samedi 15 novembre 2014

La Havdoloh doit-elle être récitée une seule fois ou deux fois ?

ב״ה

La Havdoloh doit-elle être récitée une seule fois ou deux fois ?


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Il est rapporté ceci dans la Mishnoh1 :

Nous faisons mention des forces des pluies2 dans « Tahiyath Hamméthim »3, de la demande [pour la pluie]4 dans la Birkath Hashonim5, et de la Havdoloh dans « Hônén Haddo´ath »6. Rébbi ´aqivo` dit : « On la dit comme une quatrième bénédiction en elle-même »7. Rébbi `ali´azar dit « [On la dit] dans [la bénédiction de la] Hôdho`oh »8.
מַזְכִּירִין גְּבוּרוֹת גְּשָׁמִים - בִּתְחִיַּת הַמֵּתִים. וְשׁוֹאֲלִין הַגְּשָׁמִים - בְּבִרְכַּת הַשָּׁנִים. וְהַבְדָּלָה בְּחוֹנֵן הַדָּעַת. רַבִּי עֲקִיבָא אוֹמֵר, אוֹמְרָהּ בְּרָכָה רְבִיעִית בִּפְנֵי עַצְמָהּ. רַבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר, בְּהוֹדָאָה

Nous voyons de cette Mishnoh que la Havdoloh était, à l'origine, récitée dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth, et non à la maison sur une coupe de vin. (On nous racontera plus tard comment est-ce qu'on en est arrivé à faire la Havdoloh à la maison sur une coupe de vin.) Mais il y a une divergence quant à savoir dans quelle bénédiction de la ´amidhoh la Havdoloh devrait précisément être récitée. Trois opinions sont rapportées dans la Mishnoh :

  1. Celle du Tanno` Qammo`9, qui préconise de l'insérer dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh, qui concerne la sagesse.
  2. Celle de Rébbi ´aqivo` ז״ל, qui préconise de la réciter comme une bénédiction à part entière après les trois premières bénédictions de la ´amidhoh, et donc avant celle qui est normalement la quatrième bénédiction (qui devient donc, du coup, la cinquième).
  3. Celle de Rébbi `ali´azar ז״ל, qui préconise de l'insérer dans l'avant-dernière bénédiction de la ´amidhoh, qui concerne les remerciements à l'égard d'HaShem ית׳.

La Gamoro`10 de cette Mishnoh explique alors les trois positions :

  1. La Gamoro` explique qu'en réalité, les Hommes de la Grande Assemblée, qui sont à l'origine de la pratique de la Havdoloh, ont inséré la Havdoloh dans la quatrième bénédiction. Et telle est la Halokhoh, et c'est pourquoi la Havdoloh est récitée, jusqu'à aujourd'hui, dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh de Môso`é Shabboth. La Gamoro` propose deux opinions pour expliquer pourquoi les Hommes de la Grande Assemblée choisirent précisément d'insérer la Havdoloh à cet endroit et pas ailleurs. La première opinion citée est celle de Rov Yôséf ז״ל, qui est d'avis que la Havdoloh fut insérée là, parce qu'elle est une sorte de sagesse11. La deuxième opinion est celle des Rabbonim, qui disent : מתוך שהיא חול לפיכך קבעוה בברכת חול « Puisqu'elle fait mention de ce qui est profane, elle fut insérée dans la bénédiction des jours profanes ». En d'autres mots, puisque dans la Havdoloh on fait mention d'une séparation entre le saint et le profane (le saint étant le Shabboth et le profane les jours de semaine), il convient d'insérer la Havdoloh dans la quatrième bénédiction, qui est la première bénédiction des jours profanes (puisque cette bénédiction n'est pas récitée à Shabboth).
  2. La Gamoro` s'oppose vigoureusement à la position de Rébbi ´aqivo`, car cela équivaudrait à ajouter une bénédiction supplémentaire à la ´amidhoh, alors que les Hommes de la Grande Assemblée ont institué dix-huit bénédictions, et non dix-neuf !
  3. La Gamoro` explique que l'opinion de Rébbi `ali´azar ne concernait pas la Havdoloh récitée dans la ´amidhoh des Shabbothôth ordinaires, mais dans la ´amidhoh des Shabbothôth qui sont suivies d'un Yôm Tôv. En d'autres mots, pour Rébbi `ali´azar, lorsqu'un Shabboth est suivi d'un jour profane, la Havdoloh se récitera bien dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh. Par contre, lorsqu'un Shabboth est suivi d'un Yôm Tôv, la Havdoloh devra alors être récitée dans l'avant-dernière bénédiction de la ´amidhoh (la sixième), puisque les jours de Yôm Tôv il n'y a pas dix-huit bénédictions, mais sept, et qu'il est donc impossible de réciter la Havdoloh dans la quatrième bénédiction, qui n'est ni récitée à Shabboth ni à Yôm Tôv. Par conséquent, des sept bénédictions qui restent, la sixième est la plus appropriée pour faire la Havdoloh dans la ´amidhoh de Yôm Tôv qui tombe à la fin de Shabboth.12 La Gamoro` tranche que la Halokhoh suit Rébbi `ali´azar, ou que, du moins, nous sommes enclins à trancher comme lui. Il est étrange de voir que pratiquement aucun Juif d'aujourd'hui ne le fait !

Qu'avons-nous appris jusqu'ici ?

  1. À l'origine, la Havdoloh fut instituée pour être récitée dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth.
  2. Lors d'un Môso`é Shabboth qui est un jour ordinaire de la semaine (c'est-à-dire, aucun Yôm Tôv ne tombe Samedi soir), la Havdoloh doit être récitée dans la quatrième bénédiction, celle de « Hônén Haddo´ath ».
  3. Par contre, lorsqu'un Yôm Tôv tombe un Môso`é Shabboth, la Havdoloh devra alors être récitée dans l'avant-dernière bénédiction, celle de « Hôdho`oh ».

