בס״ד
Shénayim
Miqro` Wé`èhod Targoum
Il
est rapporté dans le Talmoud :
Rov
Houno` bar Yéhoudoh
a dit au nom de Rabbî `Ammî :
« Un homme doit toujours compléter
ses Parashîyôth avec la communauté,
[en lisant] deux fois l’Écriture
et une fois le Targoum,
y compris [des versets tels que] 'Atorôth et Dîvôn,
car quiconque complète ses Parashîyôth avec la communauté voit
ses jours et ses années être prolongés ! »
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אמר
רב הונא בר יהודה אמר רבי אמי לעולם
ישלים אדם פרשיותיו עם הצבור שנים מקרא
ואחד תרגום ואפילו
עטרות ודיבון שכל המשלים פרשיותיו עם
הצבור מאריכין לו ימיו ושנותיו
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Lorsque
le Talmoud dit que cela permet de prolonger ses jours et ses
années, cela signifie que lire également de soi-même toute la
Tôroh en Hébreu, morceau par morceau, de façon à la terminer en
même temps que la communauté aura achevé son cycle de lecture de
la Tôroh, ainsi que la traduction araméenne du texte Hébreu,
augmente la qualité de vie de celui qui prend sur lui cette
habitude, car en lisant chaque jour une partie du texte en Hébreu il
apprend à mémoriser la Tôroh dans sa langue d'origine et à la
chanter, tandis qu'en lisant la traduction araméenne il comprend
plus profondément le sens du texte Hébreu, car le Targoum n'est pas
seulement une traduction araméenne, mais est également une
interprétation. Le Targoum élucide de nombreux passages obscurs de
l’Écriture, et commente l’Écriture à la lumière de la
Tradition. Ainsi, en même temps qu'il lit et mémorise le texte
Hébreu, il l'étudie également. Voilà pourquoi cette personne qui
prend sur elle cette pratique prolonge ses jours et ses années, car
sa vision des choses sera positivement impactée et il comprendra la
profondeur et les messages pertinents en toutes époques contenus
dans la sainte Tôroh.
En outre, lire la Tôroh en parallèle avec le Targoum nous permet de
retourner plus de 2000 ans en arrière et voir comment la Tôroh
était comprise par nos Sages du Sanhédrîn et le peuple Juif durant
les temps talmudiques.
Chaque
fois que ce sujet est abordé, trois questions reviennent toujours :
Est-ce
une Halokhoh ?
Doit-on
néanmoins lire le Targoum bien que l'on ne comprenne pas
l'Araméen ?
Est-il
possible de s'acquitter par un autre texte que le Targoum ?
Tout
d'abord, la suite du passage talmudique susmentionné indique
clairement que cette pratique était connue et suivie par
(pratiquement) tous. Deuxièmement, ce que peu savent, c'est que
cette pratique de שנים
מקרא ואחד תרגום « Shénayim
Miqro` Wé`èhod Targoum –
[Lire] deux [fois] l’Écriture et une fois le Targoum »
est bel et bien codifiée comme étant une Halokhoh :
Mishnéh
Tôroh, Hilkhôth Téfilloh Ouvirkhath Kôhanîm 13:25
|
Bien
qu'un homme entende l'intégralité de la Tôroh [lorsqu'elle est
lue] durant toute l'année en public, il a l'obligation de lire
par lui-même, chaque semaine, le Sédèr
de ce Shabboth-là, [en lisant] deux [fois] l’Écriture et une
[fois] le Targoum. Quant au verset qui n'a pas de Targoum, il le
lit trois fois, jusqu'à ce qu'il ait complété ses Parashîyôth
avec la communauté.
