ב״ה
Exposer
les fausses notions
Les
Houmrôth ont-elles une valeur contraignante éternelle ?
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Certaines
personnes, lorsqu'elles sont confrontées à la nature inappropriée
des Minhoghim (coutumes) et Houmrôth (mesures de rigueur)
qu'elles suivent, plutôt que réfléchir aux arguments qu'on leur
avance, et répondre avec des arguments solides, se défendent en
déclarant simplement que מִנְהַג
יִשְׂרָאֵל תּוֹרָה הִיא « Minhagh
Yisro`él Tôroh Hi` - la coutume d'Israël est la Tôroh »,
מִנְהַג
אֲבוֹתֵינוּ תּוֹרָה הִיא
« Minhagh
`avôthénou Tôroh Hi` - la coutume de nos ancêtres est la Tôroh »,
ou toute autre variante, pour indiquer que toute coutume ou pratique
que l'on a acceptée sur soi, ou dont on aurait héritée, ne
pourrait être abolie et devrait être suivie, respectée, et
transmise éternellement. Mais nous avions déjà expliqué dans
l'article intitulé « Minhagh
Yisro`él Tôroh Hi` »
que ces adages susmentionnés ne concernaient que les Minhoghim
développés, enseignés ou approuvés par HaZa''l,
nos Sages de mémoire bénie. Tous les autres Minhoghim
post-talmudiques peuvent être abandonnés à tout moment, ainsi que
les Houmrôth
personnelles que chacun se serait imposé. Nous pourrons clairement
le comprendre en comparant les Houmrôth
et Minhoghim aux vœux.
Dans
Bamidhbor
Chapitre 30,
la Tôroh rapporte quelques lois de base relatives aux נְדָרִים
« Nadhorim »
(vœux volontaires), et commence par l'ordre de se tenir à tout vœu
que l'on aurait fait en prenant soin de l'accomplir. Le Talmoudh1
cite une très célèbre maxime de Rébbi Nothon ז״ל
qui
décourageait vigoureusement la pratique consistant à faire des
Nadhorim : הנודר
כאילו בנה במה,
והמקיימו
כאילו מקריב עליו קרבן
« Celui
qui fait un vœu, c'est comme s'il avait construit une Bammoh ;
et celui qui l'accomplit, c'est comme s'il avait offert dessus un
sacrifice ». Une fois que le Béth Hammiqdosh avait été
construit, il était interdit de construire ou faire usage d'une
Bammoh, c'est-à-dire un autel privé.
Le
Ramba''m ז״ל
cite
le commentaire de Rébbi Nothon dans la Halokhoh de conclusion des
Hilkôth Nadhorim, dans son Mishnéh Tôroh, mais il ajoute un point
important, faisant la différence entre deux sortes de vœux :
les נִדְרֵי
אִסּוּר
« Nidhré
`issour » (des interdictions que l'on s'impose soi-même, alors
que la Tôroh n'a pas interdit ces choses, comme par exemple
s'interdire de boire du vin ou consommer certains aliments pendant
une période de temps spécifique) et les נִדְרֵי
הֶקְדֵּשׁ
« Nidhré
Haqdésh » (des promesses faites d'apporter une offrande
sacrificielle au Béth Hammiqdosh ou de faire un don matériel au
Béth Hammiqdosh). D'après le Ramba''m, Rébbi Nothon ne
décourageait d'accomplir des vœux que dans des situations de Nidhré
`issour, c'est-à-dire lorsque quelqu'un s'interdit lui-même ce que
la Tôroh a pourtant permis. Ceux qui agissent ainsi transgressent en
cela l'interdiction biblique de בַּל
תּוֹסִיף
« Bal
Tôsif » (ajouter quoique ce soit à ce qui a été prescrit
par la Tôroh). C'est exactement ce que font les gens en s'imposant
des Houmrôth
qu'ils traitent alors de la même manière que des Miswôth
de la Tôroh. Rébbi Nothon connecte les Nadhorim à la pratique
interdite des Bommôth, en ce que faire des vœux en s’interdisant
des choses permises par la Tôroh constitue une tentative de servir
Dieu et atteindre une certaine spiritualité à travers des moyens
différents que ceux prescrits par la Tôroh. C'est donc un blasphème
aussi grave que d'apporter des sacrifices sur un autel privé lorsque
le Béth Hammiqdosh existe, car c'est comme dire à HaShem ית׳
« Bien
que Tu ais demandé de n'apporter des sacrifices que dans le Béth
Hammiqdosh, moi j'estime approprié de T'en apporter n'importe où,
même si ce n'est pas dans le Béth Hammiqdosh ». En faisant
cette comparaison entre le fait de faire des Nadhorim et d'apporter
des sacrifices sur une Bammoh, Rébbi Nothon veut nous faire
comprendre que même lorsque quelqu'un a fait un vœu, il est prié
de chercher à l'annuler par le processus de la הַתָרָה
« Hathoroh »
(annulation des vœux), plutôt que de de s'y tenir (l'accomplir).