La Gamoro` ajoute l'explication suivante :

Rov Shaman bar `abbo` a dit à Rébbi Yôhonon : « Voyons voir : Ce furent les Hommes de la Grande Assemblée qui instituèrent eux-mêmes pour [le peuple d']Israël des Barokhôth, des Tafillôth, des Qadhôshôth13 et des Havdolôth. Où les ont-ils instituées ? »14 Il lui dit : « À l'origine, elle15 fut fixée dans la Tafilloh16. Lorsqu'ils17 s'enrichirent, elle fut fixée sur la coupe [de vin]18. Lorsqu'ils s'appauvrirent, ils firent marche arrière et elle fut [à nouveau] fixée dans la Tafilloh, et ils19 dirent que celui qui a séparé20 dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe21 ». Il a été dit ceci : Rébbi Hiyo` bar `abbo` a dit au nom de Rébbi Yôhonon : « Les Hommes de la Grande Assemblée instituèrent eux-mêmes pour [le peuple d']Israël des Barokhôth, des Tafillôth, des Qadhôshôth et des Havdolôth. À l'origine, ils la fixèrent dans la Tafilloh. Lorsqu'ils s'enrichirent, elle fut fixée sur la coupe. Lorsqu'ils s'appauvrirent à nouveau, elle fut fixée dans la Tafilloh, et ils dirent que celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe ». Il a été dit ceci : Rabboh et Rov Yôséf ont tous les deux dit : « Celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe ». Ravo` a dit : « On peut objecter contre cette règle [de la manière suivante] : si un homme a oublié et n'a pas mentionné les forces des pluies dans [la bénédiction de] Tahiyath Hamméthim, ou la demande [des pluies] dans la Birkath Hashonim, ils le font recommencer22, alors que [s'il a oublié de mentionner] la Havdoloh dans [la bénédiction de] Hônén Haddo´ath, ils ne le font pas recommencer parce qu'il peut la dire sur la coupe !23 » Ne lis pas « parce qu'il peut la dire sur la coupe », mais lis [plutôt] « parce qu'il la dit sur la coupe ».24 Il a été dit ceci : Rébbi Binyomin bar Yéfath a dit : « Rébbi Yôsé a interrogé Rébbi Yôhonon a Sidhon (d'autres disent que c'est Rébbi Shim´ôn ban Ya´aqôv, de Sour, qui a questionné Rébbi Yôhonon) : ''Mais j'ai entendu que celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe. [Est-ce ainsi] ou pas ?''25 Il lui a dit : ''Il doit la dire sur la coupe !'' »26 La question [suivante] fut soulevée : Celui qui a séparé sur la coupe devra-t-il séparer [à nouveau] dans la Tafilloh ?27 Rov Nahmon bar Yishoq a dit : « [Nous déduisons la réponse d'un] Qal Wahômar28 à partir du cas de la Tafilloh. [La Havdoloh] fut, dans son essence, instituée pour la Tafilloh29. Et il a pourtant été dit que celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe. N'est-il donc pas logique d'affirmer que celui qui a séparé sur la coupe, alors que, dans son essence, elle ne fut pas instituée [sur la coupe], ne reçoit pas toute la récompense ?30 » Rov `aho` le Long31 récita ceci devant Rov Hanino` : « Celui qui a séparé dans la Tafilloh est plus digne de louange que celui qui séparera sur la coupe.32 Et s'il sépare dans celui-ci et dans celui-là33, que des bénédictions puissent reposer sur sa tête !34 » Cette déclaration contient une contradiction. Il dit que « celui qui a séparé dans la Tafilloh est plus digne de louange que celui qui séparera sur la coupe », ce qui montrerait que séparer uniquement dans la Tafilloh est suffisant. Et il enseigne ensuite que « s'il sépare dans celui-ci et dans celui-ci, que des bénédictions puissent reposer sur sa tête ». Mais étant donné qu'il l'a déjà faite une fois, il est quitte, tandis que la seconde fois est une bénédiction qui n'est pas nécessaire, et Rov, et d'autres disent Résh Laqqish, et d'autres disent Rébbi Yôhonon et Résh Laqqish, ont dit : « Quiconque récite une bénédiction qui n'est pas nécessaire transgresse le commandement de ''Tu n'invoqueras pas, etc.''35 » Lis plutôt : « Et s'il sépare dans celui-ci ou dans celui-là, que des bénédictions puissent reposer sur sa tête »36. Rov Hisdo` s'est enquis auprès de Shashath : « S'il a oublié dans celui-ci ou dans celui-là37, que doit-il faire ? » Il lui a dit : « S'il a oublié dans celui-ci ou dans celui-là, il recommence depuis le début ».38 Ravino` a dit à Ravo` : « Quelle est la Halokhoh ? »39 Il lui a dit : « La même que dans le cas du Qiddoush ! Tout comme dans [cas du] Qiddoush, bien qu'il ait sanctifié40 dans la prière, il sanctifie [aussi] sur la coupe. De même en est-il de la Havdoloh : bien qu'il ait séparé dans la prière, il sépare [aussi] sur la coupe ! »
אמר ליה רב שמן בר אבא לרבי יוחנן מכדי אנשי כנסת הגדולה תקנו להם לישראל ברכות ותפלות קדושות והבדלות נחזי היכן תקון אמר ליה בתחלה קבעוה בתפלה העשירו קבעוה על הכוס הענו חזרו וקבעוה בתפלה והם אמרו המבדיל בתפלה צריך שיבדיל על הכוס איתמר נמי אמר רבי חייא בר אבא אמר רבי יוחנן אנשי כנסת הגדולה תקנו להם לישראל ברכות ותפלות קדושות והבדלות בתחלה קבעוה בתפלה העשירו קבעוה על הכוס חזרו והענו קבעוה בתפלה והם אמרו המבדיל בתפלה צריך שיבדיל ראל ברכות ותפלות קדושות והבדלות בתחלה קבעוה בתפלה העשירו קבעוה על הכוס חזרו והענו קבעוה בתפלה והם אמרו המבדיל בתפלה צריך שיבדיל על הכוס איתמר נמי רבה ורב יוסף דאמרי תרוייהו המבדיל בתפלה צריך שיבדיל על הכוס אמר רבא ומותבינן אשמעתין טעה ולא הזכיר גבורות גשמים בתחיית המתים ושאלה בברכת השנים מחזירין אותו והבדלה בחונן הדעת אין מחזירין אותו מפני שיכול לאומרה על הכוס לא תימא מפני שיכול לאומרה על הכוס אלא אימא מפני שאומרה על הכוס איתמר נמי אמר רבי בנימין בר יפת שאל רבי יוסי את רבי יוחנן בצידן ואמרי לה רבי שמעון בן יעקב דמן צור את רבי יוחנן ואנא שמעית המבדיל בתפלה צריך שיבדיל על הכוס או לא ואמר ליה צריך שיבדיל על הכוס איבעיא להו המבדיל על הכוס מהו שיבדיל בתפלה אמר רב נחמן בר יצחק קל וחומר מתפלה ומה תפלה דעיקר תקנתא היא אמרי המבדיל בתפלה צריך שיבדיל על הכוס המבדיל על הכוס דלאו עיקר תקנתא היא לא כל שכן תני רב אחא אריכא קמיה דרב חיננא המבדיל בתפלה משובח יותר ממי שיבדיל על הכוס ואם הבדיל בזו ובזו ינוחו לו ברכות על ראשו הא גופא קשיא אמרת המבדיל בתפלה משובח יותר ממי שיבדיל על הכוס אלמא תפלה לחודה סגי והדר תני אם הבדיל בזו ובזו ינוחו לו ברכות על ראשו וכיון דנפיק ליה בחדא אפטר והויא ברכה שאינה צריכה ואמר רב ואיתימא ריש לקיש ואמרי לה רבי יוחנן וריש לקיש דאמרי תרוייהו כל המברך ברכה שאינה צריכה עובר משום לא תשא אלא אימא הכי אם הבדיל בזו ולא הבדיל בזו ינוחו לו ברכות על ראשו בעא מיניה רב חסדא מרב ששת טעה בזו ובזו מהו אמר ליה טעה בזו ובזו חוזר לראש אמר ליה רבינא לרבא הלכתא מאי אמר ליה כי קידוש מה קידוש אף על גב דמקדש בצלותא מקדש אכסא אף הבדלה נמי אף על גב דמבדיל בצלותא מבדיל אכסא

