בס״ד
Les Saphorim Haḥiṣônim
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La fête de Ḥanoukkoh nous offre l’opportunité de nous pencher
sur les ספרים החיצונים « Saphorim Haḥiṣônim » (Livres Apocryphes), comme source d’informations sur la vie juive
durant l’ère du Bayith Shéni. Bien que ces livres furent omis du ṬoNo’’Kh par ḤaZa’’l, je vous encourage
vivement à faire usage des « Saphorim Haḥiṣônim », et le court article suivant servira
principalement à ceux qui sont intéressés à en savoir davantage. Trop souvent,
les gens pensent que si un livre n’est pas inclus dans le ṬoNo’’Kh c’est qu’il ne
convient pas de le lire. On ne peut être plus loin de la vérité ! De
nombreuses références aux « Saphorim Haḥiṣônim » se retrouvent dans le Ṭalmoudh, comme notamment le Livre
de Ban Siroˋ qui était lu et cité comme
faisant autorité depuis le début de la période rabbinique (des dizaines de
citations à ce livre se retrouvent dans le Ṭalmoudh, démontrant qu’il était bien connu et
respecté parmi les Juifs). Il y a au total 39 livres apocryphes juifs connus,
parmi lesquels les Livres des Maqqabbim (Maccabées), qui relatent l’histoire
complète de Ḥanoukkoh. Comprenez donc bien que leur exclusion du
ṬoNo’’Kh n’implique en rien
que ces livres seraient irrecevables ou ne pourraient pas être étudiés, cités ou
utilisés comme sources. Pourquoi donc furent-ils omis du ṬoNo’’Kh ?
La raison principale de leur
exclusion est très simple à comprendre : Les 24 livres du ṬoNo’’Kh ont été canonisés par
les « ˋanshé Khanasath Haggadhôloh » (« Hommes de la Grande Assemblée »),
qui comprenait certains des plus grands érudits et dirigeants juifs de
l'époque, comme ´azroˋ le Scribe ע״ה, et
même les derniers des Prophètes, à savoir Ḥaggay ע״ה, Zakharyoh ע״ה et Malˋokhi ע״ה. Avec la mort de ces Prophètes,
l’ère de la prophétie prit fin.[1] Les œuvres
ultérieures ne sont donc pas considérées comme divinement inspirées et ne sont
donc pas incluses dans les 24 livres des Saintes Écritures.[2]
Bien qu'aucun des « Saphorim
Haḥiṣônim » ne soit considéré comme d'inspiration
divine et ne soit donc pas inclus dans les Saintes Écritures, en faire usage ne
fut jamais remis en question dans la tradition juive.
Il est vrai que nous trouvons
des déclarations dans le Ṭalmoudh qui semblent interdire
même de lire ces ouvrages.[3] Mais de l’autre
côté, le même Ṭalmoudh et d'autres ouvrages
juifs citent fréquemment des passages tirés des « Saphorim
Haḥiṣônim ». Parmi les « Saphorim
Haḥiṣônim », le livre le plus cité à travers la
littérature rabbinique est celui des Maqqabbim. Comment comprendre cela ?
Plusieurs commentateurs
expliquent que l'interdiction du Ṭalmoudh ne concerne pas le fait de les lire en
tant que tel mais plutôt le fait de donner à ces livres un statut saint et / ou
le même statut que les livres du ṬoNo’’Kh. Par conséquent, ils peuvent être lus, dès
lors qu’ils ne sont pas traités comme les 24 livres du ṬoNo’’Kh.[4] D'autres
expliquent que l'interdiction talmudique n’était en vigueur que dans les
générations proches de l'époque où les « Saphorim Haḥiṣônim » furent rédigés, mais plus après. Étant
donné que ces œuvres étaient écrites dans un style identique à celui des
Saintes Ecritures, les Sages craignaient que certains supposent à tort qu'elles
y étaient incluses.[5]
Sachons, néanmoins, que même
s’il est permis de lire les « Saphorim Haḥiṣônim », les versions survivantes de nombre de ces
ouvrages sont des traductions de versions grecques ou latines, elles-mêmes
traduites à l'origine de l'hébreu ou de l'araméen, avec de nombreux ajouts et
suppressions causés par l’Eglise ou des sectes juives hérétiques. Cela explique
pourquoi, malgré la permission de les lire, peu de Juifs le font réellement, à
moins d’avoir accès à des versions juives fiables de ces ouvrages.
