jeudi 27 novembre 2014

Mésôroh VS Zôhar : Hashkivénou

בס״ד

Mésôroh VS Zôhar


  • Hashkivénou

Il est écrit dans le Zôhar :

Béré`shîth 48a
Ainsi, [le Shabboth], le monde est sous une protection particulière, et il n'est donc pas nécessaire de prier pour la protection, comme lorsqu'on dit « Shômér `Èth 'Ammô Yisro`él Lo'ad. `Omén ! », car cette bénédiction ne fut instituée que pour les jours de semaine, lorsque le monde a besoin de protection. Mais à Shabboth, un tabernacle de paix est étendu sur le monde et le protège de tous les côtés. Même les pécheurs dans le Géihinôm sont protégés, et tous demeurent en paix, en haut et en bas. C'est pourquoi, en sanctifiant le jour nous disons « Happôrés Soukkath Sholôm 'Aléinou Wé'al Kol 'Ammô Yisro`él Wé'al Yérousholoyim ».
וּכְדֵין עָלְמָא בִּנְטִירוּ עִלָּאָה וְלָא בָּעֵינָן לְצַלָּאָה עַל נְטִירוּ כְּגוֹן שׁוֹמֵר אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד אָמֵן. דְּהָא דָּא בְּיוֹמָא דְחוֹל אִתְתַּקַּן דְּעָלְמָא בָּעְיָא נְטִירוּ. אֲבָל בְּשַׁבָּת סוּכַּת שָׁלוֹם אִתְפְּרִיסָא עַל עָלְמָא וְאִתְנְטִיר בְּכָל סִטְרִין. וְאֲפִילּוּ חַיָּיבֵי גֵּיהִנֹּם נְטִירִין אִנּוּן, וְכֹלָּא בִּשְׁלָמָא אִשְׁתַּכְּחָא עִלָּאִין וְתַתָּאִין, וּבְּגִין כָּךְ בְּקִדּוּשָׁא דְיוֹמָא מְבָרְכִינָן הַפּוֹרֵס סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל כָּל עַמוֹ יִשְׂרָאֵל וְעַל יְרוּשָׁלָם

Ce passage du Zôhar concerne la Bérokhoh de השכיבנו « Hashkivénou », qui est la deuxième Bérokhoh récitée après le Shéma' du soir. D'après ce passage, les jours de semaine cette Bérokhoh se conclut par la phrase שׁוֹמֵר אֶת עַמּוֹ יִשְׂרָאֵל לָעַד אָמֵן « Shômér `Èth 'Ammô Yisro`él Lo'ad. `Omén – Qui garde Son peuple Yisro`él pour l'éternité. `Omén », tandis que le Shabboth elle se conclut par la phrase הַפּוֹרֵס סֻכַּת שָׁלוֹם עָלֵינוּ וְעַל כָּל עַמוֹ יִשְׂרָאֵל וְעַל יְרוּשָׁלָם « Happôrés Soukkath Sholôm 'Aléinou Wé'al Kol 'Ammô Yisro`él Wé'al Yérousholoyim – Qui étend un tabernacle de paix sur nous, sur l'ensemble de Son peuple Yisro`él, et sur Jérusalem », car une protection n'est pas nécessaire le jour du Shabboth.

Le problème avec ce passage du Zôhar est que la coutume en `Èrès Yisro`él était de conclure la Bérokhoh de « Hashkivénou » par « Happôrés Soukkath Sholôm 'Aléinou Wé'al Kol 'Ammô Yisro`él Wé'al Yérousholoyim », aussi bien les jours de semaine que le Shabboth1, tandis que la coutume à Bovél (Babylone) était de la conclure par « Shômér `Èth 'Ammô Yisro`él Lo'ad » les jours de semaine, et par « Happôrés Soukkath Sholôm 'Aléinou Wé'al Kol 'Ammô Yisro`él Wé'al Yérousholoyim » le Shabboth et Yôm Tôv !

Ainsi, ce passage du Zôhar rapporte la coutume de Bovél, alors qu'il est censé avoir été rédigé au 2ème siècle par Rabbî Shim'ôn bèn Yôho`y זצ״ל, qui était un Tanno` de `Èrès Yisro`él !

C'est bien après les temps talmudiques que la coutume de Bovél fut adoptée dans la majorité des communautés juives. De ce fait, ce passage du Zôhar ne peut en aucun cas refléter la coutume qui prévalait du temps de Rabbî Shim'ôn bèn Yôho`y, en `Èrès Yisro`él.

Pour la première partie, voir ici.

1Yérousholmî, Bérokhôth  4:5

vendredi 21 novembre 2014

Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum

בס״ד

Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum


Il est rapporté dans le Talmoud :

Bérokhôth 8a-b
Rov Houno` bar Yéhoudoh1 a dit au nom de Rabbî `Ammî2 : « Un homme doit toujours compléter3 ses Parashîyôth avec la communauté4, [en lisant] deux fois l’Écriture5 et une fois le Targoum6, y compris [des versets tels que] 'Atorôth et Dîvôn7, car quiconque complète ses Parashîyôth avec la communauté voit ses jours et ses années être prolongés ! »
אמר רב הונא בר יהודה אמר רבי אמי לעולם ישלים אדם פרשיותיו עם הצבור שנים מקרא ואחד תרגום ואפילו עטרות ודיבון שכל המשלים פרשיותיו עם הצבור מאריכין לו ימיו ושנותיו

Lorsque le Talmoud dit que cela permet de prolonger ses jours et ses années, cela signifie que lire également de soi-même toute la Tôroh en Hébreu, morceau par morceau, de façon à la terminer en même temps que la communauté aura achevé son cycle de lecture de la Tôroh, ainsi que la traduction araméenne du texte Hébreu, augmente la qualité de vie de celui qui prend sur lui cette habitude, car en lisant chaque jour une partie du texte en Hébreu il apprend à mémoriser la Tôroh dans sa langue d'origine et à la chanter, tandis qu'en lisant la traduction araméenne il comprend plus profondément le sens du texte Hébreu, car le Targoum n'est pas seulement une traduction araméenne, mais est également une interprétation. Le Targoum élucide de nombreux passages obscurs de l’Écriture, et commente l’Écriture à la lumière de la Tradition. Ainsi, en même temps qu'il lit et mémorise le texte Hébreu, il l'étudie également. Voilà pourquoi cette personne qui prend sur elle cette pratique prolonge ses jours et ses années, car sa vision des choses sera positivement impactée et il comprendra la profondeur et les messages pertinents en toutes époques contenus dans la sainte Tôroh.8 En outre, lire la Tôroh en parallèle avec le Targoum nous permet de retourner plus de 2000 ans en arrière et voir comment la Tôroh était comprise par nos Sages du Sanhédrîn et le peuple Juif durant les temps talmudiques.

