בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
Les sources bibliques & l’histoire de ´ér
et `ônon
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Pour (re)lire la première partie, voir ici.
C'est toujours très
difficile de trouver par où commencer lorsque l'on discute d'un sujet aussi
vaste que la masturbation dans la Halokhoh, donc la meilleure
approche consiste à commencer par les premiers versets majeurs de la Ṭôroh qui
sont pertinents pour le sujet. Vous l’aurez compris, je veux parler de l'histoire
de `ônon dans la Ṭôroh. C'est la première et la plus explicite mention du
« gaspillage de la semence » dans la Ṭôroh, et toute recherche
d'une source biblique à cette interdiction doit commencer ici.
Il est utile de
diviser toute étude d'une Sidhroh de la Ṭôroh en deux catégories distinctes. Il
y a ce qu’on peut appeler « Parshonouth » et ce qu’on peut
appeler « halakhique ».
La Parshonouth fait
référence à l'ensemble de la littérature qui étudie et explique le Posouq. Cela
englobe une vaste gamme de styles, de traditions et de méthodes. La gamme va de
la Qabboloh Lurianique aux Ri`shônim rationalistes en passant par l'érudition
scientifique et historique.
Le halakhique se
réfère spécifiquement à la façon dont un Posouq est utilisé pour déduire la Halokhoh
pratique. Cela suit généralement le modèle familier accepté allant des interprétations
talmudiques aux Ri`shonim, le Rambo’’m, les `aḥarônim, le Tour, le
Shoulḥon ´oroukh, les Pôsaqim, les Sha`élôth Outhshouvôth, etc.
Nous allons
commencer par une analyse de la « Poroshoh » de `ônon dans une
perspective Parshonouth. De toute évidence, il serait impossible de faire un
traitement complet de cette (ou de toute autre) Poroshoh dans la Ṭôroh sur ce
blog dans un article comme celui-ci. Cependant, nous espérons donner un
avant-goût général de la façon dont cette Poroshoh a été et peut être
interprétée et expliquée de plusieurs points de vue majeurs. Nous allons
commencer, bien sûr, avec le Pashot de base. Par « Pashot »,
on entend une lecture simple du texte, en accord avec le principe talmudique de
אֵין מִקְרָא יוֹצֵא מִידֵי פְּשׁוּטוֹ « `én Miqro` Yôṣé`
Midhé Pashoutô – aucun passage de l’Ecriture ne sort de son sens
simple ». En d’autres mots, aucune interprétation donnée à un passage
de la Ṭôroh ne peut aller à l’encontre de son sens simple. C’est un principe
fondamental de l’interprétation biblique que beaucoup ignorent.
Une lecture de cette
Poroshoh montre clairement que la Ṭôroh tente de souligner l'importance de la
continuation et de la perpétuation de la lignée familiale. Le péché de `ônon était clairement, selon le Posouq, dû au
fait qu'il ne voulait pas contribuer à la perpétuation du nom de son frère
décédé. Il a donc « renversé sa semence » au lieu
de permettre à Ṭomor tomber enceinte. Le reste de la Poroshoh continue avec ce
thème et démontre comment le plan de Hashshém pour engendrer les futurs rois
d'Israël, et en fait le Moshiaḥ lui-même, s'est poursuivi à travers Yahoudhoh
et Ṭomor. Ainsi, le péché de `ônon, selon le Pashot,
était qu'il ne voulait pas faire sa part dans la poursuite du nom et de la vocation
de sa famille. (Nous en avions déjà parlé en détails dans l’article
intitulé « Quel
était le péché de ´ér et `ônon ? ».)
Maintenant,
comparons ce Pashot clair avec l’approche Qabbalistique. Cette approche est
particulièrement importante, car l'influence de la Qabboloh sur le
développement de l'approche halakhique concernant la masturbation a été très
influente. Nous le démontrerons au fur et à mesure de cette série d’articles.
