בס״ד
La
bénédiction de « Hashkivénou » durant la semaine et à
Shabboth
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J'ai
reçu la question suivante :
Une
question à laquelle je n'ai pas trouvé de réelle réponse (comme
d'autres) : Comment se fait-il, par exemple, que le texte de
Hashkivenou après le Shema de la nuit soit différent selon qu'il
s'agit d'un jour de semaine ou veille de Shabbath dans les Siddourim
actuels? D'après ce que j'ai lu, selon le texte du Rambam, il n'y a
aucune différence dans les bénédictions du Shema, que ce soit en
semaine ou veille de Shabbath !
La
position du Rambo''m ז״ל
est
correcte, en ce qu'il ne doit pas y avoir de différence entre le
Shabboth et les jours de semaine quant à la formule de conclusion de
cette bénédiction de « Hashkivénou ». Cela est
confirmé par de très anciens Siddourim comme celui du Rov Sa´adhyoh
Go`ôn ז״ל
ou
encore les textes de la Taphilloh retrouvés dans
la Ganizoh du Caire, qui attestent que la formule
de conclusion de cette bénédiction ne variait pas mais était
plutôt la même, aussi bien en semaine qu'à Shabboth. Et notre
pratique consiste, donc, à ne pas la modifier à Shabboth,
contrairement à la majorité des Siddourim actuels.
Tout
cela étant dit, il convient d'expliquer le raisonnement sur lequel
s'appuient ceux qui font une différence entre la formule de cette
bénédiction en semaine et celle du Shabboth.
Durant
la Taphilloh
de ´arbith des jours de semaine, la Barokhoh
de הַשְׁכִּיבֵנוּ
« Hashkivénou »
est faite après celle de גָּאַל
יִשְׂרָאֵל « Go`al
Yisro`él »,
et se conclut par les mots בָּרוּךְ
אַתָּה ה׳,
שׁוֹמֵר
אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד
« Béni
Tu es Hashshém, Qui garde Son peuple Yisro`él à jamais ».
Mais lors de la Taphilloh
de ´arbith de la nuit de Shabboth, la formule de conclusion est
modifiée et devient : בָּרוּךְ
אַתָּה ה׳,
הַפּוֹרֵשׂ
סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל כָּל
עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל,
וְעַל
יְרוּשָׁלַיִם
« Béni
Tu es Hashshém, Qui étend une Soukkoh de paix sur nous et sur tout
Son peuple Yisro`él et sur Yarousholayim ».
(J'ai pris comme référence le Siddour séfarade.) Pourquoi un tel
changement ?
Le
Tour1
ז״ל
explique
que la raison pour laquelle le texte de semaine est modifié la nuit
du Shabboth est parce qu'il ne faut pas conclure avec les mots
שׁוֹמֵר
אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד,
car le Midhrosh déclare qu'à Shabboth le peuple juif n'a pas besoin
de protection (ce qui est interprété comme voulant dire qu'il n'a
pas besoin de prier pour être protégé), car le Shabboth lui-même
protège.
Il
ne faut pas conclure par שׁוֹמֵר
אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד,
car le Midhrosh déclare que nous n'avons pas besoin de protection à
Shabboth, car le Shabboth lui-même nous protège. En effet, le
Talmoudh Yaroushlami3
déclare explicitement qu’il ne faut réciter שׁוֹמֵר
אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד
que
les jours de semaine ; cependant, le jour du Shabboth, on
devrait conclure par וּפְרוֹשׂ
עָלֵינוּ סֻכַּת שְׁלוֹמֶךָ
« et
étends sur nous la Soukkoh de Ta paix »,
et les Ga`ônim
écrivent de même. C'est en effet la coutume à plusieurs endroits.
Néanmoins, à Séville et à Tolède, le וּפְרוֹשׂ
עָלֵינוּ סֻכַּת שְׁלוֹמֶךָ
n'est
récité que les Yomim Tôvim, mais je ne sais pas pourquoi ils
concluent la bénédiction de cette façon les Yomim Tôvim, tandis
qu'à Shabboth ils concluent la bénédiction comme ils le font en
semaine.
De
même, le Kaph Hahayyim cite le Zôhar qui déclare que le
peuple juif n’a pas besoin de protection le Shabboth ; ainsi,
on devrait conclure la bénédiction avec le texte susmentionné à
Shabboth.
Dans
les deux premières sources susmentionnées, ils s'appuient sur un
Midhrosh pour justifier la modification de la formule à Shabboth,
bien qu'une règle stipule clairement qu'un Midhrosh ne peut pas être
une base pour trancher une Halokhoh. Le fait que le
Midhrosh enseigne qu'à Shabboth le peuple juif n'aurait pas besoin
de protection, car le Shabboth lui-même fait protection sur nous,
n'implique pas nécessairement de modifier la formule de la
bénédiction, tout simplement parce que cette bénédiction n'émet
pas une demande de protection mais est tout simplement une
déclaration de fait qui est que Hashshém ית׳
nous
protège constamment. Par conséquent, il est tout autant approprié
d'en faire mention à Shabboth qu'en semaine.
