lundi 28 mars 2016

Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth

ב״ה

Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth

Sommes-nous vraiment obligés, à notre époque, de respecter deux jours de Yôm Tôv ?


Cet article peut être téléchargé ici.

Nous connaissons tous la pratique consistant à doubler les jours de Yôm Tôv en Hous Lo`oras. Mais d'où vient-elle et pourquoi fut-elle instituée ?

Voici ce qui est rapporté dans la Gamoro`1 :

Il a été dit [concernant] les deux jours de Yôm Tôv de l'exil : Rov a dit : « [L'œuf] pondu ce [jour-là] est permis ce [jour-là] ». Et Rov `assi a dit : « [L'œuf] pondu ce [jour-là] est interdit ce [jour-là] ». Devons-nous dire que Rov `assi soutient [que les deux jours de Yôm Tôv] ont la même sainteté ? Et pourtant, Rov `assi faisait la séparation entre le premier et le deuxième jour de fête ! [En fait,] Rov `assi lui-même était dans le doute. C'est pourquoi il agissait dans les deux cas avec rigueur. Rébbi Zéro` a dit : « La logique est du côté de Rov `assi, car nous sommes à présent bien familiers avec la fixation de la nouvelle lune et, néanmoins, nous respectons deux jours [de Yôm Tôv] ». `abbayé a dit : « La logique est du côté de Rov, car nous avons appris [ceci] : dans les temps anciens, ils avaient la coutume d'allumer des feux, mais en raison de la tromperie des Kouthim ils2 ont décrété que des émissaires soient envoyés. Si la [tromperie des] Kouthim cessait, nous devrions observer uniquement un jour [de Yôm Tôv] ». Et [même durant la tromperie des Kouthim,] chaque fois que les émissaires arrivaient ils [n']observaient [qu']un jour [de Yôm Tôv]. Mais à présent que nous sommes bien versés dans la fixation de la nouvelle lune, pourquoi respectons-nous deux jours [de Yôm Tôv] ? Parce qu'ils ont fait parvenir [une parole] de là [qui disait] : « Soyez minutieux dans l'observance du Minhogh de vos ancêtres qui vous a été transmis, car il pourrait arriver que le royaume émette un décret et que cela ne cause de la confusion [dans vos rituels] ».
אתמר שני ימים טובים של גליות רב אמר נולדה בזה מותרת בזה ורב אסי אמר נולדה בזה אסורה בזה לימא קא סבר רב אסי קדושה אחת היא והא רב אסי מבדיל מיומא טבא לחבריה רב אסי ספוקי מספקא ליה ועביד הכא לחומרא והכא לחומרא אמר ר' זירא כותיה דרב אסי מסתברא דהאידנא ידעינן בקביעא דירחא וקא עבדינן תרי יומי אמר אביי כותיה דרב מסתברא דתנן בראשונה היו משיאין משואות משקלקלו הכותים התקינו שיהו שלוחין יוצאין ואילו בטלו כותים עבדינן חד יומא והיכא דמטו שלוחין עבדינן חד יומא והשתא דידעינן בקביעא דירחא מאי טעמא עבדינן תרי יומי משום דשלחו מתם הזהרו במנהג אבותיכם בידיכם זמנין דגזרו <המלכות גזרה> [שמדא] ואתי לאקלקולי
Analysons point par point cette Gamoro` plus qu'intéressante !

