jeudi 17 décembre 2015

Minhagh Yisro`él Tôroh Hi`

ב״ה

Exposer les fausses notions

Minhagh Yisro`él Tôroh Hi`


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À travers l'histoire, de nombreux rabbins ont défendu les Minhoghim développés au fur et à mesure du temps par des phrases telles que מִנְהַג יִשְׂרָאֵל תּוֹרָה הִיא « Minhagh Yisro`él Tôroh Hi` - la coutume d'Israël est la Tôroh »1 ou מִנְהַג אֲבוֹתֵינוּ תּוֹרָה הִיא « Minhagh `avôthénou Tôroh Hi` - la coutume de nos ancêtres est la Tôroh »2, et toutes leurs variantes. Par-là, toute pratique défendue par les rabbins d'aujourd'hui est élevé au rang de « Tôroh » et doit être observée. Autant dire que bon nombre de personnes usent d'une telle rhétorique comme un argument d’autorité très simple pour défendre leurs propres coutumes, quelles qu'elles soient.

Il est vrai que de telles expressions sont employées dans le Talmoudh3, mais elles ont été complètement dévoyées. Si n'importe quel rabbin avait le pouvoir d'instituer de nouvelles coutumes, le Judaïsme se détruirait lui-même. S'il suffisait qu'une certaine pratique soit suivie depuis des générations pour devoir être considérée comme la Tôroh (et qu'à l'inverse, qu'une certaine pratique ne soit plus suivie depuis des générations pour ne plus devoir être considérée comme la Tôroh), cela créerait des contradictions et incohérences dans le Judaïsme (ce qui est effectivement le cas). Que veut-on dire, donc, par l'expression מִנְהַג יִשְׂרָאֵל תּוֹרָה הִיא ?

Les coutumes dont parle le Talmoudh sont celles qui ont été développées et/ou approuvées par le Sanhédhrin de Jérusalem, auquel nous avons une obligation biblique de nous soumettre. Et tout ce qui est né après le démantèlement du Sanhédhrin n'est que communautaire, mais n'a pas le niveau d'une pratique approuvée par la Tôroh et les Sages. En d'autres mots, elle n'a pas de valeur contraignante sur l'ensemble du peuple d'Israël, et celui qui ne désire pas l'appliquer ou se l'imposer a le droit de la rejeter. Tout cela, le Ramba''m ז״ל l'a clairement expliqué dans son Mishnéh Tôroh, d'abord dans son introduction, où il écrit :

