בס״ד
L’histoire des Barokhôth & Ṭaphillôth
Les Hôsha´anôth de Soukkôth
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Durant la période précédant Rô`sh Hashshonoh et Yôm
Hakkippourim j’ai reçu pas mal de messages de diverses personnes et eut des
discussions sur les Ṭaphillôth obligatoires ou facultatives, celles
que l’on pourrait omettre et celles que l’on devrait absolument dire durant ces
deux fêtes, où les offices sont en réalité inutilement longs et peu inspirants,
var la plupart ne comprend rien à ce qui est dit et répété. Cela m’a donné l’idée
de commencer une série d’articles sur l’histoire cachée (et très souvent
passionnante) des diverses Barokhôth et Ṭaphillôth que l’on
retrouve dans les Siddourim d’aujourd’hui. J’ai eu l’occasion de commencer avec
l’article intitulé L’origine
de la bénédiction de « Boroukh Sha`omar ».
Avec la fête de Soukkôth qui approche, j’ai estimé qu’il
serait une bonne idée de dire quelques mots sur les Hôsha´anôth qui
sont récitées en processions autour de la Bimoh dans les synagogues à l’occasion
de la fête de Soukkôth. Sur le lien
suivant, vous pouvez voir le rituel des Hôsha´anôth d’après
les rites ashkénazes et séfarades. Ce
qui frappe tout de suite les yeux, c’est que le rituel est composé de
nombreuses courtes phrases à répéter, et au milieu desquelles ont été ajouté plusieurs
Piyoutim (poèmes liturgiques) attribués au Rov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל (pour le rite séfarade). Les questions naturelles qui se posent sont :
est-ce nécessaire que le rituel soit si long ? En fut-il toujours ainsi ?
Que faisait-on à l’origine ?
Cela en surprendra beaucoup mais le rituel était très
minimaliste à l’époque du Béth Hammiqdosh. Voici ce que nous lisons dans la
Mishnoh :[1]
La Miṣwoh de la ´arovoh comment ? Il
y avait un endroit en dessous de Yarousholayim appelé Môṣo`. Ils descendaient
là-bas et rassemblaient de là-bas de hautes branches de ´arovoh,
puis ils venaient et les dressaient sur les côtés de l'autel, avec leurs
sommets courbés sur l'autel. Ils sonnaient une Ṭaqi´oh, une Ṭarou´oh,
et encore une Ṭaqi´oh. Chaque jour, ils faisaient le tour de
l'autel une fois en disant : « De grâce, ô Hashshém, sauve-nous ;
de grâce, ô Hashshém, fais-nous prospérer ». Ribbi Yahoudhoh
dit : « `ani Wohô, sauve-nous ». Et ce
jour-là,[2] ils tournaient autour de
l'autel sept fois. Au moment de leur départ, que disaient-ils ? « Ô
autel, la beauté est à toi ! Ô autel, la beauté est à toi ! »
Ribbi `ali´azar dit : « A Yoh et à toi, ô autel !
A Yoh et à toi, ô autel ! » |
מִצְוַת עֲרָבָה כֵּיצַד, מָקוֹם הָיָה לְמַטָּה
מִירוּשָׁלַיִם, וְנִקְרָא מוֹצָא. יוֹרְדִין לְשָׁם וּמְלַקְּטִין מִשָּׁם
מֻרְבִּיּוֹת שֶׁל עֲרָבָה, וּבָאִין וְזוֹקְפִין אוֹתָן בְּצִדֵּי הַמִּזְבֵּחַ, וְרָאשֵׁיהֶן
כְּפוּפִין עַל
גַּבֵּי הַמִּזְבֵּחַ. תָּקְעוּ וְהֵרִיעוּ וְתָקָעוּ .בְּכָל יוֹם מַקִּיפִין אֶת הַמִּזְבֵּחַ פַּעַם
אַחַת, וְאוֹמְרִים, אָנָּא ה' הוֹשִׁיעָה נָּא, אָנָּא ה' הַצְלִיחָה נָּא. רִבִּי
יְהוּדָה אוֹמֵר, אֲנִי וָהוֹ הוֹשִׁיעָה נָּא. וְאוֹתוֹ הַיּוֹם מַקִּיפִין אֶת הַמִּזְבֵּחַ שֶׁבַע פְּעָמִים. בִּשְׁעַת
פְּטִירָתָן, מָה הֵן אוֹמְרִים, יֹפִי לְךָ מִזְבֵּחַ, יֹפִי לְךָ מִזְבֵּחַ. רִבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר, לְיָהּ
וּלְךָ מִזְבֵּחַ.
