dimanche 21 décembre 2014

Temps d'attente entre la consommation de la viande et le lait

ב״ה

Temps d'attente entre la consommation de la viande et du lait


Cet article peut être téléchargé ici.

  1. Introduction

Nous allons passer en revue la pratique consistant à marquer un temps d'attente entre la consommation de la viande et du lait. Nous allons plus particulièrement nous focaliser sur l'origine et les différentes sources relatives aux diverses traditions entourant le temps d'attente approprié entre la consommation de la viande et du lait. Ce ne sera donc pas un article ayant pour but de déterminer quelle tradition suivre.

  1. Origine talmudique

Voici ce qui est rapporté dans la Gamoro`1 :

Rov `assi2 a interrogé Rébbi Yôhonon3 : « Combien de temps doit-on attendre entre la viande et le fromage ? »4 Il répondit : « Rien du tout ! » Mais cela ne se peut pas, car Rov Hisdo`5 a dit : « Si quelqu'un a consommé de la viande, il lui est interdit de consommer [après elle] du fromage. S'il a consommé du fromage, il lui est permis de consommer [après lui] de la viande ! » Voici quelle était en fait la question : « Combien de temps doit-on attendre entre le fromage et la viande ? » Et il répondit : « Rien du tout ! ». Rov Hisdo` a dit : « Si quelqu'un a consommé de la viande, il lui est interdit de consommer [après elle] du fromage. S'il a consommé du fromage, il lui est permis de consommer [après lui] de la viande ! » Rov `aho` bar Yôséf6 a demandé à Rov Hisdo` : « Qu'en est-il de la viande qui se trouverait entre les dents ? »7 Il cita [en réponse] le verset8 : « La viande était encore entre leurs dents »9. Mar `ouqavo`10 a dit : « Sur ce sujet, je suis comme le vinaigre fils du vin comparé à mon père.11 Car si mon père devait consommer de la viande maintenant, il ne consommerait pas de fromage avant demain à la même heure, tandis que je n'en consomme pas dans le même repas, mais j'en consomme lors de mon repas suivant ».
מיניה רב אסי מרבי יוחנן כמה ישהה בין בשר לגבינה א"ל ולא כלום איני והא אמר רב חסדא אכל בשר אסור לאכול גבינה גבינה מותר לאכול בשר אלא כמה ישהה בין גבינה לבשר א"ל ולא כלום גופא אמר רב חסדא אכל בשר אסור לאכול גבינה גבינה מותר לאכול בשר אמר ליה רב אחא בר יוסף לרב חסדא בשר שבין השינים מהו קרי עליה הבשר עודנו בין שיניהם אמר מר עוקבא אנא להא מלתא חלא בר חמרא לגבי אבא דאילו אבא כי הוה אכיל בשרא האידנא לא הוה אכל גבינה עד למחר עד השתא ואילו אנא בהא סעודתא הוא דלא אכילנא לסעודתא אחריתא אכילנא

Ce passage, qui est à l'origine de la règle selon laquelle on doit attendre entre la viande et le lait, est d'une grande importance. Nous n'allons citer que quelques points uniquement :

  1. Ce passage concerne le fait d'attendre entre la viande et le fromage.
  2. Il est clair et évident, de ce passage, qu'il n'y a pas de règle Middivré Sôfrim à ce sujet.
  3. Ce passage rapporte diverses opinions personnelles quant à la période d'attente entre la viande et le lait, indiquant bien par-là qu'aucune règle ne fut stipulée par HaZa''l. Et effectivement, pas une seule Mishnoh ne parle d'une quelconque période de temps à attendre entre les deux, comme nous le mentionnerons plus bas.
  4. Voici les différentes opinions rapportées dans cette Gamoro` :
  1. Rébbi Yôhonon : il n'y a pas à attendre entre la consommation du fromage et la viande. Mais il ne dit rien concernant le fait d'attendre entre la consommation de la viande et le fromage.
  2. Rov Hisdo` : il n'y a pas à attendre entre la consommation du fromage et la viande ; par contre, il faut attendre entre la consommation de la viande et le fromage. Mais aucune période de temps spécifique n'est donnée.
  3. Le père de Mar `ouqavo` : il attendait vingt-quatre heures entre la consommation de la viande et le fromage.
  4. Mar `ouqavo` : il ne consommait pas de viande et de fromage au cours du même repas, mais consommait d'abord de la viande, puis seulement lors du repas suivant il consommait du fromage. Mais il ne précise pas combien de temps s'écoulait entre un repas et l'autre.