24. Le but des deux Talmoudhin est de commenter les paroles de la Mishnoh, d'expliquer ses [leçons] profondes et les choses qui ont été développées dans chaque tribunal depuis les jours de Rabbénou Haqqodhôsh jusqu'à la composition du Talmoudh. Des deux Talmoudhin, de la Tôsafto`, du Sifro`, du Sifré et des Tôsaftôth4, de tout cela sont déduits l'illicite et le licite, l'impur et le pur, le coupable et l'innocent, le valable et l'invalide, conformément à ce qui s'est transmis oralement d'un homme à un autre, depuis la bouche de Môshah au Sinaï.
כד  וְעִנְיַן שְׁנֵי הַתַּלְמוּדִין--הוּא פֵּרוּשׁ דִּבְרֵי הַמִּשְׁנָה וּבֵאוּר עֲמוּקוֹתֶיהָ, וּדְבָרִים שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ בְּכָל בֵּית דִּין וּבֵית דִּין מִיְּמוֹת רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ וְעַד חִבּוּר הַתַּלְמוּד. וּמִשְּׁנֵי הַתַּלְמוּדִין, וּמִן הַתּוֹסֶפְתָּא, וּמִסִּפְרָא וּמִסִּפְרֵי, וּמִן הַתּוֹסֶפְתּוֹת--מִכֻּלָּם יִתְבָּאַר הָאָסוּר וְהַמֻּתָּר, וְהַטָּמֵא וְהַטָּהוֹר, וְהַחַיָּב וְהַפָּטוּר, וְהַכָּשֵׁר וְהַפָּסוּל, כְּמוֹ שֶׁהִעְתִּיקוּ אִישׁ מִפִּי אִישׁ מִפִּי מֹשֶׁה מִסִּינַי
25. Sont également déduites d'elles5 les choses que décrétèrent les sages et prophètes dans chaque génération afin de faire une haie protectrice à la Tôroh, conformément à l'explication qui a été entendue de Môshah Rabbénou [sur le verset suivant6] : « et vous garderez Mes préceptes », qui veut dire : « Faites des sauvegardes à Mes préceptes »7
כה  גַּם יִתְבָּאַר מֵהֶם דְּבָרִים שֶׁגָּזְרוּ חֲכָמִים וּנְבִיאִים שֶׁבְּכָל דּוֹר וָדוֹר, לַעֲשׂוֹת סְיָג לַתּוֹרָה, כְּמוֹ שֶׁשָּׁמְעוּ מִמֹּשֶׁה בְּפֵרוּשׁ "וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-מִשְׁמַרְתִּי", שֶׁאָמַר עֲשׂוּ מִשְׁמֶרֶת לְמִשְׁמַרְתִּי
26. De même, il peut être déduit d'elles les Minhoghôth8 et les Taqqonôth9 qui furent décrétées ou pratiquées dans chaque génération, selon ce qui a été observé du tribunal de cette génération. Il est interdit de dévier d'elles10, car il est dit11 : « Ne t'écarte de toute parole qu'ils t'énonceront, ni à droite, ni à gauche ».
כו  וְכֵן יִתְבָּאַר מֵהֶם הַמִּנְהָגוֹת וְהַתַּקָּנוֹת שֶׁהִתְקִינוּ אוֹ שֶׁנָּהֲגוּ בְּכָל דּוֹר וָדוֹר, כְּמוֹ שֶׁרָאוּ בֵּית דִּין שֶׁלְּאוֹתוֹ הַדּוֹר, לְפִי שֶׁאָסוּר לָסוּר מֵהֶם, שֶׁנֶּאֱמָר: לֹא תָסוּר, מִכָּל הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ--יָמִין וּשְׂמֹאל
