vendredi 19 août 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m - Parashath Wo`athhannan

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Wo`athhannan


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Dans la Paroshoh de cette semaine, Parashath Wo`athhannan, Môshah Rabbénou ע״ה adresse aux Bané Yisro`él l'exhortation suivante1 :

Et vous les garderez et les accomplirez, car ce sera votre sagesse et votre discernement aux yeux des peuples ; lorsqu'ils entendront tous ces Houqqim, ils diront : « Ce peuple ne peut qu'être sage et intelligent, cette grande nation ! »
וּשְׁמַרְתֶּם, וַעֲשִׂיתֶם--כִּי הִוא חָכְמַתְכֶם וּבִינַתְכֶם, לְעֵינֵי הָעַמִּים: אֲשֶׁר יִשְׁמְעוּן, אֵת כָּל-הַחֻקִּים הָאֵלֶּה, וְאָמְרוּ רַק עַם-חָכָם וְנָבוֹן, הַגּוֹי הַגָּדוֹל הַזֶּה

À deux occasions dans ses écrits, le Ramba''m ז״ל déduit de ce verset que la Tôroh doit avoir le potentiel de gagner l'admiration des autres peuples, et par conséquent nous ne pouvons pas accepter une approche et des pratiques qui donnent l'impression que la Tôroh est « folle » ou dénuée de tout sens profond et logique.

Le premier contexte dans lequel le Ramba''m en parle est le Môréh Navoukhim (Guide des Égarés)2, lorsqu'il traite des טַעֲמֵי הַמִּצְוֹת « Ta´amé Hammiswôth », c'est-à-dire le fait de rechercher des explications rationnelles sous-jacentes dans les commandements de la Tôroh. Le Ramba''m y mentionne et s'oppose vigoureusement à la théorie avancée par certains penseurs selon qui il n'y a aucune rationalité sous-jacente dans les Miswôth, et il cite ce verset susmentionné de notre Paroshoh pour soutenir sa position. Il écrit :

Il3 a ainsi dit que chacun de ces Houqqim convint toutes les nations de la sagesse et l'intelligence qu'il contient. Mais si aucune raison ne pouvait être trouvée à ces Houqqim, s'ils n'offrent aucun avantage [sur les nations], ni retrait du mal, en quoi celui qui croit en eux et les suit est sage, raisonnable et si excellent qu'il suscite l'admiration des Gôyim ?

Si Môshah Rabbénou, le père de tous les Prophètes, a prédit que les nations admireront les lois respectées par les Israélites, c'est que ces lois doivent avoir une certaine base logique et rationnelle. La foi israélite, ce n'est pas seulement le נַעֲשֶׂה « Na´asah – nous ferons », c'est aussi le נִשְׁמָע « Nishmo´ – nous comprendrons ». C'est pourquoi, le Ramba''m conclut de la façon suivante :

Mais la vérité est sans aucun doute, comme nous l'avons dit, que chacun des six cent treize préceptes sert à inculquer une certaine vérité, à retirer une certaine opinion erronée, à établir des relations appropriées dans la société, à diminuer le mal, à éduquer [les gens] dans de bonnes Middôth, ou à avertir contre de mauvaises habitudes.