Qu'est-il dit dans la Mishnoh ? Nous lisons ceci12 :

Il est interdit de cuire n'importe quelle sorte de viande dans du lait, à l'exception de la viande de poisson et de sauterelles ; et il est également interdit de placer sur la [même] table [de la viande] avec du fromage13, à l'exception de la viande de poisson et de sauterelles.
כל הבשר אסור לבשל בחלב, חוץ מבשר דגים וחגבים; ואסור להעלותו עם הגבינה על השולחן, חוץ מדגים וחגבים

Nous apprenons plusieurs choses de cette Mishnoh :

  1. Bien que la Tôroh n'ait interdit que la cuisson d'un animal domestique dans du lait d'un animal domestique, HaZa''l ont interdit la cuisson de n'importe quelle viande dans n'importe quel lait, sauf lorsqu'il s'agit de poissons ou de sauterelles, qu'il est permis de cuire dans du lait.
  2. Par mesure de précaution, pour empêcher que l'on ne consomme ensemble de la viande et du fromage, HaZa''l ont interdit de placer sur la même table de la viande et du fromage. Par contre, placer sur la même table du poisson ou des sauterelles et du fromage est permis.

Il y a une divergence d'opinion dans la suite de la Mishnoh susmentionnée quant à la permissivité de placer sur la même table de la volaille et du fromage :

« Une volaille peut être placée sur la table avec du fromage, mais ne peut pas être consommée avec ». Ce sont les paroles de Béth Shamma`y. Béth Hillél disent : « Elle ne peut ni être placée [sur la table avec du fromage], ni être consommée avec ». Rébbi Yôsé14 a dit : « C'est un cas où Béth Shamma`y adoptent la position indulgente, et Béth Hillél la position stricte ». De quelle table parlaient-ils ? De la table sur laquelle on mange. Mais sur la table sur laquelle la nourriture est déposée15 on peut placer sans crainte l'un à côté de l'autre.
העוף עולה עם הגבינה על השולחן, ואינו נאכל, כדברי בית שמאי; בית הלל אומרין, לא עולה, ולא נאכל. אמר רבי יוסי, זו מקולי בית שמאי, ומחומרי בית הלל. ובאיזה שולחן אמרו, בשולחן שהוא אוכל עליו; אבל בשולחן שהוא סודר עליו את התבשיל, נותן זה בצד זה, ואינו חושש

  1. Raisons de cette interdictions

La Gamoro` cite donc l'affirmation selon quoi « Si quelqu'un a consommé de la viande, il lui est interdit de consommer [après elle] du fromage. S'il a consommé du fromage, il lui est permis de consommer [après lui] de la viande ! ». C'est donc une interdiction supplémentaire et différente de celle de cuire, consommer ensemble et tirer profit d'un mélange de viande cuite dans du lait.

Les Ri`shônim donnent deux raisons à cette interdiction :

  • Rash''i ז״ל explique que la viande a un goût fort qui reste en arrière de la bouche, d'où l'interdiction de consommer directement du fromage après avoir consommé de la viande, car on aurait encore l'impression d'avoir la viande en bouche.
  • Le Ramba''m16 ז״ל explique que cette interdiction est due aux morceaux de viande qui restent coincés entre les dents.

(À noter que nulle part il n'a été écrit dans la littérature des temps talmudiques, des Ga`ônim et des Ri`shônim, que le mélange viande-lait fut interdit à cause de raisons de santé, ce qui est pourtant la raison que beaucoup de Rabbins aiment « citer » à notre époque, alors que le fondement scientifique d'une telle affirmation laisse à désirer.)