27. De même, [elles incluent] des jugements et des règles merveilleuses qui ne furent pas reçus de Môshah, mais qui furent tranchés par le Grand Tribunal12 de cette génération au moyen des principes d'exégèse qui y sont exposés. Les Anciens les tranchèrent et conclurent que c'était la règle. Tout ce que Rov `ashi a inclus dans le Talmoudh provient des temps de Môshah jusqu'à son époque.
כז  וְכֵן מִשְׁפָּטִים וְדִינִין פִּלְאִיִּים שֶׁלֹּא קִבְּלוּ אוֹתָן מִמֹּשֶׁה, וְדָנוּ בָּהֶן בֵּית דִּין הַגָּדוֹל שֶׁלְּאוֹתוֹ הַדּוֹר בַּמִּדּוֹת שֶׁהַתּוֹרָה נִדְרֶשֶׁת בָּהֶן, וּפָסְקוּ אוֹתָן הַזְּקֵנִים, וְגָמְרוּ שֶׁהַדִּין כָּךְ הוּא. הַכֹּל חִבַּר רָב אַשֵׁי בַּתַּלְמוּד, מִיְּמוֹת מֹשֶׁה וְעַד יָמָיו
29. Il ressort [donc que] Rabbino`, Rov `ashi et leurs compagnons sont la fin des grands Sages [du peuple] d'Israël qui transmirent la Loi Orale et qui décrétèrent des Gazérôth13, ordonnèrent des Taqqonôth et instituèrent des Minhoghôth. Ces Gazérôth, Taqqonôth et Minhoghôth se répandirent dans tout [le peuple d']Israël, dans tous les endroits où ils s'étaient installés.
כט  נִמְצָא רַבִּינָא וְרָב אַשֵׁי וְחַבְרֵיהֶם, סוֹף גְּדוֹלֵי חַכְמֵי יִשְׂרָאֵל הַמַּעְתִּיקִים תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, וְשֶׁגָּזְרוּ גְּזֵרוֹת וְהִתְקִינוּ תַּקָּנוֹת וְהִנְהִיגוּ מִנְהָגוֹת וּפָשְׁטוּ גְּזֵרוֹתָם וְתַקָּנוֹתָם וּמִנְהֲגוֹתָם בְּכָל יִשְׂרָאֵל, בְּכָל מְקוֹמוֹת מוֹשְׁבוֹתֵיהֶם
32. Chaque tribunal qui fut établi après le Talmoudh, dans chaque pays, émit des décrets, des ordonnances ou des coutumes pour les habitants de son pays ou pour les habitants de [plusieurs pays]. Ces pratiques n'étaient pas adoptées par tous les Israélites, en raison de la distance entre leurs [lieux de] résidence et l'interruption des communications [entre eux], et [parce que] le tribunal d'un certain pays était individuel et que le Grand Tribunal de 70 [juges] avait été aboli plusieurs années avant la rédaction du Talmoudh.
לב  וְכָל בֵּית דִּין שֶׁעָמַד אַחַר הַתַּלְמוּד בְּכָל מְדִינָה וּמְדִינָה וְגָזַר אוֹ הִתְקִין אוֹ הִנְהִיג לִבְנֵי מְדִינָתוֹ, אוֹ לִבְנֵי מְדִינוֹת--לֹא פָשְׁטוּ מַעֲשָׂיו בְּכָל יִשְׂרָאֵל: מִפְּנֵי רֹחַק מוֹשְׁבוֹתֵיהֶם, וְשִׁבּוּשׁ הַדְּרָכִים; וֶהֱיוֹת בֵּית דִּין שֶׁלְּאוֹתָהּ הַמְּדִינָה יְחִידִים, וּבֵית דִּין הַגָּדוֹל שֶׁלְּשִׁבְעִים בָּטַל מִכַּמָּה שָׁנִים קֹדֶם חִבּוּר הַתַּלְמוּד
33. C'est pourquoi, les habitants d'un pays ne sont pas contraints d'adopter la pratique de [ceux d']un autre pays, et on ne demande pas à un tribunal d'approuver un décret qui aurait été émis par le tribunal d'un pays différent du sien. De même, si l'un des Ga`ônim dit que la voie du jugement est comme-ci ou comme-ça, alors qu'un tribunal établit juste après eux interprète que ce n'est pas la voie du jugement qui est consignée dans le Talmoudh, nous ne sommes pas contraints d'écouter la première [opinion]. Plutôt, chacun [agira] selon ce qui lui semblera être le plus exact entre leurs paroles, que ce soit la première [opinion] ou la dernière.
