בס״ד
Sidhrath
Wayyizkôr `alôhim – Les moutons de Ya´aqôv :
la génétique et l'épigénétique dans la Tôroh
Cet article peut être téléchargé ici.
Dans
la Sidhroh de cette semaine, Wayyizkôr `alôhim,
Lovon reconnaît qu'il a abondamment été béni par HaShem ית׳
grâce
à la présence de Ya´aqôv `ovinou ע״ה,
et lui propose un nouveau salaire pour son travail. À ce moment,
Ya´aqôv savait qu'il ne fallait pas faire confiance à
Lovon, et lui demanda simplement la possession de tous les moutons
tachetés (c'est-à-dire, ayant un pelage de différentes couleurs)
et mouchetés (c'est-à-dire, ayant des pois sur le pelage). Ces
moutons à l'apparence imparfaite étaient peu en nombre. Lovon
accepta sans hésitation. Il semble que les deux connaissaient les
principes de base de la génétique. Aujourd'hui, nous savons que les
moutons peuvent avoir approximativement 17 allèles de couleurs
différentes et que la couleur blanche est dominante.
Pour
ceux qui ont oublié leurs cours de biologie lorsqu'ils étaient à
l'école : un allèle est une variation d'un gène. Ainsi, par
exemple, tous les humains possède un gène pour la couleur des yeux,
mais ont différents allèles qui codent pour obtenir les différentes
couleurs : certains ont des allèles pour des yeux bleus, alors
que d'autres ont des yeux bruns, etc. Chaque individu possède deux
allèles pour chaque gène – une de leur mère, et une autre de
leur père. Certains allèles sont « dominants », tandis
que d'autres sont « récessifs ». Les allèles dominants
ont davantage de probabilité de s'exprimer. Chez les humains, la
couleur brune des yeux est dominante sur les yeux de couleur bleue,
et c'est pourquoi +/- 55% des gens ont les yeux bruns, alors que
seuls +/- 8% ont les yeux bleus.
Les « échiquiers
de Punnet » basiques montrant les probabilités de la couleur
des yeux des enfants de parents ayant entièrement les yeux bruns et
bleus, et d'un parent aux yeux bruns ayant un allèle bleu.
Le
blanc est l'allèle dominant pour la couleur des moutons, de ce fait
Lovon supposait qu'il venait de conclure une belle affaire par
rapport à Ya´aqôv, qui semblait à première vue
ignorer la génétique des moutons. En réalité, Ya´aqôv
connaissait assez bien la génétique des moutons, et cachait quelque
chose d'autre dans sa manche. La seule raison pour laquelle il fit
cette proposition à Lovon est qu'il savait que Lovon l'avare
l'accepterait sans trop y réfléchir. Comment donc Ya´aqôv
supplanterait-il son beau-père ?
- Petite introduction à l'épigénétique
Ya´aqôv
était évidemment un généticien plus instruit que Lovon, car il
était conscient d'un concept qui ne fut découvert que dans les
récentes décennies, appelé épigénétique. L'épigénétique se
réfère aux diverses couches d'héritabilité (probabilité
pour qu'une caractéristique apparente, manifeste d'un individu soit
transmise héréditairement par les facteurs génétiques)
et des effets génétiques qui sont au-dessus, ou à l'extérieur du
code génétique en lui-même. En 2008, les scientifiques ont défini
un trait épigénétique comme étant « un
phénotype héréditaire stable résultant de changements dans un
chromosome sans modification de la séquence de l'ADN ».
Pour le dire en des termes plus simples : le chromosome qui
contient les gènes est altéré d'une certaine façon sans affecter
la séquence de l'ADN (le code génétique). Cette altération est
aussi héritable, et s'est transmise d'une génération à l'autre.
Un
certain nombre de mécanismes épigénétiques ont été découverts.
Les plus courants sont la méthylation et l'acétylation, où de
petites molécules sont attachées ou retirées du brin d'ADN,
l'amenant à se torsader soit plus fermement ou moins fermement.
Lorsque l'ADN se torsade plus fermement, le gène est rendu
inaccessible, et ne peut pas s'exprimer. S'il ne s'est pas torsadé,
le gène est exposé, et peut alors se traduire dans la protéine
pour laquelle il code, exprimant ainsi le trait chez la personne.