Le Ta''z17 ז״ל écrit que la Halokhoh normative consiste à prendre en considération les explications de Rash''i et du Ramba''m. En d'autres mots, les deux explications sont valables.

  1. Que veut dire « le repas suivant » ?

  1. Les Ri`shônim

La Gamoro` rapporte une déclaration intéressante mais quelque peu ambiguë de Mar bar `ouqavo` ז״ל, qui se considérait inférieur à son père parce que ce dernier ne consommait pas de fromage tant que vingt-quatre heures n'étaient pas passées depuis la dernière fois qu'il avait consommé de la viande, tandis que lui consommait du fromage « à son repas suivant », après avoir consommé de la viande.

Les Ri`shônim sont en désaccord sur la façon d'interpréter la phrase « à son repas suivant ».

Le Ramba''m18 tranche que la Gamoro` veut dire que l'on doit attendre le temps habituel qu'on laisse normalement passer entre les deux repas de la journée pour pouvoir consommer des produits laitiers après avoir consommé de la viande. Le Ramba''m soutient que cette période équivaut à כְּמוֹ שֵׁשׁ שָׁעוֹת « Kamô Shésh Sho´ôth – approximativement six heures ».

De l'autre côté, les Tôsofôth ז״ל croient que si après un repas contenant de la viande on a fait la « Birakhath Hammozôn » (s'il y avait aussi du pain) ou « Mé´én Sholôsh Barokhôth » et/ou « Bôré Nafoshôth » (s'il n'y avait pas du pain) et que l'on commence tout de suite après un nouveau repas, il est permis de consommer des produits laitiers durant le nouveau repas, même si le nouveau repas a commencé immédiatement après la Birakhath Hammozôn du repas carné. (Et telle est notre pratique.)

La position des Tôsofôth se base sur le fait qu'effectivement, dans les temps talmudiques, il était courant qu'un repas soit composé de différents plats que l'on servait sur des tables mobiles différentes. On consommait un plat, on retirait la table sur laquelle ce plat avait été consommé, et on rapportait une deuxième table mobile sur laquelle se trouvait le plat suivant, et entre chaque repas, on pouvait réciter la Barokhoh `aharônoh appropriée et même faire Mayim `aharônim, démontrant par-là que chaque nouveau plat constituait un repas distinct. Ainsi, il est tout à fait possible de comprendre les propos de Mar `ouqavo` comme se rapportant à une telle situation, qui était plus que fréquente (et même une norme) en ces temps-là.

Le Brisqer Rov ז״ל déduit des mots employés par le Ramba''m qu'il n'est pas nécessaire d'attendre précisément que six heures soient passées. Le Ramba''m parle de s'abstenir de consommer des produits laitiers « approximativement six heures » après avoir consommé de la viande. C'est pourquoi, le Brisqer Rov a tranché que si on a attendu cinq heures et une minute, c'est suffisant, et du lait pourra être consommé.

D'autres, comme le Tour ז״ל, pensent plutôt qu'il faut précisément attendre six heures.

Signalons toutefois qu'utiliser les propos du Ramba''m pour déclarer qu'il était d'avis qu'il fallait attendre +/- six heures après avoir consommé de la viande pour pouvoir consommer du lait, est erronée. En effet, le Ramba''m précise que cette période d'attente est basée sur le temps que l'on met laisse généralement passer entre un repas et le suivant. Il semble que dans sa région, les gens prenaient un premier repas à midi, puis un second à 18h, d'où les six heures qu'il mentionne. Mais puisque la période d'attente est basée sur le temps que chacun laisse passer entre deux repas, cela signifie que si on mange généralement une première fois à 13h et que le deuxième repas est généralement programmé à 18h, il faudrait alors attendre cinq heures. Si on mange une première fois généralement à 12h et une deuxième fois généralement à 15h, il faudrait n'attendre que trois heures. Comme nous le verrons, c'est exactement comme cela que l'on doit comprendre la Gamoro` et les propos du Ramba''m, d'où la position des Tôsofôth, qui déclarent que dès lors que l'on aura fait la Barokhoh `aharônoh du premier repas, il n'y aura même pas à attendre pour commencer le deuxième repas. En réalité, les positions du Ramba''m et des Tôsofôth ne sont pas du tout contradictoires.