Par contre, concernant les engagements pris à l'égard du Béth
Hammiqdosh, le Ramba''m tranche qu'il est considéré une Miswoh
de tenir ses engagements et d'accomplir ce que l'on a promis. Ce
n'est que dans des circonstances qui nous dépassent, comme par
exemple lorsqu'on a de graves problèmes financiers et d'autres
choses du même genre, qu'il est fortement recommandé de chercher à
annuler ses Nidhré Haqdésh.
Cette
distinction entre « Nidhré `issour » et « Nidhré
Haqdésh » est la décision originale du Ramba''m, et
n'apparaît pas explicitement dans les sources talmudiques. Mais elle
est logique, s'appuie sur le bon sens et des versets bibliques. Par
exemple, le Ramba''m s'appuie sur un verset tiré des Tahillim, dans
lequel nous lisons : נְדָרַי,
לַיהוה
אֲשַׁלֵּם
« Mes
vœux envers `adhônoy Je les accomplirai ».2
Dowidh Hammalakh ע״ה
exprime
son désir de respecter les vœux qu'il avait pris durant ses
périodes de détresse, et du contexte dans lequel ce verset
apparaît, il ressort très clairement qu'il parlait des offrandes
sacrificielles qu'il avait promises : לְךָ-אֶזְבַּח,
זֶבַח
תּוֹדָה;
וּבְשֵׁם
יהוה אֶקְרָא.
נְדָרַי,
לַיהוה
אֲשַׁלֵּם;
נֶגְדָה-נָּא,
לְכָל-עַמּוֹ.
בְּחַצְרוֹת,
בֵּית
יהוה--
בְּתוֹכֵכִי
יְרוּשָׁלִָם:
הַלְלוּ-יָהּ
« À
Toi, j’offrirai un sacrifice de reconnaissance, et je proclamerai
le nom de `adhônoy.
Mes vœux envers `adhônoy Je les accomplirai, à la face de tout Son
peuple, dans les parvis de la Maison de `adhônoy, dans tes
enceintes, ô Jérusalem. Halalou Yoh ! ».3
Ces versets suggèrent donc fortement qu'une fois que quelqu'un a
pris un engagement d'apporter des offrandes sacrificielles au Béth
Hammiqdosh, il est encouragé et tenu de le faire, contrairement aux
autres vœux, que l'on doit, au contraire, chercher à faire annuler.
Refuser
de chercher l'annulation de ses vœux (ou de renoncer à certaines
Houmrôth)
reflète une insistance arrogante sur l'autorité absolue,
contraignante, voire même « sainte » de ses paroles.
Dans la Maghillath `astér, on nous parle de la politique du roi
`ahashwérôsh
selon laquelle tout édit royal qui avait été tamponné du sceau
royal ne pouvait plus être annulé.4
Afin d'assurer son infaillibilité, `ahashwérôsh
déclara que ses paroles étaient inaltérablement contraignantes, de
façon à ne jamais devoir confesser s'être trompé ou avoir commis
une erreur de jugement. L'exhortation de nos Sages consistant à
rechercher l'annulation d'un vœu a pour but de justement contrer
cette tendance existant chez certaines personnes qui prétendent
détenir une telle autorité infaillible, comme par exemple les
Rébbé`im dans le mouvement hassidique,
ou encore les pseudos « Grands de la Génération » dans
les milieux Harédhim.
Celui qui a pris un vœu est exhorté à courber humblement sa tête
et faire ce qu'il faut pour procéder à l'annulation de son vœu,
car s'interdire une chose permise par Dieu, et se tenir à cette
interdiction comme s'il s'agissait d'une loi de la Tôroh, est une
insulte faite à Dieu et Sa Tôroh ! Et beaucoup de gens sont
coupables d'un tel blasphème ! (N'oubliez pas que l'on ne parle
ici que des Nidhré `issour, car lorsqu'il s'agissait de Nidhré
Haqdésh, on devait plutôt faire ce qu'il fallait pour tenir ses
engagements.)
Que
Dieu nous préserve de tous ces gens qui transforment le Judaïsme,
cette foi extraordinaire, en une religion dogmatique qui est chaque
fois plus stricte que la propre volonté de Dieu, et en contradiction
avec la Tôroh et les paroles de HaZa''l.
1Nadhorim
22a
2Tahillim
116:14, 18
3Ibid.,
versets 17-19
4`astér
8:8