vendredi 10 mai 2019

Les moutons de Ya´aqôv : la génétique et l'épigénétique dans la Tôroh


בס״ד

Sidhrath Wayyizkôr `alôhim – Les moutons de Ya´aqôv : la génétique et l'épigénétique dans la Tôroh


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Dans la Sidhroh de cette semaine, Wayyizkôr `alôhim, Lovon reconnaît qu'il a abondamment été béni par HaShem ית׳ grâce à la présence de Ya´aqôv `ovinou ע״ה, et lui propose un nouveau salaire pour son travail. À ce moment, Ya´aqôv savait qu'il ne fallait pas faire confiance à Lovon, et lui demanda simplement la possession de tous les moutons tachetés (c'est-à-dire, ayant un pelage de différentes couleurs) et mouchetés (c'est-à-dire, ayant des pois sur le pelage). Ces moutons à l'apparence imparfaite étaient peu en nombre. Lovon accepta sans hésitation. Il semble que les deux connaissaient les principes de base de la génétique. Aujourd'hui, nous savons que les moutons peuvent avoir approximativement 17 allèles de couleurs différentes et que la couleur blanche est dominante.

Pour ceux qui ont oublié leurs cours de biologie lorsqu'ils étaient à l'école : un allèle est une variation d'un gène. Ainsi, par exemple, tous les humains possède un gène pour la couleur des yeux, mais ont différents allèles qui codent pour obtenir les différentes couleurs : certains ont des allèles pour des yeux bleus, alors que d'autres ont des yeux bruns, etc. Chaque individu possède deux allèles pour chaque gène – une de leur mère, et une autre de leur père. Certains allèles sont « dominants », tandis que d'autres sont « récessifs ». Les allèles dominants ont davantage de probabilité de s'exprimer. Chez les humains, la couleur brune des yeux est dominante sur les yeux de couleur bleue, et c'est pourquoi +/- 55% des gens ont les yeux bruns, alors que seuls +/- 8% ont les yeux bleus.


Les « échiquiers de Punnet » basiques montrant les probabilités de la couleur des yeux des enfants de parents ayant entièrement les yeux bruns et bleus, et d'un parent aux yeux bruns ayant un allèle bleu.

Le blanc est l'allèle dominant pour la couleur des moutons, de ce fait Lovon supposait qu'il venait de conclure une belle affaire par rapport à Ya´aqôv, qui semblait à première vue ignorer la génétique des moutons. En réalité, Ya´aqôv connaissait assez bien la génétique des moutons, et cachait quelque chose d'autre dans sa manche. La seule raison pour laquelle il fit cette proposition à Lovon est qu'il savait que Lovon l'avare l'accepterait sans trop y réfléchir. Comment donc Ya´aqôv supplanterait-il son beau-père ?

  • Petite introduction à l'épigénétique

Ya´aqôv était évidemment un généticien plus instruit que Lovon, car il était conscient d'un concept qui ne fut découvert que dans les récentes décennies, appelé épigénétique. L'épigénétique se réfère aux diverses couches d'héritabilité (probabilité pour qu'une caractéristique apparente, manifeste d'un individu soit transmise héréditairement par les facteurs génétiques) et des effets génétiques qui sont au-dessus, ou à l'extérieur du code génétique en lui-même. En 2008, les scientifiques ont défini un trait épigénétique comme étant « un phénotype héréditaire stable résultant de changements dans un chromosome sans modification de la séquence de l'ADN ». Pour le dire en des termes plus simples : le chromosome qui contient les gènes est altéré d'une certaine façon sans affecter la séquence de l'ADN (le code génétique). Cette altération est aussi héritable, et s'est transmise d'une génération à l'autre.

Un certain nombre de mécanismes épigénétiques ont été découverts. Les plus courants sont la méthylation et l'acétylation, où de petites molécules sont attachées ou retirées du brin d'ADN, l'amenant à se torsader soit plus fermement ou moins fermement. Lorsque l'ADN se torsade plus fermement, le gène est rendu inaccessible, et ne peut pas s'exprimer. S'il ne s'est pas torsadé, le gène est exposé, et peut alors se traduire dans la protéine pour laquelle il code, exprimant ainsi le trait chez la personne.