Il a été dit [concernant] les deux jours de Yôm Tôv de l'exil : En dehors de la Palestine, chaque Yôm Tôv qui doit bibliquement être observé qu'un seul jour est célébré durant deux jours à cause du doute. Étant donné que le Yôm Tôv est fixé pour un certain jour du mois, il est important de connaître la date exacte où la nouvelle lune apparaît, car la sanctification de la nouvelle lune n'était pas seulement déterminée par des calculs mathématiques, mais également par la confirmation de témoins qui attestaient l'avoir vue. Cela ne s'appliquait que le 30ème jour du mois, mais le 31ème, le jour était sanctifié d'office même sans témoins, parce que les membres du Sanhédhrin faisaient également des calculs mathématiques. De ce fait, ceux qui vivaient en Palestine pouvaient aisément être informés si la nouvelle lune avait été consacrée par le Sanhédhrin de Jérusalem le 30ème ou le 31ème jour, rendant ainsi le mois écoulé entier ou défectueux. Mais ceux qui vivaient en diaspora, n'étant pas capable d'être informés à temps si la nouvelle lune avait été consacrée le 30ème ou le 31ème jour, célébraient le jour désigné pour être Yôm Tôv durant deux jours afin de s'assurer de le respecter. D'où l'expression יוֹם טוֹב שֵׁנִי שֶׁל גָּלוּיוֹת « Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth – Le deuxième jour de Yôm Tôv de l'exil ».

Rov a dit : « [L'œuf] pondu ce [jour-là] : Le premier jour de Yôm Tôv.

est permis ce [jour-là] » : Le deuxième jour de Yôm Tôv, car seul l'un des deux jours est saint.

Et Rov `assi a dit : « [L'œuf] pondu ce [jour-là] est interdit ce [jour-là] » : Parce que pour lui, les deux jours de Yôm Tôv ont la même sainteté.

Devons-nous dire que Rov `assi soutient [que les deux jours de Yôm Tôv] ont la même sainteté ? Et pourtant, Rov `assi faisait la séparation entre le premier et le deuxième jour de fête : C'est-à-dire, il procédait à la Havdoloh entre le premier et le deuxième jour de Yôm Tôv. On pourrait se dire qu'il ne l'aurait pas fait s'il était d'avis que les deux jours de Yôm Tôv avaient la même sainteté, puisque la Havdoloh sert uniquement à faire une séparation entre le saint et le profane, ou un jour saint suivi d'un jour moins saint, comme par exemple lorsque Yôm Tôv commence immédiatement après la fin de Shabboth.

[En fait,] Rov `assi lui-même était dans le doute. C'est pourquoi il agissait dans les deux cas avec rigueur : Nous voyons de là qu'il y a deux façons de considérer l'observance de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth :

  1. on pourrait dire que c'est un décret des Rabbins qui impose qu'en toute époque lorsqu'on est en diaspora, deux jours de Yôm Tôv doivent être respectés à chaque fois. De ce point de vue, les deux jours de Yôm Tôv sont considérés comme ne formant qu'un seul et long jour de sainteté, et par conséquent l’œuf pondu le premier jour ne pourrait pas être consommé le deuxième jour ;
  2. on pourrait dire que les Israélites de la diaspora se sont imposés eux-mêmes l'observance de deux jours de Yôm Tôv au lieu d'un à cause de leur incertitude. Mais pour les Israélites de la diaspora qui étaient familiers avec la détermination de la nouvelle lune, uniquement le premier jour doit être considéré comme étant réellement saint, tandis que le deuxième jour doit être considéré avec une sainteté inférieure. De ce point de vue, la récitation de la Havdoloh entre les deux jours serait requise et l’œuf pondu le premier jour pourrait être consommé le deuxième jour.

Le texte de la Gamoro` indique très clairement que Rov `assi ז״ל était dans le doute quant à savoir si l'observance de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth devait être considérée comme un décret rabbinique ou comme un simple Minhogh que les Israélites eux-mêmes ont adopté, même durant les périodes où le calendrier est fixée d'avance. Par conséquent, à cause de ce doute sur le statut de cette pratique, il a décidé d'aller vers la rigueur dans les deux cas et donc de considérer cette pratique comme étant un décret rabbinique à respecter en tout temps. Il a décidé d'aller vers la rigueur, car il est plus grave de transgresser un décret rabbinique qu'un Minhogh. C'est pourquoi, il a interdit la consommation de cet œuf le deuxième jour de Yôm Tôv. Et il faisait la Havdoloh pour indiquer que les deux jours avaient une sainteté indépendante.