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אַף
עַל פִּי שֶׁאָדָם שׁוֹמֵעַ כָּל
הַתּוֹרָה כֻּלָּהּ,
בְּכָל
שְׁנָתוֹ בַּצִּבּוּר,
חַיָּב
לִקְרוֹת לְעַצְמוֹ בְּכָל שָׁבוּעַ
וְשָׁבוּעַ,
סֵדֶר
שֶׁלְּאוֹתָהּ שַׁבָּת--שְׁנַיִם
מִקְרָא,
וְאֶחָד
תַּרְגּוּם;
וּפָסוּק
שְׁאֵין לוֹ תַּרְגּוּם,
קוֹרְאֵהוּ
שְׁלוֹשָׁה פְּעָמִים:
עַד
שֶׁיַּשְׁלִים פָּרָשִׁיּוֹתָיו,
עִם
הַצִּבּוּר
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Shoulhon
'Oroukh, `Ôrah Hayyîm
285:1
|
Bien
qu'un homme entende l'intégralité de la Tôroh chaque Shabboth
dans la communauté, il a l'obligation de lire par lui-même,
chaque semaine, la Poroshoh de cette semaine-là, [en lisant] deux
[fois] l’Écriture et une [fois] le Targoum, même [des versets
comme] « 'Atorôth et Dîvôn »
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אף
על פי שאדם שומע כל התורה כולה כל שבת
בציבור,
חייב
לקרות לעצמו בכל שבוע פרשת אותו שבוע
שנים מקרא ואחד תרגום,
אפילו
עטרות
ודיבון
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Le
terme תרגום
« Targoum »
désigne, dans son sens le plus restreint, l'interprétation
araméenne de l’Écriture (généralement, le Targoum `Ônqélôs),
tandis que dans son sens le plus large il signifie tout simplement
« interprétation », et peut ainsi désigner n'importe
quelle langue. D'où la question : peut-on respecter cette
pratique dans n'importe quelle langue, ou fait-il se tenir à
l'araméen ?
Les
Tôsofôth זצ״ל
rapportent
l'opinion de certains décisionnaires qui soutiennent que le Targoum
peut se faire dans n'importe quelle langue. Après tout, le but même
de cette pratique est d'aider les 'Améi Ho`orès, qui ne
comprennent pas la Langue Sainte, à savoir ce que dit la Tôroh. Or,
de nos jours, la plupart des Juifs ne parlent pas et ne comprennent
pas l'Araméen. De ce fait, avoir recourt à une traduction en
Français semblerait plus logique. Néanmoins, les Tôsofôth
rejettent cette possibilité parce que le Targoum `Ônqélôs n'est
pas seulement une traduction ; c'est une interprétation. Le
Talmoud dit clairement dans le traité Mégîlloh que
sans le Targoum `Ônqélôs, nous serions incapables même de lire
les mots de la Tôroh. Une traduction n'aidera pas, et pourra même
s'avérer trompeuse.
Il y a des mots dans la Tôroh, parfois même des versets entiers,
qu'il nous est tout simplement impossible de comprendre sans le
Targoum `Ônqélôs. Les Tôsofôth concluent, de ce fait, que
l'obligation halakhique du Targoum doit se remplir plus précisément
à travers l'étude du Targoum `Ônqélôs, que l'on devra préférer
à toute autre explication sur la Tôroh.
Mais
une explication n'aide pas non plus si on ne la comprend pas !
Étant donné que nous ne sommes plus familiers avec l'Araméen,
étudier le Targoum `Ônqélôs pourrait s'avérer être une perte de
temps ! En fait, c'est l'une des raisons principales pour
lesquelles cette Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod
Targoum » n'est plus tant respectée.
Le
Rô`sh
זצ״ל
avance,
par conséquent, l'idée selon laquelle étudier le Houmash
avec l'explication de Rashî permet de respecter cette Halokhoh comme
si l'on avait étudié le Houmash avec le Targoum `Ônqélôs,
étant donné que, tout comme le Targoum `Ônqélôs, Rashî explique
pratiquement chaque mot et chaque verset de la Tôroh. Comme les
Tôsofôth, le Rô`sh estime que le but du Targoum n'est pas de
servir de traduction, mais d'explication, et le commentaire de Rashî
זצ״ל
sur
la Tôroh remplit tout autant cette fonction que le Targoum `Ônqélôs,
voire même mieux encore !
Ailleurs,
le Rô`sh démontre que même à un moment donné dans les temps
talmudiques, il y avait des communautés qui ne faisaient plus appel
à un interprète (Métourgéman) pour traduire instantanément la
Tôroh en Araméen. Cela étant le cas, et puisque nous ne comprenons
plus le Targoum de toute façon, il n'est plus nécessaire d'utiliser
particulièrement le Targoum `Ônqélôs pour respecter cette
Halokhoh.
Mais
Rashî lui-même considère clairement l'obligation du Targoum comme
se rapportant à la traduction et non à l'explication. C'est pour
cela qu'il insiste sur le fait de lire chaque semaine le Houmash avec
le Targoum `Ônqélôs. Et même les mots qui ne seraient pas
traduits dans le Targoum `Ônqélôs doivent être lus trois fois
(deux fois en Hébreu et une fois en Araméen), démontrant par-là
que pour lui, l'essentiel est la traduction et non l'explication.