L'approche Qabbalistique
a manifestement traversé de nombreuses itérations au fil des ans, la Qabboloh
Lurianique, les approches ḥassidiques, et d'autres écoles de Qabboloh, n’ont
pas toujours eu la même approche sur la masturbation, contrairement à ce qu’on
veut nous faire croire aujourd’hui. Cependant, elles s’appuient toutes sur le
texte de base de la Qabboloh, à savoir le Zôhar. Nous allons donc rapporter ici
les paroles du Zôhar sur cette Poroshoh. Cela nous permettra de voir d’une
manière extrêmement claire comment le Zôhar, et presque toutes les œuvres
kabbalistiques qui suivent ses talons, interprète la signification du péché de
`ônon, totalement éloigné de son Pashot, contredisant ainsi un principe
fondamental de l’interprétation biblique. Voici ce que dit le Zôhar :
וַיֵּרַע בְּעֵינֵי יְהוָה, אֲשֶׁר עָשָׂה;
וַיָּמֶת, גַּם-אֹתוֹ « Et c'était mal aux yeux de `adhônoy,
ce qu'il (`ônon) avait fait, et Il le fit mourir aussi ».[1]
Et viens voir, parmi tous les péchés par lesquels on peut se souiller dans ce
monde, ce péché est celui par lequel une personne peut se souiller le plus, à
la fois dans ce monde et dans le monde à venir. Celui qui déverse sa semence en
vain, et extrait sa semence avec sa main ou sa jambe et se souille avec elle,
comme il est dit :[2]
כִּי, לֹא אֵל חָפֵץ רֶשַׁע אָתָּה:
לֹא יְגֻרְךָ רָע « Car Tu n’es pas un `él qui désire l’impiété ; le
mal ne réside pas avec Toi ». Par conséquent, une telle personne ne
méritera jamais de voir le ´aṭṭiq Yomin,[3]
comme il est écrit ici לֹא יְגֻרְךָ רָע « le
mal ne réside pas avec Toi » et il est également dit ici que :[4]
וַיְהִי, עֵר בְּכוֹר יְהוּדָה--רַע, בְּעֵינֵי
יְהוָה; וַיְמִתֵהוּ, יְהוָה « Et ´ér le premier-né de Yahoudhoh
était mauvais aux yeux de `adhônoy ».[5]
À ce sujet, il est également écrit :[6]
יְדֵיכֶם, דָּמִים מָלֵאוּ « Vos mains sont
remplies de sangs ».
Le Zôhar fait
plusieurs hypothèses et assertions qui ne sont en aucun cas reflétées dans le
texte de la Ṭôroh, mais qui forment la base de toutes les compréhensions
ultérieures de cette Poroshoh influencées par l’approche Qabbalistique. Le Zôhar
argue que :
·
Le péché de `ônon est le péché du « gaspillage de la semence »
(par opposition au péché de ne pas vouloir perpétuer le nom de famille, comme
indiqué dans la Ṭôroh) ;
·
Le péché du frère aîné ´ér est aussi le péché de la masturbation (alors
que cela n'est pas spécifié dans la Ṭôroh).
Le Zôhar fait également
les affirmations suivantes :
1.
La raison de l’interdiction du péché de la masturbation est que cela
s'apparente à un meurtre.
2.
Celui qui est coupable de masturbation n'a aucune part dans le monde à
venir.
Il va sans dire que
ces hypothèses et affirmations sont assez puissantes. Pour les écoles du
judaïsme qui ont été fortement influencées par le Zôhar, ce qui comprend à bien
des égards la majorité du judaïsme orthodoxe aujourd'hui, cela a eu une très
forte influence sur la façon dont la masturbation est vue et comment l'histoire
de `ônon est interprétée.
Retournons à présent
au sujet du Pashot, mais approfondissez-le un peu. Il existe un
héritage vaste et riche de commentateurs qui expliquent le texte selon sa
signification simple. Je pense qu'il est évident pour quiconque étudie la Ṭôroh
avec les commentateurs traditionnels que chaque commentaire a une approche qui
est diversement influencée par de nombreux facteurs, parmi lesquels le Ṭalmoudh,
le Midhrosh, la Halokhoh, les diverses écoles philosophiques, la
Qabboloh et autres facteurs historiques.
