ב״ה
Exposer
les fausses notions
Les
femmes et les Tafillin
Illustration :
Une femme portant une Kippoh et des Tafillin
Cet article peut être téléchargé ici.
À
la suite de l'article intitulé « Les
interdictions de Tiqqoun Noshim, Baghadh `ishoh et Kali Ghavar »,
beaucoup ont demandé si ces interdictions incluaient le fait pour
une femme de porter les Tafillin.
Nous
lisons ceci dans la Mishnoh1 :
Les
femmes, les esclaves et les mineurs sont exempts de la récitation
du Shama´ et des Tafillin, mais ils sont astreints à la prière,
à la Mazouzoh et à la Birakhath Hammozôn.
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נָשִׁים
וַעֲבָדִים וּקְטַנִּים,
פְּטוּרִין
מִקְּרִיאַת שְׁמַע וּמִן הַתְּפִלִּין,
וְחַיָּבִין
בַּתְּפִלָּה וּבַמְּזוּזָה וּבְבִרְכַת
הַמָּזוֹן
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Nous
avons déjà expliqué à maintes reprises qu'être exempt d'une
Miswoh ne signifiait pas qu'on ne pouvait pas la faire, mais
simplement qu'on en a pas l'obligation. La personne exemptée peut
faire le choix personnel d'accomplir la Miswoh dont elle est
exemptée. C'est ainsi qu'une femme peut réciter le Shama´ si elle
le désire (et beaucoup de femmes le font). De la même manière,
voici ce que le Ramba''m ז״ל
écrit
sur la Miswoh des Sisith2 :
Les
femmes, les esclaves et les mineurs sont exempts des Sisith
Min Hattôroh. Mais des paroles des Sages [il a été dit] que
tout mineur qui sait s'envelopper [dans un Tallith] est astreint
aux Sisith, afin de l'éduquer dans les Miswôth.
Les femmes et les esclaves qui désirent
s'envelopper dans les Sisith
peuvent s'y envelopper sans [faire de] bénédiction. Il en est de
même pour toutes les Miswôth
positives dont les femmes sont exemptes : si elles désirent
l'accomplir sans [faire de] bénédiction, on ne doit pas les en
empêcher.
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נָשִׁים
וַעֲבָדִים וּקְטַנִּים,
פְּטוּרִין
מִן הַצִּיצִית מִן הַתּוֹרָה;
וּמִדִּבְרֵי
חֲכָמִים,
שֶׁכָּל
קָטָן שֶׁיּוֹדֵעַ לְהִתְעַטַּף,
חַיָּב
בַּצִּיצִית,
כְּדֵי
לְחַנְּכוֹ בַּמִּצְווֹת.
וְנָשִׁים
וַעֲבָדִים שֶׁרָצוּ לְהִתְעַטַּף
בַּצִּיצִית,
מִתְעַטְּפִין
בְּלֹא בְּרָכָה;
וְכֵן
שְׁאָר כָּל מִצְווֹת עֲשֵׂה שֶׁהַנָּשִׁים
פְּטוּרוֹת מֵהֶן--אִם
רָצוּ לַעֲשׂוֹת אוֹתָהּ בְּלֹא
בְּרָכָה,
אֵין
מְמַחִין בְּיָדָן
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Concernant
les mineurs, nous avions déjà longuement expliqué dans l'article
intitulé « La
vérité sur la Bar Miswoh » que
bien que les mineurs étaient exemptés de toutes les Miswôth,
il était du devoir des parents d'éduquer leurs enfants dans
l'accomplissement des Miswôth, et dès le moment où ils
savaient les accomplir correctement, les mineurs devenaient autant
astreints aux Miswôth que les adultes. Quant aux femmes,
elles peuvent accomplir n'importe laquelle des Miswôth dont
elles sont exemptées, et la Miswoh des Tafillin n'est pas une
exception. Si une femme désire les mettre, la Halokhoh nous interdit
de l'empêcher de les mettre.
La
question qui se pose est : pourquoi les femmes ont-elles été
exemptées de cette Miswoh
des Tafillin ?
