mardi 5 mai 2020

Boire de l'urine animale pour se soigner


בס״ד

Boire de l'urine animale pour se soigner


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Il y a approximativement deux semaines, un article en provenance du Moyen-Orient a provoqué un tollé de discussions. Sabili Mehdi est le président de la société de médecine prophétique (une organisation musulmane) et compte plus de 60 000 adeptes. Dans une vidéo, Sabili exhorte ses partisans à boire de l'urine de chameau, mais elle doit être prise « fraîche et chaude », précise-t-il. (Vous pouvez lire l'article ici, en anglais, ainsi que visionner la vidéo.)

On peut se demander d'où vient cette pratique de boire de l'urine de chameau ? Un Hadith (recueil de traditions orales musulmanes) raconte :1

D’après Anas ibn Malîk (qu’Allah soit satisfait de lui), des gens de `Urayna vinrent à Médine trouver l’Envoyé d’Allah et comme ils eurent très mal au ventre, l’Envoyé d’Allah (sws) leur dit : « Si cela vous convient, allez boire du lait et de l’urine des chamelles de l’aumône ».

En suivant son conseil, ils se rétablirent, mais ils tuèrent les bergers, revinrent sur leur foi, et s’emparèrent des chameaux de l’Envoyé d’Allah. Aussitôt mis au courant, le Prophète dépêcha sur leurs traces des hommes qui les rejoignirent et les ramenèrent. Il ordonna alors de leur couper les mains et les pieds, de leur crever les yeux au fer rouge et de les laisser à « Al-Harra » où ils périrent (Au titre de talion, car ces bandits avaient tué les bergers de cette même façon cruelle).

Et plusieurs autres hadiths font également référence à cette pratique.2

Et bien que de nombreux Juifs pourraient trouver l'idée de boire de l'urine de chameau très idiote - peut-être même dégoûtante -, le Talmoudh semble avoir eu une opinion différente sur cette question. Pour ceux qui souffrent de jaunisse, les Hakhomim du Talmoudh ont également recommandé de boire de l'urine d'âne comme remède.

Les Hakhomim ont demandé : Est-il permis de boire de l'urine d'âne pour guérir la jaunisse ? Pourquoi le Talmoudh pose-t-il des questions spécifiques à l'urine d'âne ? Les Hakhomim répondent à cette question qu'il est clair pour eux qu'il est permis de boire l'urine des chameaux et des chevaux, car leur urine est claire et est, en substance, l'eau qu'ils ont bu. En d'autres mots, l'eau est entrée et l'eau est sortie. Par contre, l'urine de l'âne sort trouble. Il y a donc des motifs de l'autoriser et des motifs de l'interdire. D'où la question de la permissivité de boire de l'urine d'âne. D'une part, l'urine de l'âne est trouble et on peut supposer que son trouble provient du processus de production d'urine, qui est similaire au processus de production du lait, ce qui en ferait donc un produit du corps de l'âne. Or, de même qu'il est interdit de boire le lait d'un âne, il est interdit de boire son urine.

Inversement, il y a possibilité d'être indulgent et d'autoriser l'urine de l'âne comme on autorise l’urine du chameau et du cheval; en effet, les Hakhomim disent qu'on peut affirmer que l'urine de l'âne ne subit pas un processus de production comme celui du lait, mais qu'elle a le statut d'eau qui est entrée et d'eau qui est sortie. La raison pour laquelle il est nuageux (trouble) n'est pas parce que quelque chose émanant de l'âne s'y est mélangé, mais parce que les vapeurs corporelles de l'âne influencent l'urine et la rendent trouble.3

Pour finir, le Talmoudh tranche, en raison du doute qui subsiste, qu'il est interdit de consommer l'urine d'un âne. Mais malgré cela, parmi les savants halakhiques, il ne semble pas y avoir de consensus sur cette question.4 Certains le permettent, car ils sont certains que l'urine de l'âne n'est rien d'autre que l'eau ingurgité par l'âne, et peut ainsi être autorisée comme l'urine de chameau.

Dans un autre passage, le Talmoudh relève ceci :5

Ravino` a dit à Ravo` : « Quelle est la loi sur la consommation d'urine le jour du Shabboth ? ». Il lui a dit : « Nous avons déjà appris dans la Mishnoh : On peut boire toutes les boissons, et les gens ne boivent pas d'urine et cela n'est donc pas considéré comme une boisson. Elle est uniquement consommé à des fins médicales et est donc interdite [le Shabboth] ».

Nous voyons encore ici que la consommation de l'urine de certains animaux est parfaitement acceptée dans la Halokhoh, et il n'y a pas lieu de douter que c'était un remède bien connu dans les temps anciens. Néanmoins, étant donné que prendre des médicaments est interdit à Shabboth, et que l'urine animale n'est pas une boisson en tant que tel mais un remède, les Hakhomim ont tranché que boire de l'urine de chameau ou de cheval (ou de tout autre animal qui ne produit pas d'urine mais qui ne fait que faire sortir l'eau qu'il a bu) était interdit à Shabboth (mais autorisé durant la semaine).