Pour savoir quels « Saphorim
Haḥiṣônim » peuvent être lus, il est utile de les
diviser en trois catégories :
1. Ceux qui sont contraires au ṬoNo’’Kh
Certains de ces livres
contiennent des histoires ou des idées qui contredisent le ṬoNo’’Kh et / ou la pensée
juive. Cette catégorie comprend des œuvres telles que l'Histoire de Susanne
(qui, entre autres, donne une représentation erronée de la Halokhoh),
ainsi que les livres d'Enoch et des Jubilés (en ce qu'ils dépeignent la
dynamique entre les anges, Hashshém et les hommes d'une manière contraire au
judaïsme), ainsi que diverses autres œuvres.
2. Ceux qui renferment des
informations historiques précieuses
Ensuite, il y a les livres
qui ne sont peut-être pas divinement inspirés, mais sont toutefois utiles en ce
qu'ils fournissent des informations précieuses, un peu comme des livres
d'histoire. Cette catégorie comprend des œuvres telles que 1 et 2 Maccabées
(par opposition à 3 et 4 Maccabées, qui doivent être classés dans la
catégorie précédente), ainsi que Judith. Puisque ces livres ne sont pas
d'inspiration divine, il n'y a aucune garantie que leur contenu soit entièrement
exact, et ils ont à peu près le même poids que n'importe quel autre livre
d'histoire. Et il vaut la peine de les lire, étudier, et utiliser comme
sources.
3. Ceux qui sont des livres de
sagesse : Ban Siroˋ
Le Livre de Ban Siroˋ, que le Ṭalmoudh lui-même cite à plusieurs reprises,[6] mérite une
catégorie à part. Aussi appelé la « Sagesse de Sirach », il
semblerait que de tous les livres des « Saphorim Haḥiṣônim », cet ouvrage fut le plus proche d’être
inclus dans le ṬoNo’’Kh. On sait quand Ban
Siroˋ a vécu, puisqu'à la toute
fin du livre il loue le Kôhén Godhôl Shim´ôn Haṣṣaddiq ז״ל, qui fut l'un des derniers membres
des ˋanshé Khanasath
Haggadhôloh. Ce qui en fait donc un livre rédigé presque à l’époque
biblique.
Il convient de noter,
cependant, que certaines des citations trouvées dans le Ṭalmoudh du Livre de Ban Siroˋ ne se trouvent pas dans la version de l'œuvre
communément incluse dans les Apocryphes d’aujourd’hui. Le livre portant son nom
et qui existe aujourd’hui est en fait une traduction grecque faite par le
petit-fils de Ban Siroˋau 2ème siècle
avant notre ère. La version hébraïque originale avait été perdue de nombreuses
années auparavant, et n'a été trouvée qu'au siècle dernier (dans la Ganizoh
du Caire et parmi les manuscrits de la Mer Morte).
Pourquoi n'a-t-il pas été
inclus dans le ṬoNo’’Kh ? Outre le fait
qu'il a été écrit après la fin de l'ère de la prophétie,[7] certains
des enseignements contenus dans l'ouvrage ont été jugés contraires aux valeurs
juives. Cependant, il semble que les Ḥakhomim considéraient qu'au moins certains des enseignements avaient de la
valeur, s'ils étaient bien compris.[8]
Vous avez ainsi toutes les
cartes en main pour savoir quels livres parmi les « Saphorim
Haḥiṣônim » il conviendrait de lire, et comment il
faudrait les lire.
[1] Ṭalmoudh, Bavoˋ Bathroˋ 14b ; Ṭôsaphṭoˋ, Sôtoh 13 :4
[2] C’est ce que l’on comprend de sources telles
que les ˋovôth Daribbi Nothon 1 :4 ; Ṭôsaphṭoˋ, Yodhayim 2 :5 ; Ṭalmoudh, Bavoˋ Bathroˋ 14b-15a.
[3] Voir, par exemple, Sanhédhrin 100b.
[4] Voir, par exemple, le Ritva’’ˋ sur Bavoˋ Bathroˋ 92b.
[5] Voir, par exemple, Ribbénou Raˋouvén Margoliyôth, dans Margoliyôth Hayyom sur Sanhédhrin 100b.
[6] Exemples : Ḥaghighoh 13a, Niddoh 16b, Barokhôth
11b, Sanhédhrin 100b, etc.
[7] Ṭôsaphṭoˋ, Yodhayim 2 :5
[8] Voir Ṭalmoudh, Sanhédhrin 100b, ainsi que le
commentaire du Ritva’’ˋ sur Bavoˋ Bathroˋ 98b.