Rébbi Zéro` dit : « La logique est du côté de Rov `assi, car nous sommes à présent bien familiers avec la fixation de la nouvelle lune et, néanmoins, nous respectons deux jours [de Yôm Tôv] » : C'est-à-dire que d'après Rébbi Zéro` ז״ל, nous supposons néanmoins que c'est un décret que les Rabbins nous ont imposé de garder deux jours de Yôm Tôv et les considérer comme étant chacun doté du même degré de sainteté. Ainsi, en respectant cette pratique, on peut supposer que l'on obéit aux décrets des Rabbins.

`abbayé a dit : « La logique est du côté de Rov, car nous avons appris [ceci] : dans les temps anciens : En-dehors de la Palestine, lorsqu'il n'y avait pas de calendrier fixé à l'avance.

ils avaient la coutume d'allumer des feux : C'est-à-dire que dans les temps anciens, en diaspora, la coutume était d'indiquer par de grands feux si le jour qui venait de passer était le 30ème du mois passé ou le 1er jour du mois à venir. Cela nous indique très clairement que même lorsqu'on vivait en-dehors de la Palestine, il était possible de ne célébrer Yôm Tôv que durant un jour, comme en Palestine, car il existait alors un moyen de savoir quand était tombée la nouvelle lune.

mais en raison de la tromperie des Kouthim : Ce terme désigne les Samaritains. Que faisaient-ils pour tromper les Israélites ? Ils allumaient eux-mêmes d'énormes feux à d'autres dates, ce qui faisait que le doute s'installa dans l'esprit des Israélites de la diaspora, car lorsqu'ils voyaient de grands feux, ils ne savaient pas s'ils avaient été allumés par des Israélites pour indiquer Rô`sh Hôdhash, ou par les Samaritains pour tromper les Israélites et faire en sorte qu'ils se trompent de date.

ils ont décrété que des émissaires soient envoyés : De Jérusalem jusque les terres de la diaspora les plus proches de la Palestine, afin de les informer des dates exactes.

Si la [tromperie des] Kouthim cessait : Et que nous revenions au système de l'allumage des feux pour indiquer la nouvelle lune, ou tout autre système permettant de connaître sans problème les bonnes dates.

nous devrions observer uniquement un jour [de Yôm Tôv] » : Puisqu'il n'y aurait plus de raison légitime de continuer à respecter deux jours de Yôm Tôv lorsqu'on connaît la date de la nouvelle lune.

Et [même durant la tromperie des Kouthim,] chaque fois que les émissaires arrivaient : La distance couverte par les émissaires envoyés de Jérusalem était relative et dépendait du jour du mois où la nouvelle lune avait eu lieu et du jour du mois où tombait le Yôm Tôv. De ce fait, il leur arrivait parfois de couvrir de plus grands territoires qu'à d'autres occasions.

ils [n']observaient [qu']un jour [de Yôm Tôv] : La Gamoro` nous démontre par-là que ce décret des Rabbins n'était donc pas valable en tout temps, puisque lorsqu'on pouvait être informé à temps de la date de la nouvelle lune, on pouvait alors célébrer Yôm Tôv durant un seul jour, même en diaspora, exactement comme en Palestine.

Mais à présent que nous sommes bien versés dans la fixation de la nouvelle lune : Le calendrier fixe que nous utilisons à notre époque et où tout est calculé d'avance par des calculs mathématiques et astronomiques fut instauré aux environs du début du quatrième siècle, par Hillél II ז״ל.

pourquoi respectons-nous deux jours [de Yôm Tôv] : Connaissant à l'avance les dates des nouvelles lunes et des fêtes, et ayant démontré que la pratique consistant à suivre deux jours de Yôm Tôv n'est pas un décret rabbinique s'appliquant en tout temps, car il est annulé lorsqu'on peut être informé des dates, pourquoi respectons-nous encore les deux jours de Yôm Tôv ?

