ב״ה
Les
trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement
Bishoul
– Cuire
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- Introduction
Nous nous étions
quittés au cours précédent dans la cuisine de Rivqoh. En la
regardant servir le repas de Shabboth, nous avions appris les
différents niveaux halakhiques que peuvent avoir les
récipients/ustensiles de cuisson. La proximité de l'ustensile avec
la source de chaleur (le feu) détermine son statut : plus il
est proche du feu, plus forte est sa capacité à cuire. Dans notre
étude détaillée de ces ustensiles, nous emploierons les termes
כְּלִי
רִאשׁוֹן
« Kali
Ri`shôn » (ustensile primaire), כְּלִי
שֵׁנִי « Kali
Shéni » (ustensile secondaire) et כְּלִי
שְׁלִישִׁי « Kali
Shalishi » (ustensile tiers ») pour se référer à eux
et mettre en avant leur relation avec le feu.
- Kali Ri`shôn
Un Kali Ri`shôn
est quelque chose qui était (ou est encore) directement déposé sur
le feu. Il cuira plus aisément un aliment, puisqu'il était (ou est
encore) connecté à la source de chaleur, le feu. En raison de cela,
nous ne pouvons pas placer quelque chose de cru dans cette sorte
d'ustensile. Par exemple, si Rivqoh goûte sa soupe (tandis qu'elle
est encore dans la casserole) et se rend compte qu'il manque du sel,
il ne lui est pas permis d'en ajouter.
- Verser à partir d'un Kali Ri`shôn
Jusque là, tout
va bien ! À présent, passons à une autre variante. Vous vous
en rappelez peut-être, mais Rivqoh avait également un plat de
cuisson. Disons qu'il contient de la viande avec du jus.de viande.
Elle aimerait verser un peu de jus de viande dans les assiettes de
ses invités. Cela s'appelle « verser à partir d'un Kali
Ri`shôn » (en Langue Sainte, עִירוּי
מִכְּלִי רִאשׁוֹן « ´irouy
Mikkali Ri`shôn »).
Comment
devrions-nous considérer le fait de verser un liquide chaud ?
Le liquide a-t-il la capacité de quelque chose avec lequel il entre
en contact ? La Halokhoh répond par l'affirmative, mais quoique
d'une manière limitée.
Si un liquide
chaud est versé d'un Kali Ri`shôn sur un aliment solide cru, la
couche supérieure de l'aliment cuira. Cela constituera un acte de
Bishoul avec un dérivé du feu, et c'est pourquoi nous ne versons de
liquides chauds sur des aliments crus.
À l'inverse, des
liquides ne peuvent pas « cuire » de cette façon,
puisqu'il n'y a pas de « surface extérieure » pour
conserver la chaleur provenant du liquide chaud. Imaginez que vous
versez quelques gouttes d'eau chaude dans une baignoire remplie d'eau
froide. L'eau chaude se dissipe rapidement dans l'eau froide, et n'a
jamais la moindre chance de « cuire » l'eau froide.
Mais disons que
vous versez de l'eau chaude d'une théière en fonte (qui se chauffe
sur le feu) dans une tasse contenant de l'eau froide. En fonction du
volume de chaque liquide, l'eau froide pourrait être chauffée
jusqu'à la température de יַד
סוֹלֶדֶת בוֹ « Yadh
Sôladhath Bô » (voir la leçon
précédente, si vous ne vous rappelez plus de la
signification de cette expression). Si cela se produit, l'eau froide
est alors considérée avoir été cuite avec un dérivé du feu. En
principe, c'est à vous d'évaluer la probabilité que cette eau aura
d'être chauffée jusqu'à ce niveau, et c'est cette estimation qui
déterminera si oui ou non vous pouvez verser l'eau chaude dedans.
- Kali Shéni
Comme son nom le
suggère, un Kali Shéni est un ustensile qui est un degré plus
éloigné de la source de chaleur, le feu. En général, un acte de
Bishoul ne peut pas se produire dans un tel ustensile.1
Cela pourrait paraître étrange, à première vue. Pourquoi
devrions-nous considérer différemment une soupe chaude dans un bol
par rapport au moment où elle se trouvait dans la marmite ? Le
principe ici est qu'au cours du processus de transfert, l'aliment ou
liquide chaud perd un peu de sa chaleur, parce qu'il n'est plus
chauffé par les parois chaudes du Kali Ri`shôn. En outre, il est
refroidi par les parois froides du Kali Shéni.2
Illustrons cela :
La soupe de Rivqoh
est encore sur la cuisinière/gazinière, dans la marmite dans
laquelle elle a été cuite. Elle ne peut rien ajouter de cru dans la
marmite, comme par exemple du poivre, parce que la soupe va le
« cuire ». Une fois qu'elle aura transféré la soupe
dans un bol, lui sera-t-il permis d'ajouter quelque chose de cru ?
