mardi 7 avril 2015

Mettre ou ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh

ב״ה

Mettre ou ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh


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Faut-il ou pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh ? C'est une des questions qui fait le plus débat à notre époque, et diverses pratiques existent à cet égard. Nous allons voir l'origine de ce débat et tenter de comprendre ce qu'il conviendrait de faire.

Tout d'abord, on se doit de préciser que cette question n'est jamais explicitement traitée dans le Talmoudh ! La base de ce débat est la Soughyoh qui commence à la page 18b et se termine à la page 19a de la Masékhéth Mô´édh Qoton. Le fait de mettre ou ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh n'est pas du tout mentionné. Mais voici ce que nous dit plutôt la Mishnoh sur la page 18b :

On ne rédige pas de lettres de crédit durant [la semaine du] Mô´édh1. Mais s'il2 ne lui3 fait pas confiance ou qu'il4 n'a pas de quoi manger, il peut [les] rédiger. On ne rédige pas de rouleaux [de la Tôroh], des Tafillin et des Mazouzôth durant [la semaine du] Mô´édh, et la moindre lettre ne peut pas être corrigée, pas même dans le Rouleau de ´azro`5. Rébbi Yahoudhoh a dit : « Un homme peut rédiger [des parchemins de] Tafillin et [de] Mazouzôth pour lui-même ».
אין כותבין שטרי חוב במועד ואם אינו מאמינו או שאין לו מה יאכל הרי זה יכתוב אין כותבין ספרים תפילין ומזוזות במועד ואין מגיהין אות אחת אפילו בספר עזרא רבי יהודה אומר כותב אדם תפילין ומזוזות לעצמו

De quoi s'agit-il ici ? Comme nous l'avions mentionné dans l'article intitulé « Quelles sont les Malo`khôth interdites durant Hôl Hammô´édh ? », il y a une interdiction générale d'accomplir des Malo`khôth durant la période de Hôl Hammô´édh, et évidemment, l'une de ces Malo`khôth est celle d'écrire6. Par conséquent, HaZa''l ont interdit d'écrire durant Hôl Hammô´édh, puisque cela fait partie des 39 Malo`khôth, d'où le fait qu'il n'est pas permis de rédiger des lettres de crédit durant Hôl Hammô´édh, tout comme il n'est pas permis de rédiger les parchemins des Tafillin et des Mazouzôth, ainsi qu'un Séfar Tôroh. Et puisque la Malo`khoh d'écrire est interdite, effacer l'est également, d'où l'interdiction de corriger un parchemin7, pas même celui d'un Séfar Tôroh.

Mais comme nous l'avions également expliqué dans l'article susmentionné, il existe diverses situations dans lesquelles HaZa''l ont néanmoins permis d'accomplir des Malo`khôth durant cette période, comme par exemple lorsqu'on risque une perte financière, ou si l'on n'a pas suffisamment d'argent que pour se nourrir. Ainsi, la Mishnoh nous apprend que bien qu'il soit interdit d'écrire durant Hôl Hammô´édh, il est permis de rédiger des lettres de crédit si on n'a pas confiance en son débiteur et éviter ainsi qu'il prétende ne pas nous devoir de l'argent, ce qui est une situation de perte financière potentielle.8 De même, si quelqu'un a absolument besoin d'emprunter de l'argent parce qu'il n'a pas de quoi manger, il pourra non seulement emprunter durant Hôl Hammô´édh, mais un document de reconnaissance de dette pourra également être rédigé à ce moment-là, car accomplir des Malo`khôth par ou pour quelqu'un qui n'a pas de quoi manger est permis durant Hôl Hammô´édh. De même, si un Sôfér (scribe) manque d'argent pour se nourrir et vivre, il peut rédiger des parchemins de Tafillin ou de Mazouzôth durant Hôl Hammô´édh afin de les vendre et gagner d quoi vivre ou se nourrir. Une autre des situations dans lesquelles accomplir des Malo`khôth durant Hôl Hammô´édh a été permis est le cas des Malo`khôth nécessaires à Hôl Hammô´édh ou Yôm Tôv. Étant donné que les Tafillin étaient portées même durant Hôl Hammô´édh, et que la Miswoh de la Mazouzoh s'appliquait aussi durant Hôl Hammô´édh, Rébbi Yahoudhoh ז״ל permet également de rédiger des parchemins de Mazouzôth et de Tafillin pour un usage personnel.