Chaque fois que ce sujet est abordé, trois questions reviennent toujours :

  1. Est-ce une Halokhoh ?
  2. Doit-on néanmoins lire le Targoum bien que l'on ne comprenne pas l'Araméen ?
  3. Est-il possible de s'acquitter par un autre texte que le Targoum ?

Tout d'abord, la suite du passage talmudique susmentionné indique clairement que cette pratique était connue et suivie par (pratiquement) tous. Deuxièmement, ce que peu savent, c'est que cette pratique de שנים מקרא ואחד תרגום « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum – [Lire] deux [fois] l’Écriture et une fois le Targoum » est bel et bien codifiée comme étant une Halokhoh :

Mishnéh Tôroh, Hilkhôth Téfilloh Ouvirkhath Kôhanîm 13:25
Bien qu'un homme entende l'intégralité de la Tôroh [lorsqu'elle est lue] durant toute l'année en public, il a l'obligation de lire par lui-même, chaque semaine, le Sédèr9 de ce Shabboth-là, [en lisant] deux [fois] l’Écriture et une [fois] le Targoum. Quant au verset qui n'a pas de Targoum, il le lit trois fois, jusqu'à ce qu'il ait complété ses Parashîyôth avec la communauté.
אַף עַל פִּי שֶׁאָדָם שׁוֹמֵעַ כָּל הַתּוֹרָה כֻּלָּהּ, בְּכָל שְׁנָתוֹ בַּצִּבּוּר, חַיָּב לִקְרוֹת לְעַצְמוֹ בְּכָל שָׁבוּעַ וְשָׁבוּעַ, סֵדֶר שֶׁלְּאוֹתָהּ שַׁבָּת--שְׁנַיִם מִקְרָא, וְאֶחָד תַּרְגּוּם; וּפָסוּק שְׁאֵין לוֹ תַּרְגּוּם, קוֹרְאֵהוּ שְׁלוֹשָׁה פְּעָמִים: עַד שֶׁיַּשְׁלִים פָּרָשִׁיּוֹתָיו, עִם הַצִּבּוּר

Shoulhon 'Oroukh, `Ôrah Hayyîm 285:1
Bien qu'un homme entende l'intégralité de la Tôroh chaque Shabboth dans la communauté, il a l'obligation de lire par lui-même, chaque semaine, la Poroshoh de cette semaine-là, [en lisant] deux [fois] l’Écriture et une [fois] le Targoum, même [des versets comme] « 'Atorôth et Dîvôn »
אף על פי שאדם שומע כל התורה כולה כל שבת בציבור, חייב לקרות לעצמו בכל שבוע פרשת אותו שבוע שנים מקרא ואחד תרגום, אפילו עטרות ודיבון

Le terme תרגום « Targoum » désigne, dans son sens le plus restreint, l'interprétation araméenne de l’Écriture (généralement, le Targoum `Ônqélôs), tandis que dans son sens le plus large il signifie tout simplement « interprétation », et peut ainsi désigner n'importe quelle langue. D'où la question : peut-on respecter cette pratique dans n'importe quelle langue, ou fait-il se tenir à l'araméen ?

Les Tôsofôth זצ״ל rapportent l'opinion de certains décisionnaires qui soutiennent que le Targoum peut se faire dans n'importe quelle langue. Après tout, le but même de cette pratique est d'aider les 'Améi Ho`orès, qui ne comprennent pas la Langue Sainte, à savoir ce que dit la Tôroh. Or, de nos jours, la plupart des Juifs ne parlent pas et ne comprennent pas l'Araméen. De ce fait, avoir recourt à une traduction en Français semblerait plus logique. Néanmoins, les Tôsofôth rejettent cette possibilité parce que le Targoum `Ônqélôs n'est pas seulement une traduction ; c'est une interprétation. Le Talmoud dit clairement dans le traité Mégîlloh que sans le Targoum `Ônqélôs, nous serions incapables même de lire les mots de la Tôroh. Une traduction n'aidera pas, et pourra même s'avérer trompeuse.10 Il y a des mots dans la Tôroh, parfois même des versets entiers, qu'il nous est tout simplement impossible de comprendre sans le Targoum `Ônqélôs. Les Tôsofôth concluent, de ce fait, que l'obligation halakhique du Targoum doit se remplir plus précisément à travers l'étude du Targoum `Ônqélôs, que l'on devra préférer à toute autre explication sur la Tôroh.

Mais une explication n'aide pas non plus si on ne la comprend pas ! Étant donné que nous ne sommes plus familiers avec l'Araméen, étudier le Targoum `Ônqélôs pourrait s'avérer être une perte de temps ! En fait, c'est l'une des raisons principales pour lesquelles cette Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum » n'est plus tant respectée.

Le Rô`sh11 זצ״ל avance, par conséquent, l'idée selon laquelle étudier le Houmash avec l'explication de Rashî permet de respecter cette Halokhoh comme si l'on avait étudié le Houmash avec le Targoum `Ônqélôs, étant donné que, tout comme le Targoum `Ônqélôs, Rashî explique pratiquement chaque mot et chaque verset de la Tôroh. Comme les Tôsofôth, le Rô`sh estime que le but du Targoum n'est pas de servir de traduction, mais d'explication, et le commentaire de Rashî זצ״ל sur la Tôroh remplit tout autant cette fonction que le Targoum `Ônqélôs, voire même mieux encore !

Ailleurs12, le Rô`sh démontre que même à un moment donné dans les temps talmudiques, il y avait des communautés qui ne faisaient plus appel à un interprète (Métourgéman) pour traduire instantanément la Tôroh en Araméen. Cela étant le cas, et puisque nous ne comprenons plus le Targoum de toute façon, il n'est plus nécessaire d'utiliser particulièrement le Targoum `Ônqélôs pour respecter cette Halokhoh.