Enroulement de l'ADN et expression d'un gène

Bien que l'épigénétique soit compliquée, ses implications sont énormes. Ce que cela signifie en termes pratiques est que bien que quelqu'un possède un certain gène, ce gène n'a pas nécessairement à s'exprimer, puisqu'il peut être réduit au silence à travers des mécanismes épigénétiques. Par exemple, quelqu'un qui possède un gène qui le prédispose au cancer, Hos Washolôm (à Dieu ne plaise), pourrait potentiellement voir ce gène être supprimé, éliminant ainsi son risque élevé d'avoir un cancer. Cela s'applique également aux personnes qui pourraient génétiquement être prédisposées à l'obésité, au diabète, à Alzheimer, ou théoriquement, à n'importe quel autre trait. Quelqu'un qui possède à la fois des allèles bruns et bleus n'a pas nécessairement à avoir des yeux bruns. L'allèle des yeux bruns peut être réduit au silence, permettant à l'allèle bleu de pleinement s'exprimer.

Il en est de même des moutons de Ya´aqôv. Bien que les allèles pour donner des moutons tachetés et mouchetés soient récessifs, l'allèle blanc dominant peut être supprimé, ce qui aura pour conséquence de produire davantage de moutons tachetés et mouchetés. Dans la Tôroh, nous lisons comment Ya´aqôv a pris des branches d'arbre et retiré une partie de leur écorce pour exposer les couches blanches intérieures de sorte que leur motif ressemble à celui des moutons tachetés et mouchetés. Il a ensuite placé ces branches en face des moutons blancs qui étaient en chaleur, et cela amena les moutons blancs à produire davantage de petits qui étaient tachetés et mouchetés. De cette façon, Ya´aqôv fut rapidement capable de multiplier le nombre de moutons à l’apparence irrégulière dans les troupeaux, augmentant ainsi sa propre richesse, et laissant Lovon dans une surprise totale !

Qu'est-ce que la science a à dire à ce propos ? Est-il véritablement possible pour des moutons blancs de produire des petits tachetés et mouchetés rien qu'en regardant des branches d'arbre tachetées et mouchetées ? Quels facteurs affectent concrètement l'épigénétique ?

  • La révolution épigénétique

Dans le nord de la Suède se trouve un petit village isolé appelé Överkalix. Ce village a conservé des annales historiques détaillées, incluant les naissances, les maladies, et les morts, ainsi que les moissons et les prix de la nourriture. Des chercheurs ont commencé à se pencher sur ces données et ont remarqué un certain nombre de schémas émergents. Avec surprise, ceux qui ont été élevés à des époques d'abondance tendaient à mener des vies plus courtes et avec plus de maladies, alors que ceux qui avaient été élevés à des époques de relatives famines étaient en meilleure santé et vivaient plus longtemps ! Plus choquant encore, ils ont découvert que ces traits se transmettaient à leurs enfants et petits-enfants. Les petits-fils de ceux qui avaient grandi à des époques d'abondance vivaient en moyenne six années de moins que les petits-fils de ceux qui avaient grandi à des époques de famine !

L'étude d'Överkalix a ouvert la porte à de plus amples recherches sur le sujet, et aujourd'hui nous savons que non seulement la nourriture a des incidences sur notre épigénétique, mais que c'est également le cas de la cigarette, de l'alcool, des exercices physiques que l'on fait, et de pratiquement tous les choix de style de vie que nous faisons. En outre, des études récentes ont découvert que non seulement nos actes ont des incidences sur notre épigénétique, mais également nos pensées ! En 2013, des scientifiques ont découvert que la méditation affecte le mécanisme épigénétique et cause, entre autres choses, moins d'inflammation dans le corps, de meilleures réponses au stress, et des processus mentaux plus rapides. Vous ne le savez peut-être pas, mais toutes ces choses ont déjà été enseignées dans les textes Juifs il y a plusieurs siècles d'ici ! C'est ainsi que, par exemple, nos Sages nous ont déjà enseigné que la création d'un bébé pouvait être influencée par la pensée. Si vous parvenez à vous concentrer de façon adéquate, vous serez capables de déterminer vous-mêmes le sexe du futur bébé !