De
la même manière, pour reprendre un autre exemple, beaucoup
s'appuient sur un Midhrosh qui stipule que le jour du Don de la Tôroh
le peuple juif dormait encore et faillit manquer cet événement
extraordinaire, et ont mis en place la pratique de veiller chaque
nuit de Shovou´ôth pour réparer cette « faute ». Mais
le Midhrosh ne fait que rapporter un fait, et n'implique pas
forcément qu'on doive alors veiller. D'ailleurs, pourquoi ne pas
utiliser ce Midhrosh justement pour enseigner à aller dormir tôt de
façon à se réveiller tôt le lendemain, jour de Shovou´ôth, afin
de recevoir la Tôroh de bonne heure ? Vous voyez donc qu'un
Midhrosh ne vient pas établir une Halokhoh, mais rapporte
juste des faits qui n'ont pas d'incidence halakhique. De même, le
passage du Zôhar ne fait qu'énoncer un fait, sans pour autant
enseigner qu'il faudrait une modification de la formule de la
bénédiction (c'est une conclusion du Kaph Hahayyim et non ce
que le Zôhar exhorte à faire).
Notez
toutefois que la formule שׁוֹמֵר
אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד
provient
du Nôsah Boval – rite babylonien, alors que dans le Nôsah
`aras Yisro`él – rite palestinien, la bénédiction de
« Hashkivénou » se termine par les mots
suivants : פּוֹרֵשׂ
סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל עַמּוֹ
יִשְׂרָאֵל וְעַל יְרוּשָׁלַםִ
« Qui
étend une Soukkoh de paix sur nous et sur Son peuple Yisro`él et
sur Yarousholayim ».
Notez
également que la seconde preuve mentionnée dans la deuxième source
susmentionnée n'est pas exacte. Ribbénou Dowidh `abbudhirhem
déclare que le Talmoudh Yaroushlami
enseignerait que la formule du « Hashkivénou »
devrait être modifiée à Shabboth, mais cela n'est pas exact. Voici
précisément ce que dit le Yaroushlami :
Le Yaroushlami4
enseigne qu'il faudrait prier pour Yarousholayim
dans la Birkhath Hammozôn, dans la Qiryath Shama´,
et dans la ´amidhoh. Il explique alors que dans la
Birkhath Hammozôn cette prière se fait dans la Barokhoh
de בּוֹנֶה
יְרוּשָׁלַםִ,
tandis que dans la ´amidhoh elle se fait dans la Barokhoh
qui se termine par אֱלֹהֵי
דָּוִד וּבוֹנֶה יְרוּשָׁלַםִ.
Le Yaroushlami déclare alors
que dans la Qiryath Shama´, Yarousholayim
est mentionnée dans la conclusion de « Hashkivénou » :
פּוֹרֵשׂ
סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל עַמּוֹ
יִשְׂרָאֵל וְעַל יְרוּשָׁלַםִ.
Que
ce soit pour la Birkhath Hammozôn, la Qiryath Shama´,
ou la ´amidhoh, ce passage du Yaroushlami
ne fait nulle part mention d'un changement de formulation entre la
semaine et le Shabboth. Par conséquent, en `aras Yisro`él,
les Juifs avaient l'habitude de conclure la Barokhoh
de « Hashkivénou » par la formule de פּוֹרֵשׂ
סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל עַמּוֹ
יִשְׂרָאֵל וְעַל יְרוּשָׁלַםִ,
aussi durant la semaine qu'à Shabboth et Yôm Tôv. Et cela est
confirmé par les textes retrouvés à la Ganizoh
du Caire, qui rapportent le rite palestinien. Ainsi, citer ce passage
du Yaroushlami pour justifier
la modification de la formule de cette bénédiction est erroné !
Enfin,
Ribbénou Dowidh `abbudhirhem déclare que les Ga`ônim auraient
tranché qu'il faudrait modifier la formule à Shabboth. Mais ce
n'est pas non plus exact, puisque d'autres Ga`ônim ne faisaient pas
cette modifications, comme par exemple le Rov Sa´adhyoh
Go`ôn. Même le Rov ´amrom Go`ôn ז״ל,
qui adopte pourtant cette pratique de modifier la formule du
« Hashkivénou », rapporte dans son Siddour (qui
est l'un des plus anciens) que d'autres Ga`ônim
ne faisaient pas cette modification. C'est donc, là aussi une preuve
erronée.
À
présent, vous savez pourquoi certains utilisent une formule
différente de la bénédiction de « Hashkivénou » à
Shabboth, et pourquoi nous, les Talmidhé HaRambo''m, ne le faisons
pas mais gardons la même formule aussi bien le Shabboth qu'en
semaine.
1Simon
268
2Rapporté
dans le Yalqout Yôséph, Shabboth, page 485
3Barokhôth
Chapitre 4
4Page
35b, Chapitre 4, Halokhoh 5