Mais Rashî lui-même considère clairement l'obligation du Targoum comme se rapportant à la traduction et non à l'explication. C'est pour cela qu'il insiste sur le fait de lire chaque semaine le Houmash avec le Targoum `Ônqélôs. Et même les mots qui ne seraient pas traduits dans le Targoum `Ônqélôs doivent être lus trois fois (deux fois en Hébreu et une fois en Araméen), démontrant par-là que pour lui, l'essentiel est la traduction et non l'explication. Ainsi, d'après Rashî, même si l'on ne comprend pas l'Araméen, mais qu'on est capable de le lire, on doit néanmoins lire chaque verset de la Tôroh dans sa traduction donnée dans le Targoum `Ônqélôs. D'après Rashî, lire son commentaire sur la Tôroh a la place du Targoum `Ônqélôs ne permet donc pas de respecter cette Halokhoh !

On pourrait s'interroger sur la position de Rashî. Que réalise-t-on en lisant un texte rédigé dans une langue que l'on ne comprend même pas ? Le Pérî Mégadîm זצ״ל explique la raison de l'obligation de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum » : elle ressemble au moment où HaShem se révéla à Môshèh Rabbénou ע״ה, au Don de la Tôroh sur le Har Sinaï, ainsi qu'au Séfèr Dévorîm, qui est une répétition de la Tôroh. HaShem parla une première fois, Môshèh Rabbénou répéta mot pour mot ce qu'il avait entendu d'HaShem du Séfèr Béré`shîth au Séfèr Bémidbor. Puis, dans le Séfèr Dévorîm, il répéta toute la Tôroh mais avec une explication. Ainsi, lorsqu'HaShem se révéla à Môshèh Rabbénou, cela correspond à l'étude personnelle de la Tôroh que nous devons faire chaque semaine. Lorsque Môshèh Rabbénou répéta devant le peuple mot pour mot, sans rien ajouter, les paroles qu'il avait reçues d'HaShem, cela correspond à la lecture publique de la Tôroh chaque Shabboth à la synagogue. Et lorsqu'il répéta la Tôroh, mais en accompagnant cette répétition d'une explication, cela correspond au Targoum ! À travers l'obligation de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum », nous reproduisons ce schéma. Cela ne change rien que l'on comprenne ou pas l'Araméen, tout comme cela ne change rien que l'on comprenne ou pas le Loshôn Haqqôdèsh lorsque la Tôroh est lue en public chaque Shabboth. (En fait, beaucoup même ne comprennent rien du tout à la lecture, car bon nombre de Juifs ne maîtrisent pas du tout le Loshôn Haqôdèsh.) La langue a une importance intrinsèque, parce que c'est ainsi que la Tôroh fut donnée. Ainsi, le Targoum `Ônqélôs, en Araméen, a une énorme importance, même si vous n'avez aucune idée de ce que vous lisez. Comme l'a dit le Rov Shémou`él Yéhoudoh Katzenellenbogen13 זצ״ל, l'Araméen est du Loshôn Haqqôdèsh qui s'est corrompu. Effectivement, la grammaire des deux langues est exactement la même ! Par conséquent, c'est une langue qui doit être traitée avec respect. C'est une langue sainte, au point que plusieurs parties du TaNaKh ont été rédigées en Araméen !

Tout cela nous permet de comprendre l'approche de Rashî, selon qui, même si l'on ne comprend pas l'Araméen, on doit lire chaque semaine la Paroshoh en Loshôn Haqqôdèsh dans un Houmash et en araméen dans le Targoum `Ônqélôs, tout comme, que l'on comprenne ou pas le Loshôn Haqqôdèsh, la Tôroh est toujours lue en Loshôn Haqqôdèsh à la synagogue ! Ces langues sont celles de la révélation aux hommes de la Volonté Divine. Nous devons lire la Tôroh en Araméen de la même façon qu'elle fut donnée à l'origine dans cette langue (qui est du Loshôn Haqqôdèsh qui s'est corrompu).

Pour revenir et conclure sur la préférence entre Rashî et le Targoum `Ônqélôs, le Séma''g זצ״ל suggère ceci : logiquement parlant, le commentaire de Rashî est préférable au Targoum `Ônqélôs, mais il fait remarquer que de nombreux Ri`shônîm insistent pour dire que l'on doit préférer le Targoum `Ônqélôs à toute autre alternative. Il souligne le fait que le Targoum est tant chéri par le peuple Juif parce qu'il fut donné au Har Sinaï et que la pratique de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum » est une reproduction de cette expérience. Rabbî Yôséf Karo זצ״ל adopte une position de compromis, et tranche ceci :

Shoulhon 'Oroukh, `Ôrah Hayyîm 285:2
Si on étudie la Poroshoh avec le commentaire de Rashî, cela a une importance comparable au Targoum. Mais celui qui craint les Cieux lira le Targoum, ainsi que le commentaire de Rashî.
אם למד הפרשה בפירוש רש"י - חשוב כמו תרגום. וירא שמים יקרא תרגום וגם פירוש רש"י

Du point de vue du Méhabbér, il semble donc que si quelqu'un n'a le temps dans sa semaine que pour lire soit la Paroshoh avec le Targoum, soit la Paroshoh avec le commentaire de Rashî, il peut choisir l'un ou l'autre, car ils ont la même importance. Mais celui qui est en capacité de faire les deux fera les deux !

Qu'est-ce que devrait faire quelqu'un qui ne comprend pas même le commentaire de Rashî ? Comment peut-il respecter la Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum » ? La réponse dépend de la Mahalôqéth entre Rashî et les autres Ri`shônîm. D'après Rashî, le Targoum doit se faire, que l'on comprenne ou pas ce qu'on lit. D'après les autres, l'objectif du Targoum est d'amener à la compréhension du texte. Le Tour14 זצ״ל rapporte lui aussi la Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum », et cite aussi bien les opinions de Rashî que celles des Tôsofôth, mais conclut que le Minhog des Mahmîrîm (ceux qui sont stricts et minutieux dans l'accomplissement des Miswôth) suit l'approche de Rashî, et ils accomplissent donc leur devoir de Targoum, qu'ils comprennent ou pas le texte qu'ils lisent. Ainsi, si quelqu'un comprend le commentaire de quelqu'un d'autre (par exemple, celui du Ramban זצ״ל, du `Avravan`él זצ״ל, du Séfath `Èmèth זצ״ל, du Mé'am Lô'éz, etc.) mieux que celui de Rashî, d'après la deuxième opinion il ferait mieux d'utiliser ce commentaire plutôt que celui de Rashî. Le Taz זצ״ל écrit lui aussi que l'on peut s'appuyer sur d'autres commentaires que ceux de Rashî. Mais d'après l'opinion de Rashî, puisque le but n'est pas la compréhension, mais le fait de simplement lire, la compréhension n'a pas d'importance.