Parce qu'ils ont fait parvenir [une parole] de là : De Palestine aux Israélites de la diaspora. Cela est rapporté dans Sanhédhrin 17b et fait référence au message envoyé par Rébbi Yôsé ז״ל, un contemporain d'Hillél II, pressant les Israélites de la diaspora de ne pas abolir cette coutume en dépit du calendrier fixe qui avait été introduit par le Patriarche (Chef du peuple Juif de Palestine) Hillél II.

[qui disait] : « Soyez minutieux dans l'observance du Minhogh de vos ancêtres qui vous a été transmis, car il pourrait arriver que le royaume émette un décret : Un décret de destruction de toutes les écritures sacrés et d'interdiction de l'étude de la Tôroh et de la Halokhoh, ce qui aurait pour effet d'entraîner la perte de la connaissance de la fixation du calendrier. À noter qu'il ne parlait là que des royaumes d'antan, qui émettaient régulièrement des décrets contre la pratique juive, comme nous le savons !

C'est donc là précisément ce que dit le Talmoudh sur le sujet. Et nous voyons donc clairement qu'il n'existe AUCUN décret de nos Sages selon quoi il y aurait une obligation de respecter en tout temps et en toute circonstance cette pratique de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth.

Lorsque même en-dehors de la Palestine nous avons un moyen de savoir avec exactitude les dates des nouvelles lunes et des fêtes, nous pouvons célébrer Yôm Tôv durant un seul jour, comme cela se faisait/fait en Palestine, et comme cela est ordonné dans la Tôroh.

Quant au décret passé par Rébbi Yôsé au quatrième siècle, il n'a pas de valeur contraignante jusqu'à nos jours, et ce pour trois raisons :

  1. il n'a pas été émis par le Sanhédhrin de Jérusalem, mais bien des siècles après. C'est important à savoir, car certains prétendent que cette pratique ne pourrait être abolie que par un Sanhédhrin. Or, puisqu'elle n'a pas été décrétée par le Sanhédhrin, et que nous voyons qu'il y avait même un doute quant à savoir s'il s'agit vraiment d'un décret rabbinique, aucun Sanhédhrin n'est nécessaire pour interrompre cette pratique ;
  2. le but précis pour lequel Hillél II a établi un calendrier fixe était précisément pour que plus jamais un doute ne soit suscité quant aux dates des nouvelles lunes et des fêtes. En outre, il a sanctifié une fois pour toutes les nouvelles lunes jusqu'à la venue du Moshiah ;
  3. l'époque décrite par Rébbi Yôsé n'était absolument pas la même qu'aujourd'hui. Dans ces temps-là, les persécutions contre les Israélites pouvaient se produire à tout instant, et les textes religieux, qui étaient très précieux, pouvaient être brûlés, ce qui constituait une perte terrible. Mais aujourd'hui, quand bien même des manuscrits pourraient être brûlés, nous avons de nombreux moyens technologiques pour étudier, consulter des textes, etc. Dans ces temps-là, tout était sur parchemin et il n'était pas possible d'avoir de nombreuses copies de chaque parchemin, d'où le fait que la possibilité de perdre des écrits et des calculs mathématiques et astronomiques et de ne plus les récupérer était une inquiétude légitime, ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Ce fut la seule raison invoquée pour poursuivre la pratique.

D'un point de vue strictement talmudique, la pratique de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth n'a donc plus lieu d'être à notre époque.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, bien que tous les Pôsqim insistent sur la continuité de la pratique de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth, la question de savoir si Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth est basé sur une Gazéroh Darabbonon ou sur un Minhogh divise les Pôsqim.

Par exemple, Rabbénou Ta''m3 ז״ל écrit que Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth n'est basé sur aucune Gazéroh Darabbonon, mais n'est qu'un Minhogh, tandis que le Ra''n4 ז״ל s'oppose à lui et déclare que c'est basé sur une Gazéroh Darabbonon.

Cette divergence de point de vue a de nombreuses ramifications pratiques dans différents domaines. Nous en citerons quelques-unes.