Enroulement
de l'ADN et expression d'un gène
Bien
que l'épigénétique soit compliquée, ses implications sont
énormes. Ce que cela signifie en termes pratiques est que bien que
quelqu'un possède un certain gène, ce gène n'a pas nécessairement
à s'exprimer, puisqu'il peut être réduit au silence à travers des
mécanismes épigénétiques. Par exemple, quelqu'un qui possède un
gène qui le prédispose au cancer, Hos
Washolôm
(à Dieu ne plaise), pourrait potentiellement voir ce gène être
supprimé, éliminant ainsi son risque élevé d'avoir un cancer.
Cela s'applique également aux personnes qui pourraient génétiquement
être prédisposées à l'obésité, au diabète, à Alzheimer, ou
théoriquement, à n'importe quel autre trait. Quelqu'un qui possède
à la fois des allèles bruns et bleus n'a pas nécessairement à
avoir des yeux bruns. L'allèle des yeux bruns peut être réduit au
silence, permettant à l'allèle bleu de pleinement s'exprimer.
Il
en est de même des moutons de Ya´aqôv.
Bien que les allèles pour donner des moutons tachetés et mouchetés
soient récessifs, l'allèle blanc dominant peut être supprimé, ce
qui aura pour conséquence de produire davantage de moutons tachetés
et mouchetés. Dans la Tôroh, nous lisons comment Ya´aqôv
a pris des branches d'arbre et retiré une partie de leur écorce
pour exposer les couches blanches intérieures de sorte que leur
motif ressemble à celui des moutons tachetés et mouchetés. Il a
ensuite placé ces branches en face des moutons blancs qui étaient
en chaleur, et cela amena les moutons blancs à produire davantage de
petits qui étaient tachetés et mouchetés. De cette façon, Ya´aqôv
fut rapidement capable de multiplier le nombre de moutons à
l’apparence irrégulière dans les troupeaux, augmentant ainsi sa
propre richesse, et laissant Lovon dans une surprise totale !
Qu'est-ce
que la science a à dire à ce propos ? Est-il véritablement
possible pour des moutons blancs de produire des petits tachetés et
mouchetés rien qu'en regardant des branches d'arbre tachetées et
mouchetées ? Quels facteurs affectent concrètement
l'épigénétique ?
- La révolution épigénétique
Dans
le nord de la Suède se trouve un petit village isolé appelé
Överkalix.
Ce village a conservé des annales historiques détaillées, incluant
les naissances, les maladies, et les morts, ainsi que les moissons et
les prix de la nourriture. Des chercheurs ont commencé à se pencher
sur ces données et ont remarqué un certain nombre de schémas
émergents. Avec surprise, ceux qui ont été élevés à des époques
d'abondance tendaient à mener des vies plus courtes et avec plus de
maladies, alors que ceux qui avaient été élevés à des époques
de relatives famines étaient en meilleure santé et vivaient plus
longtemps ! Plus choquant encore, ils ont découvert que ces
traits se transmettaient à leurs enfants et petits-enfants. Les
petits-fils de ceux qui avaient grandi à des époques d'abondance
vivaient en moyenne six années de moins que les petits-fils de ceux
qui avaient grandi à des époques de famine !
L'étude
d'Överkalix a ouvert la porte à de plus amples recherches sur le
sujet, et aujourd'hui nous savons que non seulement la nourriture a
des incidences sur notre épigénétique, mais que c'est également
le cas de la cigarette, de l'alcool, des exercices physiques que l'on
fait, et de pratiquement tous les choix de style de vie que nous
faisons. En outre, des études récentes ont découvert que non
seulement nos actes ont des incidences sur notre épigénétique,
mais également nos pensées ! En 2013, des scientifiques ont
découvert que la méditation affecte le mécanisme épigénétique
et cause, entre autres choses, moins d'inflammation dans le corps, de
meilleures réponses au stress, et des processus mentaux plus
rapides. Vous ne le savez peut-être pas, mais toutes ces choses ont
déjà été enseignées dans les textes Juifs il y a plusieurs
siècles d'ici ! C'est ainsi que, par exemple, nos Sages nous
ont déjà enseigné que la création d'un bébé pouvait être
influencée par la pensée. Si vous parvenez à vous concentrer de
façon adéquate, vous serez capables de déterminer vous-mêmes le
sexe du futur bébé !
