בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
Toum`oh Watohoroh et l’émission
de semence
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Avant de commencer
le sujet de l'article d'aujourd'hui, j'aimerais ajouter une source pour
illustrer le point que j'essayais de faire valoir dans le dernier
article. Si vous vous souvenez, j'ai développé l'idée que le Zôhar, et
son interprétation de la Poroshoh de `ônon, sont devenus très influents dans la
façon dont nous considérons le péché de `ônon. Ceci a influencé notre
interprétation de la Halokhoh dans la mesure où le péché de la
masturbation s'est identifié au péché de `ônon, alors qu’il est tout à fait évident que le péché de `ônon n'était
clairement pas qu'il se masturbait et répandait sa semence, mais plutôt qu'il
refusait de maintenir le nom de son frère.
Le meilleur exemple
de cette influence qabbalistique dans la Halokhoh est le Qiṣour Shoulḥon
´oroukh. Le Qiṣour, comme il est communément appelé, était l'une des œuvres les
plus influentes de Halokhoh des 19ème et 20ème
siècles, et a agi (et continue de le faire) comme un guide halakhique pratique
pour des générations de Juifs fidèles à la Halokhoh pendant des
générations. Voici ses paroles :[1]
Il est interdit d’émettre de la semence
en vain. Ce péché est plus grave que tout autre péché dans la Ṭôroh. Ceux qui
se masturbent et répandent de la semence en vain, non seulement c'est une
interdiction sévère, mais celui qui fait cela est excommunié, et concernant ces
personnes il est dit « Vos mains sont remplies de sangs » et
c'est comme s'il était coupable de meurtre. Voir ce que Rash’’i écrit à ce
sujet à la Poroshath Wayyéshév concernant l'histoire de ´ér et `ônon qui sont morts
à cause de ce péché. Parfois, celui qui commet ce péché perd ses enfants en bas
âge, ou ils seront malades, ou une personne souffrira de la pauvreté.
Il y a tellement de
choses à dire sur cette citation, mais les points que je voudrais faire valoir
sont les suivants. Un ouvrage pratique halakhique d'une incroyable influence
vient de reprendre le thème de notre dernier
article pour boucler la boucle. Le péché de ´ér et `ônon était, d’après
lui, d’avoir répandu leurs semences (spécifiquement par la masturbation). Cela
s'apparente à un meurtre. On en souffre horriblement. Il interprète même Rash’’i
ז״ל de cette façon, bien que ce soit loin d'être le
cas comme nous l'avons vu dans notre dernier
article. La source ultime de tout cela dans le Qiṣour Shoulḥon ´oroukh et
l'interprétation de la Poroshoh est complètement et totalement tirée du Zôhar. Rien
ne provient du ṬoNo’’Kh, de la Mishnoh, du Midhrosh ou de la Gamoro`,
mais exclusivement du Zôhar ! Cela démontre clairement et indéniablement
ce que j'essayais de faire valoir.
Je voudrais
maintenant passer à un domaine d'influence dont nous n'avons pas l'habitude de
parler lorsque nous discutons de la Halokhoh pratique à l'époque
moderne. Les lois de Toum`oh Watohoroh, ou pureté et impureté
rituelles. L’impureté rituelle est un concept qui devint à un moment de notre
histoire très influent dans la pratique quotidienne des Juifs traditionnels. Surtout
à l'époque du Bayith Shéni, c'était la raison pour laquelle nos ancêtres, les
ancêtres de ce qui devint finalement le judaïsme halakhique, furent appelés « Péroushim »
ou pharisiens dans la littérature profane. Cependant, nous n'adhérons plus à
ces règles, pour des raisons qui sortent du cadre de ce blog. Cependant, il y a
quelques domaines où l'influence des lois de Toum`oh Watohoroh
se fait encore sentir de nos jours (bien qu’elles ne s’appliquent plus), et
notre sujet actuel est l'un d'entre eux.