Premièrement, il existe une règle selon quoi une Barith Miloh (circoncision) qui n'aurait pas été réalisée le huitième jour après la naissance ne peut pas être réalisée le Shabboth ou à Yôm Tôv.5 Le Ramba''m ז״ל tranche ceci6 :

Chaque fois [que la circoncision d'un enfant] n'a pas priorité sur le Shabboth, elle n'a pas non plus priorité sur le premier jour de Yôm Tôv, mais a priorité sur le deuxième jour de Yôm Tôv.
וְכָל מִי שְׁאֵינוּ דּוֹחֶה אֶת הַשַּׁבָּת--אֵינוּ דּוֹחֶה אֶת יוֹם טוֹב רִאשׁוֹן, וְדוֹחֶה יוֹם טוֹב שֵׁנִיי

Ainsi, d'après le Ramba''m, une circoncision qui ne peut pas être réalisée à Shabboth ou à Yôm Tôv peut être réalisée à Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth. Mais Rabbénou `oshér7 ז״ל (le Ro`''sh) l'interdit même à Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth. Le Shoulhon ´oroukh8 tranche en suivant l'opinion du Ro`''sh, tandis que le Sha''h9 ז״ל tranche en suivant l'opinion du Ramba''m.

Cette divergence d'opinion est centrée autour du statut de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth. Si on dit que cette pratique est basée sur un Minhogh, on comprend alors que la Miswoh biblique d'accomplir une circoncision sur un enfant a priorité sur le Minhogh consistant à s'abstenir d'accomplir une Malo`khoh à Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth.10 Mais si cette pratique est basée sur une Gazéroh Darabbonon, on comprend alors que cela fait partie de l'autorité rabbinique de suspendre dans certains cas une Miswoh biblique lorsqu'elle interfère avec l'observance d'une Gazéroh Darabbonon.11

Deuxièmement, il existe une profonde divergence d'opinion parmi les Pôsqim contemporains quant à savoir ce que devrait faire un Juif qui habite en diaspora mais qui compte se rendre en `aras Yisro`él pour Yôm Tôv et retourner en diaspora après Yôm Tôv. Quand il sera en `aras Yisro`él, devra-t-il observer un ou deux jours de Yôm Tôv ? Le Hofés Hayim12 ז״ל note que la majorité des `aharonim tranchent que dans une telle situation, ce Juif devra respecter deux jours de Yôm Tôv. Mais il cite également l'opinion de Rabbi Shné`our Zalman de Lyiadi13, qui soutient qu'il ne devra observer qu'un seul jour de Yôm Tôv en `aras Yisro`él.

Cette divergence d'opinion est là encore liée au doute quant au statut réel de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth. Si cette pratique est une Gazéroh Darabbonon, il est alors fort probable qu'elle soit liée à sa localisation géographique, de sorte qu'une fois que l'on se trouve en `aras Yisro`él, on ne doive pas célébrer deux jours de Yôm Tôv, quand bien même on habiterait en diaspora. Par contre, si l'on dit que cette pratique est basée sur un Minhogh, l'observance de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth n'est alors pas liée à une quelconque localisation géographique, mais à l'individu. Étant donné que ce Juif est un Juif de la diaspora, le fait qu'il se trouve en `aras Yisro`él ne doit rien changer à sa pratique, car il doit garder la coutume de sa famille. Comme pour tous les Minhoghim, la personne devrait suivre les pratiques du lieu où il est domicilié, même s'il visite un autre endroit.14 Étant donné que toutes les communautés de la diaspora ont accepté le Minhogh de Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth, tous les Juifs résidant dans ces communautés-là devraient, d'après cette logique, observer Yôm Tôv Shéni Shal Golouyôth, indépendamment de l'endroit où ils pourraient se trouver.