L'épigénétique a causé une révolution dans le domaine de la biologie, et une nouvelle réalisation que nous ne sommes pas les esclaves de notre génome. Contrairement à ce qu'il a souvent été dit par d'autres scientifiques, les gènes dont nous avons hérités ne nous contrôlent pas. C'est également pour cela qu'il a été enseigné par nos Sages que אֵין מַזָּל לְיִשְׂרָאֵל « `én Mazzol Layisro`él – Il n'y a pas de Mazzol pour les Israélites ». C'est-à-dire que ce que nous sommes n'est pas déterminé par des forces extérieures sur lesquelles nous n'aurions aucun pouvoir ou contrôle. Nous sommes, au contraire, ceux qui contrôlons comment nos gènes fonctionnent, et pratiquement chaque choix que nous faisons a une incidence sur notre santé et bien-être, ainsi que la santé et le bien-être de nos enfants et petits-enfants, étant donné que ces schémas épigénétiques sont héritables. C'est l'une des découvertes scientifiques les plus éclairantes et libératrices, puisque chaque être humain tient en réalité le volant de sa destinée biologique. Cela devrait aussi nous motiver à croire davantage dans les enseignements de nos Sages et à faire des choix de styles de vie plus sains, parce que même si vous ne vous souciez pas beaucoup de votre propre santé, celle de votre postérité est directement impactée par vos choix !

  • De retour aux moutons de Ya´aqôv

Si la méditation joue un rôle sur la façon qu'ont nos gènes de s'exprimer, les autres processus mentaux peuvent permettre la même chose. En exposant visuellement ses moutons à des images tachetées et mouchetées, Ya´aqôv a actionné un changement épigénétique qui a eu pour conséquence de supprimer les allèles blancs. Les neurologues savent depuis très longtemps qu'il n'y a dans le fond aucune différence dans les schémas du cerveau lorsque quelqu'un voit littéralement quelque chose et lorsqu'ils visualisent simplement la même chose. Si les visualisations mentales comme la méditation peuvent affecter l’épi-génome, alors pourquoi pas la visualisation réelle ? Armé de cette connaissance, Ya´aqôv a supplanté son beau-père et est devenu un homme extrêmement riche.

Mais évidemment, on ne peut pas nier le rôle de HaShem dans le processus, comme Ya´aqôv lui-même l'expliquera à ses épouses dans la Sidhroh de la semaine prochaine (Baré`shith 31:7-9). Changer son épigénétique n'est pas chose facile ! Comme pour pratiquement toute chose, une petite aide de HaShem est toujours nécessaire. Ya´aqôv a fait sa part d'efforts en exposant les animaux à des vues stimulantes, et HaShem S'est occupé du reste.

Il est intéressant de noter que 119 « moutons de Ya´aqôv » sont récemment réapparus en Terre d'Israël ! Cette ancienne race de mouton tire ses origines du Moyen-Orient il y a approximativement 5 000 ans d'ici. Ils avaient été extirpés de la Terre d'Israël il y a longtemps, mais Boroukh HaShem, certains ont survécu et avaient été transportés à travers l'Afrique du Nord vers l'Europe et enfin aux États-Unis. Ce mouton tacheté et moucheté très rare est désormais retourné en Terre Sainte.


En tous les cas, à travers cette Sidhroh, nous comprenons encore plus l'importance d'avoir de solides connaissances scientifiques de façon à mieux comprendre la Tôroh. C'est pourquoi, Ribbénou a clairement écrit que sans connaissance des créations de HaShem, il est impossible de véritablement L'aimer et Le craindre, ni de pleinement comprendre Sa Parole. Sachez que les plus grands secrets de la science sont déjà inclus dans la Parole de HaShem, mais c'est uniquement aujourd'hui que les scientifiques découvrent ce que la Tôroh et le Talmoudh nous ont déjà enseigné !