Bien que la quasi-totalité des Juifs d'aujourd'hui suivent l'opinion de Ravo` ז״ל, et récitent donc deux fois la Havdoloh, une première fois dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth41, et une seconde fois lors du rituel de la Havdoloh sur la coupe, ce n'est pas l'opinion partagée par tous. Depuis les temps talmudiques jusqu'à l'ère des Ri`shônim, différentes pratiques existaient au sein des communautés juives, et les débats faisaient rage.

Comme nous pouvons le voir dans le passage susmentionné, cette question ne fut jamais tranchée. Du temps de la Grande Assemblée, une seule pratique existait : on faisait la Havdoloh dans la Tafilloh. Par la suite, différentes pratiques se sont développées et des divergences sont nées. En voici le résumé :

  1. Réciter la Havdoloh dans la Tafilloh de Môso`é Shabboth suffit, car à l'origine la Havdoloh n'était récitée que dans la Tafilloh.
  2. Réciter la Havdoloh uniquement dans la Tafilloh de Môso`é Shabboth ne suffit pas, car une fois qu'il fut institué qu'elle devait également être récitée sur une coupe de vin, il convient de garder cette pratique également, et donc de réciter deux fois la Havdoloh.
  3. Réciter la Havdoloh à Môso`é Shabboth uniquement sur une coupe de vin suffit, car l'important consiste à avoir récité la Havdoloh, peu importe qu'à l'origine elle fut instituée pour être récitée dans la Tafilloh.
  4. Il est permis de choisir de ne réciter la Havdoloh qu'une seule fois. Il faudra, de préférence, choisir de la réciter dans la Tafilloh, étant donné que c'est là qu'elle fut instituée à l'origine. Mais si on choisit de la réciter uniquement sur une coupe de vin, ce n'est pas un problème.
  5. Que l'on choisisse de réciter la Havdoloh dans la Tafilloh ou sur une coupe de vin, on ne la récitera qu'une seule fois et non deux, car la deuxième récitation est une bénédiction récitée pour rien, puisqu'on s'est déjà acquitté de son devoir par la première récitation.

Mais contrairement à ce qui se fait aujourd'hui, il est en réalité fort probable que la conclusion de la Gamoro` soit qu'une seule Havdoloh est nécessaire. Comment pouvons-nous le déduire ? Du fait que la seule opinion à laquelle la Gamoro` elle-même répond (sans dire que cela vient de Rébbi Untel ou de Rébbi Untel) est celle de Rov `aho` le Long ז״ל. Ce dernier a déclaré : « Celui qui a séparé dans la Tafilloh est plus digne de louange que celui qui séparera sur la coupe. Et s'il sépare dans celui-ci et dans celui-là, que des bénédictions puissent reposer sur sa tête ! ». La Gamoro` décide elle-même de répondre à cette affirmation en signalant qu'elle contient en elle-même une contradiction, car la première partie implique que réciter la Havdoloh dans la Tafilloh est la meilleure pratique, tandis que la deuxième partie implique qu'il est préférable de réciter deux fois la Havdoloh. La Gamoro` elle-même fait alors remarquer que cette lecture ne peut être correcte, parce que si l'on estime que réciter deux fois la Havdoloh est la meilleure pratique, on pourrait en fait être en train de transgresser l'interdiction d'employer le Nom d'HaShem pour rien, car dès lors qu'on a récité la Havdoloh une fois, la deuxième fois n'est plus nécessaire et pourrait donc être une bénédiction en vain ! C'est pourquoi, la Gamoro` elle-même conclut que le Wow conjonctif de cette déclaration ne doit pas se comprendre comme un « et » mais bien comme un « ou », ce qui fait que la phrase doit plutôt se comprendre de la façon suivante : « Celui qui a séparé dans la Tafilloh est plus digne de louange que celui qui séparera sur la coupe. Et s'il sépare dans celui-ci ou dans celui-là, que des bénédictions puissent reposer sur sa tête ! ». En d'autres mots, bien qu'il soit préférable de privilégier la récitation de la Havdoloh dans la Tafilloh plutôt que sur la coupe de vin, on est libre de choisir de la réciter dans la Tafilloh ou sur la coupe. C'est-à-dire, une seule fois ! Le fait que ce soit la Gamoro` elle-même, et non Rébbi Untel ou Rébbi Untel, qui développe ce raisonnement indique que c'est derrière cette opinion qu'il faudrait s'aligner.

