ב״ה
La
fête de Tou Bishavot
Beaucoup
de Juifs célébreront une fête appelée ט"ו
בִּשְׁבָט « Tou
Bishavot », qui signifie tout simplement « 15 du mois de
Shavot. » Ce jour-là, ils consomment de nombreux fruits et
tiennent une espèce de « Sédhar » comme à Pasah.
Cela pourrait surprendre beaucoup de gens, mais ce n'est même pas
une fête officielle du Judaïsme, mais une innovation des
Kabbalistes. C'est au seizième siècle, à Safath (Safed),
que Rabbi Yishoq Louria`, plus connu sous l'acronyme du `ari,
institua un cérémoniel à respecter pour ses disciples à Tou
Bishavot. Très rapidement, cela se répandit à d'autres
communautés, pour être adopté par une grande partie des Juifs
(mais pas tous).
Il
n'existe que deux références talmudiques à Tou Bishavot. La
première se trouve dans la toute première Mishnoh du traité Rô`sh
Hashonoh1 :
Les
quatre nouveaux ans sont : Le premier Nison, le nouvel an
pour les rois et les fêtes de pèlerinage ; le premier
`aloul, le nouvel an pour la dîme des animaux domestiques. Rébbi
`al´ozor et Rébbi Shim´ôn disent : « Le premier
Tishri » ; le premier Tishri, le nouvel an pour les
années, pour les Shamittin, pour les Yôvélôth, pour la
plantation et pour les légumes ; le premier Shavot, le
nouvel an des arbres selon les paroles de Béth Shamma`y. Mais
Béth Hillél disent : « Le
quinzième jour de ce mois. »
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אַרְבָּעָה
רָאשֵׁי שָׁנִים הֵן:
בְּאֶחָד
בְּנִיסָן,
רֹאשׁ
הַשָּׁנָה לַמְּלָכִים וְלָרְגָלִים;
בְּאֶחָד
בֶּאֱלוּל,
רֹאשׁ
הַשָּׁנָה לְמַעְשַׂר בְּהֵמָה;
רֵבִּי
אֶלְעָזָר וּרֵבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמְרִים:
בְּאֶחָד
בְּתִשְׁרִי;
בְּאֶחָד
בְּתִשְׁרִי,
רֹאשׁ
הַשָּׁנָה לַשָּׁנִים וְלַשְּׁמִטִּין
וְלַיּוֹבֵלוֹת
לִנְטִיעָה
וְלִירָקוֹת;
בְּאֶחָד
בִּשְׁבָט,
רֹאשׁ
הַשָּׁנָה לָאִילָן,
כְּדִבְרֵי
בֵית שַׁמַּי;
וּבֵית
הֶלֵּל אוֹמְרִין:
בַּחֲמִשָּׁה
עָשָׂר בּוֹ
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Dans
ce passage, nous voyons qu'il y a quatre nouveaux ans dans le
calendrier hébraïque, et une divergence d'opinion concernant deux
de ces quatre dates. En outre, AUCUN de ces quatre nouveaux
ans n'était une fête en elle-même, mais simplement des dates à
partir desquelles on devait compter certains événements ou calculer
les dîmes. Par exemple, le premier Nison n'était pas un jour de
fête, mais simplement la date à partir de laquelle on comptait le
règne des rois et calculait les dates des fêtes de pèlerinage,
dont la première est Pasah, qui tombe le quatorzième jour de
Nison. De même, c'est à partir du premier Tishri que l'on calculait
les années du calendrier (c'est la raison pour laquelle c'est le
premier de l'année), les années sabbatiques, les années de jubilé,
les plantations et les légumes (car il fallait attendre un certain
nombre d'années avant de pouvoir en faire la dîme et les
consommer), et ainsi de suite. En fait, si Yôm Tarou´oh ne tombait
pas non plus le premier Tishri, il n'y aurait jamais eu de fête à
cette date.
Il
est donc important de comprendre que ce n'est pas parce que ces dates
sont appelées « Nouvel An » qu'il s'agit automatiquement
de jours de fête. Même dans le calendrier grégorien de bon nombre
de pays occidentaux, il existe de nombreux nouveaux ans. Il y a, par
exemple, le 1er Septembre, qui est le nouvel an scolaire ;
plusieurs pays ont également un nouvel an fiscal, à partir duquel
commencer à calculer ses impôts, etc., et ces dates ne sont pas du
tout des jours de fête.
La
deuxième référence talmudique sur Tou Bishavot se retrouve dans la
Gamoro` de Rô`sh Hashonoh 14b, où il est rapporté qu'à
cause du doute qu'avait Rébbi ´aqivoh ז״ל
concernant
la date réelle du nouvel an des arbres (puisqu'il y a divergence
entre Béth Hillél et Béth Shamma`y, comme mentionné plus haut),
il a cueilli les citrons de son citronnier le premier Shavot et en a
fait deux fois la dîme au lieu d'une, car peut-être que Béth
Hillél étaient également d'accord que la vraie date du nouvel an
des arbres était le premier Shavot. (Il convient de préciser que
cette même Gamoro` stipule que Rébbi ´aqivoh a agi ainsi, car bien
que la Halokhoh suive Béth Hillél, elle a également permis à
celui qui le désirait de suivre Béth Shamma`y sur ce point, car
leur opinion est également tout à fait valable.) Nous voyons
clairement de ce passage que cette date n'était en rien un jour de
fête, mais simplement le jour à partir duquel on calculait la dîme
de ses fruits lorsqu'on s'apprêtait à les cueillir. Aucun des
Ga`ônim, ni des Ri`shônim, n'a jamais parlé de cette date comme
d'une fête.
1Mishnoh,
Rô`sh Hashonoh 1:1