לג  לְפִיכָּךְ אֵין כּוֹפִין אַנְשֵׁי מְדִינָה זוֹ לִנְהֹג בְּמִנְהַג מְדִינָה אַחֶרֶת, וְאֵין אוֹמְרִין לְבֵית דִּין זֶה לִגְזֹר גְּזֵרָה שֶׁגְּזָרָהּ בֵּית דִּין אַחֵר בִּמְדִינָתוֹ. וְכֵן אִם לִמַּד אֶחָד מִן הַגְּאוֹנִים שֶׁדֶּרֶךְ הַמִּשְׁפָּט כָּךְ הוּא, וְנִתְבָּאַר לְבֵית דִּין אַחֵר שֶׁעָמַד אַחֲרָיו שְׁאֵין זֶה דֶּרֶךְ הַמִּשְׁפָּט הַכָּתוּב בַּתַּלְמוּד--אֵין שׁוֹמְעִין לָרִאשׁוֹן, אֵלָא לְמִי שֶׁהַדַּעַת נוֹטָה לִדְבָרָיו, בֵּין רִאשׁוֹן, בֵּין אַחֲרוֹן
34. Ces paroles14 [ne] s'appliquent [qu']aux Dinim15, Gazérôth, Taqqonôth et Minhoghôth qui ont été développés après la rédaction du Talmoudh. Mais toutes les choses qui se trouvent dans le Talmoudh Bavli, tous les Israélites ont l'obligation d'y adhérer. Nous devons contraindre chaque ville et chaque pays à adhérer à toutes les pratiques qui ont été pratiquées par les Sages qui sont [mentionnés] dans le Talmoudh, émettre des décrets qui [ressemblent] à leurs décrets, et marcher dans leurs ordonnances.
לד  וּדְבָרִים הַלָּלוּ, בְּדִינִים וּגְזֵרוֹת וְתַקָּנוֹת וּמִנְהָגוֹת שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ אַחַר חִבּוּר הַתַּלְמוּד. אֲבָל כָּל הַדְּבָרִים שֶׁבַּתַּלְמוּד הַבַּבְלִי, חַיָּבִין כָּל בֵּית יִשְׂרָאֵל לָלֶכֶת בָּהֶם; וְכוֹפִין כָּל עִיר וְעִיר וְכָל מְדִינָה וּמְדִינָה לִנְהֹג בְּכָל הַמִּנְהָגוֹת שֶׁנָּהֲגוּ חֲכָמִים שֶׁבַּתַּלְמוּד, וְלִגְזֹר גְּזֵרוֹתָם וְלָלֶכֶת בְּתַקָּנוֹתָם
35. C'est parce que toutes les choses contenues dans le Talmoudh furent acceptées par tous les Israélites. Et ces Sages qui ont émis des ordonnances, ou des décrets, ou des coutumes, ou des règles, et ont enseigné le jugement de telle ou telle situation, représentaient tous les sages d'Israël, ou [du moins,] leur majorité. Ils ont reçu la Qabboloh16 concernant les fondements de l'intégralité de la Tôroh, chaque homme de la bouche d'un [autre homme], jusqu'à Môshah Rabbénou.
לה  הוֹאִיל וְכָל אוֹתָן הַדְּבָרִים שֶׁבַּתַּלְמוּד הִסְכִּימוּ עֲלֵיהֶם כָּל יִשְׂרָאֵל, וְאוֹתָן הַחֲכָמִים שֶׁהִתְקִינוּ אוֹ שֶׁגָּזְרוּ אוֹ שֶׁהִנְהִיגוּ אוֹ שֶׁדָּנוּ דִּין וְלִמְּדוּ שֶׁהַמִּשְׁפָּט כָּךְ הוּא הֶם כָּל חַכְמֵי יִשְׂרָאֵל אוֹ רֻבָּן, וְהֶם שֶׁשָּׁמְעוּ הַקַּבָּלָה בְּעִיקְרֵי הַתּוֹרָה כֻּלָּהּ, אִישׁ מִפִּי אִישׁ עַד מֹשֶׁה רַבֵּנוּ