Le plus connu et le
plus influent de tous les commentateurs est évidemment Rash’’i ז״ל, qui utilise systématiquement le Ṭalmoudh, le Midhrosh et la Halokhoh
dans ses explications sur le Pashot de chaque Posouq. C’est ce qui
fait sa grandeur et donne à son commentaire une place si importante dans le
judaïsme. Par conséquent, dans l'esprit de la plupart des Juifs orthodoxes,
l'interprétation de Rash’’i sur cette Poroshoh reste l'explication la plus
importante des leçons à tirer de l'histoire de `ônon.
Pour résumer Rash’’i
(vous pouvez lire l’intégralité de son commentaire sur la Ṭôroh, en français,
sur le site sefarim.fr), le péché de ´ér était qu'il ne voulait pas que la beauté de
sa femme soit ternie par une grossesse, et il a donc déversé sa semence au lieu
de s'engager dans des relations sexuelles naturelles. La source de Rash’’i
est le Ṭalmoudh (Yavomôth 34b), et nous approfondirons cela
plus tard dans le blog. Ceci est un exemple classique de la façon dont Rash’’i
utilise une interprétation talmudique pour expliquer la signification simple
d'un Posouq. Rash’’i, à sa manière habituelle, utilise le Ṭalmoudh pour
expliquer le sens ordinaire du Posouq, même si le Posouq
ne dit rien de manière explicite sur la beauté de Ṭomor ou sur ´ér répandant sa
semence.
De nombreux autres
commentateurs bien connus suivent l'exemple de Rash’’i lorsqu'ils expliquent le
péché de ´ér, parmi lesquels le Rashbo’’m ז״ל et d'autres.
Cependant, notamment, le Rambo’’n, qui était pourtant un Qabbaliste, souligne
explicitement que la Ṭôroh ne spécifie pas le péché
de ´ér, le laissant ainsi ouvert à l'interprétation. Le `ibn ´azro` ז״ל, le Rambo’’n et bien d'autres se concentrent sur le péché de
`ônon et affirment qu’il s’agissait du de ne pas
perpétuer le nom de famille de son frère, ce qui colle parfaitement
au sens simple du texte biblique, et respecte la règle de l’interdiction de
contredire le sens simple du texte. Ils choisissent
de ne pas discuter du tout du péché de la masturbation lorsqu'ils expliquent
cette Poroshoh, car cela n'est pas nécessaire pour la compréhension du texte.
Le Rambo’’n va en profondeur en expliquant la signification mystique de la Miṣwoh
du Yibboum dans la perpétuation du nom de famille du frère. Bien qu'il vire
profondément dans un sujet mystique, il reste toujours en phase avec le sens
ordinaire du texte qui mentionne en effet que `ônon a péché en ce qu'il ne
voulait pas accomplir cette Miṣwoh du Yibboum.
Pour résumer, dans
cet article, j'ai essayé de démontrer plusieurs approches de la lecture de
l'histoire de `ônon. Rash’’i ou la Qabboloh n’ont pas le monopole de la
compréhension de la Ṭôroh. J'ai démontré qu'une lecture simple de la Ṭôroh ne
dit rien du péché de répandre la semence, mais que diverses traditions ont
superposé le péché de répandre la semence sur la Poroshoh afin d'expliquer le
récit. Rash’’i a utilisé UN AVIS talmudique (et non l’opinion des Sages)
pour expliquer l'histoire, et le Zôhar a utilisé SA PROPRE COMPREHENSION
du péché de répandre la semence afin d'expliquer la Poroshoh. Par contre, le
Rambo’’n (un mystique) et le `ibn ´azro` (un rationaliste) ont utilisé le sens
simple du texte et n'ont pas utilisé de sources talmudiques ou midhrashiques
pour comprendre le texte.
Soyez patient
pendant que nous abordons ce sujet. Il existe de nombreuses autres sources
proposées pour justifier cette interdiction que nous rencontrerons au cours de
l'analyse halakhique, et une analyse halakhique de cette Poroshoh est à venir. Nous
allons essayer de ne rien négliger, mais cela prendra du temps.
Dans le prochain
article, nous discuterons des problèmes de Toum`oh Watohoroh
(l'impureté rituelle), et son influence sur l'interdiction de la masturbation.