  1. Le Shoulhon ´oroukh et ses commentateurs

Alors que jusque là le temps d'attente entre la viande et le lait dépendait des habitudes de chacun, à partir du Shoulhon ´oroukh on commença à vouloir standardiser le temps d'attente pour qu'il soit le même pour tous. Ainsi, Rabbi Yôséf Qa`rô19 ז״ל tranche que l'on doit attendre six heures pleines entre la consommation de la viande et le lait.

Le Ramo''` ז״ל note, quant à lui, l'opinion divergente des Tôsofôth (qui ne préconisent pas de période d'attente, mais permettent de consommer du lait directement après avoir fait la Barokhoh `aharônoh du repas carné), et rapporte le Minhogh répandu des Juifs Européens (au seizième siècle) qui n'attendaient qu'une heure entre la consommation de la viande et le lait. Il conclut toutefois qu'il convient de suivre l'opinion du Ramba''m selon quoi il faudrait attendre six heures entre la viande et le lait. (Mais nous avons vu plus haut que le Ramba''m peut être compris différemment.)

Le Sha''h20 ז״ל et le Ta''z21 citent la déclaration du Maharsha''l ז״ל, qui presse chaque Juif pleinement attaché à la pratique de la Tôroh d'attendre six heures pleines. (Alors que ce n'est pas du tout une pratique universelle.)

Le fait que le Ramo''`, le Maharsha''l, le Ta''z et le Sha''h pressaient tous les quatre chaque Juif à attendre six heures entre la consommation de la viande et le lait est la raison pour laquelle la majorité des Juifs d'origine Est-Européen ont le Minhogh d'attendre six heures entre la consommation de la viande et le lait, et non pas parce que ce serait ce qu'enseigne le Talmoudh ou la tradition. En fait, depuis leurs époques, cette pratique fut adoptée pour devenir progressivement, au dix-neuvième siècle, le Minhogh accepté par la quasi totalité des Juifs Est-Européens, comme cela est rapporté dans le Hôkhmath `odhom 40:13. (Ce qui sous-entend clairement qu'avant cette pression exercée par ces quatre Pôsqim, ce n'était pas du tout le Minhogh de ces Juifs d'attendre autant. Et nous verrons d'ailleurs que c'est une innovation, puisque ces Juifs avaient, à l'origine, le Minhogh d'attendre beaucoup moins longtemps.)

Le ´oroukh Hashoulhon22 écrit aussi, vers la toute fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième, que le Minhogh répandu est d'attendre six heures.

Le Hôkhmath `odhom et le ´oroukh Hashoulhon condamnèrent d'ailleurs en des termes très secs les Juifs qui ne suivaient pas ce Minhogh des six heures. (Ce qui démontre implicitement qu'il n'était pas universel, et était rejeté de nombreux Juifs Est-Européens.) Le Hôkhmath `odhom écrit que celui qui ne se tient pas à ce Minhogh des six heures transgresserait le verset23 : וְאַל-תִּטֹּשׁ, תּוֹרַת אִמֶּךָ « Et n'abandonne pas la Tôroh de ta mère », que le Talmoudh24 cite comme étant la source de notre obligation de perpétuer les pratiques et traditions dont notre famille a héritées. (Mais il ne s'agit en réalité que des pratiques et coutumes instituées et/ou approuvées par le Sanhédhrin. Voir l'article intitulé « Minhagh Yisro`él Tôroh Hi` ».) De même, le ´oroukh Hashoulhon écrit : חלילה לשנות « Haliloh Lashonôth – Que Dieu nous préserve de changer [cette pratique] ». Ces deux Pôsqim désiraient mettre en avant le fait que depuis le Ramo''`, qui est soi-disant l'autorité halakhique des `ashkanazim, le Minhogh des Juifs Est-Européens avait changé (avant le Ramo''`, les `ashkanazim n'attendaient qu'une heure) et qu'il fallait désormais se tenir à cette nouvelle pratique depuis qu'elle fut tranchée par le Ramo''` !