On pourrait alors se poser la question suivante : si l'opinion de la Gamoro` est qu'effectivement il ne faudrait réciter la Havdoloh qu'une seule fois, et que l'on serait libre de choisir où la réciter (dans la Tafilloh ou sur la coupe de vin), pourquoi est-il dit « et ils dirent que celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe » ? Cela n'indique-t-il pas que ce sont les Rabbins eux-mêmes qui ont décrété que la Havdoloh devait être récitée deux fois et que telle est la Halokhoh ? Absolument pas, car si c'est ce que voulait nous dire cette phrase, il n'y aurait alors pas eu tout le débat qui a suivi ! Le « ils dirent » ne doit pas se comprendre comme voulant dire « les Rabbins dirent », mais plutôt « des Rabbins dirent ». C'était l'opinion de certains rabbins, qui la suggérèrent afin d'empêcher que la pratique ne change en fonction de la situation économique des Israélites.

En effet, le vin pouvait coûter très cher, et du temps des Hommes de la Grande Assemblée, les Israélites ne jouissaient pas d'une condition financière réjouissante. Par conséquent, les Hommes de la Grande Assemblée, lorsqu'ils mirent en place le principe de la Havdoloh pour conclure le Shabboth, instituèrent que la formule de clôture du Shabboth soit récitée dans la Tafilloh, n'imposant donc pas ainsi au peuple le lourd fardeau de devoir acquérir du vin. Plus tard, lorsque la situation économique des Israélites s'améliora, et que la majorité d'entre eux avaient les moyens d'acheter du vin, on annula la pratique consistant à réciter la Havdoloh dans la Tafilloh pour la remplacer par la pratique consistant à réciter la Havdoloh sur du vin. Mais plus tard encore, la situation financière des Israélites redevint déplorable, et c'est pourquoi, pour ne pas les accabler, on réinstaura la pratique consistant à réciter la Havdoloh dans la Tafilloh plutôt que sur une coupe de vin. Mais pour que la pratique ne dépende plus de la condition économique des Israélites, des Rabbins tranchèrent que « celui qui a séparé dans la Tafilloh devra séparer [à nouveau] sur la coupe ». Du contexte, nous comprenons que ce qu'ils voulaient dire est ceci « celui qui a récité la Havdoloh dans la Tafilloh, s'il en a les moyens, il devra séparer [à nouveau] sur la coupe », faisant ainsi deux fois la Havdoloh, tandis que s'il n'en avait pas les moyens, réciter la Havdoloh dans la Tafilloh sera suffisant ! Et le débat qui suit montre que ce n'était pas l'opinion des Rabbins, mais de certains Rabbins, car d'autres étaient d'accord sur le principe de réciter deux fois la Havdoloh, tandis que d'autres s'opposaient à ce principe, que l'on ait ou pas les moyens d'acquérir du vin.

Nous pouvons donner un argument supplémentaire pour appuyer le fait qu'une seule Havdoloh est nécessaire : Du temps des Hommes de la Grande Assemblée et du Sanhédhrin, lorsqu'ils annulèrent la pratique consistant à réciter la Havdoloh dans la Tafilloh pour la remplacer par celle consistant à la réciter sur une coupe de vin (parce que le peuple avait à présent les moyens d'acheter du vin), ils n'ont donc pas maintenu la récitation de la Havdoloh dans la Tafilloh, indiquant par-là qu'une seule Havdoloh était nécessaire ! Ce furent seulement des Rabbins venus après le Sanhédhrin qui décidèrent de combiner les deux, mais les Hommes de la Grande Assemblée et le Sanhédhrin instituèrent toujours soit l'un, soit l'autre, c'est-à-dire, soit la récitation de la Havdoloh dans la Tafilloh lorsqu'on ne pouvait pas se permettre d'avoir du vin, soit la récitation de la Havdoloh sur du vin lorsqu'on pouvait se permettre d'en avoir, mais ils n'ont jamais combiné les deux ensemble, même lorsqu'on avait les moyens d'acquérir du vin ! Cela explique donc pourquoi la Gamoro` a pris la peine d'expliquer les propos de Rov `aho` le Long, nous indiquant par-là que c'est bien l'opinion de la Gamoro` !

Pour démontrer davantage l'absurdité de la pratique majoritaire d'aujourd'hui, qui consiste à réciter deux fois la Havdoloh (une première fois en priant Ma´ariv, et une seconde fois sur la coupe de vin), notons que le Hatho''m Sôfér ז״ל écrit42 que celui qui prévoit de réciter la Havdoloh sur la coupe de vin n'accomplit même pas son devoir lorsqu'il aura récité au préalable la Havdoloh dans la Tafilloh ! Pourquoi ? Il écrit que bien que la Havdoloh fut récitée dans la Tafilloh, le fait que la personne ait prévu de la réciter à nouveau plus tard sur du vin, est un indicateur que son intention explicite est de ne pas accomplir son obligation par sa récitation faite durant la prière. Or, toute Miswoh qu'un individu accomplit avec une intention claire de ne pas accomplir son obligation, est une Miswoh qui n'a aucune valeur ! Par conséquent, il ne sert absolument à rien de réciter la Havdoloh dans la Tafilloh si on a l'intention d'accomplir son devoir de Havdoloh lorsqu'on la récitera sur du vin ! Ou bien on estime qu'on a accompli son devoir de Havdoloh lorsqu'on l'a récitée dans la Tafilloh, et alors on ne la récitera pas à nouveau sur du vin, ou bien on estime qu'on accomplit son devoir de Havdoloh en la récitant sur du vin, et alors on ne la récitera pas dans la Tafilloh !