Bien que nous ne saurons jamais si les Hakhomim du Talmoudh auraient traité le coronavirus avec de l'urine de chameau ou de cheval, les passages talmudiques susmentionnés illustrent certaines des similitudes inhabituelles que partagent les Juifs et les musulmans.

La pratique de l'utilisation de l'urine a probablement commencé dans les temps anciens lorsque les gens se sont rendus compte que c'était un liquide stérile qui pouvait traiter les plaies ouvertes. Dans l'Égypte ancienne, l'urine de chameau était utilisée à des fins rituelles (le thé était parfois dérivé de l'urine de chameau filtrée et était également utilisé comme source de sel). Cette tradition existait dans les pays orientaux et est pratiquée encore aujourd'hui dans la Chine ancienne et en Inde. Le Mahatma Gandhi, par exemple, buvait régulièrement son urine, ce qui ne l'a pas empêché de conduire l'Inde à l'indépendance. Bien qu'Hippocrate n'ait jamais recommandé à quiconque de boire de l'urine, il a été l'un des premiers médecins à utiliser le diagnostic de l'urine comme outil de pronostic et de prédiction des résultats de la maladie. Cette science est devenue connue sous le nom d'uroscopie, et elle est devenue plus tard un paradigme pour les stratégies de diagnostic ultérieures et est considérée comme une étape importante dans l'histoire du diagnostic clinique.

Selon un naturopathe britannique nommé John W. Armstrong, il faudrait interpréter le verset biblique, שְׁתֵה-מַיִם מִבּוֹרֶךָ;    וְנֹזְלִים, מִתּוֹךְ בְּאֵרֶךָ « Bois de l'eau de ta propre citerne, l'eau courante de ton propre puits »,6 comme faisant référence à cette ancienne pratique. Il prétend avoir traité des milliers de patients et, en 1944, il a publié « L’eau de la vie: un traité sur la thérapie urinaire », qui est devenu un document fondateur sur le domaine.

Bien que le Rambo''m ait reconnu que le lait de chamelle possède certaines propriétés curatives, à ma connaissance, il ne dit rien sur l'urine de chameau comme remède médicinal.

Comme j'ai mentionné plus haut, bien que nous ne saurons jamais si les Hakhomim du Talmoudh auraient traité le coronavirus avec de l'urine de chameau ou de cheval, il existe néanmoins une certitude scientifique indéniable : l'urine de chameau est très mauvais pour le COVID-19 !

Les gens semblent oublier que le COVID-19 est étroitement lié à un autre coronavirus célèbre connu sous le nom de MERS. Les journaux saoudiens ont observé qu'une année lors du Hajj, le coronavirus de type MERS (Middle East Respiratory Syndrome – Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient) a envoyé au moins quarante-six personnes à l'hôpital. Les médecins saoudiens et l'Organisation Mondiale de la Santé se sont demandé pourquoi les infections au MERS étaient-elles si élevées dans les pays musulmans ? La réponse était évidente : Dans les pays islamiques, il est courant de boire de l'urine de chameau. Et le Ministère Saoudien de la Santé a dû mettre en garde contre les contacts avec des chameaux. 40% des Saoudiens qui avaient contracté ce coronavirus sont morts. (Peut-être n'est-ce pas l'urine de chameau en elle-même qui soit à incriminer, mais peut-être le fait qu'elle aurait été bue sans avoir été filtrée. C'est juste une idée que je soulève, dit en passant.)

S'appuyer sur d'autres formes de « médecine de la charia » a également fait des victimes durant cette période de pandémie du COVID-19. Rien qu'en Iran, un patient atteint de coronavirus à qui un ecclésiastique avait dit de sentir des roses comme remède est décédé peu après; et le fils d'un éminent ayatollah a avoué que son père était mort parce qu'il faisait confiance aux soi-disant « spécialistes de la médecine islamique ».

En conclusion, bien que nos Hakhomim reconnaissent les vertus curatives de l'urine de chameau et de cheval, il conviendrait de ne pas en boire dans l'idée de guérir du COVID-19 (ou pour en être immunisé). Il existe de meilleurs moyens de guérir les gens du COVID-19, et compte tenu des antécédents avec le coronavirus de type MERS, il serait prudent de ne pas boire l'urine de chameau durant cette période de pandémie de COVID-19.
1Sahih Muslim n°3162 (dans la version arabe ; mais n°961 dans la version française)
2Voir, par exemple, Sahih al-Boukhari 7:590.
3L'urine d'un âne est trouble et sa couleur semble parfois similaire à celle du lait, en raison d'une forte concentration de cristaux de carbonate de calcium (CaCO3) et de mucus. L'urine, contrairement au lait, n'est pas produite par le corps, mais elle contient des ingrédients qui ont été absorbés par le corps et excrétés. Par conséquent, le Talmoudh demande si son statut halakhique est comparable à celui du lait ou non.
4Talmoudh, Bakhôrôth 7a. La discussion talmudique concernant l'urine de chameau est liée à la raison pour laquelle le miel d'abeille est autorisé ; parce qu'il ne provient pas des sécrétions de l'abeille.
5Shabboth 110a
6Mishlé 5:15