Cela va dépendre.
La Halokhoh reconnaît une catégorie « aliments qui cuisent
facilement » (en Langue Sainte, קַלֵי
הַבִּישׁוּל « Qalé
Habbishoul »). Il s'agit de choses qui cuisent même à
température modérée, et cuiront par conséquent même dans un Kali
Shéni. Le Talmoudh donne comme exemple le sel.3
Quelles choses ne
sont pas inclues dans cette catégorie de Qalé Habbishoul ? Le
Talmoudh cite l'eau, l'huile, certains aliments solides, ainsi que
les épices. Ainsi, en pratique, de l'eau et de l'huile peuvent
librement être ajoutées dans un Kali Shéni. Mais pour les autres
choses que l'on souhaite ajouter dedans, il faudra savoir au
préalable si elles cuisent ou pas facilement même à température
modérée. Pour ne pas se donner cette peine, la majorité des
« Orthodoxes » considèrent tout simplement que toutes
les choses autres que l'eau et l'huile sont des « Qalé
Habbishoul ». Mais cette approche est erronée et est
caractéristique de la fainéantise intellectuelle qui frappe bon
nombre d' « Orthodoxes ». La Halokhoh n'est pas que tout
en-dehors de l'eau et de l'huile fait partie des « Qalé
Habbishoul ». Il incombe à chacun de s'informer et faire des
recherches pour savoir quels aliments cuisent facilement même à
température modérée. Il convient également de préciser que
plusieurs Pôsqim sont d'avis qu'il est interdit d'étendre la
catégorie des Qalé Habbishoul à des aliments non spécifiés dans
le Talmoudh lui-même.4
Ainsi, d'après cette position, même si un aliment cuit facilement
même à température modérée, mais qu'il n'est pas mentionné dans
le Talmoudh comme faisant partie des aliments qu'il est interdit de
placer dans un Kali Shéni parce qu'il pourrait cuire, nous ne
pouvons interdire de le placer dans un Kali Shéni.
(Précisons qu'un
aliment déjà cuit au préalable peut être ajouté sans problème
dans un Kali Shéni. Par exemple, le chocolat en poudre, le lait en
poudre ou encore les formules pour bébé. Le processus de
fabrication de ces produits inclut toujours une cuisson avant d'être
commercialisés. De même, le café instantané est déjà passé par
un processus de grillage, et cuire une seconde fois ce qui était
déjà cuit ou grillé ne cause pas une transgression de la Malo`khoh
de Bishoul. De ce fait, il est permis de verser de l'eau chaude
directement de la bouilloire dans une tasse contenant du chocolat en
poudre ou du café instantané. De même, il sera permis de mettre du
chocolat en poudre ou du café instantané dans un Kali Shéni
contenant de l'eau chaude. Nous y reviendrons plus bas.)
Quand il s'agit de
transférer de la nourriture d'un Kali Shéni, nous passons à un
autre niveau plus froid encore. L'aliment perdra davantage de chaleur
lorsqu'il est versé dans un autre récipient, qui aura alors le
statut d'un Kali Shalishi, que nous allons traiter tout de suite.
- Kali Shalishi
Certains Pôsqim
estiment qu'il n'y a pas de cuisson dans un Kali Shalishi. Suivant
cette opinion, nous pourrions prendre quelque chose qui n'est pas
cuit et le mettre dans un Kali Shalishi qui contient quelque chose de
chaud.
Certaines
personnes ont recourt à un Kali Shalishi pour faire du thé à
Shabboth. Voici comment cela fonctionne : elles versent de l'eau
chaude de leur bouilloire (Kali Ri`shôn) dans une tasse de thé
(Kali Shéni), puis prennent cette tasse de thé et versent l'eau
qu'elle contient dans une autre tasse de thé (Kali Shalishi). Une
fois que l'eau est dans cette deuxième tasse, elles mettent dedans
le sachet de thé. Bien que d'un point de vue physique l'eau est
encore très chaude, d'un point de vue halakhique une fois
qu'elle se trouve dans le Kali Shalishi, elle est considérée comme
étant incapable de cuire.