Cela pourrait surprendre de nombreuses personnes, mais les mêmes principes s'appliquent au Qiddoush du Vendredi soir ! En effet, tout comme ils récitent deux fois la Havdoloh, l'écrasante majorité des Juifs d'aujourd'hui récitent deux fois le Qiddoush, une première fois à la synagogue (ou à la maison, s'ils prient chez eux) durant la ´amidhoh du Vendredi soir43, et une seconde fois sur la coupe de vin lorsqu'ils rentrent chez eux. Or, voici ce que nous dit le Talmoudh44 :

Quant aux fils de l'Homme qui sanctifient à la synagogue45, Rov a dit : « Ils ne sont pas quitte de leur devoir par rapport au vin, mais ils sont quitte de leur devoir par rapport au Qiddoush ! ». Mais Shamou`él a dit : « Ils ne sont pas même quitte de leur devoir par rapport au Qiddoush ! ». Ainsi, d'après Rov, pourquoi sanctifie-t-il46 dans sa maison ? [Il le fait] afin d'acquitter [de leur obligation] ses enfants et les gens de sa maison ! Et d'après Shamou`él, pourquoi sanctifie-t-il à la synagogue ? [Il le fait] afin d'acquitter de leur obligation les voyageurs, car ils mangent, boivent et dorment dans la synagogue !47 Shamou`él est donc cohérent avec son opinion, car Shamou`él a dit : « Il n'y a de Qiddoush qu'à l'endroit du repas ! »48
אותם בני אדם שקידשו בבית הכנסת אמר רב ידי יין לא יצאו ידי קידוש יצאו ושמואל אמר אף ידי קידוש לא יצאו אלא לרב למה ליה לקדושי בביתיה כדי להוציא בניו ובני ביתו ושמואל למה לי לקדושי בבי כנישתא לאפוקי אורחים ידי חובתן דאכלו ושתו וגנו בבי כנישתא ואזדא שמואל לטעמיה דאמר שמואל אין קידוש אלא במקום סעודה

Ce passage de la Gamoro` est plus que clair et ne nécessite pas de commentaires. Mais au cas où certains n'auraient pas bien compris, voici ce qu'il nous enseigne : la Gamoro` s'interroge sur une pratique étrange observée dans certaines synagogues, dans certaines circonstances. Contrairement à la Havdoloh qui fut instituée à l'origine pour être récitée dans la Tafilloh, et non sur une coupe de vin, le Qiddoush fut institué à l'origine pour être récité sur une coupe de vin, et non dans la Tafilloh. Mais on pouvait observer que dans certaines synagogues et circonstances, le Shaliah Sibbour insérait le Qiddoush dans la ´amidhoh du Vendredi soir. D'où la question suivante : s'acquitte-t-on de son devoir de faire le Qiddoush par cette récitation, ou faudra-t-il à nouveau refaire le Qiddoush avant de boire du vin ? C'est exactement la même question que nous avons traitée plus haut, concernant la Havdoloh !

La Gamoro` offre deux réponses : la première est celle de Rov ז״ל, qui dit que l'on est bien quitte de son devoir du Qiddoush (c'est-à-dire, d'avoir sanctifié le Shabboth par des paroles), mais qu'une fois rentré à la maison, il faudra refaire le Qiddoush sur le vin. La seconde est celle de Shamou`él ז״ל, qui dit que même par rapport à son devoir de sanctifier le Shabboth par des paroles on n'est pas quitte de son obligation avec ce Qiddoush récité dans la prière. La Gamoro` s'interroge alors sur la position de l'un et de l'autre, car si c'est bien ce qu'ils veulent dire, il y a alors une contradiction dans chaque position.

Si d'après Rov le Shaliah Sibbour est quitte de son obligation d'avoir sanctifié le Shabboth en ayant récité le Qiddoush dans la ´amidhoh du Vendredi soir, pourquoi est-ce qu'alors une fois rentré chez lui, il devra refaire le Qiddoush avant la consommation du vin ? La Gamoro` explique qu'en réalité, Rov n'a exigé de sa part qu'il refasse le Qiddoush sur le vin, non pas pour s'acquitter à nouveau de son devoir, puisqu'il est déjà quitte, mais uniquement pour acquitter sa femme, ses enfants et les membres de sa maison qui ne s'étaient pas rendus à la synagogue et n'ont donc pas entendu le Qiddoush !

Quant à la position de Shamou`él, si d'après lui le Shaliah Sibbour n'est pas du tout quitte de son devoir de sanctifier le Shabboth lorsqu'il a récité le Qiddoush dans sa ´amidhoh à voix haute du Vendredi soir, comment cela se fait-il alors qu'il l'ait récité ? La Gamoro` explique que si le Shaliah Sibbour a inséré le Qiddoush dans sa ´amidhoh à voix haute du Vendredi soir, ce n'était pas pour s'acquitter de son devoir, mais pour acquitter les voyageurs. En effet, dans les temps talmudiques, les synagogues étaient dotés de pièces pour accueillir les gens de passages, qui étaient venus de loin, afin qu'ils aient où dormir. Et c'est aussi dans ces pièces-là de la synagogue que ces gens de passage prenaient leurs repas. Puisque d'après Shamou`él on ne peut s'acquitter de son devoir du Qiddoush qu'en le récitant là où l'on prendra son repas, mais qu'une règle veut qu'un Israélite a le pouvoir d'acquitter d'autres Israélites de leurs obligations en récitant, par exemple, pour eux des bénédictions (et ceux qui écoutent répondent alors אמן « `omén »), le Shaliah Sibbour récitait le Qiddoush dans son ´amidhoh à voix haute, non pas pour s'acquitter de son devoir de sanctifier le Shabboth, mais pour acquitter ses étrangers ou gens de passage, qui allaient manger et boire dans la synagogue, mais qui ne savaient pas réciter eux-mêmes le Qiddoush ! Ainsi, une fois que la prière serait achevée, ces gens de passage pourraient passer directement à table sans faire au préalable le Qiddoush !

