vendredi 4 septembre 2020

Prier et étudier chez soi est plus important qu’aller au Béth Hakkanasath

 

בס״ד

 

Prier et étudier chez soi est plus important qu’aller au Béth Hakkanasath

 



Cet article peut être téléchargé ici.

 

Le titre de cet article pourrait en choquer certains, mais c’est pourtant ce qui est clairement enseigné dans le Ṭalmoudh et par les Ri`shônim, ainsi que nous allons le voir à l’instant. En outre, cet article sera d’une grande pertinence pour la période de pandémie dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

 

Le Ṭalmoudh, à la Masakhath Barokhôth 8a, rapporte que `abbayé ז״ל était accoutumé à étudier la Ṭôroh chez lui à la maison puis se rendait ensuite Béth Hakkanasath (synagogue) pour prier, mais il a par la suite changé de pratique en entendant l'enseignement suivant de Rov Ḥiyo` bar `ammi ז״ל, au nom de ´oulo` ז״ל : מיום שחרב בית המקדש אין לו להקב"ה בעולמו אלא ארבע אמות של הלכה בלבד « Depuis le jour où le Béth Hammiqdosh a été détruit, la seule chose qu’il reste à Haqqodhôsh Boroukh Hou` dans Son monde sont les quatre `ammôth de Halokhoh ». Cela signifie que depuis la destruction du Béth Hammiqdosh, la Shakhinoh réside uniquement là où la Ṭôroh est étudiée ! En entendant cet enseignement, le Ṭalmoudh conclut en disant que `abbayé décida qu'il ne prierait plus que là où il étudiait - c'est-à-dire chez lui à la maison. Puisque la Shakhinoh ne repose plus que là où l'on étudie la Ṭôroh, les Ṭaphillôth sont plus puissantes et plus susceptibles d'être acceptées par Hashshém ית׳ à cet endroit.

 

La lecture simple de ce passage talmudique semble suggérer que `abbayé a décidé de prier en privé à l'endroit où il étudie, plutôt que d'aller au Béth Hakkanasath pour pouvoir prier avec un Minyon. Ainsi, Ribbénou Yônoh ז״ל (Espagne, 1200-1263) cite la décision des Ḥokhmé Hassorphaṭṭim (les « Sages français ») selon qui il est préférable de prier en privé à l’endroit où on étudie que de prier ailleurs avec un Minyon.

 

Une allusion à ce point de vue peut être trouvée dans le cri que Dowidh Hammalakh éleva vers Hashshém dans le passage suivant : אֲמָרַי הַאֲזִינָה יְהוָה;    בִּינָה הֲגִיגִי « Prête l’oreille à mes paroles, ô `adhônoy ; prends en discerne maa méditation » (ahillim 5 :2). La lecture claire de ce Posouq est que Dowidh Hammalakh demande à Hashshém d'écouter à la fois ses paroles et ses méditations (pensées intérieures). Nous ne sommes pas toujours capables d'articuler nos pensées et nos sentiments. Sachant que Hashshém entend non seulement nos voix, mais aussi nos pensées et nos émotions silencieuses, Dowidh Hammalakh a supplié Hashshém d'accepter à la fois ses prières verbalisées et ce qu’il n’a pas exprimé verbalement. De plus, cependant, Râv Shalomoh Zarka (Tunis, décédé en 1876) a suggéré que le mot אֲמָרַי, qui est écrit au singulier (« mes paroles » et non « nos paroles »), pourrait être compris comme faisant référence à des prières faîtes en privé. Dowidh Hammalakh demande à Hashshém d'accepter les prières qu'il a faîtes seul, pas en présence d'un Minyon, parce que בִּינָה הֲגִיגִי - c'est là qu'il étudie la Ṭôroh ! (Le mot הֲגִיגִי peut désigner l’étude, comme dans le célèbre Posouq : וְהָגִיתָ בּוֹ יוֹמָם וָלַיְלָה « Wahoghitho Bô Yômom Wolayloh – et tu la méditeras jour et nuit » en référence à la Ṭôroh). À l’instar de la décision des Ḥokhmé Hassorphaṭṭim, Dowidh Hammalakh priait en privé à l’endroit où il avait l’habitude d’étudier la Ṭôroh, plutôt que de prier avec un Minyon ailleurs, et il demandait donc à Hashshém d’accepter ses prières par ce mérite.