Ainsi, d'après Rashî, même si l'on ne comprend pas l'Araméen,
mais qu'on est capable de le lire, on doit néanmoins lire chaque
verset de la Tôroh dans sa traduction donnée dans le Targoum
`Ônqélôs. D'après Rashî, lire son commentaire sur la Tôroh a la
place du Targoum `Ônqélôs ne permet donc pas de respecter cette
Halokhoh !
On
pourrait s'interroger sur la position de Rashî. Que réalise-t-on en
lisant un texte rédigé dans une langue que l'on ne comprend même
pas ? Le Pérî Mégadîm זצ״ל
explique
la raison de l'obligation de « Shénayim Miqro` Wé`èhod
Targoum » : elle ressemble au moment où HaShem se
révéla à Môshèh Rabbénou ע״ה,
au Don de la Tôroh sur le Har Sinaï, ainsi qu'au Séfèr Dévorîm,
qui est une répétition de la Tôroh. HaShem parla une première
fois, Môshèh Rabbénou répéta mot pour mot ce qu'il avait entendu
d'HaShem du Séfèr Béré`shîth au Séfèr Bémidbor. Puis,
dans le Séfèr Dévorîm, il répéta toute la Tôroh mais avec une
explication. Ainsi, lorsqu'HaShem se révéla à Môshèh Rabbénou,
cela correspond à l'étude personnelle de la Tôroh que nous devons
faire chaque semaine. Lorsque Môshèh Rabbénou répéta devant le
peuple mot pour mot, sans rien ajouter, les paroles qu'il avait
reçues d'HaShem, cela correspond à la lecture publique de la Tôroh
chaque Shabboth à la synagogue. Et lorsqu'il répéta la Tôroh,
mais en accompagnant cette répétition d'une explication, cela
correspond au Targoum ! À travers l'obligation de « Shénayim
Miqro` Wé`èhod Targoum »,
nous reproduisons ce schéma. Cela ne change rien que l'on comprenne
ou pas l'Araméen, tout comme cela ne change rien que l'on comprenne
ou pas le Loshôn Haqqôdèsh lorsque la Tôroh est lue en
public chaque Shabboth. (En fait, beaucoup même ne comprennent rien
du tout à la lecture, car bon nombre de Juifs ne maîtrisent pas du
tout le Loshôn Haqôdèsh.) La langue a une importance
intrinsèque, parce que c'est ainsi que la Tôroh fut donnée. Ainsi,
le Targoum `Ônqélôs, en Araméen, a une énorme importance, même
si vous n'avez aucune idée de ce que vous lisez. Comme l'a dit le
Rov Shémou`él Yéhoudoh Katzenellenbogen
זצ״ל,
l'Araméen est du Loshôn Haqqôdèsh qui s'est corrompu.
Effectivement, la grammaire des deux langues est exactement la même !
Par conséquent, c'est une langue qui doit être traitée avec
respect. C'est une langue sainte, au point que plusieurs parties du
TaNaKh ont été rédigées en Araméen !
Tout
cela nous permet de comprendre l'approche de Rashî, selon qui, même
si l'on ne comprend pas l'Araméen, on doit lire chaque semaine la
Paroshoh en Loshôn Haqqôdèsh dans un Houmash et en
araméen dans le Targoum `Ônqélôs, tout comme, que l'on comprenne
ou pas le Loshôn Haqqôdèsh, la Tôroh est toujours lue en Loshôn
Haqqôdèsh à la synagogue ! Ces langues sont celles de la
révélation aux hommes de la Volonté Divine. Nous devons lire la
Tôroh en Araméen de la même façon qu'elle fut donnée à
l'origine dans cette langue (qui est du Loshôn Haqqôdèsh
qui s'est corrompu).