C'est ainsi que Rash''i ז״ל explique que lorsque Rébbi Yahoudhoh permet de rédiger des parchemins de Mazouzôth et de Tafillin pour soi-même, cela signifie que cela est permis si l'on compte utiliser ces objets durant Hôl Hammô´édh. À l'inverse, lorsque la Mishnoh l'interdit, dans le contexte nous voyons clairement qu'elle l'interdit uniquement si on compte les vendre (alors que nous ne sommes pas dans un besoin financier urgent) ! Ainsi, il ressort clairement que d'après Rash''i, on doit mettre les Tafillin même durant Hôl Hammô´édh, et c'est ce que notre Mishnoh nous enseigne. Les Tôsofôth9 ז״ל ajoutent que contrairement à Shabboth et Yôm Tôv qui ont un אוֹת « `ôth » (signe) et sont donc exempts du port des Tafillin10, à Hôl Hammô´édh, en dépit du fait qu'il y ait également une certaine forme de « `ôth », on a néanmoins l'obligation, sur la base de la Gamoro` de la Masékhéth Mô´édh Qoton, de mettre les Tafillin.

Le Ri''f ז״ל ne dit rien du tout sur le fait de mettre ou pas les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Par contre, le Ro`''sh ז״ל, qui est l'un des trois grands Pôsqim parmi les Ri`shônim, écrit explicitement qu'il y a effectivement une obligation de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh.11 Quant au troisième grand Pôséq parmi les Ri`shônim, à savoir, le Ramba''m ז״ל, il semble lui aussi indiquer qu'il faille mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. La première indication est que lorsqu'il mentionne qu'on ne met pas les Tafillin à Shabboth et Yôm Tôv, il ne cite pas du tout cette interdiction concernant le fait de les mettre durant Hôl Hammô´édh.12 Deuxièmement, le Ramba''m dit qu'il n'est permis de rédiger des parchemins de Tafillin et de Mazouzôth que pour soi-même durant Hôl Hammô´édh, et que si l'on n'a pas de quoi manger on peut en rédiger et les vendre.13 En d'autres mots, il reprend mot pour mot ce que dit la Mishnoh susmentionnée, et par conséquent, sa conclusion est donc la même que celle de Rébbi Yahoudhoh : on peut rédiger des parchemins de Mazouzôth et de Tafillin si l'on compte utiliser ces objets durant Hôl Hammô´édh, impliquant par-là que le Ramba''m est donc lui aussi d'avis qu'il faille mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Citons également le `ôr Zoroua´14 ז״ל, ainsi que le Mahara''m de Rothenberg15 ז״ל.

Par contre, parmi les Ri`shônim qui interdisent explicitement de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh, il y a Rabbénou Manôah ז״ל, le Hagohôth Maymôniyôth16 ז״ל, le Rashba''`17 ז״ל, et le R''î18 ז״ל. Ces Pôsqim sont d'avis que si déjà à Yôm Tôv nous ne mettons pas les Tafillin, puisque Hôl Hammô´édh est lié à Yôm Tôv, on ne doit pas non plus mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Ils estiment que Hôl Hammô´édh constitue une espèce de Yôm Tôv et est par conséquent un `ôth, au même titre que Shabboth et Yôm Tôv.

Les Pôsqim qui interdisent donc de mettre les Tafillin se basent sur la Soughyoh de Manohôth 36b, où la Gamoro` rapporte un débat quant à savoir s'il faut ou pas mettre les Tafillin à Shabboth et Yôm Tôv. L'opinion acceptée est qu'il ne faudrait pas mettre les Tafillin à Shabboth et Yôm Tôv. La Gamoro` cite deux Baraytôth pour expliquer pourquoi est-ce qu'il ne faudrait pas mettre les Tafillin ces jours-là. La première Barayatho` cite le verset de Shamôth 13:10, qui, après avoir mentionné la Miswoh des Tafillin, déclare :

Et tu garderas ce décret en son temps, Miyomim Yomimoh.
וְשָׁמַרְתָּ אֶת-הַחֻקָּה הַזֹּאת, לְמוֹעֲדָהּ, מִיָּמִים, יָמִימָה

L'expression מִיָּמִים, יָמִימָה « Miyomim Yomimoh » se traduit littéralement par « parmi les jours en jours » ou « de jours en jours ». La Barayatho` explique donc qu'étant donné que dans le verset juste avant celui-ci la Tôroh a mentionné la Miswoh des Tafillin, c'est que l'expression « Miyomim Yomimoh » vient nous apprendre que les Tafillin ne sont pas portées tous les jours. Parmi les jours de l'année, il y aurait des jours où elles seraient portées et d'autres où elles ne le seraient pas. En outre, cela nous apprendrait que la Miswoh des Tafillin ne s'accomplirait que durant les jours, et non les nuits. La Barayatho` conclut alors que Shabboth et Yôm Tôv sont les jours de l'année où l'on ne met pas les Tafillin.