 

En tout état de cause, le Rambo’’m ז״ל a compris différemment la pratique de `abbayé. D’après lui, `abbayé a décidé de prier avec un Minyon rassemblé chez lui plutôt que de prier au Béth Hakkanasath. Ribbénou Yônoh explique que selon le Rambo’’m, `abbayé préférait prier avec un petit Minyon, composé de seulement 10 hommes, plutôt que de prier avec une grande foule au Béth Hakkanasath. Le principe de בְּרָב-עָם הַדְרַת-מֶלֶךְ « C’est dans l’abondance du peuple qu’est la gloire du roi » (Mishlé 14 :28) établit que nous devons nous efforcer d’accomplir des Miṣwôth publiques dans de grandes assemblées de personnes, car cela fait plus honneur à Hashshém. Cependant, `abbayé estimait que la valeur de prier là où l'on étudie l'emporte sur la valeur de בְּרָב-עָם הַדְרַת-מֶלֶךְ « Barov ´om Hadhrath Malakh ».

 

La majorité des Pôsaqim suivent le point de vue du Rambo’’m, et tranchent qu’il est préférable de prier avec un petit Minyon à l’endroit où l'on étudie que de prier avec une grande foule au Béth Hakkanasath.

 

Un aperçu supplémentaire du lien entre la prière et l’étude de la Ṭôroh peut être glané dans le commentaire suivant du Ṭalmoudh : « Quelqu'un qui détourne son oreille de la Ṭôroh, même sa Ṭaphilloh est une abomination ». Le Go`ôn de Wilno` ז״ל a expliqué ce passage comme faisant référence à quelqu'un qui « détourne son oreille » lorsque le rabbin commence à parler d'un sujet qu'il a déjà étudié. ḤaZa’’l nous enseignent que nous devons être ouverts et désireux de réviser le matériel que nous avons déjà étudié, car cela nous permet d'apprendre de nouvelles idées sur le sujet. Le Go`ôn explique ainsi que le Ṭalmoudh veut dire que si quelqu'un n'est pas intéressé à écouter un sujet de Ṭôroh qu'il a déjà étudié, le rejetant comme inutilement répétitif, alors Hashshém réagit à ses Ṭaphillôth de la même manière. Chaque fois que cette personne récitera la prière de la ´amidhoh, Hashshém rejettera sa Ṭaphilloh, disant, pour ainsi dire, qu'Il en a Lui aussi marre d’entendre cette même prière de sa part ...

 

Cette vision renforce pour nous le lien entre l’étude de la Ṭôroh et la Ṭaphilloh, comme en témoigne la pratique de `abbayé de prier là où il avait l’habitude d’étudier.

 

Même après la levée des restrictions pendant la pandémie de Covid-19, de nombreuses personnes sont restées dans l'impossibilité de se rendre au Béth Hakkanasath, soit en raison de préoccupations légitimes au sujet de leur santé, soit parce que les règles de distanciation limitaient le nombre de personnes pouvant prier au Béth Hakkanasath. Ces personnes doivent comprendre qu’elles n’ont pas à se sentir coupables de quoi que ce soit, car en dépit de l’importance que revêt un Béth Hakkanasath, si elles prient là où elles ont l’habitude d’étudier, que ce soit individuellement ou en tant chez elles un Minyon, leur prière est d’une plus grande valeur que si elle avait été faîte au Béth Hakkanasath au milieu de nombreuses personnes.