Par contre, les Juifs Hollandais préservèrent l'ancien Minhogh des `ashkanazim consistant à attendre une heure seulement entre la viande et le lait. Les commentateurs du Shoulhon ´oroukh offrent deux sources pour expliquer cette pratique :

  • Le Go`ôn de Wilno`25 ז״ל écrit qu'elle est basée sur le Zôhar26, qui parle de l'interdiction de consommer du lait et de la viande dans une période d'une heure l'un de l'autre.
  • Le Ta''z27 donne une toute autre explication. Il écrit que c'est un compromis entre l'opinion des Tôsofôth, qui sont d'avis qu'une Barokhoh `aharônoh est la seule chose qui sépare un repas carné d'un repas lacté, et celle du Ramba''m, qui croit qu'il faut attendre approximativement six heures.

Les commentateurs du Shoulhon ´oroukh ne citent jamais le Minhogh des Juifs Allemands (Yekkes), qui attendent trois heures entre la consommation de la viande et le lait. Et pourtant, cette pratique a une source dans les écrits d'un des Ri`shônim, Rabbénou Yarouham28 ז״ל, et est sous-entendue dans le Hayé `odhom29. Deux raisons ont été avancées pour cette pratique consistant à attendre trois heures entre la consommation de la viande et le lait :

  1. Ce serait un compromis entre les positions du Ramba''m et des Tôsofôth.
  2. Les Juifs Allemands croient que trois heures est la période de temps normale à attendre entre deux repas. (Démontrant encore davantage le fait que cela dépend des habitudes alimentaires de chacun. En Allemagne, les gens mangeaient tous les trois heures. Par conséquent, ils attendaient trois heures.)

Le Pithhé Tashouvoh30 cite un Pasaq intéressant du Hotho''m Sôfér ז״ל. Ce dernier tranche que si quelqu'un est malade et doit boire du lait, il lui est permis de boire du lait même une heure seulement après avoir consommé de la viande. Le Hotho''m Sôfér ajoute que c'est le cas même si la personne n'est pas gravement malade. Le consensus des Pôsqim contemporains accepte ce Pasaq. Le Hôkhmath `odhom31 et le ´oroukh Hashoulhon32 tranchent également ceci : « Celui qui n'est pas en bonne santé et qui reçoit par instruction de ses médecins de boire du lait peut s'appuyer sur l'opinion des Tôsofôth en attendant une heure et en nettoyant sa bouche. De même, un jeune individu qui est faible et doit boire du lait a la permission de boire du lait après avoir attendu une heure ». Cela démontre qu'attendre six heures n'est en rien une Halokhoh, mais uniquement un Minhogh !

  1. Le fromage dur

Bien que la Gamoro` enseigne qu'il n'y a pas à attendre entre la consommation du fromage et la viande, mais qu'il faut seulement attendre entre la consommation de la viande et le fromage, le Ramo''`33 a élevé au rang de « Halokhoh » la pratique consistant à s'abstenir de consommer de la viande directement après avoir consommé du fromage dur. (Mais cette pratique n'a aucun fondement talmudique.)

Le Sha''h34 et le Ta''z35 tranchent que si le fromage a au moins six mois et des « trous », il est considéré « dur ». Le Hôkhmath `odhom36 et le ´oroukh Hashoulhon37 élèvent tous les deux au rang de « Halokhoh » ce Pasaq du Sha''h et du Ta''z.

Ces six mois font référence au processus de vieillissement. Si le fromage est âgé d'au moins six mois, son goût est très fort. Par conséquent, la raison donnée par Rash''i afin d'expliquer l'interdiction de consommer directement du fromage après de la viande, est donc appliquée par ces Pôsqim au fromage consommé avant la viande. De ce fait, ils interdisent de consommer immédiatement de la viande après avoir consommé du fromage dur.