De ce passage susmentionné, nous pouvons apprendre donc de très nombreuses informations importantes :

  1. Tout comme la Havdoloh qui, bien qu'elle fut instituée à l'origine pour n'être récitée que dans la ´amidhoh, peut également être récitée sur une coupe de vin si on le souhaite, de même en est-il du Qiddoush. Bien qu'il fut institué pour être récité sur une coupe de vin, on pourrait également, d'après Rov, s'acquitter de son devoir du Qiddoush en le récitant dans la ´amidhoh.
  2. Tout comme la Havdoloh ne doit être récitée qu'une seule fois, le Qiddoush aussi ne doit être récité qu'une seule fois. D'après Rov, cela ne peut se faire soit qu'à la synagogue dans le cadre de la prière, soit qu'à la maison dans le cadre du repas de Shabboth. Par contre, d'après Shamou`él, le Qiddoush ne peut être récité que dans le cadre du repas de Shabboth, et non dans le cadre de le prière. Cette divergence provient du fait de savoir si prendre un repas est obligatoire pour sanctifier le Shabboth, ou est-ce que la sanctification du Shabboth n'est pas dépendante d'un repas mais des paroles de notre bouche. Si on est de la première opinion, le Qiddoush ne pourra être récité que dans le cadre d'un repas ou à l'endroit où l'on compte prendre son repas. Par contre, si l'on penche vers la deuxième opinion, puisque la sanctification du Qiddoush s'opère par les paroles de la bouche, réciter le Qiddoush dans la prière suffit pour être quitte.
  3. Néanmoins, puisqu'un Israélite a le pouvoir d'acquitter de leurs obligations d'autres Israélites, bien que Rov et Shamou`él soient d'accord sur le fait que le Qiddoush ne doive être récité qu'une seule fois, ils permettent tous les deux de le réciter à nouveau si la situation l'exige !
  • Ainsi, d'après Rov, quand le Shaliah Sibbour rentrera chez lui, bien qu'il se soit lui-même déjà acquitté de son devoir de sanctifier le Shabboth dans la prière, il pourra réciter le Qiddoush une seconde fois pour acquitter de leur obligation ceux de sa maison qui n'ont pas prié Ma´ariv (une prière qui n'est pas obligatoire pour les femmes, d'où le fait que les femmes ne se rendaient pas à la synagogue le Vendredi soir).
  • Tandis que d'après Shamou`él, puisque le Qiddoush ne peut être récité que dans le cadre d'un repas et à l'endroit où le repas sera pris, le Shaliah Sibbour, s'il y a des gens de passage dans la communauté qui vont dormir dans la synagogue et qu'ils ne savent pas réciter le Qiddoush, puisque après la prière ils n'auront plus personne pour les acquitter de leur obligation, il pourra réciter le Qiddoush dans sa ´amidhoh à voix haute afin de les acquitter de leur devoir, de sorte qu'une fois la prière terminé et que les fidèles seront partis, ces gens de passage pourront prendre leur repas sans réciter le Qiddoush. Par contre, puisque sa récitation du Qiddoush dans la ´amidhoh ne peut l'acquitter, parce qu'il ne comptait pas manger à la synagogue, quand il rentrera chez lui pour manger il récitera à nouveau le Qiddoush.

Ainsi, la pratique actuelle qui consiste à réciter deux fois le Qiddoush est erronée, aussi bien du point de vue de Rov que de celui de Shamou`él. Pour Rov, à moins de devoir acquitter son épouse et ses enfants qui n'auraient pas encore sanctifié le Shabboth, l'homme qui a récité le Qiddoush dans sa ´amidhoh du Vendredi soir à la synagogue ne devra pas le réciter à nouveau en rentrant à la maison. S'il n'a personne à acquitter dans sa maison, il fera donc uniquement la bénédiction de בורא פרי הגפן « Bôré` Parî Haggafan/Haggofan » avant de boire du vin, mais pas la formule du Qiddoush. Or, à notre époque, bien que les femmes n'aient pas l'obligation de prier Ma´ariv et de se rendre à la synagogue pour les prières du Vendredi soir, de nombreuses femmes prient bel et bien Ma´ariv du Vendredi soir chez elles, ou se rendent à la synagogue pour les prières du Vendredi soir. Par conséquent, lorsqu'un homme est allé à la synagogue le Vendredi soir avec sa femme et ses enfants, ou qu'il sait que sa femme et ses enfants ont prié Ma´ariv à la maison tandis qu'il était à la synagogue, il n'a pas à réciter à nouveau le Qiddoush en rentrant à la maison (il ne fera que la bénédiction du vin et du pain, mais pas le Qiddoush). Tandis que pour Shamou`él, le Qiddoush n'est valable que s'il est récité dans le cadre du repas de Shabboth ou à l'endroit où le repas sera pris. Or, pratiquement personne ne reste à la synagogue manger après la Tafilloh du Vendredi soir, puisque les gens rentrent généralement manger chez eux ou chez des amis, et récitent donc à nouveau le Qiddoush chez eux ou l'écoutent dans la maison de leurs hôtes. Ainsi, même d'après Shamou`él, leur premier Qiddoush récité à la synagogue est donc une bénédiction récitée en vain, puisqu'ils ont récité le Qiddoush à l'endroit où ils ne comptaient pas manger !

Dans son Mishnoh Barouroh, le Hofès Hayim ז״ל suit une approche différente de celle du Hatho''m Sôfér et semble même se contredire sur ces sujets. Dans les Hilkôth Qiddoush 271:2, il cite l'opinion du Moghén `avrohom ז״ל, qui a tranché que l'on est quitte de son devoir d'avoir sanctifié le Shabboth lorsqu'on a récité le Qiddoush dans la prière du Vendredi soir, et qu'il ne sera donc pas nécessaire de le réciter à nouveau avant de prendre le repas du Shabboth. Mais le Hofès Hayim rejette catégoriquement cette position parce que celui qui récite le Qiddoush dans la ´amidhoh a généralement l'intention de s'acquitter de son devoir avec le Qiddoush qu'il fera à la maison avant de manger (utilisant en ce sens l'argument donné par le Hatho''m Sôfér concernant la Havdoloh). Ainsi, le premier Qiddoush récité dans la prière du Vendredi soir l'a été en vain et on n'accomplit donc pas son devoir par ce Qiddoush. Par contre, dans les Hilkôth Havdoloh 296:1, il tranche clairement que l'on accomplit son devoir de Havdoloh lorsqu'on l'a récitée dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth, même si on avait l'intention d'accomplir son devoir sur une coupe de vin. La contradiction est évidente : si le fait d'avoir l'intention d'accomplir son devoir du Qiddoush en le récitant sur le vin disqualifie le Qiddoush récité dans la ´amidhoh, pourquoi n'en serait-il pas de même avec la Havdoloh récitée dans la ´amidhoh lorsqu'on compte s'acquitter de son devoir par la Havdoloh sur la coupe de vin ?