En conclusion, peu importe le choix que chacun fera, il y a des Ri`shônîm sur lesquels s'appuyer. Néanmoins, celui qui craint les Cieux accomplit les deux options, et lit donc aussi bien le Targoum `Ônqélôs que le commentaire de Rashî, chaque semaine. Pourquoi ? Parce que s'il se présente devant le Tribunal Céleste et qu'on lui demande comment est-ce qu'il respectait la Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum », s'il répond qu'il lisait le Houmash avec le commentaire de Rashî, on lui répondra que même Rashî est d'avis qu'on n'accomplit pas son obligation en lisant son commentaire ! Et s'il répond qu'il ne lisait que le Houmash avec le Targoum `Ônqélôs, on lui dira que s'il aimait tant la Tôroh et qu'il voulait la comprendre et pas seulement la lire, il aurait également étudié le commentaire de Rashî !

Nous devons allier la tradition (lire les textes dans les deux langues saintes) à la compréhension (lire le commentaire de Rashî ou d'autres commentateurs) !

Les Juifs Yéménites, une grande partie du Judaïsme séfarade et certains milieux Hassidiques suivent encore la pratique de « Shénayim Miqro` Wé`èhod Targoum » comme cela se faisait avant, à savoir, ils lisent la Paroshoh chaque semaine en Loshôn Haqqôdèsh, accompagné du Targoum `Ônqélôs (et d'autres ajoutent en plus le commentaire de Rashî, pour satisfaire aux deux opinions). Hereux celui qui s'y adonne !
1Un `Amôro` Babylonien de la deuxième génération après la rédaction de la Mishnoh, qui fut le Rô`sh Yéshîvoh de l'académie de Souro`. Il est né aux environs de l'an 216 et est décédé entre 296 et 297 de l’Ère Courante.
2Un `Amôro` de la troisième génération après la rédaction de la Mishnoh. Nous ne savons pas où est-ce qu'il est né. Mais l'emploie du terme « Rabbî » pour le désigner indique qu'il était originaire de Palestine, car dans le Talmoud, les maîtres de Babylone étaient désignés par le titre de « Rov » et non « Rabbî ». D'ailleurs, dans sa jeunesse, il étudia dans l'académie de Césarée, dirigée par Rabbî Hôsha'yo`, puis plus tard à Tibèriade, où il devint un disciple de Rabbî Yôhonon.
3C'est-à-dire, lire intégralement.
4C'est-à-dire, lire aussi intégralement la Tôroh à la maison, et pas seulement à la Synagogue. La lecture privée devra se faire de façon à achever toute la Tôroh en même temps que la communauté l'achèvera aussi. À Babylone, cela signifiait terminer de lire toute la Tôroh avant Simhath Tôroh de chaque année, tandis qu'en Palestine, cela signifiait terminer de la lire en trois ans et demi, avant le commencement du nouveau cycle triennal.
5Le texte Hébreu. Une fois à la maison, et une fois à la synagogue.
6C'est-à-dire, l'interprétation araméenne de l’Écriture.
7Bémidbor 32:3. C'est-à-dire, même les passages qui ne sont pas traduits dans le Targoum doivent être lus en Hébreu et dans la version araméenne.
8Par la même occasion, il se familiarise à l'Araméen, qui est également la langue du Talmoud.
9La portion hebdomadaire.
10Il existe de nombreux versets de la Tôroh qui ont été traduits n'importe comment et dont le sens traduit n'a rien à voir avec ce que dit le texte dans la langue d'origine.
11Bérokhôth 1:8
12gîlloh 3:6
13Un rabbin Italien (1521-1597)

14`Ôrah Hayyîm 285

jeudi 20 novembre 2014

Parashath Tôlédôth

בס״ד

Parashath Tôlédôth


La Haftoroh de la Paroshoh Tôlédôth est extraite du Séfèr Mal`okhî, dans lequel le prophète réprimande le peuple pour leur traitement irrespectueux du Béith Hammiqdosh et des Qorbonôth. En réponse à la laxité et à l'irrespect du peuple, HaShem considère avec mépris leurs Qorbonôth et lance la menace suivante1 : וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם « et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes ! » Le peuple offre des Qorbonôth d'une qualité si pauvre, et avec tant d'apathie, qu'HaShem les considère comme n'ayant aucune valeur, comme n'étant rien d'autres que des excréments, et Il les rejette catégoriquement.

Le Rambam זצ״ל cite ce même Posouq dans une Halokhoh bien connue de son Mishnéh Tôroh, où il souligne l'importance de partager la nourriture des jours de fête avec les déshérités :

Hilkhôth Shévîthath Yôm Tôv 6:17
Et celui qui mange et boit a l'obligation de nourrir l'étranger, l'orphelin et la veuve avec les autres pauvres qui sont démunis. Par contre, celui qui ferme les portes de sa cour, mange et boit avec sa femme et ses enfants sans donner à manger aux pauvres et à ceux qui sont dans l'amertume, ce n'est pas là une joie de Miswoh, mais une joie de son ventre. C'est le concernant qu'il est dit2 : « Leurs sacrifices sont comme le pain des affligés, tous ceux qui en consomment deviendront impurs car [ils gardent] leur pain pour eux-mêmes ». Une joie de cette sorte est une disgrâce pour eux, car il est dit : « et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes ».
וְכִשְׁהוּא אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה, חַיָּב לְהַאֲכִיל לַגֵּר לַיָּתוֹם וְלָאַלְמָנָה עִם שְׁאָר הָעֲנִיִּים הָאֲמֵלָלִים. אֲבָל מִי שֶׁנּוֹעֵל דַּלְתוֹת חֲצֵרוֹ וְאוֹכֵל וְשׁוֹתֶה הוּא וּבָנָיו וְאִשְׁתּוֹ, וְאֵינוּ מַאֲכִיל וּמַשְׁקֶה לָעֲנִיִּים וּלְמָרֵי נֶפֶשׁ--אֵין זוֹ שִׂמְחַת מִצְוָה, אֵלָא שִׂמְחַת כְּרֵסוֹ. וְעַל אֵלּוּ נֶאֱמָר "זִבְחֵיהֶם כְּלֶחֶם אוֹנִים לָהֶם, כָּל-אֹכְלָיו יִטַּמָּאוּ: כִּי-לַחְמָם לְנַפְשָׁם"; וְשִׂמְחָה כְּזוֹ קָלוֹן הִיא לָהֶם, שֶׁנֶּאֱמָר: וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם

Le Rambam applique la condamnation faite par Mal`okhî Hannovî` ע״ה face à l'irrespect du peuple envers les Qorbonôth à ceux qui célèbrent Yôm Tôv exclusivement comme שִׂמְחַת כְּרֵסוֹ « la joie de leur ventre », plutôt que comme un moyen de servir leur Créateur et d'apporter de la joie aux autres.

