בס״ד
Les
« rebelles » de Yisro`él
Lorsque Ya´aqôv
`ovinou ע״ה
se
présente devant son père déguisé en ´ésow son frère, dans le
but de s'emparer de la Barokhoh
(bénédiction) qui était destinée à ´ésow, Yishoq
`ovinou ע״ה
respire
אֶת־רֵ֥יחַ
בְּגָדָ֖יו
« l'odeur
de ses vêtements »,
et s'exclame1 :
רְאֵה֙
רֵ֣יחַ בְּנִ֔י כְּרֵ֣יחַ שָׂדֶ֔ה אֲשֶׁ֥ר
בֵּֽרְכ֖וֹ יְהוָֽה
« Vois !
L'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ que HaShem a béni ».
Le
Talmoudh2
cite une lecture midhrashique de ce Possouq
(verset), où le mot בְּגָדָיו
« Baghodhow
– ses vêtements »
est plutôt lu בֹּגֵדָיו
« Bôghédhow
– ses rebelles ».
D'après cette lecture, Yishoq
fait prophétiquement l'éloge même des « rebelles »,
les impies parmi les descendants de Ya´aqôv.
Même ces membres déloyaux du peuple Juif, s'exclame Yishoq,
sont « odorants »
aux yeux de HaShem ית׳.
Ce commentaire dans le Talmoudh
est précédé par le très célèbre adage talmudique suivant :
« Même
ceux qui sont vides parmi toi [Yisro`él] sont remplis de Miswôth
comme une grenade ».
Il semble que les Sages cherchent ici à souligner que même les
pécheurs de Yisro`él accomplissent de nombreuses Miswôth
et sont dignes d'admiration pour leurs bonnes œuvres. C'est ainsi
que la plupart des rabbins comprennent ce passage talmudique.
Mais
Ribbénou comprend ce passage différemment. Il rapporte le
commentaire talmudique dans son fameux `iggarath
Hashshamodh,
un épître qu'il a rédigé à l'âge de 24 ans à l'adresse des
communautés persécutées par les Almohades Musulmans, qui forçaient
leurs sujets Juifs soit à extérieurement embrasser l'Islam ou à
subir une expulsion. Alors que la famille de Ribbénou prit la
décision de fuir (abandonnant toutes leurs possessions), de nombreux
autres Juifs décidèrent de se comporter comme des Musulmans pour
pouvoir rester. Ribbénou rédigea ce traité en réponse à une
décision halakhique prise par une figure rabbinique majeure de cette
époque (qui ne vivait pas dans les régions dominées par les
Almohades), qui condamnait les Juifs qui s'étaient soumis aux
persécuteurs et avaient fait serment d’allégeance à l'Islam, et
les considéra comme des hérétiques et des pécheurs. Dans sa
réponse, Ribbénou défend une approche plus sensible et
compréhensive, en insistant sur le fait que ces victimes Juives de
la persécution Musulmane restaient des enfants bien-aimés du
Tout-Puissant, en dépit du fait d'avoir courbé le dos sous la
pression Almohade.
Il
écrit ceci dans le deuxième chapitre de ce traité :
Ils
ne se sont pas rebellés contre le Tout-Puissant à la recherche du
confort et du plaisir ; ils n'ont pas abandonné la foi ni ne se
sont distancés d'elle pour atteindre la grandeur et accomplir les
plaisirs du temps... Cet homme [qui a condamné les communautés qui
ont embrassé l'Islam] ne s'est pas rendu compte que ceux qui ne
pèchent pas de plein gré le Tout-Puissant ne les laissera ni ne les
abandonnera jamais...comme ils [les Sages], de mémoire bénie, l'ont
dit : « Il
respira l'odeur de ses vêtements – ne lis pas ''Baghodhow''
mais plutôt ''Bôghédhow'' ».
De
là, nous voyons
que Ribbénou comprend le passage talmudique se référant aux
« rebelles »
comme se rapportant à ceux qui se sont « rebellés »
en réponse aux pressions d'une persécution religieuse, mais qui
dans le fond de leurs esprits restent loyaux à HaShem et à Ses
Miswôth.
C'est juste qu'ils ont succombé aux menaces de tyrans anti-Juifs.
D'après
la lecture de Ribbénou de ce passage, il semblerait que le Talmoudh
interprétait ce passage à la lumière de l'image symbolique de
Ya´aqôv
se tenant devant son père déguisé en ´ésow. Cette image anticipe
l'époque où les descendants de Ya´aqôv
se retrouveront sous pression de revêtir les vêtements de ´ésow,
embrassant extérieurement des croyances étrangères tout en restant
intérieurement fidèles et dévoués aux traditions de `avrohom
`ovinou ע״ה
et
Yishoq
(הַקֹּל֙
ק֣וֹל יַֽעֲקֹ֔ב וְהַיָּדַ֖יִם יְדֵ֥י
עֵשָֽׂו « La
voix est la voix de Ya´aqôv,
mais les mains sont les mains de ´ésow »3).
Même sous de telles circonstances, HaShem « respire
l'odeur »
de ces « vêtements »
portés par les « rebelles »
de Yisro`él ; c'est-à-dire qu'extérieurement ils semblent
s'être rebellés et avoir changé d'identité, mais intérieurement
ils sont restés fidèles et Israélites. C'est pourquoi ils restent
bénis de HaShem, comme l'a dit Yishoq.
L'histoire
du déguisement de Ya´aqôv
a donc pour but d'offrir de l’espoir et des encouragements à tous
ceux qui se sont retrouvés contraints de revêtir les vêtements de
´ésow à cause des pressions de la persécution, et leur rappelle
l'amour de HaShem à leur égard en dépit de leur « déguisement »,
et les enjoint à retourner vers le sentier de la pratique de la
Tôroh
et à se débarrasser une bonne fois pour toute des « vêtements »
de ´ésow dès la première opportunité, car sinon ce sera le signe
qu'ils sont devenus comme ´ésow même intérieurement. Tout comme
Ya´aqôv
a mis les vêtements de ´ésow juste temporairement et afin de jouir
de la bénédiction qui lui était en réalité destinée, et qui lui
revenait de droit, mais est resté Ya´aqôv
à l'intérieur de lui, nous aussi devons faire attention à ne pas
rester déguisés en ´ésow trop longtemps, et à veiller à ne pas
intérieurement accepter les doctrines et attitudes de ´ésow. De
cette façon, dès qu'il sera possible de retirer ce vêtement et de
retourner dans le camp de Ya´aqôv,
nous n'aurons aucune séquelle intérieure et sauront évoluer
correctement dans les sentiers de la Tôroh
et des Miswôth.
1Baré`shith
27:27
2Sanhédhrin
37a ; voir aussi Midhrosh Baré`shith
Rabboh 65
3Baré`shith
27:22