Rash''i
ז״ל,
dans son commentaire sur la Mishnoh susmentionnée, propose que c'est
parce que les Tafillin sont une Miswoh
positive dépendante d'un temps d'accomplissement déterminé (une
catégorie de Miswôth dont les femmes sont généralement
exemptées), puisque les Tafillin ne sont portées ni la nuit, ni à
Shabboth, ni à Yôm Tôv. La Gamoro` de ´érouvin 96a, qui
propose que les Tafillin ne devraient pas être portées à ces
moments-là, semble accréditer la position de Rash''i que les
Tafillin sont une Miswoh
dont le temps d'accomplissement est limité. Mais nous avions déjà
expliqué dans les articles intitulés « Mettre
ou ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammo´édh »
et « Mettre
ou ne pas mettre les Tafillin à Shabboth, Yôm Tôv et durant Hôl
Hammô´édh », qu'il n'était pas évident de le
conclure, et qu'en réalité les Tafillin pouvaient être portés
tous les jours, y compris Shabboth d'après de nombreux Sages. Par
conséquent, la thèse de Rash''i ne tient pas ! D'ailleurs, la
Gamoro` elle-même apporte certaines réfutations à cette thèse.
Elle dit notamment ceci3 :
Il
a été enseigné : Mikhal la fille du Koushi mettaient les
Tafillin et les Sages ne l'en ont pas empêchée, et la femme de
Yônoh montait au pèlerinage et les Sages ne l'en ont pas
empêchée. Puisque les Sages ne l'ont en pas empêchée, il est
évident qu'ils soutiennent qu'il4
ne s'agit pas d'une Miswoh positive dont l'accomplissement
est limité à un temps spécifique.
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תניא
מיכל בת כושי היתה מנחת תפילין ולא מיחו
בה חכמים ואשתו של יונה היתה עולה לרגל
ולא מיחו בה חכמים מדלא מיחו בה חכמים
אלמא קסברי מצות עשה שלא הזמן גרמא היא
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Ce
passage est d'une grande importance, et nous allons expliquer
pourquoi. Ici, nous voyons que les Sages ne protestèrent pas contre
Mikhal, une femme, qui mettait les Tafillin et la laissèrent le
faire. Le Makhilto` rapporte exactement la même chose, mot pour mot.
Ceux
qui s'opposent à ce que les femmes mettent les Tafillin soutiennent
souvent que le Talmoudh Yarousholmi, rapportant la même anecdote,
stipule, au contraire, que les Sages ont protesté. Voici ce que dit
réellement le Yarousholmi5 :
Voici,
Mikhal la fille du Koushi portait les Tafillin ! Et la femme
de Yônoh montait aux pèlerinages, et les Sages ne l'en ont pas
empêchée ! Rébbi Hizqiyoh au nom de Rébbi
`abbohou : « Ils ont renvoyé la femme de Yônoh, et
les Sages ont protesté contre Mikhal ».
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הֲרֵי
מִיכַל בַּת כּוּשִׁי הָיְתָה לוֹבֶשֶׁת
תְּפִלִּין!
וְאִשְׁתּוֹ
שֶׁלְּיוֹנָה הָיְתָה עוֹלָה לָרְגָלִים,
וְלֹא
מֵחוּ בְּיָדֶיהָ חֲכָמִים!
רַבִּי
חִזְקִיָּה בְּשֵׁם רַבִּי אַבָּהוּ:
לְאִשְׁתּוֹ
שֶׁלְּיוֹנָה הוּשְׁבָה.
מִיכַל
בַּת כּוּשִׁי,
מֵחוּ
בְּיָדֶיהָ חֲכָמִים
|
Mais
le problème est qu'ils manipulent tous le sens et le contexte de
cette anecdote. L'exemple de Mikhal bath Koushi fut cité dans un
débat très animé qui opposait divers Sages quant à savoir si oui
ou non les Tafillin pouvaient être portées à Shabboth et Yôm Tôv.
