בס״ד
Prier et étudier chez soi est plus important qu’aller
au Béth Hakkanasath
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Le titre de cet article pourrait en choquer certains, mais
c’est pourtant ce qui est clairement enseigné dans le Ṭalmoudh et par les Ri`shônim,
ainsi que nous allons le voir à l’instant. En outre, cet article sera d’une
grande pertinence pour la période de pandémie dans laquelle nous nous trouvons
actuellement.
Le Ṭalmoudh, à la Masakhath Barokhôth 8a,
rapporte que `abbayé ז״ל
était
accoutumé à étudier la Ṭôroh chez lui à la maison puis se rendait ensuite Béth
Hakkanasath (synagogue) pour prier, mais il a par la suite changé de
pratique en entendant l'enseignement suivant de Rov Ḥiyo` bar `ammi ז״ל, au nom de ´oulo` ז״ל : מיום
שחרב בית המקדש אין לו להקב"ה בעולמו אלא ארבע אמות של הלכה בלבד « Depuis le jour où le Béth Hammiqdosh a été détruit, la seule
chose qu’il reste à Haqqodhôsh Boroukh Hou` dans Son monde sont les quatre `ammôth
de Halokhoh ». Cela signifie que depuis la destruction du Béth
Hammiqdosh, la Shakhinoh réside uniquement là où la Ṭôroh est
étudiée ! En entendant cet enseignement, le Ṭalmoudh conclut en disant que
`abbayé décida qu'il ne prierait plus que là où il étudiait - c'est-à-dire chez
lui à la maison. Puisque la Shakhinoh ne repose plus que là où l'on étudie
la Ṭôroh, les Ṭaphillôth sont plus puissantes et plus susceptibles
d'être acceptées par Hashshém ית׳ à cet endroit.
La lecture simple de ce passage talmudique semble
suggérer que `abbayé a décidé de prier en privé à l'endroit où il étudie,
plutôt que d'aller au Béth Hakkanasath pour pouvoir prier avec un Minyon.
Ainsi, Ribbénou Yônoh ז״ל
(Espagne, 1200-1263) cite la décision des Ḥokhmé Hassorphaṭṭim (les « Sages
français ») selon qui il est préférable de prier en privé à l’endroit où
on étudie que de prier ailleurs avec un Minyon.
Une allusion à ce point de vue peut être trouvée dans
le cri que Dowidh Hammalakh éleva vers Hashshém dans le passage suivant : אֲמָרַי הַאֲזִינָה יְהוָה; בִּינָה הֲגִיגִי « Prête l’oreille à mes paroles, ô `adhônoy ; prends
en discerne maa méditation » (Ṭahillim 5 :2).
La lecture claire de ce Posouq est que Dowidh Hammalakh demande à Hashshém
d'écouter à la fois ses paroles et ses méditations (pensées intérieures). Nous
ne sommes pas toujours capables d'articuler nos pensées et nos sentiments.
Sachant que Hashshém entend non seulement nos voix, mais aussi nos pensées et
nos émotions silencieuses, Dowidh Hammalakh a supplié Hashshém d'accepter à la
fois ses prières verbalisées et ce qu’il n’a pas exprimé verbalement. De plus,
cependant, Râv Shalomoh Zarka (Tunis, décédé en 1876) a suggéré que
le mot אֲמָרַי,
qui est écrit au singulier (« mes paroles » et non « nos
paroles »), pourrait être compris comme faisant référence à des
prières faîtes en privé. Dowidh Hammalakh demande à Hashshém d'accepter les
prières qu'il a faîtes seul, pas en présence d'un Minyon, parce que בִּינָה הֲגִיגִי
- c'est là qu'il étudie la Ṭôroh ! (Le mot הֲגִיגִי peut désigner l’étude, comme dans le célèbre Posouq : וְהָגִיתָ בּוֹ יוֹמָם וָלַיְלָה
« Wahoghitho
Bô Yômom Wolayloh – et tu la méditeras jour et nuit » en référence à
la Ṭôroh). À l’instar de la décision des Ḥokhmé Hassorphaṭṭim, Dowidh Hammalakh
priait en privé à l’endroit où il avait l’habitude d’étudier la Ṭôroh, plutôt
que de prier avec un Minyon ailleurs, et il demandait donc à Hashshém
d’accepter ses prières par ce mérite.