Dans Wayyiqro` 15,
nous avons les trois versets suivants :
16. Et un homme, lorsque sortira de lui une couche de
semence, il lavera alors avec les eaux toute sa chair, et sera impur jusqu’au
soir. 17. Et tout vêtement, et tout cuir, sur lequel se serait
trouvée une couche de semence, sera nettoyé avec les eaux et sera impur jusqu’au
soir. 18. Quant à une femme avec laquelle un homme aurait
couchée avec une couche de semence, ils se laveront avec les eaux et seront
impurs jusqu’au soir. {P} |
טז וְאִישׁ,
כִּי-תֵצֵא מִמֶּנּוּ שִׁכְבַת-זָרַע--וְרָחַץ בַּמַּיִם אֶת-כָּל-בְּשָׂרוֹ,
וְטָמֵא עַד-הָעָרֶב. יז וְכָל-בֶּגֶד
וְכָל-עוֹר, אֲשֶׁר-יִהְיֶה עָלָיו שִׁכְבַת-זָרַע--וְכֻבַּס בַּמַּיִם, וְטָמֵא
עַד-הָעָרֶב. יח וְאִשָּׁה, אֲשֶׁר יִשְׁכַּב אִישׁ אֹתָהּ
שִׁכְבַת-זָרַע--וְרָחֲצוּ בַמַּיִם, וְטָמְאוּ עַד-הָעָרֶב. {פ{ |
La signification de l’impureté
est un sujet qui dépasse le cadre de cet article, mais il y a plusieurs
observations qui sont très pertinentes pour notre discussion ici, puisque ces
versets sont régulièrement utilisés pour condamner la masturbation. Tout
d'abord, ces versets font clairement référence à une « semence »
qui a été éjaculée de quelque manière que ce soit, à la fois par des relations
conjugales normales et par la masturbation. En effet, cette « impureté »
s'étend même à la femme qui a des semences à l'intérieur de son vagin en raison
de rapports sexuels normaux. Il est donc clair que cette semence rend une
personne « impure » même après avoir fait ce qui est
traditionnellement considéré comme une grande Miṣwoh, une obligation pour
chaque homme de procréer et de se livrer à une activité sexuelle normale pour
améliorer sa relation et satisfaire ses besoins sexuels normaux et ceux de sa
femme. . Ceci est similaire à bien des égards à « l’impureté » qui
survient sur une personne après s'être engagée dans l'une des actions les plus
grandes et les plus saintes que l'on puisse faire, celle de prendre soin d'un
corps humain après la mort.
La raison pour
laquelle une grande Miṣwoh peut amener quelqu'un à « l’impureté »
dépasse le cadre de cet article, mais elle a fait l'objet de nombreux sermons
au fil des ans. Pour nos besoins ici, en tant que blog dédié au rationalisme
halakhique, je veux juste souligner que « l’impureté » rituelle n’a
aucune corrélation avec un acte qui serait halakhiquement interdit. En d’autres
mots, le fait qu’un certain acte puisse rendre impur n’indique pas du tout que
l’acte serait interdit par la Halokhoh (avoir des relations sexuelles
avec sa femme rend impur ; et pourtant c’est une Miṣwoh d’en avoir. Laver,
habiller et inhumer un mort rendent impur ; et pourtant ce sont des Miṣwôth).
Néanmoins, quelle qu'en soit la raison, dans le domaine de l’émission de
semence, le thème de l’impureté a eu une influence significativement négative
en rendant l’acte tout à fait « tabou ».