D'autres Pôsqim
s'opposent à cette approche, et affirment qu'étant donné que l'on
peut voir de façon empirique que le thé est en train de cuire dans
un Kali Shalishi, cela est également considéré comme une cuisson
halakhique. D'après cette opinion, comment devrait-on préparer son
thé à Shabboth ? Ces Pôsqim recommandent de faire ce qu'on
appelle de « l'essence de thé ». Avant l'entrée du
Shabboth, vous devriez faire une petite quantité de « concentré
de thé » et également prévoir de l'eau bouillante dans une
bouilloire. Pour faire votre thé à Shabboth, vous devriez verser de
l'eau chaude de la bouilloire (Kali Ri`shôn) dans une tasse (Kali
Shéni) et y ajouter un peu d'essence de thé. Étant donné que
l'essence de thé est déjà cuite, il est permis de la mettre sans
aucun problème dans un Kali Shéni.
Notre approche est
très simple : le Talmoudh et les Ri`shônim majeurs, tels que
le Ri''f ז״ל,
le Ramba''m ז״ל
ou
encore le Ro`''sh ז״ל,
ne traite jamais de la possibilité de « cuisson » dans
un Kali Shalishi. En outre, d'illustres rabbins talmudistes, comme
par exemple le Brisqer Rov ז״ל
(Rov
Yishoq Za`év Soloveitchik, 1886-1959) ou encore son père Reb
Hayim de Brisq ז״ל
(Rov
Hayim Soloveitchik, 1853-1918), faisaient du thé à Shabboth dans un
Kali Shéni. C'est-à-dire qu'ils versaient de l'eau chaude d'une
bouilloire dans une tasse, puis plaçaient un sachet de thé dans la
tasse. Cette approche est basée sur la Mishnoh qui apparaît dans
Shabboth 42a-b, et qui tranche qu'il est permis de placer des épices
dans un Kali Shéni contenant de l'eau chaude. Les rabbins
talmudistes de l'école de Brisq soutenaient que le thé pouvait être
à plusieurs égards considéré comme des épices (en effet,
beaucoup de thé sont des mélanges de feuilles de thé et d'épices),
et de ce fait la règle énoncée par la Mishnoh s'applique au thé
également.
- Pas de cuisson après une cuisson
Dans le langage
courant, nous ne disons jamais que nous « recuisons »
quelque chose étant donné qu'une fois qu'un aliment est cuit il
reste cuit. C'est vraiment également au niveau de la Halokhoh,
concernant les aliments solides. Il est permis de réchauffer
la nourriture, étant donné qu'elle ne peut plus halakhiquement être
cuite une deuxième fois. Une expression talmudique bien connue
décrit très bien cette idée : « il n'y a pas de cuisson
après une cuisson », ce qui se dit en Langue Sainte, אֵין
בִּישׁוּל אַחַר בִּישׁוּל « `én
Bishoul `ahar Bishoul ».
Quant aux
liquides, la majorité des Pôsqim considèrent qu'une fois qu'un
liquide s'est refroidi à température ambiante après avoir été
chauffé, il a le statut de liquide « non cuit ». La
raison avancée est qu'en général, un liquide qui s'est refroidi ne
laisse aucune indication visible qu'il fut cuit au préalable. (L'eau
est l'exemple classique. Une fois qu'elle s'est refroidie, elle est
indifférenciable d'une eau qui ne fut jamais chauffée.) Par
conséquent, la majorité des « Orthodoxes » interdisent
de réchauffer un liquide (c'est-à-dire, le recuire) après qu'il
s'est refroidi.
Mais le Ramba''m
rejette catégoriquement cette approche, car le Talmoudh n'a jamais
fait une distinction entre les aliments solides et les liquides. Par
conséquent, si un liquide avait été chauffé et s'est refroidi
par la suite, il sera permis de le réchauffer comme pour les
aliments solides. Et telle est notre approche. C'est ainsi que les
Dôr Da´im (Juifs yéménites qui suivent le Ramba''m), les Talmidhé
HaRamba''m et certains Safaradhim permettent de réchauffer de la
soupe qui se serait refroidie.
Troisième
approche, qui est un compromis entre les deux susmentionnées,
consiste à ne permettre de réchauffer un liquide que s'il ne s'est
pas entièrement refroidi mais qu'il a conservé encore un peu de
chaleur.
Aux points II
et III, nous avions mentionné l'interdiction de placer des Qalé
Habbishoul ou des aliments crus dans un Kali Ri`shôn ou Kali Shéni.
Mais dans le cas d'un aliment cuit complètement cuit, cela ne pose
pas de problème, car il n'y a pas de cuisson après une cuisson.
Nous continuerons
de parler de cette Malo`khoh dans la prochaine leçon, Dieu voulant !
1Talmoudh,
Shabboth 40b et 145b
2Tôsofôth,
sur Shabboth 40b
3Talmoudh,
Shabboth 42b et 145b
4Voir
par exemple le Tour, `ôrah Hayim
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