Il convient de mentionner que la Gamoro` explique que cette explication fut donnée par Rébbi Yôsé le Galiléen ז״ל, mais qu'elle fut réfutée par Rébbi ´aqivo` ז״ל. En effet, d'après ce dernier, ce verset susmentionné ne se rapporte pas du tout à la Miswoh des Tafillin, mais à celle de célébrer Pésah, qui est le sujet de ce discours prononcé par Môshah Rabbénou ע״ה, comme cela se voit à partir du verset 3 (le début du discours), où Môshah Rabbénou déclare :

Et Môshah dit au peuple : « Qu'on se souvienne de ce jour où vous êtes sortis d’Égypte, d'une maison d'esclaves, car d'une main puissante `adhônoy vous a fait sortir d'ici. Vous ne mangerez point de Homés ».
וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה אֶל-הָעָם, זָכוֹר אֶת-הַיּוֹם הַזֶּה אֲשֶׁר יְצָאתֶם מִמִּצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים, כִּי בְּחֹזֶק יָד, הוֹצִיא יְהוָה אֶתְכֶם מִזֶּה; וְלֹא יֵאָכֵל, חָמֵץ

Et dans les versets qui suivent, Môshah Rabbénou se met alors à expliquer la raison pour laquelle il faut célébrer Pésah et que répondre à nos enfants lorsqu'ils nous interrogeront sur la raison de la fête. C'est pourquoi, en mentionnant la Miswoh des Tafillin au verset 9, Môshah Rabbénou déclare ceci :

Et cela te servira de signe sur ta main et de rappel entre tes yeux, afin que la Tôroh de `adhônoy soit dans ta bouche, car d'une main puissante `adhônoy vous a fait sortir d’Égypte.
וְהָיָה לְךָ לְאוֹת עַל-יָדְךָ, וּלְזִכָּרוֹן בֵּין עֵינֶיךָ, לְמַעַן תִּהְיֶה תּוֹרַת יְהוָה, בְּפִיךָ: כִּי בְּיָד חֲזָקָה, הוֹצִאֲךָ יְהוָה מִמִּצְרָיִם

Nous pouvons voir que tout se rapporte à la sortie d’Égypte et le message central de Pésah. Ainsi, pour Rébbi ´aqivo`, même le verset 10 se rapporte à Pésah, et non à la Miswoh des Tafillin mentionnée dans le verset 9. De ce fait, le décret dont parle le verset 10 est celui de célébrer Pésah en son temps, c'est-à-dire, durant le mois de `oviv (nom biblique du mois de Nison) et pas à un autre moment, comme cela est mentionné dans le verset 4, tandis que l'expression מִיָּמִים, יָמִימָה « Miyomim Yomimoh » doit alors se comprendre comme voulant dire « d'années en années ».19 Mais de façon tout à fait surprenante, cette approche de Rébbi Yôsé le Galiléen est très souvent citée pour justifier de ne pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh.

La Gamoro` cite alors une deuxième Barayatho` pour tenter d'expliquer pourquoi est-ce qu'il ne faudrait pas mettre les Tafillin à Shabboth et Yôm Tôv. Cette seconde Barayatho` mentionne qu'à divers endroits de la Tôroh les Tafillin sont décrits comme servant de אוֹת « `ôth » (signe). La Barayatho` explique alors qu'il ne faudrait mettre les Tafillin que les jours où un `ôth est nécessaire. Or, puisque Shabboth et Yôm Tôv sont eux-mêmes des signes de notre relation avec HaShem, il n'y aurait pas besoin de porter quelque chose qui nous rappelle cette relation, et donc on ne porte pas les Tafillin ces jours-là.

Puisque les Pôsqim de la deuxième catégorie (ceux qui interdisent de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh) considèrent que Hôl Hammô´édh est également un `ôth, ils estiment que l'on ne doit pas mettre les Tafillin durant cette période-là.