En tout état de cause, le Rambo’’m ז״ל a compris différemment la
pratique de `abbayé. D’après lui, `abbayé a décidé de prier avec un Minyon rassemblé
chez lui plutôt que de prier au Béth Hakkanasath. Ribbénou Yônoh
explique que selon le Rambo’’m, `abbayé préférait prier avec un petit Minyon,
composé de seulement 10 hommes, plutôt que de prier avec une grande foule au Béth
Hakkanasath. Le principe de בְּרָב-עָם
הַדְרַת-מֶלֶךְ « C’est dans l’abondance du peuple qu’est la gloire du roi »
(Mishlé 14 :28) établit que nous devons nous efforcer d’accomplir
des Miṣwôth publiques dans de grandes assemblées de personnes, car cela fait
plus honneur à Hashshém. Cependant, `abbayé estimait que la valeur de prier là
où l'on étudie l'emporte sur la valeur de בְּרָב-עָם
הַדְרַת-מֶלֶךְ « Barov
´om Hadhrath Malakh ».
La majorité des Pôsaqim suivent le point de
vue du Rambo’’m, et tranchent qu’il est préférable de prier avec un petit Minyon
à l’endroit où l'on étudie que de prier avec une grande foule au Béth Hakkanasath.
Un aperçu supplémentaire du lien entre la prière et l’étude
de la Ṭôroh peut être glané dans le commentaire suivant du Ṭalmoudh : « Quelqu'un
qui détourne son oreille de la Ṭôroh, même sa Ṭaphilloh est une
abomination ». Le Go`ôn de Wilno` ז״ל a expliqué ce passage comme faisant référence à quelqu'un qui « détourne
son oreille » lorsque le rabbin commence à parler d'un sujet qu'il a
déjà étudié. ḤaZa’’l nous enseignent que nous devons être ouverts et désireux
de réviser le matériel que nous avons déjà étudié, car cela nous permet
d'apprendre de nouvelles idées sur le sujet. Le Go`ôn explique ainsi que le Ṭalmoudh
veut dire que si quelqu'un n'est pas intéressé à écouter un sujet de Ṭôroh
qu'il a déjà étudié, le rejetant comme inutilement répétitif, alors Hashshém
réagit à ses Ṭaphillôth de la même manière. Chaque fois que cette
personne récitera la prière de la ´amidhoh, Hashshém rejettera sa Ṭaphilloh,
disant, pour ainsi dire, qu'Il en a Lui aussi marre d’entendre cette même
prière de sa part ...
Cette vision renforce pour nous le lien entre l’étude
de la Ṭôroh et la Ṭaphilloh, comme en témoigne la pratique de `abbayé
de prier là où il avait l’habitude d’étudier.
Même après la levée des restrictions pendant la
pandémie de Covid-19, de nombreuses personnes sont restées dans l'impossibilité
de se rendre au Béth Hakkanasath, soit en raison de préoccupations
légitimes au sujet de leur santé, soit parce que les règles de distanciation
limitaient le nombre de personnes pouvant prier au Béth Hakkanasath.
Ces personnes doivent comprendre qu’elles n’ont pas à se sentir coupables de
quoi que ce soit, car en dépit de l’importance que revêt un Béth Hakkanasath,
si elles prient là où elles ont l’habitude d’étudier, que ce soit individuellement
ou en tant chez elles un Minyon, leur prière est d’une plus grande valeur que
si elle avait été faîte au Béth Hakkanasath au milieu de nombreuses
personnes.