À première vue, on pourrait se demander quel est le lien entre le verset en lui-même et l'interprétation donnée par le Rambam. Il semblerait que le Rambam dénature complètement le sens du verset ! Mais il n'en est pas ainsi. Ce parallèle sous-entendu par le Rambam devient beaucoup plus clair lorsqu'on prend en compte que contextuellement parlant, Mal`okhî Hannovî` s'adresse ici spécifiquement aux Kôhanîm.3 Les Kôhanîm recevaient des portions provenant des Qorbonôth du peuple, qui étaient apportées en abondance lors des trois fêtes de pèlerinage, lorsque chaque Israélite avait l'obligation de monter à Yérousholayim 'Îr Haqqôdèsh. Apparemment, les Kôhanîm de l'époque du Second Temple (l'époque durant laquelle Mal`okhî Hannovî` prophétisait) avaient perdu de vue leur rôle en tant que guides spirituels du peuple. Au lieu d'utiliser les jours de fête comme une opportunité pour enseigner, conduire, guider et inspirer les pèlerins, ils attendaient ces occasions comme une opportunité rêvée de s'en mettre « plein la panse » et profiter des aliments qui leur étaient servis par ceux qui fréquentaient le Béith Hammiqdosh (puisse-t-il être rebâtit prochainement et de nos jours. `Omén, Kén Yéhî Rosôn !) Les paroles très dures prononcées par le prophète à l'égard des Kôhanîm renferment un message plus qu'approprié à l'encontre de tous ceux qui, de même, considèrent de façon erronée Yôm Tôv comme une période pour se saouler et manger à l'excès, plutôt que comme une opportunité de se perfectionner dans la pratique des Miswôth et améliorer leur relation avec HaShem יתברך שמו.

Le Rambam avait déjà cité plus tôt ce Posouq dans son Mishnéh Tôroh, cette fois-là dans les Hilkhôth Dé'ôth, lorsqu'il parlait du comportement que doit avoir un Talmîd Hokhom :

Hilkhôth Dé'ôth 5:2
Un disciple des Sages ne doit pas être un glouton, mais doit manger des aliments appropriés pour la santé de son corps, sans en manger avec abus. Il ne doit pas chercher à remplir son ventre, comme ceux qui se gorgent d’aliments et de boissons jusqu’à ce que leur ventre enfle. À leur sujet, il est dit : « Et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes » ; les Sages ont dit : « [Cela fait allusion] aux fils de l'Homme qui mangent et boivent [avec excès] et font de tous leurs jours [des jours] comparables à des fêtes ».
תַּלְמִיד חֲכָמִים לֹא יִהְיֶה גַּרְגְּרָן, אֵלָא אוֹכֵל מַאֲכָל הָרָאוּי לְהַבְרוֹת גּוּפוֹ, וְלֹא יֹאכַל מִמֶּנּוּ אֲכִילָה גַּסָּה. וְלֹא יְהֶא רוֹדֵף לְמַלֹּאות בִּטְנוֹ, כְּאֵלּוּ שֶׁמִּתְמַלְּאִין מִמַּאֲכָל וּמַשְׁקֶה עַד שֶׁתָּפוּחַ כְּרֵסָן; וַעֲלֵיהֶם מְפֹרָשׁ בַּקַּבָּלָה, "וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם"--אָמְרוּ חֲכָמִים, אֵלּוּ בְּנֵי אָדָם שֶׁאוֹכְלִין וְשׁוֹתִין וְעוֹשִׂין כָּל יְמֵיהֶם כְּחַגִּים

Il ressort donc de tout cela que bien que ce Posouq fut prononcé spécifiquement en référence aux Kôhanîm, il s'applique à tout le monde. Tout comme les Kôhanîm doivent consommer les viandes sacrificielles pour le but de la Miswoh et l'objectif d'enseigner et inspirer l'individu qui a apporté le Qorbon, de même, nous devons tous traiter notre façon de manger et nos activités physiques comme des sortes de « Miswôth », que l'on accomplit avec conscience d'HaShem et comme une opportunité, non pas nous remplir la panse, mais de nous rapprocher du Créateur. En d'autres mots, notre but ne doit pas être de « nous remplir de nourriture et de boisson », mais plutôt de préserver notre santé et intégrité physique afin d'être capable d'accomplir nos devoirs « sacerdotaux » (puisque nous sommes tous des Kôhanîm en miniature, comme il est écrit4 : אַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ « Vous serez pour Moi un royaume de Kôhanîm et une nation sainte »), en menant une vie d'engagement et de dévotion sincère envers le Tout-Puissant יתברך שמו.
1Mal`okhî 2:3
2Hôshéa' 9:4
3Voir Mal`okhî 2:1.

4Shémôth 19:6

Quel est le Nousoh de la Havdoloh ?

ב״ה

Quel est le Nousoh de la Havdoloh ?


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Nous avions traité de la question de savoir s'il fallait réciter deux fois la Havdoloh, ou si, au contraire, une seule fois suffisait. (Voir ici.) Nous allons à présent voir quel est le Nousoh de la Havdoloh, d'un point de vue talmudique.

Le Nousoh le plus communément employé à notre époque est celui-ci :

Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl Ouvén `ôr Lahôshakh Ouvén Yisro`él La´ommim Ouvén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah. Boroukh `attoh HaShem Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl
בָּרוּךְ אַתָּה ה', אֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, הַמַּבְדִּיל בֵּין קדֶשׁ לְחול וּבֵין אור לְחשֶׁךְ וּבֵין יִשְׂרָאֵל לָעַמִּים וּבֵין יום הַשְּׁבִיעִי לְשֵׁשֶׁת יְמֵי הַמַּעֲשֶׂה. בָּרוּךְ אַתָּה ה', הַמַּבְדִּיל בֵּין קדֶשׁ לְחול

C'est-à-dire, « Béni Tu es HaShem, notre Dieu, Roi de l'univers, Qui fait une distinction entre le saint et le profane, entre la lumière et les ténèbres, entre [le peuple d']Israël et les peuples [du monde], et entre le septième jour et les six jours de la création. Béni Tu es HaShem, Qui fait une distinction entre le saint et le profane ».