Dans son Béth Yôséf20, Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל note que tous les Safaradhim s'abstiennent de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Par conséquent, il tranche ceci dans son Shoulhon ´oroukh21 :

À Shabboth et Yôm Tôv, il est interdit de lier les Tafillin parce qu'ils sont en eux-mêmes un signe. Si on liait ces [jours-]là un signe supplémentaire, ce serait alors un déshonneur à l'égard du signe qu'ils représentent.
בשבת ויום טוב אסור להניח תפילין מפני שהם עצמם אות ואם מניחים בהם אות אחר היה זלזול לאות שלהם
À Hôl Hammô´édh également, il est de même interdit de lier les Tafillin pour la même raison, à savoir, que les jours de Hôl [Hammô´édh] sont aussi un signe.22
בחול המועד גם כן אסור להניח תפילין מהטעם הזה בעצמו שימי חול המועד גם הם אות

Cet argument fut mentionné pour la première fois par les Tôsofôth, qui font remarquer que Hôl Hammô´édh contient bien des éléments qui sont des signes de notre alliance avec HaShem (la Soukkoh durant Soukkôth, et la consommation de la Massoh durant Pésah), ce qui pourrait amener à penser qu'on pourrait être exempt de la Miswoh des Tafillin à Hôl Hammô´édh. Mais comme cela a été dit plus haut, les Tôsofôth rejettent cet argument et tranchent qu'il y a en fait une obligation de les mettre durant Hôl Hammô´édh. Rabbi Yôséf Qa`rô reprend donc cet argument, mais l'accepte, contrairement aux Tôsofôth. C'est assez ironique !

Le Ramo''`23 ז״ל s'oppose catégoriquement au Pasaq du Shoulhon ´oroukh, et rapporte ceci :

Et il y en a qui disent qu'à Hôl Hammô´édh, il y a une obligation à l'égard des Tafillin. Et telle est la pratique dans toutes ces régions24 : lier les Tafillin durant [Hôl] Hammô´édh en récitant sur elles les bénédictions. Mais ils ne récitent pas les bénédictions à voix haute à la synagogue, contrairement aux autres jours de l'année.
ויש אומרים שחול המועד חייב בתפילין. וכן נוהגין בכל גלילות אלו להניחם במועד ולברך עליהם אלא שאין מברכים עליהם בקול רם בבית הכנסת כמו שאר ימות השנה

Le Ta''z25 ז״ל s'étonne de cette recommandation de ne pas réciter les bénédictions à voix haute, et préconise plutôt de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh, mais sans réciter du tout une bénédiction, par respect pour les Pôsqim qui interdisent de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh.

Le Hofés Hayim26 ז״ל et le ´oroukh Hashoulhon27 ז״ל suivent la recommandation du Ta''z et préconisent eux aussi de s'abstenir de réciter les bénédictions en mettant les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Néanmoins, le ´oroukh Hashoulhon conclut que chacun doit se tenir à la pratique de ces ancêtres à cet égard. De ce fait, si la pratique familiale consistait à mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh en récitant les Barokhôth appropriées, il faudrait continuer à le faire.

Il note également que « récemment », un nouveau Minhogh s'est développé parmi certains `ashkanazim, qui s'abstiennent à présent de mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Il fait en cela référence à la pratique des Hasidhim. C'était aussi la pratique des élèves de la Yashivoh de Volozhin, ainsi que celle du Rov Hayim Soloveitchik. Quant en `sras Yisro`él, toutes les communautés ont accepté sur elles le Pasaq du Go`ôn de Wilno` ז״ל, qui a demandé de ne pas porter les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. C'est à tel point que celui qui met les Tafillin en public durant Hôl Hammô´édh en `aras Yisro`él se fait sévèrement réprimander pour les autres fidèles de la synagogue !

Le Hofés Hayim note qu'étant donné qu'aucune interdiction n'existe sur ce sujet dans l'intégralité du Talmoudh, aucun péché n'est accompli lorsqu'on met les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. (Néanmoins, lui et le ´oroukh Hashoulhon demandent à ce qu'il n'y ait pas deux pratiques différentes à cet égard au sein d'un même Minyon de prière, afin de ne pas donner l'impression de se séparer de la communauté. Toutefois, dans de nombreuses synagogues, au sein d'un même Minyon, il n'est pas rare de voir, à Hôl Hammô´édh, certains porter les Tafillin et d'autres pas, car chacun se tient à sa pratique. Cela est encore plus vrai dans les synagogues « mixtes », c'est-à-dire, celles qui sont composées de Juifs de diverses origines et divers rites.)

En conclusion, bien que ce débat n'existe pas dans le Talmoudh, ni dans les écrits des Ga`ônim, les Ri`shônim et les `aharônim débattent quant à savoir s'il faut ou pas mettre les Tafillin durant Hôl Hammô´édh. Quatre pratiques existent à cet égard :

  1. ceux qui mettent les Tafillin en récitant les bénédictions à voix haute
  2. ceux qui mettent les Tafillin en récitant les bénédictions à voix basse
  3. ceux qui mettent les Tafillin sans réciter la moindre bénédiction, et
  4. ceux qui ne mettent pas du tout les Tafillin.