Pour
revenir et conclure sur la préférence entre Rashî et le Targoum
`Ônqélôs, le Séma''g זצ״ל
suggère
ceci : logiquement parlant, le commentaire de Rashî est
préférable au Targoum `Ônqélôs, mais il fait remarquer que de
nombreux Ri`shônîm insistent pour dire que l'on doit préférer le
Targoum `Ônqélôs à toute autre alternative. Il souligne le fait
que le Targoum est tant chéri par le peuple Juif parce qu'il fut
donné au Har Sinaï et que la pratique de « Shénayim
Miqro` Wé`èhod Targoum »
est une reproduction de cette expérience. Rabbî Yôséf Karo זצ״ל
adopte
une position de compromis, et tranche ceci :
Shoulhon
'Oroukh, `Ôrah Hayyîm
285:2
|
Si
on étudie la Poroshoh avec le commentaire de Rashî, cela a une
importance comparable au Targoum. Mais celui qui craint les Cieux
lira le Targoum, ainsi que le commentaire de Rashî.
|
אם
למד הפרשה בפירוש רש"י
-
חשוב
כמו תרגום.
וירא
שמים יקרא תרגום וגם פירוש רש"י
|
Du
point de vue du Méhabbér, il semble donc que si quelqu'un
n'a le temps dans sa semaine que pour lire soit la Paroshoh avec le
Targoum, soit la Paroshoh avec le commentaire de Rashî, il peut
choisir l'un ou l'autre, car ils ont la même importance. Mais celui
qui est en capacité de faire les deux fera les deux !
Qu'est-ce
que devrait faire quelqu'un qui ne comprend pas même le commentaire
de Rashî ? Comment peut-il respecter la Halokhoh de « Shénayim
Miqro` Wé`èhod
Targoum » ? La réponse dépend de la Mahalôqéth
entre Rashî et les autres Ri`shônîm. D'après Rashî, le Targoum
doit se faire, que l'on comprenne ou pas ce qu'on lit. D'après les
autres, l'objectif du Targoum est d'amener à la compréhension du
texte. Le Tour
זצ״ל
rapporte
lui aussi la Halokhoh de « Shénayim Miqro` Wé`èhod
Targoum », et cite aussi bien les opinions de Rashî que
celles des Tôsofôth, mais conclut que le Minhog des Mahmîrîm
(ceux qui sont stricts et minutieux dans l'accomplissement des
Miswôth) suit l'approche de Rashî, et ils accomplissent donc leur
devoir de Targoum, qu'ils comprennent ou pas le texte qu'ils lisent.
Ainsi, si quelqu'un comprend le commentaire de quelqu'un d'autre (par
exemple, celui du Ramban זצ״ל,
du `Avravan`él זצ״ל,
du Séfath `Èmèth זצ״ל,
du Mé'am Lô'éz, etc.) mieux que celui de Rashî, d'après la
deuxième opinion il ferait mieux d'utiliser ce commentaire plutôt
que celui de Rashî. Le Taz זצ״ל
écrit
lui aussi que l'on peut s'appuyer sur d'autres commentaires que ceux
de Rashî. Mais d'après l'opinion de Rashî, puisque le but n'est
pas la compréhension, mais le fait de simplement lire, la
compréhension n'a pas d'importance.
En
conclusion, peu importe le choix que chacun fera, il y a des
Ri`shônîm sur lesquels s'appuyer. Néanmoins, celui qui craint les
Cieux accomplit les deux options, et lit donc aussi bien le Targoum
`Ônqélôs que le commentaire de Rashî, chaque semaine. Pourquoi ?
Parce que s'il se présente devant le Tribunal Céleste et qu'on lui
demande comment est-ce qu'il respectait la Halokhoh de « Shénayim
Miqro` Wé`èhod Targoum »,
s'il répond qu'il lisait le Houmash avec le commentaire de
Rashî, on lui répondra que même Rashî est d'avis qu'on
n'accomplit pas son obligation en lisant son commentaire ! Et
s'il répond qu'il ne lisait que le Houmash avec le Targoum
`Ônqélôs, on lui dira que s'il aimait tant la Tôroh et qu'il
voulait la comprendre et pas seulement la lire, il aurait également
étudié le commentaire de Rashî !
Nous
devons allier la tradition (lire les textes dans les deux langues
saintes) à la compréhension (lire le commentaire de Rashî ou
d'autres commentateurs) !
Les
Juifs Yéménites, une grande partie du Judaïsme séfarade et
certains milieux Hassidiques suivent encore la pratique de
« Shénayim Miqro` Wé`èhod
Targoum » comme cela se faisait avant, à savoir, ils
lisent la Paroshoh chaque semaine en Loshôn Haqqôdèsh, accompagné
du Targoum `Ônqélôs (et d'autres ajoutent en plus le commentaire
de Rashî, pour satisfaire aux deux opinions). Hereux celui qui s'y
adonne !