L'épigénétique
a causé une révolution dans le domaine de la biologie, et une
nouvelle réalisation que nous ne sommes pas les esclaves de notre
génome. Contrairement à ce qu'il a souvent été dit par d'autres
scientifiques, les gènes dont nous avons hérités ne nous
contrôlent pas. C'est également pour cela qu'il a été enseigné
par nos Sages que אֵין
מַזָּל לְיִשְׂרָאֵל « `én
Mazzol Layisro`él
– Il n'y a pas de Mazzol pour les Israélites ».
C'est-à-dire que ce que nous sommes n'est pas déterminé par des
forces extérieures sur lesquelles nous n'aurions aucun pouvoir ou
contrôle. Nous sommes, au contraire, ceux qui contrôlons comment
nos gènes fonctionnent, et pratiquement chaque choix que nous
faisons a une incidence sur notre santé et bien-être, ainsi que la
santé et le bien-être de nos enfants et petits-enfants, étant
donné que ces schémas épigénétiques sont héritables. C'est
l'une des découvertes scientifiques les plus éclairantes et
libératrices, puisque chaque être humain tient en réalité le
volant de sa destinée biologique. Cela devrait aussi nous motiver à
croire davantage dans les enseignements de nos Sages et à faire des
choix de styles de vie plus sains, parce que même si vous ne vous
souciez pas beaucoup de votre propre santé, celle de votre postérité
est directement impactée par vos choix !
- De retour aux moutons de Ya´aqôv
Si
la méditation joue un rôle sur la façon qu'ont nos gènes de
s'exprimer, les autres processus mentaux peuvent permettre la même
chose. En exposant visuellement ses moutons à des images tachetées
et mouchetées, Ya´aqôv
a actionné un changement épigénétique qui a eu pour conséquence
de supprimer les allèles blancs. Les neurologues savent depuis très
longtemps qu'il n'y a dans le fond aucune différence dans les
schémas du cerveau lorsque quelqu'un voit littéralement quelque
chose et lorsqu'ils visualisent simplement la même chose. Si les
visualisations mentales comme la méditation peuvent affecter
l’épi-génome, alors pourquoi pas la visualisation réelle ?
Armé de cette connaissance, Ya´aqôv
a supplanté son beau-père et est devenu un homme extrêmement
riche.
Mais
évidemment, on ne peut pas nier le rôle de HaShem dans le
processus, comme Ya´aqôv
lui-même l'expliquera à ses épouses dans la Sidhroh de la semaine
prochaine (Baré`shith
31:7-9). Changer son
épigénétique n'est pas chose facile ! Comme pour pratiquement
toute chose, une petite aide de HaShem est toujours nécessaire.
Ya´aqôv
a fait sa part d'efforts en exposant les animaux à des vues
stimulantes, et HaShem S'est occupé du reste.
Il
est intéressant de noter que 119 « moutons de Ya´aqôv »
sont récemment réapparus en Terre d'Israël ! Cette ancienne race de
mouton tire ses origines du Moyen-Orient il y a approximativement 5
000 ans d'ici. Ils avaient été extirpés de la Terre d'Israël il y
a longtemps, mais Boroukh HaShem, certains ont survécu et avaient
été transportés à travers l'Afrique du Nord vers l'Europe et
enfin aux États-Unis. Ce mouton tacheté et moucheté très rare est
désormais retourné en Terre Sainte.
En
tous les cas, à travers cette Sidhroh, nous comprenons encore plus
l'importance d'avoir de solides connaissances scientifiques de façon
à mieux comprendre la Tôroh. C'est pourquoi, Ribbénou a clairement
écrit que sans connaissance des créations de HaShem, il est
impossible de véritablement L'aimer et Le craindre, ni de pleinement
comprendre Sa Parole. Sachez que les plus grands secrets de la
science sont déjà inclus dans la Parole de HaShem, mais c'est
uniquement aujourd'hui que les scientifiques découvrent ce que la
Tôroh et le Talmoudh nous ont déjà enseigné !