Les arguments donnés par les défenseurs de chaque camp peuvent être concluants. Et dans ce genre de cas, nous voyons de nombreux Ri`shônim qui conseillent d'adopter la voie du milieu, c'est-à-dire, mettre les Tafillin tout en s'abstenant de réciter les bénédictions. Le Tour28 ז״ל note que de nombreux Ri`shônim tiennent des positions divergentes sur ce point, et préconisent donc de néanmoins les mettre sans réciter de bénédiction. Parmi les Ri`shônim qui soutiennent cette approche, citons le Rîtva''`29 ז״ל, le Sama''q30 ז״ל, ou encore le Mé`îrî31 ז״ל. Quelle est l'avantage de cette position du milieu ? L'avantage est que l'on évite de commettre deux grosses transgressions ! En effet, HaZa''l ont dit que ne pas porter les Tafillin32 et réciter une bénédiction en vain33 sont des transgressions très graves de la Tôroh. Il est donc possible que la transgression réelle de s'abstenir de porter les Tafillin à Hôl Hammô´édh soit plus grave que l'interdiction potentielle de porter les Tafillin à Hôl Hammô´édh ! Par conséquent, la voie du milieu consiste à mettre les Tafillin (qui est une Miswoh de l’Écriture), mais sans réciter de bénédiction (qui est une institution rabbinique).

Pour notre part, nous, les Talmidhé HaRamba''m (tout comme les Juifs yéménites et ceux du rite hispano-portugais), nous mettons les Tafillin durant Hôl Hammô´édh en récitant les bénédictions d'usage à voix haute, comme pour le reste de l'année.

1C'est-à-dire, durant les jours de Hôl Hammô´édh
2Le créancier
3Le débiteur ou emprunteur
4L'emprunteur ou le scribe
5Le Séfar Tôroh rédigé par ´azro`, qui était gardé dans le Béth Hammiqdosh
6Avec de l'encre permanente sur une surface permanente
7Pour corriger un parchemin, on grattait la lettre pour l'effacer, puis on récrivait par dessus
8Dans le cas d'un débiteur en qui on a confiance, il faudra attendre que Yôm Tôv soit terminé pour rédiger le document de reconnaissance de dette, car, que l'on ait confiance ou pas en quelqu'un, la Halokhoh impose de toujours rédiger une lettre de crédit ou une reconnaissance de dette
9Sur Manohôth 36b.
10Mais nous verrons, Ba'azrath HaShem, dans un futur article qu'il y a en réalité un débat quant à savoir s'il faut ou ne faut pas mettre les Tafillin à Shabboth.
11Hilkôth Tafillin 16. Il est également cité dans le ´oroukh Hashoulhon 31:4
12Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 4:10
13Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shavthath Yôm Tôv 7:12
141:589
15Cité par le Mordokhay
16Hilkôth Tafillin 4:10:9, qui cite Rabbénou Yahoudhoh qui le rapporte au nom du Ri''f
17Tashouvôth Rashba''` 1:690
18Tel qu'il est cité par le Hagohôth Maymôniyôth, Hilkôth Tafillin 4:9
19Il existe de nombreux versets dans lesquels le terme « jour » signifie « année ». D'ailleurs, pour parler d'une certaine époque, on parle de « jours » pour dire « années », comme par exemple « durant les jours de Môshah », qui signifie à l'époque de Môshah ou durant les années où il était encore en vie. Nous voyons donc que « jours » peut signifier « années », et c'est le cas dans bon nombre de versets et expressions. Cette explication de Rébbi ´aqivo` colle beaucoup plus au contexte du texte
20`ôrah Hayim 31
21`ôrah Hayim 31:1-2
22À noter toutefois qu'il permet, dans `ôrah Hayim 545:3, de rédiger des parchemins de Tafillin durant Hôl Hammô´édh, même si on ne compte pas porter de Tafillin durant Hôl Hammô´édh
23`ôrah Hayim 31:2
24C'est-à-dire, les régions ashkénazes
25`ôrah Hayim 31:2
26Mishnoh Barouroh 31:8
27`ôrah Hayim 31:4
28`ôrah Hayim 31
29Sur ´érouvin 96a
30153
31Sur Mô´édh Qoton 18b
32Rô`sh Hashonoh 17a

33Barokhôth 33a et Shavou´ôth 39a
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