Mais voici ce que nous lisons dans le Talmoudh1 :

Et il2 commença [la Havdoloh] et dit : « Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl Bén `ôr Lahôshakh Bén Yisro`él La´ommim Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah ».Il3 lui dit : « Pourquoi as-tu besoin de tout cela ?4 Et Rov Yahoudhoh n'a-t-il pas dit au nom de Rov : ''Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl'', c'était là la Havdoloh de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ?5 » Il lui dit : « Je tiens selon ceci6, car Rébbi `al´ozor a dit au nom de Rébbi `ôsha´yo` : Celui qui ne récite que peu [de distinctions] doit en réciter pas moins de trois, tandis que celui qui désire ajouter [des distinctions] ne doit pas en ajouter au-delà de sept »7. Il lui dit : « Mais tu n'en as dit ni trois ni sept ! »8 Il lui dit : « C'est vrai ! ''Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah'' est de la nature de la conclusion9, et Rov Yahoudhoh a dit au nom de Shamou`él : Celui qui récite la Havdoloh doit dire [quelque chose] dans la nature de la conclusion près de sa conclusion, tandis que ceux de Poumbadito` disent [qu'il doit dire quelque chose] dans la nature du début juste avant sa conclusion. Où divergent-ils ?10 Ils divergent par rapport à Yôm Tôv qui tombe après le Shabboth11, où nous concluons par ''Bén Qôdhash Laqôdhash''12. D'après l'opinion selon quoi quelque chose dans la nature du début [doit être répété] immédiatement avant la conclusion, il ne sera pas nécessaire de dire ''Bén Qadhoushath Shabboth Laqadhoushath Yôm Tôv''13. Mais d'après l'opinion selon quoi [une formule] dans la nature de la conclusion [doit être dite] immédiatement avant la conclusion, il est nécessaire de dire ''Bén Qadhoushath Shabboth Laqadhoushath Yôm Tôv'' » Le texte [susmentionné disait] : « Rébbi `al´ozor a dit au nom de Rébbi `ôsha´yo` : Celui qui ne récite que peu [de distinctions] doit en réciter pas moins de trois, tandis que celui qui désire ajouter [des distinctions] ne doit pas en ajouter au-delà de sept ». Une objection a été soulevée14 : « La Havdoloh est récitée à la conclusion des Shabbothôth, à la conclusion des Yomim Tôvim, à la conclusion de Yôm Hakkippourim, à la conclusion d'un Shabboth qui mène à un Yôm Tôv, et à la conclusion d'un Yôm Tôv qui mène à Hôl Hammô´édh, mais pas à la conclusion d'un Yôm Tôv qui mène à un Shabboth15 » [Peut-on dire que] celui qui est à l'aise récite de nombreux [points de distinction], tandis que celui qui n'est pas à l'aise n'en récite qu'un ? Cela [dépend] des Tanno`im ! Car Rébbi Yôhonon a dit : « Le fils des saints [hommes] n'en récitait qu'une. Mais les gens ont l'habitude d'en réciter trois ».16 Qui est « le fils des saints [hommes] » ? Rébbi Manahém bar Sîma`y. Et pourquoi l'appelaient-ils « fils des saints hommes[« ? Parce qu'il ne posait pas les yeux sur l'effigie d'une pièce. Rov Shamou`él bar `iddi lui17 a envoyé le message suivant[ : « Mon frère, Hananyo`, n'en récite qu'une ! ». Mais la Halokhoh ne s'accorde pas avec lui. Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi a dit : « Celui qui récite la Havdoloh doit réciter [des formules] dans la nature des distinctions mentionnées dans la Tôroh ! »18 Une objection a été soulevée : « Quelle est l'ordre des distinctions [récitées dans la Havdoloh] ? » [il a répondu :] « Il récite ''Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl Bén `ôr Lahôshakh Bén Yisro`él La´ommim Ouvén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah Bén Tomé` Latohôr19 Bén Hayyom Laharévoh20 Bén Mayim Ho´alyônim Lammayim Hattahtônim21 Bén Kôhanim Lalawiyim Wisro`élim22 et il conclut par le Sédhar Baré`shith23 ». D'autres disent [qu'il conclut] par « sér Baré`shith »24. Rébbi Yôsé, le fils de Rébbi Yahoudhoh, a dit : « Il conclut par ''Maqaddésh Yisro`él''25 » S'il en est ainsi26, aucune distinction n'est mentionnée [dans la Tôroh] entre la mer et la terre ferme !27 Supprime [la phrase] « Bén Hayyom Laharévoh » de cette [Havdoloh] ! S'il en est ainsi28, [ne devrais-tu pas] également [supprimer la phrase] « Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah » ?29 [Non, car] cette phrase[ correspond à la conclusion !30 Il y en a donc une de moins, il n'y en a donc pas sept !31 - Je te dirai ceci : « [Bén] Kôhanim Lalawiyim Wisro`élim » représente deux formules : « Bén Lawiyim Layisro`élim » [en représente une], car il est écrit32 : « À cet instant, HaShem a distingué la tribu de Léwi », [tandis que] « Bén Hakkôhanim Lalawiyim » [en représente une autre], car il est écrit33 : « Les fils de ´amrom : `aharôn et Môshah. Et `aharôn fut distingué afin qu'il soit sanctifié comme étant le plus saint ». Comment doit-il la conclure ?34 Rov a dit : « [Par] ''Maqaddésh Yisro`él'' ». Et Shamou`él a dit : « [Par] ''Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl'' ». `abbayé, et d'autres disent [que c'était] Rov Yôséf, a maudit cette [décision] de Rov ! Il a été enseigné au nom de Rébbi Yahôshoua´ ban Hananyo` : « Lorsque quelqu'un conclut [par] ''Maqaddésh Yisro`él Wahammavdil Bén Qôdhash Lahôl''35, ses jours et ses années sont prolongés ! » Mais la Halokhoh n'est pas [tranchée] comme lui.36 ´oullo` était en visite à Poumbadito`. Rov Yahoudhoh dit à Rov Yishoq, son fils : « Va lui offrir un panier de fruits, et observe comment est-ce qu'il récite la Havdoloh ! »37 Il n'alla pas, [mais] envoya [plutôt] `abbayé. Quand `abbayé revint, il38 lui demanda : « Qu'a-t-il dit dans sa Havdoloh[ ? » Il dit : « [Il a dit :] ''Boroukh Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl'', et rien d'autre ! ». Quand il se présenta devant son père, ce dernier lui demanda : « Comment l'a-t-il récitée ? » Il dit : « Je n'y suis pas allé en personne, mais [j'ai envoyé `abbayé, et il m'a dit [qu'il récitait] : Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl ». Il lui dit : « Ta fierté et ton arrogance sont la cause pour laquelle tu es incapable de dire la Halokhoh de sa propre bouche ! »39
פתח ואמר המבדיל בין קודש לחול בין אור לחשך בין ישראל לעמים בין יום השביעי לששת ימי המעשה א"ל למה לך כולי האי והאמר רב יהודה אמר רב המבדיל בין קודש לחול זו היא הבדלתו של רבי יהודה הנשיא א"ל אנא כהא סבירא לי דאמר ר"א אמר רבי אושעיא הפוחת לא יפחות מג' והמוסיף לא יוסיף על ז' אמר ליה הא מר לא תלתא אמר ולא שבע אמר א"ל איברא בין יום השביעי לששת ימי המעשה מעין חתימה היא ואמר רב יהודה אמר שמואל המבדיל צריך שיאמר מעין חתימה סמוך לחתימתו ופומבדיתאי אמרי מעין פתיחתן סמוך לחתימתן מאי בינייהו איכא בינייהו יום טוב שחל להיות אחר השבת דחתמינן בין קודש לקודש מ"ד מעין פתיחתן סמוך לחתימתן לא בעי למימר בין קדושת שבת לקדושת יום טוב הבדלת ומאן דאמר מעין חתימתן סמוך לחתימתן בעי למימר בין קדושת שבת לקדושת יום טוב הבדלת גופא אמר רבי אלעזר אמר רבי אושעיא הפוחת לא יפחות משלש והמוסיף לא יוסיף על שבע מיתיבי אומר הבדלות במוצאי שבתות ובמוצאי ימים טובים ובמוצאי יום הכפורים ובמוצאי שבת ליום טוב ובמוצאי יום טוב לחולו של מועד אבל לא במוצאי יום טוב לשבת הרגיל אומר הרבה ושאינו רגיל אומר אחת תנאי היא דא"ר יוחנן בנן של קדושים אומר אחת ונהגו העם לומר שלש מאן ניהו בנן של קדושים רבי מנחם בר סימאי ואמאי קרו ליה בנן של קדושים דלא איסתכל בצורתא דזוזא שלח ליה רב שמואל בר אידי חנניא אחי אומר אחת ולית הלכתא כוותיה אמר רבי יהושע בן לוי המבדיל צריך שיאמר מעין הבדלות האמורות בתורה מיתיבי סדר הבדלות היאך אומר המבדיל בין קודש לחול בין אור לחושך בין ישראל לעמים ובין יום השביעי לששת ימי המעשה בין טמא לטהור בין הים לחרבה בין מים העליונים למים התחתונים בין כהנים ללוים וישראלים וחותם בסדר בראשית ואחרים אומרים ביוצר בראשית רבי יוסי ברבי יהודה אומר חותם מקדש ישראל ואם איתא הא בין הים לחרבה לא כתיבא ביה הבדלה סמי מכאן בין הים לחרבה אי הכי בין יום השביעי לששת ימי המעשה נמי מעין חתימה הוא בצר חדא וליכא שבע אמרי כהנים לוים וישראלים תרי מילי נינהו בין לוים לישראלים דכתיב בעת ההיא הבדיל ה' את שבט הלוי בין הכהנים ללוים דכתיב בני עמרם אהרן ומשה ויבדל אהרן להקדישו קדש קדשים מחתם מאי חתים רב אמר מקדש ישראל ושמואל אמר המבדיל בין קודש לחול לייט עלה אביי ואיתימא רב יוסף אהא דרב תנא משמיה דרבי יהושע בן חנניא כל החותם מקדש ישראל והמבדיל בין קודש לחול מאריכין לו ימיו ושנותיו ולית הלכתא כוותיה עולא איקלע לפומבדיתא אמר ליה רב יהודה לרב יצחק ברי' זיל אמטי ליה כלכלה דפירי וחזי היכי אבדיל לא אזל שדר ליה לאביי כי אתא אביי א"ל היכי אמר א"ל ברוך המבדיל בין קודש לחול אמר ותו לא אתא לקמיה דאבוה א"ל היכי אמר אמר ליה אנא לא אזלי אנא שדריתיה לאביי ואמר לי המבדיל בין קודש לחול א"ל רברבנותיה דמר וסררותיה דמר גרמא ליה למר דלא תימא שמעתיה מפומיה