Certains avancèrent que non ! Pour contrer cet argument, la
Gamoro` nous dit que Mikhal bat Koushi avait pourtant l'habitude de
porter les Tafillin à Shabboth ! Il y a alors deux
versions existantes quant à la réaction des Sages. La version
majoritaire stipule que les Sages ne l'en ont pas empêchée,
démontrant par-là que les Tafillin pouvaient être portées à
Shabboth, et ne sont donc pas une Miswoh positive limitée à
un temps d'accomplissement spécifique, autrement ils l'auraient
empêchée de les mettre à Shabboth ! Mais Rébbi Hizqiyoh
ז״ל
avait
entendu de Rébbi `abbohou ז״ל
une
version selon laquelle les Sages avaient protesté, démontrant
par-là qu'il s'agissait bien d'une Miswoh qui ne pouvait pas
être accomplie à Shabboth ! En d'autres mots, tous ceux qui
utilisent ce passage du Yarousholmi pour dire qu'il est enseigné que
les Sages ont interdit aux femmes de mettre les Tafillin manipulent
complètement le texte et en changent le sujet. Ce passage ne
traitait pas de la permission ou pas des femmes de mettre les
Tafillin, car tous les Sages sont d'accord pour dire qu'une femme
peut les mettre. Le débat concernait le fait même de les mettre à
Shabboth ! Et comme cela a été dit, la version majoritaire est
que les Sages ne s'y sont pas opposés. La question du port des
Tafillin à Shabboth n'ayant pas été tranchée de manière décisive
et définitive, les Sages n'ont pas réprimandés Mikhal pour avoir
mis les Tafillin à Shabboth (certainement parce qu'elle suivait
l'opinion des Sages qui étaient d'avis que les Tafillin pouvaient
être mises tous les jours, Shabboth et Yôm Tôv y compris, ainsi
que la nuit, faisant donc de cette Miswoh un commandement
n'étant pas lié au temps) !
Nous
ne pouvons donc pas conclure que la raison avancée par Rash''i
explique pourquoi les femmes ont été exemptées de cette Miswoh
des Tafillin.
Les
Tôsofôth ז״ל
firent
partie de ceux qui retirèrent ce passage talmudique de son contexte,
et adoptant la version que Rébbi Hizqiyoh avait entendue de
Rébbi `abbohou, ils conclurent que les Sages s'opposèrent à ce
qu'une femme porte les Tafillin. Ils se demandèrent quelle pouvait
en être la raison, et avancèrent une thèse plus qu'étrange :
Il semblerait que
l'explication de cette position selon laquelle que les femmes ont une
interdiction [de mettre les Tafillin] est que les Tafillin
nécessitent un corps propre, et les femmes ne sont pas suffisamment
zélées pour y veiller !
Les
Tôsofôth prétendent que la raison pour laquelle les femmes ne
pourraient pas mettre les Tafillin, selon Rébbi Hizqiyoh, est
qu'elles ne seront pas soucieuses de la propreté de leurs corps.
Puisque le Talmoudh Bavli explique que veiller à avoir un « corps
propre » signifie « éviter les flatulences ou de
s'endormir » lorsqu'on porte les Tafillin, les Tôsofôth sont
donc en train de dire que les femmes ne pourraient pas prendre
suffisamment soin d'éviter les flatulences tout en ayant sur elles
les Tafillin ? C'est un argument complètement stupide et
infondé. Nous consacrerons d’ailleurs un article sur cette
nécessité d'avoir un « corps propre » tout en portant
les Tafillin, et verrons ce que le Talmoudh dit réellement à ce
sujet. En attendant, sachez que certains Pôsqim disent qu'étant
donné qu'à nos époques les Tafillin ne sont portées que pour la
prière (alors que dans les temps talmudiques elles l'étaient toute
la journée), et que les femmes ont également une obligation de
prier (ce qui implique d'avoir un corps propre et de bonnes pensées),
si une femme ne met les Tafillin que pour prier, nous ne devrions pas
nous y opposer.6
Tout
cela étant dit, mettons fin au suspense ! Quelle est la raison
de l'exemption des femmes de la Miswoh des Tafillin ?
Juste avant de nous parler du cas de Mikhal, le Yarousholmi nous dit
ceci :
D'où
savons-nous que les femmes [sont exemptées] ? [Il est
écrit7 :]
« Et enseigne-les à tes fils », et non à tes
filles. [Cela t'apprend] que celui qui est astreint à l'étude
de la Tôroh est astreint aux Tafillin. Les femmes ne sont pas
astreintes à l'étude de la Tôroh, et ne sont [donc] pas
astreintes aux Tafillin.