Quand les Gôyim voient que nous avons des lois et pratiques insensées et que nous sommes en plus incapables de leur donner une explication rationnelle, nous ne devons pas nous étonner du manque d'intérêt pour la Tôroh et du mépris pour la foi israélite qui en résultent. Lorsque nous sommes incapables de montrer le rationalisme, le bien fondé et la logique des lois de la Tôroh et de nos pratiques, nous désobéissons à cet ordre de susciter l'admiration des Gôyim, qui reconnaîtront la perfection, la splendeur et l'intelligence de nos décrets. Et malheureusement, en nos époques, en raison des nombreuses pratiques et croyances parasites qui se sont infiltrées dans le Judaïsme, non seulement les Juifs eux-mêmes ne savent même plus pourquoi est-ce qu'ils font ceci ou cela et d'où vient telle ou telle pratique ou croyance, mais pire encore, à cause de ces pratiques « kabbalistiques » et croyances étrangères ou « occultes » que nous sommes incapables d'expliquer, le Judaïsme est vu par les Gôyim comme une religion archaïque, superficielle et pleine de superstitions. De même, beaucoup de Juifs raffolent de la « Qabboloh », s'occupent beaucoup des Midhroshim ou veulent tout de suite commencer par étudier le Talmoudh, mais ne connaissent non seulement pas beaucoup de la Tôroh Écrite mais sont en plus incapables d'expliquer les bases même de la foi israélite. Tout ceci est un Hilloul HaShem et un Hilloul Tôroh !

Le deuxième contexte dans lequel le Ramba''m mentionne ce verset tiré de notre Paroshoh de la semaine est sa fameuse introduction sur le dixième chapitre du traité Sanhédhrin dans son « Commentaire sur la Mishnoh », où il exprime son point de vue sur la façon de considérer les parties `aggadiques du Talmoudh, qui rapportent souvent des histoires qui semblent plus mythiques que réelles. Le Ramba''m note qu'une vaste majorité de gens acceptent tous ces passages dans leur sens littéral sans broncher et en concluent soit qu'elles sont factuelles, soit qu'elles sont ridicules. Il dénonce vigoureusement ces deux approches extrêmes, arguant que les récits `aggadiques du Talmoudh sont d'une grande richesse et renferment un sens profond et non littéral à travers lequel les Sages transmettent des concepts et des vérités profondes. (Voir les articles intitulés « Que sont les Midhroshim ? » et « Pinhos était-il vraiment `éliyohou Hannovi` ? ») Dans son rejet de l'approche littéraliste des `aggodhôth, il fait mention du verset se trouvant dans notre Paroshoh. Il écrit :

Ce groupe [d'Israélites littéralistes] détruit la beauté de la Tôroh, assombrit son éclat et fait de la Tôroh de Dieu l'opposé de ce qu'elle est censée être, car Dieu a dit dans la Tôroh parfaite : « lorsqu'ils entendront tous ces Houqqim, ils diront : ''Ce peuple ne peut qu'être sage et intelligent, cette grande nation !'' » Mais ce groupe rapporte les paroles des Sages ז״ל d'une manière qui pousse les autres nations à dire : « Quel peuple insensé et primitif qu'est cette petite nation ! »

D'après le Ramba''m (et de nombreux autres rabbins cités dans le premier article susmentionné), les parties `aggadiques du Talmoudh ne peuvent pas du tout être prises au sens littéral, car si tel est le cas la Tôroh deviendrait alors une source de moquerie et de ridicule pour les autres nations plutôt qu'une source d'admiration et de respect. Par conséquent, il demande, pour préserver l'honneur de la Tôroh, de regarder le sens caché de ces passages pour mettre à jour les messages profonds et extraordinaires qu'ils cherchent à transmettre, des messages qui reflètent effectivement la profondeur et la sagesse de la Tôroh, que pour finir toutes les nations du monde reconnaîtront, respecteront et admireront. Et pour se faire, il faut aussi éliminer du milieu de nous les contradictions et fausses doctrines et pratiques qui se sont immiscées dans notre foi.

Qu'HaShem ית׳ puisse donner les forces nécessaires et une détermination solide à tous ceux qui entreprendront de rectifier ces erreurs, ne serait-ce déjà qu'à un niveau individuel, dans leurs propres pratiques et croyances ! Puisse-t-Il nous éclairer de Sa science et nous assister dans notre mission consistant à être des lumières pour les nations, et non des bonnets d'âne et des clowns à leurs yeux !

1Davorim 4:6
2Volume 3, Chapitre 31

3Môshah Rabbénou