Une chose est claire à la lecture de tout ceci : la formule minimale de la Havdoloh consistait simplement à réciter la phrase בָּרוּךְ אַתָּה ה', אֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, הַמַּבְדִּיל בֵּין קדֶשׁ לְחול « Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl – Béni Tu es (HaShem, notre Dieu, Roi de l'Univers, Qui distingue entre le saint et le profane ». On permit cependant d'y ajouter d'autres distinctions, à partir du moment où l'on mentionnait au moins trois points de distinction et maximum sept (sans compter la distinction qui précède la conclusion), qui devaient tirer leurs sources de la Tôroh.

Voici les différentes formules comme nous les avons vues dans notre Gamoro` :

  • La Havdoloh de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, Rébbi Manahém bar Sima`y, Rov Ya´aqôv bar `abbo`, Hananyo` (le frère de Rov Shamou`él bar `iddi), et ´oullo`

Boroukh (`attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom) Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl
ברוך (אתה ה׳ אלהינו מלך העולם) המבדיל בין קודש לחול

  • La Havdoloh de Ravo`

Boroukh (`attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom) Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl Bén `ôr Lahôshakh Bén Yisro`él La´ommim Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah. Boroukh (`attoh HaShem) Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl.
ברוך (אתה ה׳ אלהינו מלך העולם) המבדיל בין קודש לחול בין אור לחשך בין ישראל לעמים בין יום השביעי לששת ימי המעשה. ברוך (אתה ה׳) המבדיל בין קודש לחול

  • La Havdoloh de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwî

Boroukh (`attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom) Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl Bén `ôr Lahôshakh Bén Yisro`él La´ommim Ouvén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah Bén Tomé` Latohôr Bén Hayyom Laharévoh40 Bén Mayim Ho´alyônim Lammayim Hattahtônim Bén Kôhanim Lalawiyim Wisro`élim. Boroukh (`attoh HaShem) Sôdhér Baré`shith.
ברוך (אתה ה׳ אלהינו מלך העולם) המבדיל בין קודש לחול בין אור לחושך בין ישראל לעמים ובין יום השביעי לששת ימי המעשה בין טמא לטהור בין הים לחרבה בין מים העליונים למים התחתונים בין כהנים ללוים וישראלים. ברוך (אתה ה׳) סודר בראשית

Rébbi Yôsé, le fils de Rébbi Yahoudhoh, ainsi que Rov, concluaient leur Havdoloh par מקדש ישראל « [Boroukh] (`attoh HaShem) Maqaddésh Yisro`él », Shamou`él la concluait par המבדיל בין קודש לחול « [Boroukh] (`attoh HaShem) Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl », Yahôshoua´ ban Hananyo` préconisa de la conclure par מקדש ישראל והמבדיל בין קודש לחול « [Boroukh] (`attoh HaShem) Maqaddésh Yisro`él Wahammavdil Bén Qôdhash Lahôl », et d'autres, enfin, la concluaient par יוצר בראשית « [Boroukh] (`attoh HaShem) Yôsér Baré`shith ».