לְיָהּ וּלְךָ, מִזְבֵּחַ |
Cette Mishnoh susmentionnée énumère les mots qui
étaient récités durant les Haqqophôth (processions) dans le Béth Hammiqdosh :
soit les mots אָנָּא ה' הוֹשִׁיעָה
נָּא, אָנָּא ה' הַצְלִיחָה נָּא, ou אֲנִי וָהוֹ הוֹשִׁיעָה נָּא. Aussi simple que cela ; une seule phrase, et non tout un
long rituel (aussi beau puisse-t-il être). Si ces simples mots constituaient une
supplique suffisante à l’époque du Béth Hammiqdosh, qui sommes-nous pour
composer quoique’ ce soit d’autre de plus élaboré ?
Toutes les autres suppliques des Hôsha´anôth
se poursuivant par le mot לְמַעַנְךָ furent ajoutées par le Rov Sa´adhyoh Go`ôn (882-942). Quant
aux derniers paragraphes des Hôsha´anôth, qui commencent par כְּהוֹשַׁעְתָּ,
ils furent composés par le grand `al´ozor Haqqalir (570-640).
Remarquez également une autre différence majeure entre
la manière dont les Haqqophôth se faisaient dans les temps talmudiques et
aujourd’hui : la Mishnoh nous apprend qu’originellement les Haqqophôth ne
se faisaient pas avec les Quatre Espèces mais uniquement avec de la ´arovoh
(saule de rivière). (Un peu avant, dans la Mishnoh 3 :9, on nous
apprend que les Quatre Espèces n’étaient prises et secouées que durant le
Hallél, au moment où on arrivait au milieu du Ṭahillim 118.)
L’organisation des Haqqophôth telle qu’on la connait
de nos jours, ainsi que les Piyoutim qui les accompagne, remonte au temps des Ga`ônim,
après l’ère talmudique. Après la conclusion de l’office de Mousoph, le Shaliaḥ
Ṣibbour commençait en disant הוֹשַׁע
נָא (« Sauve, de grâce »),
que les membres de l’assemblée répétaient ; ensuite, le Shaliaḥ
Ṣibbour faisait répéter ses Ṭaphillôth personnelles pour le salut dans
une version plus longue. Le septième jour, ils modifiaient les courts הוֹשַׁע נָא et les faisaient
répéter sept fois. Par la suite, ces cris de הוֹשַׁע נָא se développèrent en courtes
litanies. Durant l’ère des Ga`ônim il était de coutume partout de réciter des Piyoutim
avec הוֹשַׁע נָא
comme refrain ; le Rov Sa´adhyoh Go`ôn témoigne d’ailleurs qu’à
son époque le nombre de tels Piyoutim personnels était extrêmement conséquent.
Ces Piyoutim, que chaque Shaliaḥ Ṣibbour développait, étaient très
variés dans leur contenu : souvent, il s’agissait d’hymnes, appelés Divré Shavaḥ
Ouphiyoutim ou Shavaḥ Wahôdho`oh ; il y avait aussi des requêtes,
appelées Divré Baqqoshoh ou Ṭaḥanounim. Mais pour finir, tous ces Piyoutim reçurent le même nom tiré de
leur refrain commun, et on les appela donc Hôsha´anôth.
Dans les milieux séfarades, ce sont les Hôsha´anôth
du Rov Sa´adhyoh Go`ôn qui sont en usage aujourd’hui, tandis que dans
les milieux ashkénazes, romains et Rômoniyôth, ce sont les Hôsha´anôth
de `al´ozor Haqqalir qui sont en vigueur. Dans les milieux séfarades, la
structure des Hôsha´anôth s’est compliquée à cause du fait que la fête
de Soukkôth a acquis avec le temps le caractère de Yôm Hakkippourim, avec des
prières de Ṭashouvoh et de Saliḥôth qui furent attachées
aux Hôsha´anôth.
Malgré la très grande opposition qu’il y eut au début,
des Hôsha´anôth furent par la suite composées également pour le
Shabboth, où des Haqqophôth n’avaient pas lieu. Le contenu de ces Hôsha´anôth
tourne autour de requêtes pour une année d’abondance, avec une demande pour l’ère
messianique.
D’après les informations que l’on retrouve dans le Halokhôth
Gadhôlôth, les Hôsha´anôth finirent par être adoptées par
la suite également en Terre Sainte, et en plus de Mousoph elles se faisaient
aussi après l’office de Minḥoh. Aux 10ème et 11ème siècles
des Haqqophôth étaient organisées à Yarousholayim, autour du Mont des Oliviers,
pour lesquelles des pèlerins venaient de loin et en grand nombre.
C’est comme cela que nous sommes passés d’une seule phrase à prononcer lors des Haqqophôth à un long rituel de nombreuses phrases à répéter à notre époque.