Puis, une seconde fois dans les Hilkôth Mamrim Chapitre 1, où il écrit :

1. Le grand tribunal de Jérusalem est la base de la Tôroh orale. [Ses membres] sont les piliers de l’instruction, et c’est d’eux que sont issus les statuts et les jugements pour tous les Israélites. La Tôroh [nous a enjoint de] leur faire confiance, car il est dit17 : « Selon la Tôroh qu’ils t’enseigneront, et selon le jugement qu'ils te diront, tu feras » ; ceci est un commandement positif. Qui a foi en Môshah Rabbénou et en sa Tôroh a l’obligation de suivre [leurs directives] dans la pratique religieuse et de s’en remettre à eux [quant à l’interprétation des versets].
א  בֵּית דִּין הַגָּדוֹל שֶׁבִּירוּשָׁלַיִם--הֶם עִיקַר תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, וְהֶם עַמּוּד הַהוֹרָאָה, וּמֵהֶם חֹק וּמִשְׁפָּט יוֹצֶא לְכָל יִשְׂרָאֵל, וַעֲלֵיהֶם הִבְטִיחָה תּוֹרָה: שֶׁנֶּאֱמָר "עַל-פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ, וְעַל-הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר-יֹאמְרוּ לְךָ--תַּעֲשֶׂה", זוֹ מִצְוַת עֲשֵׂה. וְכָל הַמַּאֲמִין בְּמֹשֶׁה רַבֵּנוּ וּבְתוֹרָתוֹ--חַיָּב לִסְמֹךְ מַעֲשֵׂה הַדָּת אֲלֵיהֶם, וּלְהִשָּׁעֵן עֲלֵיהֶן
3. [Cela concerne aussi bien] les règles qu’ils ont apprises par tradition orale, qui constituent la Tôroh orale, les règles qu’ils ont déduites d’eux-mêmes par l’une des règles d’herméneutique de la Tôroh – [règle] qui leur a paru correcte –, et les mesures qu’ils ont instituées comme haie protectrice à la Tôroh, pour répondre aux besoins du moment, qui comprennent les décrets, les ordonnances, et les coutumes, dans chacune de ces trois catégories, il est un commandement positif d’obéir [à leurs directives]. Celui qui néglige l’une d’elles transgresse un commandement négatif.
ג  אֶחָד דְּבָרִים שֶׁלָּמְדוּ אוֹתָן מִפִּי שְׁמוּעָה, וְהֶם תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, וְאֶחָד דְּבָרִים שֶׁלָּמְדוּ אוֹתָן מִפִּי דַּעְתָּן בְּאַחַת מִן הַמִּדּוֹת שֶׁהַתּוֹרָה נִדְרֶשֶׁת בָּהֶן וְנִרְאֶה בְּעֵינֵיהֶם שֶׁהַדִּין בְּדָבָר זֶה כָּךְ הוּא, וְאֶחָד דְּבָרִים שֶׁעָשׂוּ אוֹתָן סְיָג לַתּוֹרָה וּלְפִי מַה שֶׁהַשָּׁעָה צְרִיכָה, וְהֶם הַגְּזֵרוֹת וְהַתַּקָּנוֹת וְהַמִּנְהָגוֹת--בְּכָל אֶחָד וְאֶחָד מִשְּׁלוֹשָׁה דְּבָרִים אֵלּוּ, מִצְוַת עֲשֵׂה לִשְׁמֹעַ לָהֶן, וְהָעוֹבֵר עַל כָּל אַחַת מֵהֶן, עוֹבֵר בְּלֹא תַעֲשֶׂה
4. Voici ce qu'Il dit :  « Selon la Tôroh qu’ils t’enseigneront » ; cela fait référence aux ordonnances, aux décrets, et aux coutumes qu’ils promulguent pour renforcer la pratique religieuse et stabiliser le monde18. [Il est dit :] « Et selon le jugement qu’ils te diront » ; ce sont les règles qu’ils apprennent par l’une des règles d’herméneutique de la Tôroh. « [Ne t’écarte pas] de ce qu’ils te diront » ; cela fait référence à la tradition orale qui leur a été transmise [par les précédentes générations] de l’un à l’autre19.
ד  הֲרֵי הוּא אוֹמֵר "עַל-פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ", אֵלּוּ הַגְּזֵרוֹת וְהַתַּקָּנוֹת וְהַמִּנְהָגוֹת שֶׁיּוֹרוּ בָּהֶם לָרַבִּים כְּדֵי לְחַזַּק הַדָּת וּלְתַקַּן הָעוֹלָם; "וְעַל-הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר-יֹאמְרוּ לְךָ--תַּעֲשֶׂה" (שם), אֵלּוּ דְּבָרִים שֶׁלָּמְדוּ אוֹתָן מִן הַדִּין בְּאַחַת מִן הַמִּדּוֹת שֶׁהַתּוֹרָה נִדְרֶשֶׁת בָּהֶם; "מִכָּל הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ" (ראה שם), זוֹ הַקַּבָּלָה שֶׁקִּבְּלוּ אִישׁ מִפִּי אִישׁ