En réalité, le Hofès Hayim ne s'est pas du tout contredit ! Alors que le décret d'origine du Qiddoush consistait à le réciter sur une coupe de vin, celui de la Havdoloh consistait à ce qu'elle soit récitée dans la ´amidhoh. Ce n'est qu'à des époques prospères, où il n'y a pas de difficulté à acheter du vin, qu'il fut demandé de réciter la Havdoloh sur une coupe de vin. Pour le Hofès Hayim, il est évident que celui qui récite le Qiddoush dans la ´amidhoh du Vendredi soir a l'intention d'accomplir son devoir par la récitation qu'il fera plus tard sur le vin, puisque c'est la meilleure façon d'accomplir la Miswoh et que c'est ainsi que cette Miswoh fut instituée. Ainsi, sa récitation du Qiddoush dans la ´amidhoh ne sert à rien ! Par contre, s'agissant de la Havdoloh, le décret d'origine était que la Havdoloh doive être récitée dans la ´amidhoh. Par conséquent, quand bien même il aurait l'intention d'accomplir son devoir avec la Havdoloh récitée sur la coupe de vin, dès l'instant où il l'a récitée dans la ´amidhoh il a accompli son obligation. Et dans ce cas-là, c'est sa deuxième récitation de la Havdoloh qui ne sert à rien !

En résumé :

  • La Havdoloh fut instituée pour être récitée dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh de Môso`é Shabboth. Par contre, lorsqu'un Yôm Tôv tombe un Samedi soir, il est préférable que la Havdoloh soit récitée dans la sixième des sept bénédictions de la ´amidhoh de Yôm Tôv.
  • La Havdoloh ne devrait être récitée qu'une seule fois, et pas deux.
  • Il est préférable de la réciter dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth, puisqu'elle fut instituée à l'origine pour être récitée dans la ´amidhoh. Néanmoins, si on préfère plutôt la réciter sur la coupe de vin, c'est valable, mais il ne faudra alors pas la réciter dans la ´amidhoh. (Par contre, pour le Hofès Hayim, on n'est quitte qu'avec la Havdoloh récitée dans la ´amidhoh, et non avec celle récitée sur la coupe de vin.)
  • Si on a récité la Havdoloh dans la ´amidhoh de Môso`é Shabboth et qu'on rentre chez soi et s'aperçoit que son épouse et ses enfants n'ont pas encore récité la Havdoloh, on pourra la réciter une deuxième fois sur une coupe de vin pour les acquitter (et non pour soi, car on est déjà quitte).
  • Le Qiddoush de Shabboth ne devrait être récité que sur une coupe de vin. Par contre, Rov est d'avis qu'on peut s'acquitter de son devoir du Qiddoush en le récitant dans la ´amidhoh plutôt que sur une coupe de vin, bien que l'on ne va pas manger dans la synagogue ou à l'endroit où l'on a prié. Quant à Shamou`él, il est d'avis que le Qiddoush ne peut être récité qu'au moment du repas ou à l'endroit où l'on compte prendre son repas de Shabboth. Dans les deux cas, ils sont d'accord pour dire que le Qiddoush ne se récite qu'une seule fois, sauf lorsqu'on doit acquitter d'autres personnes qui ne savent pas faire le Qiddoush, qui n'ont pas fait le Qiddoush ou qui vont manger à la synagogue (ou à l'endroit où l'on a récité le Qiddoush pour eux), tandis que l'on rentrera manger chez soi.
  • Et pour le Hofès Hayim, on n'est quitte de son obligation du Qiddoush uniquement avec le Qiddoush récitée sur le vin, mais pas avec celui récité dans la ´amidhoh, tandis que l'on est quitte de son devoir de la Havdoloh avec la Havdoloh récitée dans la ´amidhoh et non celle récitée sur du vin. (Il convient de noter que même d'après l'avis du Hofès Hayim, si quelqu'un sait qu'il ne pourra pas faire le Qiddoush sur le vin en rentrant chez lui, par exemple, parce qu'il n'a plus de vin, il pourra s'acquitter en faisant le Qiddoush dans la ´amidhoh.)

Ce sont des exemples supplémentaires montrant qu'une pratique majoritaire n'est pas forcément la seule façon d'accomplir la Miswoh, mais qu'en plus le pratique majoritaire pourrait même être en contradiction totale avec la Halokhoh lorsqu'on prend la peine de l'analyser minutieusement !