L’impureté à laquelle
la Ṭôroh se réfère interdit à un Kôhén d'accomplir la ´avôdoh, et en
fait à quiconque de gravir le Har Habbayith. Elle interdit à une personne
d'entrer en contact avec des objets sacrés liés au service dans le Béth
Hammiqdosh. Rien de tout cela n'a de pertinence à
notre époque et ne concerne pas ce qu'une personne est autorisée à faire ou
interdite de faire. Cette impureté n’avait aucun rapport avec le
fait que l’acte accompli serait mauvais, mais uniquement vis-à-vis des objets
sacrés, du Béth Hammiqdosh et du Har Habbayith. Cependant, me direz-vous, il
est bien connu que ´azro` Hassôphér ע״ה a décrété
que celui qui est impur après avoir répandu de la semence ne peut pas lire la Ṭôroh.[2]
Sauf qu’il est également bien connu que cette Ṭaqqonoh de ´azro` Hassôphér fut
abolie, car irréaliste et impraticable pour la majorité des Juifs, et n'est donc
plus d'actualité aujourd'hui, ainsi que cela est rapporté dans le Ṭalmoudh[3]
et le Mishnéh Ṭôroh[4] du Rambo’’m
ז״ל.
Malgré cela, c'est
devenu la pratique de nombreux Juifs, pour la plupart des Ḥassidim, d'aller à
la Miqwoh chaque jour afin d'accomplir la Ṭaqqonoh ´azro` Hassôphér (qui ne s’applique
même plus). Il serait difficile de surestimer l'impact de cette coutume d'aller
à la Miqwoh sur l'idée globale de l'interdiction et de « l’impureté »
associée à « l'émission de semence ». Dans l'esprit de la
plupart des gens, on nettoie non seulement l'impureté rituelle, mais on efface
le péché. Tout cela en dépit du fait que « l’impureté »
est parfois le résultat de l'une des plus grandes Miṣwôth, et n'est donc pas du
tout liée au péché et à la prohibition.
Les livres de Ḥasidhouth
et les œuvres des Maqoubbolim de Ṣaphoth (Safed) mêlent
souvent les questions de Toum`oh avec le péché de gaspiller la semence. En même
temps, dans ces mêmes livres, la sainteté spéciale de l'acte conjugal est
considérée comme quelque chose qui apporte la pureté et la sainteté au monde.
On aurait l'impression à la lecture de ces ouvrages, que la Toum`oh ne vient
que du « gaspillage » de la semence, et non des relations
conjugales normales. La source extrêmement influente de cette conception est la
« `iggarath Haqqôdhash » qui a servi de base à presque toutes
les discussions qabbalistiques sur l’intimité sexuelle qui ont succédé à ce
texte (son origine remonte au 13ème ou 14ème siècle et fut
diversement attribuée à plusieurs kabbalistes différents).
Le point que je
voudrais faire valoir à travers tout cela est le suivant. L'accent mis
aujourd'hui par les Ḥasidhim sur la Ṭaqqonoh de ´azro` Hassôphér est
l'un des rares vestiges modernes de la pratique de Toum`oh Watohoroh.
(Ironiquement, les Ḥasidhim n’accordent pas autant d’importance aux neuf autres
Ṭaqqonôth émises par ´azro` Hassôphér.) Si vous combinez cela avec la croyance que
la Toum`oh proviendrait du péché tel que cela a été souligné par les
kabbalistes, on obtient un péché qui porte une énorme quantité de « poids
métaphysique » négatif. Dans le monde non rationaliste de l'orthodoxie
aujourd'hui, cela en fait un péché assez effrayant !
Rien de tout cela,
bien sûr, n'a un véritable poids halakhique. La Toum`oh, nous l'avons montré
très clairement, n'est pas le résultat d'actes interdits. La pratique de la
Miqwoh dans les temps modernes sur base de la soi-disant Ṭaqqonoh de ´azro`
n'est pas halakhiquement requise, et même si elle est recommandée pour une
raison spirituelle, n'a certainement rien à voir avec le péché de répandre sa
semence (comme cela s'appliquerait aussi à celui qui a eu des rapports sexuels normaux).
Dans le prochain
article, j'espère commencer la discussion halakhique sur l'origine de ce péché
tel qu'interprété par les sources halakhiques. Cela prendra évidemment du
temps, alors j'espère que vous êtes prêt pour une belle balade.