier jour du septième mois. Il en fit la lecture devant la place qui précède la porte de l'eau, depuis l'aurore jusqu'au milieu de la journée, en présence des hommes, des femmes et de tous ceux qui pouvaient comprendre. Le peuple était tout oreille pour entendre le livre de la Tôroh.
וַיֵּאָסְפוּ כָל-הָעָם, כְּאִישׁ אֶחָד, אֶל-הָרְחוֹב, אֲשֶׁר לִפְנֵי שַׁעַר-הַמָּיִם; וַיֹּאמְרוּ, לְעֶזְרָא הַסֹּפֵר--לְהָבִיא אֶת-סֵפֶר תּוֹרַת מֹשֶׁה, אֲשֶׁר-צִוָּה יהוה אֶת-יִשְׂרָאֵל וַיָּבִיא עֶזְרָא הַכֹּהֵן אֶת-הַתּוֹרָה לִפְנֵי הַקָּהָל, מֵאִישׁ וְעַד-אִשָּׁה, וְכֹל, מֵבִין לִשְׁמֹעַ--בְּיוֹם אֶחָד, לַחֹדֶשׁ הַשְּׁבִיעִי וַיִּקְרָא-בוֹ לִפְנֵי הָרְחוֹב אֲשֶׁר לִפְנֵי שַׁעַר-הַמַּיִם, מִן-הָאוֹר עַד-מַחֲצִית הַיּוֹם--נֶגֶד הָאֲנָשִׁים וְהַנָּשִׁים, וְהַמְּבִינִים; וְאָזְנֵי כָל-הָעָם, אֶל-סֵפֶר הַתּוֹרָה

Tandis que le deuxième jour est mentionné quelques versets plus loin3 :

Le deuxième jour, les chefs des familles de tout le peuple, les Kôhanim, les Lawiyim se rassemblèrent autour de ´azro` pour se rendre compte des paroles de la Tôroh.
וּבַיּוֹם הַשֵּׁנִי נֶאֶסְפוּ רָאשֵׁי הָאָבוֹת לְכָל-הָעָם, הַכֹּהֲנִים וְהַלְוִיִּם, אֶל-עֶזְרָא, הַסֹּפֵר--וּלְהַשְׂכִּיל, אֶל-דִּבְרֵי הַתּוֹרָה

Nous pouvons donc voir que la fête était célébrée durant deux jours, et qu'à chacun de ces jours la Tôroh était lue en public. Depuis lors, les deux jours de Rô`sh Hashonoh furent appelés en araméen יוֹמָא אֲרִיכָתָא « Yômo` `arikhotho` – une longue journée » (ou « un jour rallongé »), pour indiquer que les 48 heures de la célébration de Rô`sh Hashonoh étaient considérées comme ne faisant qu'une seule journée étendue. Les deux jours furent donc sanctifiés et soumises aux mêmes règles.

Le Ramba''m ז״ל écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh4 :

7. Le jour de Rô`sh Hashonoh, à l'époque où l'on fixait [les nouveaux mois] suivant l'apparition [de la nouvelle lunaison], la majorité des habitants de `aras Yisro`él l'observait deux jours, du fait du doute; ils ne savaient pas quel jour le Béth Din avait proclamé le [nouveau] mois, puisque les émissaires ne partaient pas à Yôm Tôv.
ז  יוֹם טוֹב שֶׁלְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה בִּזְמָן שֶׁהָיוּ קוֹבְעִין עַל הָרְאִיָּה, הָיוּ רֹב בְּנֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל עוֹשִׂין אוֹתוֹ שְׁנֵי יָמִים טוֹבִים מִסָּפֵק, לְפִי שֶׁלֹּא הָיוּ יוֹדְעִין יוֹם שֶׁקָּבְעוּ בּוֹ בֵּית דִּין אֶת הַחֹדֶשׁ, שְׁאֵין הַשְּׁלוּחִין יוֹצְאִין בְּיוֹם טוֹב
8. Outre cela, même à Jérusalem où siégeait le Béth Din, on observait de nombreuses fois deux jours de Yomim Tôvim pour Rô`sh Hashonoh. Car si les témoins ne venaient pas toute la journée du trente, on observait ce jour pendant lequel on attendait les témoins comme un jour sanctifié, et le lendemain comme un jour sanctifié. Et étant donné que l'on en a fait deux jours, même à l'époque [où l'on sanctifiait les mois suivant] l'apparition [de la lunaison du nouveau mois], ils5 ont institué que même les habitants de `aras Yisro`él observent [la fête de Rô`sh Hashonoh] pendant deux jours, où nous établissons [les mois] selon le compte. Ainsi, tu vois que même le second jour de Rô`sh Hashonoh à l'époque actuelle émane des paroles des Scribes.
ח  וְלֹא עוֹד, אֵלָא אַפִלּוּ בִּירוּשָׁלַיִם עַצְמָהּ שְׁהוּא מְקוֹם בֵּית דִּין, פְּעָמִים רַבּוֹת הָיוּ עוֹשִׂין יוֹם טוֹב שֶׁלְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה שְׁנֵי יָמִים טוֹבִים, שְׁאִם לֹא בָאוּ עֵדִים כָּל יוֹם שְׁלוֹשִׁים, נוֹהֲגִין הָיוּ בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם שֶׁמְּצַפִּין לָעֵדִים קֹדֶשׁ וּלְמָחָר קֹדֶשׁ; וְהוֹאִיל וְהָיוּ עוֹשִׂין אוֹתוֹ שְׁנֵי יָמִים, וְאַפִלּוּ בִּזְמָן הָרְאִיָּה, הִתְקִינוּ שֶׁיִּהְיוּ עוֹשִׂין אַפִלּוּ בְּנֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל אוֹתוֹ תָּמִיד שְׁנֵי יָמִים, בַּזְּמָן הַזֶּה שֶׁקּוֹבְעִין עַל הַחֶשְׁבּוֹן. הִנֵּה לָמַדְתָּ שֶׁאַפִלּוּ יוֹם טוֹב שֵׁנִי שֶׁלְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה בַּזְּמָן הַזֶּה, מִדִּבְרֵי סוֹפְרִים

Quelle est donc la différence entre le deuxième jour de Rô`sh Hashonoh célébré lorsque les mois étaient calculés sur la déposition de témoins oculaires et le deuxième jour célébré de nos jours ? Dans les temps bibliques et mishnaïques, si des témoins ne se présentaient pas, le premier jour célébré devenait rétroactivement une obligation rabbinique, alors que le deuxième jour devenait une obligation biblique. De nos jours, alors que le calendrier n'est plus basé sur la déposition de témoins oculaires, mais des calculs astronomiques, le premier jour de Rô`sh Hashonoh est une obligation biblique et le deuxième jour un décret rabbinique d'après le Ramba''m. Mais à notre époque, il serait plus exact de parler de « coutume » plutôt que de décret rabbinique. Voir l'article intitulé « Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth. »

1´érouvin 3:9
2Nahamyoh 8:1-3
3Ibid., verset 13
4Hilkôth Qiddoush Hahôdhash 5:7-8

5Les Sages.