1Barokhôth 5:2 ; 33a
2La formule מַשִּׁיב הָרוּחַ וּמורִיד הַגֶּשֶׁם « Mashiv Horouah Oumôridh Haggasham – Qui fait souffler le vent et fait tomber les pluies ».
3La deuxième bénédiction de la ´amidhoh.
4La formule וְתֵן טַל וּמָטָר לִבְרָכָה « Wathén Tal Oumotor Livrokhoh – et accorde la rosée et la pluie pour la bénédiction »
5La neuvième bénédiction de la ´amidhoh.
6La quatrième bénédiction de la ´amidhoh.
7C'est-à-dire, on ne l'insère pas dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh, mais on la récite comme une bénédiction supplémentaire en elle-même, après les trois premières bénédictions de la ´amidhoh. Ainsi, la bénédiction de la ´amidhoh qui est généralement la quatrième deviendra la cinquième bénédiction
8C'est-à-dire, l'avant-dernière bénédiction de la ´amidhoh
9Ce terme signifie « Le premier Tanno` », et désigne l'auteur anonyme d'une opinion rapportée dans la Mishnoh
10Barokhôth 33a-b
11Puisqu'on distingue entre le saint et le profane, entre Yisro`él et les peuples du monde, etc.
12Mais dans cette Havdoloh, on ne dira pas בין קודש לחול « Bén Qôdhash Lahôl – entre le saint et le profane », mais בין קודש לקודש « Bén Qôdhash Laqôdhash – entre le saint et le saint », puisque Yôm Tôv est également un jour saint
13Le pluriel de קידוש « Qiddoush ».
14En d'autres mots, toutes ces choses furent instituées par les Hommes de la Grande Assemblée. Mais pourquoi autant de divergences ? (Nous verrons plus tard de quelles divergences Rov Shaman parle.) Et comment cela se fait-il que, si les Hommes de la Grande Assemblée ont institué que la Havdoloh devait se réciter dans la ´amidhoh, nous la récitons aussi à la maison sur une coupe de vin ?
15La Havdoloh.
16La ´amidhoh.
17Les Israélites
18C'est-à-dire, les Rabbins décrétèrent que la Havdoloh ne devait plus être récitée dans la ´amidhoh, mais sur une coupe de vin
19Des Rabbins
20C'est-à-dire, qui a récité la Havdoloh
21De façon à ce que cela ne dépende plus de la condition financière des Israélites et qu'on ait à chaque fois à changer la pratique
22C'est-à-dire, il doit recommencer toute la Tafilloh
23Ce qui semble indiquer que la récitation de la Havdoloh dans la Tafilloh n'est qu'optionnelle, mais pas obligatoire, parce qu'il peut s'acquitter de son devoir en la récitant sur la coupe de vin plutôt que dans la Tafilloh. Si la Havdoloh dans la Tafilloh était également obligatoire, on lui aurait fait répéter toute la ´amidhoh
24En d'autres mots, la raison pour laquelle il n'a pas récité la Havdoloh dans la bénédiction de « Hônén Haddo´ath » et l'a fait sur la coupe de vin n'est pas qu'il avait oublié de le faire dans la ´amidhoh, mais tout simplement parce qu'il a l'habitude de ne faire la Havdoloh que sur la coupe de vin, et non dans la ´amidhoh. Nous voyons donc que certains ne faisaient pas deux fois la Havdoloh, mais seulement une fois, sur la coup de vin, et non dans la Tafilloh. Ce qui montre donc que l'on peut choisir de ne la dire qu'une seule fois et pas deux
25La question posée est celle-ci : si l'on a déjà récité la Havdoloh dans la Tafilloh, en quoi est-il nécessaire de la réciter à nouveau sur une coupe de vin lorsqu'on rentrera chez soi ? Se peut-il que l'on ne soit pas quitte uniquement avec la Havdoloh faite dans la Tafilloh ?
26Ce qui indique que pour Rébbi Yôhonon, la Havdoloh faite dans la Tafilloh n'est pas suffisante, il faudra également la faire sur la coupe de vin
27En d'autres mots, si on fait la Havdoloh sur la coupe de vin avant d'avoir prié, sommes-nous quittes par cette Havdoloh, ou faudra-t-il la réciter à nouveau dans la Tafilloh lorsqu'on priera ?
28Argument a fortiori
29En principe, la réciter uniquement dans la Tafilloh devrait donc suffire
30C'est-à-dire, il n'est pas considéré comme ayant pleinement accompli son devoir, car, à l'origine, les Hommes de la Grande Assemblée ont institué la Havdoloh dans la Tafilloh, et non sur la coupe de vin.
31C'était son surnom, en raison de la longue taille.
32En d'autres mots, si on fait le choix de ne réciter qu'une seule fois la Havdoloh, il est préférable que ce soit dans la Tafilloh et non sur la coupe de vin.
33C'est-à-dire, qu'il fait deux fois la Havdoloh, dans la prière et sur la coupe (peu importe l'ordre)
34En d'autres mots, c'est une bonne pratique à suivre
35Le Nom d'HaShem, ton Dieu, pour rien. Shamôth 20:6. Réciter donc deux fois la même bénédiction, alors qu'on l'a déjà faite une fois, peut être considérer comme une transgression de cette interdiction
36Le Wow conjonctif ne veut pas toujours dire « et », mais est également régulièrement employé pour dire « ou ». Et c'est dans ce sens-là qu'il faut comprendre l'affirmation de Rov `aho`, qui ne voulait pas dire qu'il fallait réciter la Havdoloh deux fois, mais plutôt que si on la récitait dans la Tafilloh ou sur la coupe de vin, on serait béni, même s'il est préférable de choisir de la réciter dans la Tafilloh !
37C'est-à-dire, si quelqu'un a l'habitude de réciter la Havdoloh uniquement dans la prière mais que cette fois-là il a fait la prière mais a oublié de mentionné la Havdoloh dans la quatrième bénédiction, ou si quelqu'un a l'habitude de ne réciter la Havdoloh que sur la coupe de vin mais que cette fois-ci il a bien récité les bénédictions sur le vin, les épices et le feu, mais a oublié de réciter la bénédiction de Havdoloh
38Ainsi, s'il avait l'habitude de ne réciter la Havdoloh que dans la Tafilloh mais qu'il lui est arrivé d'oublier de faire mention de la Havdoloh dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh, il doit recommencer toute la ´amidhoh depuis le début. De même, s'il avait l'habitude de ne réciter la Havdoloh que sur la coupe de vin mais a récité toutes les bénédictions sauf celle de la Havdoloh, il recommencera toute la cérémonie depuis le début (il refera la bénédiction sur le vin, les épices, le feu, et la Havdoloh)
39C'est-à-dire, avec toutes ces divergences, que dis-tu sur le cas de celui qui a déjà récité la Havdoloh dans la Tafilloh ? Devra-t-il également la refaire sur la coupe de vin ?
40C'est-à-dire, fait le Qiddoush.
41Dans אתה חוננתנו « `attoh Hônantonou », qu'ils insèrent dans la quatrième bénédiction de la ´amidhoh.
42Responsa Hatho''m Sôfér, `ôrah Hayim 21
43Dans la quatrième bénédiction de la courte ´amidhoh du Vendredi soir , qui est la bénédiction de קדושת היום « Qadhoushath Hayyôm » (sanctification du jour)
44Pésahim 100b-101a
45C'est-à-dire, qui ont écouté le Shaliah Sibbour réciter le Qiddoush (Qadhoushath Hayyôm) dans la ´amidhoh du Vendredi soir.
46On parle du Shaliah Sibbour
47Pas littéralement dans la salle de prière de la synagogue, mais dans des pièces à côté ou à l'étage

48C'est-à-dire, on ne fait le Qiddoush que là où sera pris son repas de Shabboth
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