Puisque les `aharônim acceptent ce Pasaq (qui n'existait pas dans les temps talmudiques, et est donc une innovation que nous ne suivons pas), ils débattent quant à savoir combien de temps est-ce qu'il faudrait attendre après avoir consommé du fromage dur pour pouvoir consommer de la viande. Le Sha''h38 est enclins à trancher qu'il ne faut attendre qu'une heure, et le ´oroukh Hashoulhon39 semble suivre ce Pasaq. Quant au Pari Maghadhim40, il écrit que l'opinion de consensus parmi les `aharônim est d'attendre six heures pour pouvoir consommer de la viande après avoir consommé du fromage dur !!!

Le Yadh Yahoudhoh ז״ל tranche que si le fromage dur a été cuit, il n'y a pas à attendre avant de consommer de la viande. La raison à cela est simple : le fromage dur perd son goût fort durant le processus de cuisson.

Quant à nous, qu'il s'agisse de fromage dur qui a été cuit ou pas, nous n'attendons pas entre la consommation du fromage et de la viande, conformément à la décision de nos Sages de mémoire bénie dans le Talmoudh.

  1. Conclusion

Voilà comment nous sommes passés de l'interdiction de cuire ensemble de la viande d'un animal domestique dans du lait d'un animal domestique au fait de devoir attendre on ne sait trop combien de temps entre la consommation de la viande et du lait, et entre la consommation du fromage dur et de la viande !

Comme vous le voyez, les opinions et les approches sont variées. Néanmoins, il y a deux choses importantes à retenir de tout ce qui a été dit :

  1. Le Talmoudh n'a pas tranché le temps à attendre entre la consommation de la viande et du fromage.
  2. Il n'existe aucune exigence talmudique imposant d'attendre une période de temps entre la consommation du fromage et de la viande. Une telle exigence n'est pas même mentionnée dans les écrits des Ga`ônim, ni dans ceux des Ri`shônim, mais est un « problème » né seulement récemment, durant l'ère des `aharônim.
1Houllin 105a
2Un `ammôro` Palestinien de la troisième génération. Il a vécu entre le 3ème et le 4ème siècle
3Qui fut le maître de Rov `assi. Il est né en 180 et est décédé en 279 de l'E.C. Il n'avait que 15 ans lorsque Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, son maître, est décédé.
4C'est-à-dire, après avoir consommé de la viande, combien de temps faut-il attendre avant de pouvoir consommer du fromage ?
5Un `ammôro` Babylonien de la troisième génération, mort en 308 ou 309 de l'E.C.
6Un `ammôro` Babylonien qui se fit connaître entre le 4ème et 5ème siècle
7Doit-on la retirer avant de pouvoir consommer du fromage ?
8Bamidhbor 11:33
9Par l'emploi de ce verset, Rov Hisdo` sous-entend que même la viande coincée entre les dents est appelée « viande ». Par conséquent, elle doit être retirée avant que l'on ne puisse consommer du fromage
10Un `ammôro` Babylonien de la première génération de l'ère des `ammôro`im. Il fut le chef du Sanhédhrin Babylonien
11Une expression qui signifie « Je suis inférieur à mon père »
12Houllin 8:1
13C'est une mesure rabbinique servant à empêcher de consommer la viande et le fromage ensemble
14Un Tanno` de la quatrième génération. Il fut un disciple de Rébbi ´aqivo`, et le maître de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, d'où le fait qu'il soit fréquemment mentionné dans la Mishnoh
15Une table de service d'où on se servait pour ensuite se mettre à sa place et manger
16Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 9:27
17Yôréh Dé´oh 89:1
18Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 9:27
19Yôréh Dé´oh 89:1
2089:8
2189:2
22Yôréh Dé´oh 89:7
23Mishlé 1:8
24Pésahim 50b
25Bî`our HaGr''a 89:6
26Parashath Mishpotim
2789:2
28`issour Wahétér n°39
29127:10
30Yôréh Dé´oh 89:3
3140:13
3289:7
33Yôréh Dé´oh 89:2
3489:15
3589:4
3640:13
3789:11
3889:16
3989:11

40Sifthé Do´ath 89:16