Au final, la formule de la Havdoloh ne fut pas tranchée par nos Sages, et chacun la récitait selon son approche et l'aisance de son élocution.

La formule communément employée de nos jours est donc celle qui est conforme à l'opinion de Ravo`, et fait mention de trois points de distinction, qui est le minimum requis d'après Rébbi `ôsha´yo`.

1Pésahim 103b-104b
2Ravo`
3Rov Ya´aqôv bar `abbo`.
4En d'autres mots, est-ce nécessaire de réciter tout cela ?
5Rabbénou Haqqodhôsh ne récitait que cette seule phrase lorsqu'il faisait la Havdoloh
6C'est-à-dire, sa façon de réciter la Havdoloh ne suit pas l'approche de Rabbénou Haqqodhôsh, mais plutôt celle-ci
7C'est-à-dire, pas moins de trois points de distinction et pas plus que sept doivent être récités lorsqu'on fait la Havdoloh
8Il en a dit quatre : 1) Bén Qôdhash Lahôl ; 2) Bén `ôr Lahôshakh ; 3) Bén Yisro`él La´ommim ; 4) Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah
9C'est-à-dire, la phrase « Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah » a exactement le même sens qu'une des formules de conclusion citées plus bas dans notre Gamoro`, et forme donc un pont naturel avec la conclusion, pour ainsi dire. Par conséquent, elle n'est pas comptée, et c'est comme s'il n'avait récité que trois distinctions
10Étant donné que dans la plupart des bénédictions le début et la conclusion partagent le même thème. La Havdoloh elle-même commence par la phrase « Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl », tandis que le passage qui précède la conclusion, « Bén Yôm Hashavi´i Lashéshath Yémé Hamma´asah », a le même sens ! Quelle est donc la divergence ?
11C'est-à-dire, Samedi soir
12À la place de « Bén Qôdhash Lahôl », puisque Yôm Tôv et Shabboth sont tous les deux saints, si ce n'est que Shabboth est d'un degré de sainteté supérieur
13Puisque la phrase d'ouverture de la bénédiction est « Hammavdil Bén Qôdhash Lahôl », la conclusion n'est donc pas dans le même thème que l'ouverture de la bénédiction.
14Par rapport à l'enseignement selon quoi on fait une Havdoloh à la fin d'un Shabboth qui est suivi d'un Yôm Tôv. Comme nous le verrons, c'est plus une clarification qu'une objection
15Ainsi, la Havdoloh n'est récitée que pour marquer la fin d'un jour doté d'une sainteté supérieure au jour qui le suit, mais pas l'inverse !
16Ce « fils des saints [homme] » était un Tanno`, tandis que la pratique courante était également basée sur l'opinion d'un Tanno`. Nous avons donc une controverse entre Tanno`im, et nous voyons que cela n'a rien à voir avec le fait d'être à l'aise ou pas
17Nous ne savons pas de qui il s'agit
18C'est-à-dire, il ne peut mentionner dans son Havdoloh que des points de distinction qui se retrouve explicitement mentionnés dans la Tôroh elle-même
19Entre l'impur et le pur
20Entre la mer et la terre ferme
21Entre les eaux d'en-haut et les eaux d'en-bas
22Entre les Kôhanim et les Lawiyim et les Yisro`élîm (les Israélites qui ne sont ni Kôhén, ni Léwî).
23C'est-à-dire, en disant ברוך סודר בראשית « Boroukh Sôdhér Baré`shith – Béni soit Celui qui a mis en ordre la Création » (Rash''i).
24« Qui a formé la Création »
25« Qui sanctifie [le peuple d']Israël »
26C'est-à-dire, s'il faille effectivement ne mentionner que des points de distinction qui se trouvent explicitement dans la Tôroh
27C'est-à-dire, la Tôroh n'emploie jamais explicitement le terme « distinction », ni une autre expression s'en rapprochant, par rapport à la mer et la terre ferme. Comment se fait-il donc que cette phrase soit mentionnée par ceux qui sont d'avis que ne peuvent être récités que des points de distinction explicitement mentionnés dans la Tôroh ?
28C'est-à-dire, s'il faille supprimer cette phrase de la Havdoloh parce que la Tôroh n'emploie pas explicitement une expression ayant le sens de « distinction » entre la mer et la terre ferme
29Car aucune phrase dans la Tôroh ne dit qu'HaShem a fait « une distinction » entre le septième jour et les six jours de la Création. Il est dit qu'Il a sanctifié le septième jour, mais le terme « distinction » (ou quelque chose qui s'en rapproche, comme par exemple « séparation ») n'est jamais employé
30Et elle n'est, par conséquent, pas comptée
31Alors que cette Barayatho` avait pour but d'énumérer les sept formules de distinction maximum que l'on devrait mentionner
32Davorim 10:8
331 Divré Hayyomim 23:13
34Comment doit-on conclure la formule mentionnée par Rébbi Yahôshoua´ ban Léwî ?
35Faisons ainsi une fusion des deux formules de conclusion qui font l'objet de la divergence entre Rov et Shamou`él
36C'est-à-dire, on ne fait pas une fusion des deux formules de conclusion, et la Halokhoh suit Shamou`él
37C'est-à-dire, utilise le panier de fruits que tu lui offriras comme prétexte pour rester avec lui, de façon à ce que tu puisses l'observer durant sa récitation de la Havdoloh
38Rov Yishoq
39C'est-à-dire, la raison pour laquelle tu es incapable de consulter directement ´oullo` et d'écouter de sa propre bouche la Halokhoh ! (Son fils était trop fier que pour faire appel à la sagesse de ´oullo`.)

40La Gamoro` préconise de retirer cette phrase de la bénédiction.