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נָשִׁים
מִנַּיִן?
"וְלִמַּדְתֶּם
אֹתָם אֶת בְּנֵיכֶם",
וְלֹא
אֶת בְּנוֹתֵיכֶם.
אֶת
שֶׁהוּא חַיָּב בְּתַלְמוּד תּוֹרָה,
חַיָּב
בַּתְּפִלִּין;
נָשִׁים,
שֶׁאֵינָן
חַיָּבוֹת בְּתַלְמוּד תּוֹרָה,
אֵינָן
חַיָּבוֹת בַּתְּפִלִּין
|
Les
Tafillin contiennent des parchemins sur lesquels sont mentionnées de
nombreuses Miswôth dont seuls les hommes sont astreints,
comme par exemple l'obligation d'étudier assidûment jour et nuit,
et d'enseigner la Tôroh à ses fils. Fort logiquement, si les femmes
sont exemptées de ces Miswôth elles le sont également de
celle des Tafillin ! C'est également ce qui est rapporté dans
le Makhilto` DaRébbi Yishmo´`él, et c'est ce qui est codifié par
le Ramba''m dans son Séfar Hammiswôth8,
qui cite explicitement le Makhilto`.
La
conclusion est que les femmes ont été exemptées de la Miswoh
des Tafillin, non pas parce qu'il s'agit d'une Miswoh positive liée
à un temps d'accomplissement spécifique, et encore moins à cause
de leur incapacité présumée à ne pas pouvoir empêcher les
flatulences, mais simplement parce qu'elles sont exemptées de la
Miswoh de l'étude assidue de la Tôroh, qui est l'un des
thèmes majeurs des parchemins contenus dans les Tafillin. Mais
HaZa''l n'ont jamais objecté contre les femmes qui mettaient
les Tafillin, et comme nous l'avons vu plus haut, une femme a le
droit, si elle le souhaite, d'accomplir n’importe laquelle des
Miswôth positives dont elle a été exemptée, y compris les
Tafillin, l'étude assidue de la Tôroh (voir le premier chapitre des
Hilkôth Talmoudh Tôroh) ou encore les Sisith !
C'est la Halokhoh, n'en déplaise à certains !
On
objectera que de nos jours, la plupart des femmes qui mettent les
Tafillin appartiennent soit à des mouvements orthodoxes féministes,
soit au mouvement libéral. Nous répondrons à cela que :
- nous ne tirons pas de preuves du comportement des fous et des égarés
- nous ne sommes pas dans les pensées des gens pour juger des raisons pour lesquelles ils font ceci ou cela
- le fait que des mouvements anti-Tôroh, tels que les « Femmes du Mur », font la promotion du port des Tafillin par des femmes pour des raisons politiques et féministes, et pour provoquer les Orthodoxes, ne doit pas amener à ignorer la vraie question : que dit la Halokhoh ? Elle dit que les femmes peuvent mettre les Tafillin si elles le souhaitent, et que personne ne peut les empêcher de le faire
- le comportement de certaines femmes ne doit pas amener à critiquer toutes celles qui voudraient mettre les Tafillin. Autrement, vu le comportement exécrable de bon nombre d'hommes, même dans les milieux très religieux, vis-à-vis de certaines Miswôth, nous devrions également juger négativement l'ensemble des croyants à cause d'eux !
Les
gens pourraient avancer tous les « arguments » qu'ils
souhaitent, mais au final, c'est HaZa''l qui décident de la
Halokhoh, et tout le monde doit s'y soumettre !
1Barokhôth
2:3
2Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Sisith 3:10
3´érouvin
96a
4Au
sujet de la Miswoh des Tafillin
5Barokhôth
2:3
6Tahillath
Dowidh 38:1, cité par les Pisqé Tashouvôth 38:3. Les
Pisqé Tashouvôth citent également le ´ôlath Tomidh 4 comme
ayant aussi cette opinion. En fait, le ´ôlath Tomidh est d'avis
que les femmes peuvent mettre les Tafillin pour de nombreuses autres
raisons également
7Davorim
11:19
8Miswath
´aséh n°13