Ainsi, affirmer, par exemple, que porter un שייטל « sheytl » (perruque), ou pratiquer les ַפָּרוֹת « Kapporôth » entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, ou jouer au דרײדל « dreydl » à Hanoukkoh, ou ne pas dormir de toute la nuit de Shovou´ôth, est la Tôroh (voire pire encore, que ces pratiques remontent au Sinaï) est non seulement une distorsion de la vérité, une contribution au déracinement des fondements de la Tôroh, et quelque chose qui tombe sous le coup de l'interdiction de בַּל תּוֹסִיף « Bal Tôsif » (ajouter quoi que ce soit à la Tôroh).

Une chose doit être claire : la Tôroh n'a jamais exigé de suivre les rabbins (et encore moins, lorsqu'il est évident qu'ils se trompent ou vont à l'encontre de la Tôroh et la Halokhoh), mais plutôt HaZa''l, comme nous l'avons notamment vu dans les passages susmentionnés du Mishnéh Tôroh. Grâce à Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, le Judaïsme n'est pas confiné aux opinions des rabbins post-talmudiques. En d'autres mots, la Tôroh orale est désormais accessibles à n'importe qui aujourd'hui, à travers l'étude de la Mishnoh. Vous pouvez aisément savoir ce qu'est le Judaïsme et ce qu'il n'est pas, ce qui est permis et ce qui ne l'est pas, ce qui est un Minhogh sanctionné par nos Sages et ce qui est de la pure invention post-talmudique. Lorsqu'on questionne un rabbin, c'est uniquement pour obtenir son opinion. Après, il incombe à chacun d'analyser si ce qu'on lui a dit a du sens, est rationnel, et basé sur le Talmoudh. Si, par ses recherches, il découvre que ce n'est pas le cas, il n'a pas à écouter ce rabbin, et le principe de מִנְהַג יִשְׂרָאֵל תּוֹרָה הִיא ou מִנְהַג אֲבוֹתֵינוּ תּוֹרָה הִיא ne s'applique pas. C'est aussi simple que cela ! עֲשֵׂה לְךָ רַב « Fais-toi un maître »20 ne signifie pas que votre maître devient un intermédiaire entre vous et le Judaïsme ! Il ne vous dispense pas d'étudier et d'user de votre raison et réflexion.

En résumé, aucun Minhogh post-talmudique n'a de valeur contraignante ; seuls ceux qui ont été sanctionnés ou développés par nos Sages du Sanhédhrin de Jérusalem en ont une. De ce fait, si, jusqu'à présent, vous suiviez certains Minhoghim qui s'avèrent ne pas tirer leurs sources des textes composés par HaZa''l et sur lesquels on ne retrouve pas le sceau du Sanhédhrin (comme par exemple la « Qabbalath Shabboth » du Vendredi soir), sachez que vous pouvez les abandonner dès maintenant, et ce, même sans devoir faire l'annulation de quelque vœu que ce soit, car un Minhogh basé sur une erreur, un malentendu ou une transgression d'une Halokhoh n'a pas de valeur légale pour commencer.

1Le Ramba''n sur Pésahim 7b ; le Matéh `afroyim 610
2Les Tôsofôth sur Manohôth 20b
3Sanhédhrin 20b, Shabboth 38b, ´érouvin 104b, ou encore Ta´anith 28b
4Une autre appellation des Baraytôth.
5Les sources susmentionnées
6Wayyiqro` 18:30
7« Vous garderez Mes préceptes » peut se comprendre par « Soyez les gardiens de Mes préceptes », c'est-à-dire, ceux qui font tout pour les préserver
8Coutumes
9Ordonnances
10De ces Minhoghôth et Taqqonôth
11Davorim 17:11
12Le Sanhédhrin de Jérusalem, la grande académie de Yavnah, et celle de Shîn'or
13Décrets
14Mentionnées dans le point précédent, selon quoi on n'a pas l'obligation de suivre les avis d'une autre communauté, ni même d'adhérer à des pratiques que l'on estime être contraires aux prescriptions du Talmoudh.
15Règles.
16Ce terme désigne la tradition orale. קַבָּלָה « Qabboloh » signifie littéralement « Ce qui a été reçu » des Prophètes. Il convient de faire attention à ne pas le confondre avec ce que l'on appelle de nos jours « Qabboloh », c'est-à-dire, les enseignements du Zôhar et autres livres dits « kabbalistiques ».
17Davorim 17:11
18C'est-à-dire, pour stabiliser l'ordre social
19C'est-à-dire, de maître à élève

20Mishnoh, `ovôth 1:6
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