Rapportant le fait que Horov Hayim Soloveitchik15 ז״ל est d'avis qu'en principe, il n'y a plus du tout lieu d'observer deux jours de Yôm Tôv, mais uniquement un seul. Néanmoins, il ajoute que l'on devrait également suivre les Houmrôth du Minhogh du lieu où l'on réside. C'est pourquoi, il tranche que ce Juif qui s'est rendu en `aras Yisro`él pour Yôm Tôv fera le deuxième jour les prières des jours de semaine (ou de Hôl Hammô´édh, si c'est durant Pésah ou Soukkôth) et mettra ses Tafillin (pour indiquer qu'il ne considère pas ce deuxième jour comme étant Yôm Tôv, puisqu'on ne met, en principe, pas les Tafillin un jour de Yôm Tôv. Voir cependant les articles intitulés « Mettre ou ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh » et « Mettre ou ne pas mettre les Tafillin à Shabboth, Yôm Tôv et durant Hôl Hammô´édh » où nous avions vu que la pratique peut être autorisée). Mais dans le même temps, il s'abstiendra d'accomplir (du moins, en public) une Malo`khoh afin de respecter le Minhogh du lieu où il habite (c'est-à-dire, pour respecter la pratique de sa communauté en diaspora qui, elle, garde deux jours de Yôm Tôv). Cette opinion est populairement surnommée celle du « jour et demi », car seul le premier jour est traité comme un Yôm Tôv, tandis que le deuxième jour est traité à moitié comme un Yôm Tôv et à moitié comme un jour profane.

Notez également que contrairement à la croyance erronée, même certaines villes de Palestine observaient deux jours de Yôm Tôv en raison du fait qu'elles étaient trop éloignées de Jérusalem que pour recevoir à temps la nouvelle de la sanctification de la nouvelle lune. De ce fait, lorsque des gens prétendent que cette pratique fait la différence entre `aras Yisro`él et Hous Lo`oras, ce n'est pas vrai du tout. D'ailleurs, certaines communautés juives d'aujourd'hui célèbrent deux jours de Yôm Tôv à Bané Baraq, par exemple. Si les gens sont logiques avec eux-mêmes et considèrent que Yôm Tôv Shéni continue à s'appliquer, ils doivent alors également l'appliquer aux villes de `aras Yisro`él qui étaient dans la même situation que d'autres villes de Hous Lo`oras, sans distinction !

Il existe de nombreux autres problèmes avec Yôm Tôv Shéni à notre époque. Pour n'en citer que deux : de nombreuses familles, et cela m'a été rapporté par plusieurs rabbins avec lesquels j'ai eu l'opportunité de discuter de ce sujet, ont énormément de difficultés financières avec Yôm Tôv Shéni, car cela exige des dépenses doublées. Un autre problème est que le premier jour de Yôm Tôv est toujours célébré avec beaucoup d'entrain, de passion, d'envie, de concentration, etc., mais le fait de devoir refaire le lendemain exactement les mêmes choses et prières que la veille fait que le deuxième jour de Yôm Tôv est ennuyant, répétitif, voire même un fardeau. D'ailleurs, beaucoup ne vont même plus à la synagogue le deuxième jour de Yôm Tôv. Si c'est pour refaire ce qui a été fait la veille, ils ont bien raison de rester chez eux ! L'un des meilleurs exemples est Simhath Tôroh. Les danses du premier jour n'ont jamais rien à voir avec celles du deuxième. De même avec Pésah. Quelle est l'utilité de faire deux Sadhorim à notre époque ? Nous voyons d'ailleurs que le deuxième Sédhar est souvent plus court que le premier, la Haggodhoh est lue à toute vitesse, etc.

1soh 4b
2Les Sages
3Cité par les Tôsofôth, dans leur commentaire sur Soukkoh 44b
4Sur Soukkoh 22a
5Une circoncision ne peut se faire à Shabboth ou Yôm Tôv que si le huitième jour tombe Shabboth ou Yôm Tôv
6Mishnéh Tôroh, Hilkôth Miloh 1:15
7Tashouvôth HaRo`''sh 26:6
8Yôréh Dé´oh 266:8
9Ibid.
10Tashouvôth Nôdha´ BiYhoudhoh, Yôréh Dé´oh 2:166
11Yavomôth 90b
12Mishnoh Barouroh 496:18
13Shoulhon ´oroukh Horov 496:11
14Mishnoh, Pésahim 50a

15Cité dans Mesorah, Volume 6, page 18
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